Réflexion -> Vatican

Invité

La pluie tombait, inlassablement, sans se soucier qu'un élève était dehors, risquant peut-être de tomber malade. Allemagne était monté sur le toit, l'un des seuls endroits de l'école où le calme régnait en permanence. Il était rare qu'il soit habité par une ou un quelconque élève. Majoritairement vide. Vide et calme. C'était vraiment tout ce qui lui fallait en cette journée pluvieuse. Faire le vide. Rester calme. Aujourd'hui, aucune envie de sortir, aucune envie de devoir bavarder avec des gens, même ceux qu'il appréciait un tant soit peu. Tout ça, tout l'environnement dans lequel il avait été envoyé, ça le dépaysait chaque fois. Après tout, on l'avait envoyé, loin de sa patrie, dans une école dont il n'avait jamais entendu parler pour se retrouver avec des personnes...avec des nations...avec des gens qui comme lui avaient vécu bien plus que tout humain ne pourrait vivre dans une vie. L'école devenait alors tout autant sa meilleure bénédiction que sa pire malédiction. Il aurait aimé n'avoir jamais mis les pieds dans cet enfer, mais y être avait ce pouvoir rafraîchissant qu'il ne retrouvait nul part ailleurs.

Il grimpa sur un petit mur qui faisait le tour du toit. C'était certainement pour éviter les accidents et pour prévenir les jeunes de sauter. Allemagne songea que pour les gens de sa taille, ce mur était complètement inutile, à moins de vouloir simplement s'asseoir. Il laissa son regard vagabonder plus loin. Le parc de l'école était parfaitement visible, même si les gens avaient l'air de fourmi contrairement à lui qui les regardait de haut. Pour une de ses rares fois. Même lui ne comprenait pas toujours le regard parfois gentil des gens. Pourquoi ? Il n'avait jamais poser la question à qui que ce soit et ne la poserait sans doute jamais.

Il avait le droit à toutes sortes de regards. De dédain, de colère, de haine, de vengeance, de pitié, mais peu avaient de la gentillesse. Ça ne le heurtait pas vraiment plus que ça, sachant de toute manière que c'était mérité, mais ça l'intriguait tout de même. Ou du moins assez pour attirer son attention.

Son regard se porta vers l'horizon, là où on voyait la ville. Ce qui remonta à sa mémoire qu'il avait des boîtes à transporter demain. Il soupira. Son boulot commençait sincèrement à l'ennuyer. Il allait peut-être bientôt démissionner et se chercher quelque chose ailleurs. Peut-être dans un restaurant comme serveur ? Moins ennuyant comme boulot et il n'aurait pas le temps de plonger dans ses pensées au moins. Bien qu'il s'agissait sûrement du seul avantage. Il lui resterait par la suite à souhaiter que personne de l'école n'irait dans le restaurant où il travaillerait.

Il laissa ses pieds glisser dans le vide et resta assis ainsi un moment, admirant les environs, admirant l'endroit où il vivait depuis quelque temps maintenant. C'était beau, mais sa patrie lui manquait. Un bruit attira son attention et son regard bleu se tourna instantanément vers la porte, dans un réflexe tout à fait militaire.

Invité

En quittant son domicile pour échouer à Gakuen, le Vatican s'imaginait sans doute enfin trouver quelque chose de calme. Et sa cruelle désillusion se fit directement à l'entrée où les cris étaient chose habituelle et où un cochon ne retrouverait aucunement ses petits. Comparé à ça, son chez lui ressemblait au paradis calme dont il avait toujours rêvé. Préparant sa contre-attaque il avait, durant toute la première semaine, cherché un endroit calme qui ne soit pas un repaire de sécheurs de cours ou quoi que ce soit d'autres. Les jours de pluie, bien entendu que les endroits à découvert étaient déserts et, bien que peu de leur surface soit abritée, il ne faisait pas si froid que ça...

Et quitte à attraper la mort, autant être seul plutôt qu'en surnombre.

Pendant les heures de cours, peu étaient ceux qui se baladaient dans les couloirs. Ils préféraient aller flâner en ville, en étude, au CDI ou encore à plein d'autres endroits dont on n'avait pas idée ("on", utilisé au sens large, étudiants, professeurs, surveillants et ceux qui n'en avaient rien à faire bien sûr).

Ce lycée, cette académie ou cette "chose" -tellement d'équivalents existaient pour un même lieu- avait des airs de palais. Il n'y avait rien à dire d'autre. Nombreux allaient sans doute être ceux qui tenteraient les chasses aux fantômes dans les jours, semaines ou années à venir. Qui sait ce que ces couloirs aussi brillamment agencés qu'un labyrinthe pouvaient dévoiler pendant une nuit sans lune ? Sans doute rien d'intéressant pour le Vatican qui ne croyait que peu aux choses surnaturelles - exceptions pour faire peur aux autres ?- mais à toute personne superstitieuse, ça devait être beau à voir tout ça... Et vu le nombre de superstitieux, cette année ne s'annonçait pas aussi morne que ça.. Enfin, presque.

Fabrizio avait trouvé que le toit était un des rares endroits calmes depuis bientôt deux mois. Cela faisait bien longtemps que la rentrée était passée et le beau temps parti commençait à revenir, mais là il fallait réitérer le "presque" car il pleuvait des cordes, lé déluge en plein sur l'Amérique. C'était à lui donner envie de rentrer chez lui à la nage tiens! Il en serait capable... Ou pas.

Traversant sans hésitation les couloirs, repassant par certains et en découvrant d'autres, ouvrant des portes interdites et évitant les salles de cours, de retenues et d'autres comme par un quelconque miracle, le Vatican aperçut enfin un escalier qui montait sur toute la hauteur du bâtiment. Il devait bien déboucher quelque part, en fait c'était comme si il y avait marqué "Viens, t'as le bonheur qui t'attend en haut!". Et comme un idiot (ou pas encore une fois) Fabrizio suivit ce chemin. Une cage d'escalier, deux, trois... Combien d'étage avait donc ce bâtiment ? à raison de deux par étage, le total devrait se chiffrer à... Oh, pas de maths en perm... Donc, les escaliers défilaient et l'air se refroidissant, il jugea qu'il ne devait plus être loin.

Et il avait raison. Quelques secondes plus tard, l'air frais, et surtout la pluie, s'abattaient sur lui. Pas de doute, il était bien sûr un toit, au vu du vent... Mais, ce qui l'intrigua le plus était le fait qu'il n'était pas seul le moins du monde. Quelqu'un le regardait fixement, assis sur le mur d'en face. Grand, blond aux yeux bleus, sûrement un étudiant, un peu grand pour un secondaire mais, en même temps. Même de loin on pouvait voir sa carrure plutôt imposante. Qui était-il pour être sur le toit, en train de se faire doucher par les éléments ? Enfin, désormais, il n'était plus le seul. Bien que Fabrizio restait silencieux, il se posait autant de questions que possible sur le type en face de lui.

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Une personne. Qu'il ne pouvait juger de vue si elle était intéressante ou pas. Physiquement, le garçon étant plutôt banal. Évidemment, il avait un charme physique, comme à peu près toutes les personnes dans cette école, mais sa première impression malgré tout: banal. Il l'examina de haut en bas, d'un regard perçant, presque désagréable. Ses cheveux, ses yeux, sa bouche, son torse, ses jambes et ses pieds. Un regard tout à faire scrutateur. Peut-être à la recherche d'un quelconque indice sur le caractère du personnage ou bien sur sa vie. Rien...juste une impression de...d'arrogance peut-être ? Il n'arrivait pas à saisir ce qu'il voyait. Peu importe. Il n'allait tout de même pas se préoccuper du garçon devant lui...

Il détourna son regard bleu alors que ses cheveux se décoiffait peu à peu pour se coller à sa peau, à ses tempes. Il était là depuis un bout c'était certain. Même ses vêtements se collaient à sa peau. Il passa la main dans ses cheveux pour chasser les mèches voulant lui tomber sur le visage. Il n'était plus seul. Il ne savait pas s'il devait s'en agacer ou bien ne pas y faire attention. Ce n'était jamais qu'un autre pays insignifiant. Ce n'était jamais qu'un autre de ceux qui finirait très certainement par le détester. Il en avait l'habitude et y était indifférent.

Il regarda au loin, là où on pouvait voir la ville. Partout, il n'y avait qu'ombre sombre et menaçante qui pourtant ne faisait que lui donner une mélancolie passagère. La pluie avait ce genre d'effet sur lui. Elle le rendait parfois morne, parfois nostalgique, parfois seulement un peu sombre. Vu la circonstance, il était tout ça à la fois. Il pencha la tête sur le côté, puis l'envoya en arrière, fermant les yeux, laissant les gouttes d'eau se frayer un chemin sur son visage.

Il aimait la pluie, le calme, la douleur presque de ses membres frigorifiés. Il était simplement bien, là. Loin de tous ces idiots. Loin des gens du conseil étudiant. Loin de son père. Loin de tout.

Invité

Un regard de glace indiquant un cœur de la même matière. Songea le Vatican en toisant le garçon devant lui. Ironiquement, on se croirait entré dans le territoire de quelque oiseau de proie, inquisiteur et fourbe, n'attendant que de se jeter sur vous pour... Enfin, ce genre d'oiseau là. Pour toute réponse, Fabrizio haussa les épaules dans un geste théâtral. Sous la pluie il avait bien l'air d'un damné ou d'un crétin, ça restait à voir... Devant l'inconnu qui détournait son attention, il engagea donc la conversation. Réfléchissant bien à la manière de la tenir -et en quelle langue la tenir surtout- tout en ayant l'air prompt... Mais à peine commença-t-il qu'il regretta amèrement ses dires.

_Tu devrais pas rester là, je sait pas d'où tu viens mais de la pluie comme ça, ça ne fait pas que du bien. commença-t-il.

Il ne rajouta rien. Déjà certain de, un, ne pas avoir de réponse, deux, avoir une réponse mais pas si sympathique que ça, trois, une réponse plutôt agressive. Il y avait bien sûr tout un tas d'autres choix mais, il valait mieux plutôt classer ça méthodiquement... Mais le mal était fait, adieu solitude.

Une question restait dans l'esprit du vatican, ce type était bien silencieux. Timidité ? Ou simplement agoraphobie ? Bah, tout le monde avait ses problèmes, mais de là à aller s'isoler sur un toit un jour aussi... Mouillé...

Les paroles ne donnaient rien, trèèèès bien. Alors passons aux actes. Le blondinet s'était retourné et Fabrizio le rejoignit sur le muret. Ce mec était vachement plus grand de près. Mais comme les apparences étaient toujours de mise, il fit mine de l'ignorer totalement et regarda par dessus la balustrade. Intéressante vue n'empêche, c'est que ça faisait haut! Il avait grimpé tout ça en escaliers ? Wow, il s'impressionnait lui même... Quoique, la chaleur de l'effort et le froid de la pluie ne faisait pas bon ménage.

Il regarda le blond à côté de lui retirer d'un mouvement de tête les cheveux de son visage. Lui aimait bien qu'il cachent au moins une partie de son visage... Pour dormir à moitié ? Loin de lui cette sombre idée pourtant si intelligente...

_Pourquoi tu viens ici plutôt qu'ailleurs ?

S'il n'avait pas répondu à la première invective, c'était qu'il pouvait en placer une seconde...

Invité

Il replaça sa main sur le muret afin de pouvoir s'appuyer sur quelque chose afin de pouvoir regarder le paysage si sombre et pourtant si attirant qui faisait son spectacle devant et en-dessous de lui. L'école était effectivement haute, mais le vertige n'était guère une de ses phobies. Une chance d'ailleurs, vu le plaisir qu'il avait à monter sur ce toit. Où personne en venait généralement, mais il semblait qu'un autre élève avait tenu à défaire cette joyeuse et sombre tranquillité pour venir la briser avec des paroles plus que futiles et qu'il trouvait assez ridicules. Il ne le regarde même pas. Pourquoi le regarder. Il savait déjà tout de lui. Du moins physiquement. Presque dans les moindres détails. Si on oubliait ce qui était sous les vêtements...

« Parce que personne n'a le courage, la volonté ou la stupidité de perdre son temps à monter des centaines de marches simplement pour venir s'asseoir sur un muret et regarder les environs. »

Dit-il sans réelle émotion dans sa voix. Il y avait certes bien une froideur, mais elle ne semblait pas sortit volontairement. Plutôt comme un ton trop habitué à être utilisé et qui finalement ne quittait ni la bouche, ni les mots. Une froideur qui restait collée à sa peau, tout comme la pluie qui le martelait, l'agressait. Il n'avait pas répondu à la première question, n'en avait vu ni l'utilité, ni la motivation. Pourquoi répondre de toute manière. Au pire, l'autre partirait. Ça ne le dérangeait pas. Il avait déjà Feliciane, Gilbert, Kiku. C'était bien suffisant pour lui. Peut-être trop même parfois.

Réunion du conseil étudiant bientôt. Seulement ça suffisait à lui rabattre le moral. Il serait entouré d'Angleterre, d'Amerika -comme il le disait avec son accent tranché- et de France. Ces trois pays là dans une même pièce contre lui. Les alliés contre lui. Pourquoi avait-il accepté de faire partit de ce conseil déjà ? Il ne s'en souvenait plus, mais avait la mauvaise impression qu'il allait certainement le regretter bien assez vite.

Il hésita un moment, puis se résigna.

« Et toi, qu'est-ce que tu fous ici ? »

Demanda-t-il sans réel intérêt, mais sans désintérêt non plus. La pluie le rendait réellement plus fade qu'il ne l'était vraiment. Il posa son regard sur des élèves qui couraient vers l'école afin de se réfugier de la pluie. Il n'eut aucune réaction, mais ses yeux brillèrent d'une moquerie subtile.

Invité

Aww, retraite des combattants, ce type était un vrai mur. Mieux valait y penser deux (ou trois... ou quatre même) fois avant d'en rajouter une. Il n'y avait que peu de chances qu'ils restent en bon termes, et la question "pourquoi tu as l'air si fâché contre l'humanité entière" brûlait les lèvres du Vatican qui ne voulait que lui demander ça, mais essayait de tourner la phrase au mieux pour lui éviter... De finir quelques étages plus bas.

_Mais c'est que tu t'enflamme! Si on était pas sous des trombes d'eau, je pense que tu serait carbonisé. dit-il avec un un sourire non dissimulé.

Bah, il était inutile de se plier pour se faire aimer des gens, mais plutôt eux qui devaient se plier à votre caractère, se disait le Vatican, juste pour se donner du courage à sortir ses piques. Allez, ce type ne pouvait pas être aussi buté que lui... non ?

« Et toi, qu'est-ce que tu fous ici ? »

Et si, c'était possible, ce mec était un bloc de glace, un vrai mur de sécurité que rien ne pouvait passer...

_Question fort intéressante et qui mérite une réflexion appropriée. répondit-il avec un léger sourire.

A quoi bon réfléchir finalement ? Si tout n'était que pensée et jamais d'actes ? Les actes ne valaient que peu de choses finalement, et les exécuter, principalement menaces et paroles sans fondements... Quoique... A ces pensées, Fabrizio se rapprocha encore de là où était le blond et s'accouda au muret et regarda en bas; il y avait bien effectivement... vingt ? cent ? cent-cinquante mètres ? Et c'était ainsi qu'il s'apercevait de ses lacunes en maths. Donc il était penché au dessus d'une hauteur x de mètres... Ouais, c'était la meilleure dénonciation à faire. Le blond désormais à coté de lui semblait passionné par ce vide, sur que ça devait lui donner un sentiment du supériorité assez impressionnant. Mais bon, en suivant un point de vue purement physique et immoral, peut-etre était-il un de ce millier d'étudiants suicidaires qui tenaient à en finir ? Il irait en enfer, et peut être que sa froideur en atténueraient le feu et la chaleur.

_Je suis là pour des raisons qui ne regardent que moi.

Dernière réplique de casée, fin de l'acte, restait plus qu'à voir ce que le blondinet rajoutait. Si c'était sympa, bah, c'était tant mieux, et tant pis s'il le rembarrait encore une fois. Fabrizio pensait qu'il y avait nettement plus de probabilités pour que ce soit le deuxième choix qui l'emporte mais, comme qui disait "rien n'était joué d'avance" mais la chance était comme tout autre, une affaire de maths... Les probabilités, charmantes petites choses qui ne servaient à rien à part réduire à néant les espoirs de ceux qui comptaient sur leur chance de dépasser la moyenne en une matière ?

Le Vatican regarda le vide avec un air vague, mh, c'était vrai que c'était haut. De là, la populace n'était pas plus grosse que des têtes d'allumettes. Les regarder aller et venir sans se douter de rien, vaquer à leurs occupations, on ne s'en lassait que peu même sous la pluie battante. Quoique, si la pluie n'était pas là le spectacle serait un peu plus intéressant... Avec un soupir il concéda qu'il ne resterait pas ici bien longtemps, l'année n'en était même pas à sa moitié et il faisait encore bien froid là où il était. Il se demandait bien comment faisait le garçon à côté de lui pour ne pas glisser où ne pas montrer qu'il avait froid.

Sans doute parce qu'il était plus froid que la température ambiante, peut-être...

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