Je bronze, tu bronzes, il... [Pologne]

Ah nan, on dira ce qu'on voudra, mais France, il est carrément génial. Parce que rien que pour concevoir l'éventualité de demander un service à Feliks, d'autant plus sans avoir projeté de lui donner quelque chose en échange, il faut être a) porté par une vague d'optimisme king size, b) sûr de soi à un point tel que plus d'assurance tu meurs, c) totalement acculé et sans alternative, d) Obi.. Hum. On a saisi l'idée, alors le faire avec autant de naturel et d'authenticité... Voilà, quoi. On se tait, et on contemple religieusement.

Et à propos de contemplation. Le parc. Voilà un endroit qui a un charme bien à lui. Feliks se disait que ça serait bien de l'ouvrir au public en faisant payer l'entrée, ça permettrait à l'académie de, exemple pris tout à fait au hasard, financer l'importation intégrale de la nourriture - parce que la bouffe locale, elle va bien deux minutes, quoi. Ça marcherait, à coup sûr. Venez visiter le parc ! Entrée pour tous, prix modiques, -50% pour les moins de quinze ans ! Venez admirer la flore verdoyante ! Venez observer l'incroyable variété de la faune ! Dans un décor de rêve, vous pourrez assister en famille à de splendides parades de papillons, et nourrir les oiseaux ! Si la chance est avec vous, vous pourrez même aperçevoir quelques écureuils facétieux ou des... des étudiants à moitié à pwal étalés par terre. Ouais, non, finalement, vaut mieux interdire les lieux aux mineurs.

Bref, aussi intéressant que soit le parc en question, cette fois, il ne faisait que le traverser. Non qu'il fut particulièrement pressé, loin de là, mais il n'avait rien à y faire. Bien sûr, comme 99.9% des êtres qui étaient passés par le même chemin (le 0.1% restant étant une taupe mitée - d'ailleurs c'est elle qui a bousillé le plant de bégonias, enfin j'dis ça, j'dis rien), il avait remarqué la présence horizontale de France - pas bien difficile vu l'emplacement stratégique. C'est vrai qu'il avait pensé, durant quelques secondes, à modifier la trajectoire de l'arrosage automatique. Qu'on se marre un peu, quoi, ça serait COOL, non ? Bon, certes, ce type n'avait pas la réputation d'avoir un humour décapant. Mais Feliks en avait assez pour deux.
Malheureusement - ou heureusement, le projet n'eut pas le temps de se voir étoffé jusqu'à réalisation. Ffff. Bon, alors Pologne, t'as cinq minutes ? Ouais. Il les a, les cinq minutes, mais franchement, Francis ne réalisait pas que cinq minutes, ça représente des fois une avance de malade. Par exemple à une chasse au trésor. Et même s'il n'était pas présentement en pleine chasse au trésor, ça change pas le principe. Ok, Feliks, tu saoûles, boucle la et va voir France, merci.

Il dévia donc de sa destination première pour l'approcher afin de voir ce qu'on lui voulait, mais alors même qu'il entrait dans la zone à risques - soit un rayon de trois mètres autour de la cible, il s'arrêta net. Gosh, l'hooooooooorreur. La crème solaire, ça dégage déjà un max. Mais alors quand en plus on se tartine d'une version dotée de ce genre de fragrance ultra-sucrée bien entêtante, on peut facilement imaginer ce que ça donne après avoir mijoté au soleil pendant une demi-plombe. Il eut limite l'impression de s'adresser à un berlingot Suzi-Wan géant lorsqu'il lui répondit.

"Sans déc', ça dépent pourquoi. J'sais pas si je peux, genre, tenir cinq minutes entières en apnée."

Ouais. Ben c'est bien triste, mais il faut dire ce qui est ; et encore, il aurait pu donner vraiment le fond de sa pensée, et ç'aurait été un poil plus rock'n roll. France, tu pues comme un vieux ruskov qu'aurait crevé au fond d'une confiserie.
Sans te vexer.

Okaaaay... Donc, ça, c'est fait.
Muh, méchant France.

Pour que Feliks puisse continuer à suivre le déroulement de notre programme, je vous demanderai un instant de pause afin que je puisse lui chercher quelques définitions relatives à des termes qui ne lui sont pas familiers (un service, par exemple). Procédons donc à une page de pub. Chupa chupa chupa Chups. Chupa chupa ch-

"Euh, nan mais S'TEUPLAÎT QUOI, prends pas ton cas pour une généralité si t'es, genre, pas capable de faire une manucure tout seul."

Oups, désolée. Ffff, on peut vraiment pas le laisser deux secondes. Chut, toi. Oui oui, on sait que France a dit des vilaines choses, mais, à priori, ce qui était visé, c'était davantage le concept de chouinage que tes compétences en matière de réparation d'ongle cass... Bon.

On avait donc avancé, puisqu'on savait maintenant à quoi étaient censément destinées les cinq minutes réclamées, celles-là même qui l'avaient fait dévier de sa route pour entrer dans ce nuage translucide parfum coconut. Owi.

"... Genre, un service..."

Ah, voilà. Alors, prenons note :
Service (n.m) : dépannage, entraide, contribution. Rendre service : aider quelqu'un.
Voilà qui clarifie les choses. Pologne, c'est pas tout à fait le genre à bondir au secours de son prochain. Vu comme ça, c'est donc plutôt mal barré pour qu'il apporte son concours à l'union du joyeux astre diurne et de la chair satinée et dorsale de notre estimé France.

Mais.
Oui, il y a un mais. Et comment, même, puisque qui dit aider quelqu'un dit donc forcément action désintéressée motivée par l'unique but d'être utile, obligeant et aimable ... hum. Dit retour, bien sûr. Contrepartie, quoi. Ça, ça lui parlait déjà carrément plus. Surtout si c'est France en face, là y avait moyen de vraiment tripper. Si vous levez les yeux, vous pourrez assister à un envol massif et immédiat d'idées trop cool qui se prennent l'une après l'autre dans l'impitoyable filet du trieur de conneries. Nan mais Joe, j'te jure, ce trieur, il craint un max.

Bon, après, évidemment, fallait voir la nature du service. Que ça soit pas un gros effort, n'importe quoi qui nécessiterait quarante déplacements. Si c'est un truc trop contraignant, sûr que ça va pas l'faire. Il fallait bien que ça reste rentable, non ? Donc une fois que Pologne aura bien voulu cesser de rabattre ses cheveux devant sa bouche dans l'unique but de leur souffler dessus, il posera la question.

"Et... quoi comme service ?" finit-il par demander avec un regard un peu morne.

Spoiler:

Décidément, ce n'était pas du cent watt qui brillait dans le cerveau de Pologne. De un ou deux maximum. Une ampoule grillée même. Peut-être un vieux hamster de dix ans qui se pogne sans cesse les pieds dans sa roulette à la limite. Mais de la matière grise active, Francis en doutait sérieusement.

Non mais, c'est que parfois le regard de l'adolescent semblait se perdre dans le brouillard infini des Limbes. Il semblait être là et l'instant d'après « pouf » le regard aussi vide que les portes du paradis après un suicide sectaire au Cool Aid.

- Oui un service. Je me demandais si tu ne voudrais pas te rendre l'immense honneur de couvrir mon super dos de crème bronzante.

Avec un superbe sourire digne du top 10 des meilleurs pubs de Colgate, le beau blond avait toutes les chances du monde de recevoir ce dit service n'est-ce pas ? Sinon, prends garde UK, ton portable va sonner à chaque seconde jusqu'à ce que tes fesses soient à côté du Français et que tes mains soient entrain d'étendre de la crème sur le dos du blond.

Enfin bref, son sourire était dirigé vers le Polonais, jusqu'à ce que la légendaire patience de Francis soit attiré par une autre espèce quelconque bipède. En l'occurrence un écureuil. Avec sa belle queue touffu et trop belle quoi. De plus il grignotait une noix. Trop cute.

Seulement ça ne réglait pas son problème de dos pas huilé. Il avait quoi de coincé dans le derrière ce Polonais pour retarder le moment exquis où ses mains pourraient toucher la peau divine du Français. Ce n'est pas tout le monde qui avait cet honneur.

Enfin presque.

pasterendrelimmensehonneurdecouvrirmonsuperdosdecrèmebronzante.
dosdecrèmebronzante
èmebronzante
Tilt.

"Attends attends. Tu veux que JE foute sur ton dos, genre, ta crème qui pue trop grave le vieux lait de coco périmé à trois kilomètres, et après que j'y mette MES mains ? Style, dans ta crème qui pue ? Mais sérieux, France, en vrai, t'as juste totalement craqué dans ta tête, nan ?"

Shocking, Pologne. A la consternation de sa joueuse qui aimerait bien, elle, avoir l'occasion de tripatouiller le dos de France, avec ou sans crème qui pue. Allez-euh ! Ça sent pas si fort, quand même... Bon ok, ça grince sévère. Roh, on va pas faire déplacer le pauvre Angleterre juste pour ça ! Ouais nan, c'est pas le bon argument non plus, on doute fortement que Feliks en aie quelque chose à carrer, que ledit pauvre Angleterre se tape un aller-retour express pour huiler le paletot de son cher et tendre.

Quant à évoquer la peau divine du Français à valeur d'argumentation pure, alors là, c'est aller droit dans le mur. C'est pas avec sa réceptivité inférieure ou égale à zéro à ce genre de considération que ça va lui parler. D'ailleurs, si ça lui parlait un peu plus, il collerait peut-être un peu moins les gens, pour commencer. Parce que, justement du fait qu'il est désespérément dépourvu de toute forme d'arrière-pensée, ce n'était absolument pas le contact avec la peau -divine - de France qui le gênait, c'était réellement la crèmkipu.

Ok, pas de panique. Vous vous souvenez ? Contrepartie. Retour. Motivation, hop hop hop. Ah ouais, et dilemme, aussi. Ça cogite sec. Si y a un hamster, il va nous faire un infarctus, là.
On retient son souffle... Intense moment de balancier mental... et un seul vainqueur.

"... Ça va... j'vais le faire."

Yooossshhh !! Hum. S'ensuivit une approche progressive à grand renfort de grimaces en tous genre surjoué jusqu'à l'écoeurement, des fois qu'il y aurait encore un dur d'oreille qui n'aie pas calé l'opinion qu'il avait du choix de produits cosmétiques ambiance vahiné mal barrée de France. Et tendit la main.

"Okay... Oh-my-gawd comment c'est totalement pas cool. Bon. Passe ton truc de la mort, là."

France, aurais-tu l'extrême obligeance de bien vouloir transmettre à ton empressé vis-à-vis la substance protectrice censément prête à être soigneusement étalée sur ton épiderme délicat ?
Il va le faire. Et sérieusement, en plus.
Mais on a pas encore défini dans quelles conditions.
Rock'n roll, Joe.

Triste à dire, mais là, dans l'immédiat, Pologne visualisait très clairement non seulement la lente et douloureuse agonie, mais aussi la disparition définitive d'un être unique dont le génie sans précédent aurait pu exalter ses possibilités encore et encore, de toute fa force de ses incroyables compétences. Nan, pas l'écureuil, vindiou. Lui. Il se voyait déjà crever, anéanti par la fatale pollution de ses poumons. Sans compter qu'un truc qui dégage autant, sûr que ça ronge le cerveau aussi.
Mais il avait accepté. Ouais. Parce qu'on a beau dire, l'idée que France lui soit redevable, ça lui plaisait bien. Allez, après tout, c'était pas teeeeeeeellement compliqué, si ?

Nan. Sauf que.

Sauf que France avait décidé, visiblement, de compliquer les choses. Pouitch. Ou slurp, au choix, peu importe, le bruitage usité ne changeait pas le fait qu'il venait de se ramasser une giclée de truc GLUANT, PUANT et DÉGUEULASSE. Dans la main, certes, c'était gentil, il aurait pu bouffer ça en plein visage - et là on l'aurait entendu à travers tout l'hémisphère. Toujours était-il que Pologne venait de bugger sévère. Ah ouais, mais nan, Feliks, faut pas le brusquer, ou alors faut pas s'étonner si les données font embouteillage. Okay, remets toi. Après tout, va bien falloir que t'y touches à un moment ou à un autre, à cette saloperie, non ? Non, pas France... La crème. Et nan Joe, on a pas de gants en latex dans les poches, désolés.

"Commentqueçacrainttotal...."

Mais oui, mais oui. Allez, respire. Enfin non, respire pas, ça serait pire. Et l'autre qui avait l'air tout content, quoi. Attends, il va t'en faire bouffer, du merci. Ou pas, en fait. Feliks, remballe moi immédiatement ces visions de meurtre sanglant, tout aussi extatiques qu'elles soient, steuplait, merci.
Allez, courage. Relève ces manches, et lance-toi. Un détail, cependant, "lance-toi" ne VEUT PAS DIRE "n'essaie pas de dégommer France à coup de prise de catch foireux", c'est perdu d'avance. Donc, refoulant difficilement ses trips vengeurs, il s'agenouilla aussi loin possible du Francis Réjoui, et, à bout de bras, alla presser le flacon de l'horreur au dessus de son dos. Et tendit l'autre pour s'apprêter à étaler ça, à la frontière du déboîtement d'épaule tellement il essaie de rester loin de son propre bras. Limite on a l'impression qu'il va foutre sa main dans l'aquarium aux araignées de Fort Boyard. Allez. La crème, le dos de France. Crème solaire. France. Dos. France. Crème solaire. Un. Deux. Trois. Splouach. Voiiiiiilà, le plus dur est fait, là t'as les doigts dedans. Dans la crème, pas dans France. Étale maintenant, brave garçon que tu es.

Bien. Croyez vous maintenant que la cruauté dont venait de faire preuve notre cher et néanmoins sournois français restera impunie ? Aha. Parce que voyez vous, au fond, Pologne est quand même de nature fort positive, mes amis. Il prend quand même assez facilement son parti des situations merdiques. Alors tout en étalant plus ou moins consciencieusement la substance de la mort... Et en re-pressant la bouteille pour lui en refoutre une dose.

"Waouh mais genre, en vrai je sais trop pas comment tu peux supporter ce truc totalement trop méga atroce, comment que c'est la loose. Note c'est trop comment que je disais à je sais pu qui je sais pu quand, y a des fois on comprend trooooooooop pas comment y en a qui marchent, mais sérieux ? T'sais ? C'est pas, genre, CARRÉMENT HALLUCINANT à mort, des fois ? Nah ? Mais carrément fun quand même. Oh genre, j'te dis ça, comment ça me rappellemaistroplafoisoùbzzzzzzzzz bzzzzzzzbzzzzzz bzzzz"

Bzz. Parce que là, vraiment, on ne peut plus rien discerner du bourdonnement qu'est devenu le blabla de Pologne tellement il en déballe et tellement il le fait vite, en bouffant à moitié les mots au passage. Le truc, c'est qu'il s'arrête pas. Bzzz et splouatch. C'est plus un dos crêmé, c'est un beignet qui trempe dans l'huile.

Pour France, le plaisir de ressentir des mains le caresser (et pas le frapper pour une fois) est tel, qu'il se sent lentement emporté vers le monde des rêves. Le bla bla de Pologne devient distant et le magnifique blond plonge dans un sommeil des plus paradoxal.

Il est tard le soir et France entre dans sa chambre qu'il partage affectueusement avec son petit lapin. Malgré la pénombre, il est évident que le bronzage parfait de France va en rendre jaloux plus d'un. Profitant du moment de faiblesse de son bien-aimé, il se glisse dans le lit et se met à le caresser doucement. Son amoureux se serre contre lui, et la température augmente.

Sauf qu'il ne s'agit pas juste d'un rêve. Le pied et demi de crème étendu sur le dos de Francis agit lentement comme une loupe qui crame des fourmis. Parce que si le blond aurait lu la notice, il se serait rendu compte qu'il fallait appliquer la crème en petite quantité et ne pas s'exposer au soleil plus d'une heure, boire beaucoup d'eau et se mettre à l'ombre pour donner un moment de répit à la peau. Alors en ce moment, France commençait à prendre non pas un beau teint brun, mais plutôt d'un rouge cramoisie. Tout ça pendant que Francis roupille, et que Pologne parle au gazon. Parce que France l'écoute pas. Et la drôle de couleur du gazon, c'est peut-être parce que l'herbe essaie de se suicider ?

Hahem. Bon, pendant ce temps Francis rêves toujours :

Arthur est très en formes et de bonne humeur ce soir là et il fait toutesortedetrucsdontonnepeutpasparlerici. Le blond se laisse faire, seulement intimidé par la chaleur qui augmente lentement mais sûrement

.

Soudainement, une feuille tombas sur le dos de France. Détail anodin me direz-vous. Sauf qu'avec le dos semi-toaster de France, la douleur est telle, qu'il se réveille en hurlant.

- MAMAAAAAAAAAAAAAAN !!!

Pas très classe me direz-vous. Je sais....

Non alors, ce qu'il faut bien établir, hein, que ça soit clair, c'est que Pologne, il entend ce qu'il veut entendre et il voit ce qu'il veut voir. Et inversement. Par conséquent, comme il est bloqué dans son étalage de crème sur un dos francisique, eh bah il cause. Et comme autant l'étalage c'est pas spécialement que du bonheur, autant parler, il adore, eh bien il ne se rendait PAS compte, non non, que de un Francis n'écoutait que dalle, et de deux, que c'était pour une bonne raison puisqu'il s'était juste endormi.

Alors il continua à bourdonner, pour l'herbe et le vent, pour le cadavre de l'écureuil, pour les quelques insectes invisibles qui n'avaient pas encore succombé au parfum full coconut de la crème bronzante de France. Et d'un certain côté, c'est pas plus mal que notre cher français aie rejoint un monde onirique et arthurien, parce que entre deux phrases précipitées échapaient régulièrement à Pologne des trucs censément secrets. Tu dis rien hein ? Bah genre non, je répète trop pas les secrets.

Et évidemment, il ne se pencha pas non plus sur le sujet de la couleur de plus en plus suspicieuse de l'épiderme puissamment huilé. Ah ouais, tiens, c'est rouge. C'est bien, le rouge. Pis bon en même temps, sur un blond tu veux t'attendre à quoi comme bronzage, du caramel ? Mais non ça crame pas, Joe, tu vois bien qu'y a pas de fumée... Ça ? Nan nan, ça c'est l'évaporation noix de coco. Ça dégage tellement que même la peau de France elle veut pas de l'odeur, elle prend que la crème.

Bref, l'affaire aurait pu durer longtemps. Parce que l'être humain s'habitue à tout, même à la proximité d'une fragrance aussi entêtante. Alors oui, il aurait pu continuer à bourdonner comme ça encore une heure ou deux, en badigeonnant joyeusement le paletot du malheureux, jusqu'à ce que mort s'ensuive, ou jusqu'à la fin de la bouteille de crème solaire.

Sauf que. Alors que Feliks abordait un sujet ON NE PEUT PLUS IMPORTANT - le papier peint des chambres, sans déconner, ça se fait plus depuis au moins dix ans tellement c'est trop démodé, dis donc t'es pas au Conseil toi ? faudrait en parler pour changer ça hein - la séance tartinage tourna court.

Autant dire qu'il fit un bond digne d'un letton terrorisé quand le hurlement de France atteignit son délicat système auditif. Ou plutôt, son cerveau, parce que chez Pologne, il y a deux/trois secondes de décalage entre la réception des données et l'analyse. Avec une explosion de vocalises en écho.

"HIIIIAA !! QUOI ??? QUOIIIII ????"

AHMONDIEU, une attaque de bestioles, à coup sur !! Non mais quelle idée de se foutre dans l'herbe !!!

"QU'EST CE QU'Y AAAAAAA ??"

"QU'EST CE QU'Y AAAAAAA ??"

Ah, le doux son viril de la voix de Pologne qui exprime un cri de terreur. Non. Juste non. Le premier réflexe quand on l'entend hurler ainsi, c'est de se boucher les oreilles, parce que après 5 secondes, c'est acouphène garantit pour une heure, après 10 secondes, c'est dommages permanent aux tympans, et plus de 10 secondes, c'est surdité à vie. Le français souffrait donc le martyre à cause de son dos brûlé au 1er degrés, mais devait en plus se couvrir les oreilles pour éviter de passer sa vie à demander aux gens de parler plus fort. De plus pouvoir espionner les convos de loin, ça vous coupe la position privilège d'informateur #1 à Gossip Girl !

Lorsque le cri cessa, France se releva, essayant en vain de regarde son dos.

- Mais t'es malade ? Je dois sentir le cramer à des kilomètres à la ronde !!

Noix de coco cramée serait la meilleur expression pour définir ce que vivait le Français, mais bon on est pas à un détail près. Sautant dans son petit panier de provision, le blond chercha frénétiquement sa crème Aloès. Parce qu'avoir l'impression qu'on peut se faire des oeufs brouillés sur le dos tellement ça chauffe, n'est pas une des sensations les plus agréables. Et l'Aloès, c'est super efficace pour ce genre de brûlures.... ou celles qu'on se fait sur le tapis parce... HAHEM... Bref, une fois trouvé le pot fut fourré dans les mains du Polonais.

- Tu peux m'en mettre ?

Sauf que cette fois-ci, il ne dormirait pas. Hell, il s'essaya en indien, question de pas tombé endormi. Prochaine étape après l'Aloès, c'était de se foutre à l'ombre....

Tout ça ? Mrooon... C'est gentil ! On lui fait si rarement de compliments ! D'ailleurs, c'est pour ça que la plupart du temps, il s'en fait tout seul, et avec raison, on est jamais mieux servi que par soi-même. Une réflexion qu'est certainement en train de se faire le dos de France, si tant est qu'un dos puisse encore réfléchir dans l'état où était celui du malheureux Francis. Sinon... Quoi ? Ah, on me dit dans l'oreillette que ce n'étaient pas spécialement des compliments. Okay, bon ben Feliks ferme-la avant de faire voler en éclat vitres et nerfs, et écoute donc France, il a des choses importantes à dire.
Bneh.


"Euh... Nan, le cramé, moyen, par contre comment tu pues trop grave la noix de coco, c'est carrément hard. Et t'as trop pas besoin de gueuler comme ça, hein ! T'sais quoi ? J'ai une idée totalement trop cool. On te fout couche de chocolat dessus et tu pourras faire le Révolté du Bounty, genre."


Loin de lui l'idée de vouloir se payer la tête de France, hein ! Ou pas, en fait... Enfin, que dire, Joe ? Laissons le arborer son grand sourire passablement crétin, lequel va rapido s'étioler dès que l'Ensoleillé va brandir sa super parade conditionnée en ptit pot.


"Nan mais c'est carrément pas cool, là !! Sérieux, t'vas m'en sortir encore combien, comme ça ?"


Un gros soupir pour accompagner le dévissage de pot, gentil garçon qu'il est, suivi d'une très prudente inhalation de la fragrance de la nouvelle arme chimique de France... Mouais, ça passait, cette fois. Encore que, Aloès + Coconut, ça commence à faire du dégât, question mélange. Et le fait que France prend maintenant l'allure olfactive d'un échantillon promotionnel Sephora, ça a rien à voir, nan nan.

Bon. Étalons, maintenant. Encore. Alors le truc, évidemment, c'est que Pologne reste Pologne. Alors oui oui, il va étaler le nouveau truc par dessus l'ancien, parce que son génie intégré plus que trop génial lui a glissé précédemment que rendre service à ce gars là, c'était un bon plan. Mais lui demander d'être prévenant et déférent, et de penser ne serait-ce qu'une seconde à se mettre à la place de l'autre, ça a un potentiel d'improbabilité à peu près égal à celui de voir Allemagne danser un french can can en culotte à l'effigie de Dora l'Exploratrice.


Donc, Pologne étale la crème à l'Aloès sur la peau Rouge Éclat de France, en y allant franco sur les frottfrott, allez hop, y a d'la joie bonjour bonjour les coups d'soleil, y a d'la joie. De loin, on a plutôt l'impression d'un acharnement à la Spontex usée sur le lavabo d'une station service. Un p'tit coup d'étrille, après ça ?

Bounty…. France, le pays le plus classe au MONDE venait se faire catégoriser parmi les barres de chocolat les plus banales ! Maiiis France qui comprend toujours tout de travers de toute façon comprit : booty. Pensant que le Polonais lui faisait un compliment sur son superbe derrière, le Français passa outre la remarque.

Quand à la seconde question.

Je peux te sortir des centaines de bouteilles ! Crème bronzante, après bronzage, trop de soleil, pas assez de soleil…

Et la liste continuait pendant des heuuuures. Pauvre Angleterre qui n’avait pas grand place dans leur chambre pour placer ses choses. Quoique les trucs S&M comptaient comme propriété commune… hahem. Oh oui. Pologne.

Une fois la crème dans les mains du maniaque des poneys, France osa penser qu’il allait enfin pouvoir relaxer et se la couler douce. Erreur. L’impression d’avoir un camion de 300 lb qui vous masse le dos, quand vous êtes brulé au 1er degré, c’est pas la joie. Encore une fois, de vaillantes protestations sortirent de la bouche de Francis.

AILLEUUUUH !!!!

Euh... Ouais. Alors là, il est moyen partant pour écouter la liste des produits divers et variés - mais tous SUPER -INDISPENSABLES, bien sur, hein - qu'on peut trouver dans la chambre de France. Le souci, c'est que France, il laisse pas tellement le choix. Non, parce que faut pas délirer, on te commence une liste comme ça, tu le sens à trente bornes que ça te fait une liste à peu près aussi épaisse qu'un exemplaire de 'Guerre et Paix' pour malvoyants.
Heureusement, y a l'abrège. Pas sûr que ce soit pour t'épargner, mon pauvre Feliks, mais fais donc ce que tu as à faire. Tu sais ? Le frottage avec délicatesse équivalente à celle d'un semi-remorque, selon le point de vue de cet ingrat de mal-bronzé. Lequel piaille à nouveau, d'ailleurs, provoquant une réaction tout aussi immédiate.

"Mais quoi ?!?"

On a retenu le "encore" final, in extremis. Par contre, on laisse pas en suspend, on réattaque de suite derrière.

"Je fais totalement c'que je peux, genre ! C'est pas de ma faute si t'as style le dos comme la peau d'une vieille dinde trop cuite ! T'veux que je te dise ? Comment je suis carrément trop sûr que c'est pas du brûlage de soleil, ça. C'est à cause de ta CRÈMKIPU, CLAIR. Un truc qui sent comme ça, obligé que c'est provenance direct de l'enfer, ça doit être TOTAL toxique."

Et hop, le v'là qui gonfle les joues. Nan, mais c'est vrai, quoi. Mais, gentil garçon, il ESSAIE de frotter moins fort. Encore que, ça doit pas changer quand chose d'appuyer plus ou moins intensément, quand on a le paletot rouge vif.

Dégonflage de joues.... Silence... il esquisse un sourire... Silence... il s'mord les lèvres... silence... Bon, allez, vas y Pologne, SORS-LA, ta connerie, t'en meurs d'envie... Au point où on en est, hein....

"Eh, France... Genre j'te fais deux points au cirage, on aura une coccinelle géante, bwahahaha."

Le pire, c'est qu'il est très content, là.