Sujet: Mathématiques, mon amour ♥ [Vatican] Ven 15 Oct - 14:01
~ Mathématiques, mon amour ~
Adossée au mur situé à côté de la fenêtre, Nicaragua laissait s'envoler de ses lèvres à demi-closes les rébus de sa cigarette. La fumée montait lentement vers le plafond, noire, stagnante. Elle la regarda un peu en se demandant si elle allait se perdre dans l'immensité du ciel ou rester seule, ici, avec elle, se raccrochant à quelque chose de connu. Des yeux elle suivait les mouvements réguliers de ce qui s'échappait du bout rougeoyant de ce déchet nicotiné qu'elle tenait du bout des doigts. Finalement le long filament s'échappa lui aussi par la fenêtre, rejoignant par le même mouvement l'air frais qui circulait de ce beau ciel bleu. Un temps aux allures saisonnières se déroulait au-dehors tandis que le goût amer de la cigarette circulait dans les veines de la jeune fille. Elle l'ôta finalement de sa bouche et écrasa son mégot sur le rebord de la fenêtre avant d'aviser une poubelle et d'y jeter le reste. Puis elle se rendossa au mur et se mit à contempler avec une grande attention l'horloge du couloir, attendant, attendant, attendant encore. Elle s'ennuyait. Le temps s'écoulait, lentement, comme une nuit sans rêve... Lent, sinueux, intensément vide. Il semblait sur le point de s'arrêter, quand la sonnerie retentit enfin. Logan cessa de surveiller l'aiguille de l'horloge qui se dandinait sans grande conviction dans le couloir et se décolla lentement du mur pour se diriger vers la salle de classe dans laquelle elle devrait étudier pour la prochaine heure. Elle avait veillé tard la veille au soir et se doutait qu'elle risquait de s'en mordre les doigts. C'était la première fois qu'elle allait se retrouver dans la salle de maths. La jeune fille avait déjà eu l'occasion de prouver par exemple à son professeur d'Anglais que ses attributs linguistiques n'étaient pas aussi pauvres que sa poitrine. Du moins faisait-elle en sorte de s'en sortir. Même si son dix de moyenne triomphait chaque année sur son acharnement au travail, elle devait s'en contenter. D'ailleurs ses bulletins scolaires ne devaient pas être dévalorisants puisque Nicaragua avait été acceptée et reçue sans complications dans l'Académie d'Hetalia.
Comme quoi elle avait des faiblesses certaines mais s'y tenait. Rigueur et discipline étaient la clef de toute chose.
Le problème avec les mathématiques, était principalement que ne pas assister à un cours signifiait souvent plonger et devoir nager pour garder la tête hors de l'eau. Pour Nicaragua, ce problème aurait pu se poser au vu du nombre de fois où elle avait "involontairement" séché les cours, entraînée par un frère un peu trop indépendantiste. Frère auquel elle aurait dû refuser toute chose dés le départ. Frère qui ne se souciait pas de leur avenir. Pourtant elle l'avait suivi, toujours, dés lors que lui n'était plus dans son sillage. Son frère était comme une drogue dont elle ne pouvait se séparer. Indicible, dangereuse, attractive... qui semblait tellement saine et calme. Qui faisait tant de dégâts. Néanmoins Nica avait du caractère, rien ne l'aurait empêchée de se dresser contre lui et de refuser son avis. Les cours étaient importants, non ? Sécher, c'était une mauvaise idée. Une fois, c'aurait pu aller : deux, cela commençait à la faire patiner dans sa soucoupe ; mais c'était trois mois de cours qu'elle avait séché... en omettant ceux qu'elle avait passés à l'hôpital. Par pure volonté divine, Nica réussissait cependant à s'en sortir avec la moyenne... moyenne plus que potable à son avis, d'autant que ses légers soucis "notatoires" ne se situaient pas au niveau de l'apprentissage ou du manque de compréhension, mais plutôt du temps... La demoiselle espérait que le professeur qu'elle aurait cette année lui en laisserait assez, même si elle en doutait fort. Elle ne croyait pas aux miracles.
Avec ces pensées en tête, Logan se dirigea lentement vers la salle de mathématiques, indifférente au chaos existant, aux bousculades dans les couloirs, aux tapes amicales que se donnaient les compagnons de jeu. Lorsqu'elle passa la porte, une overdose de bruit l'accompagna tel un nuage de moustiques tournant avidement autour des marécages. Nicaragua pouvait endurer beaucoup de choses, ses tympans aussi. Cependant, les conversations actuelles volant bas, elle préféra tirer... profil bas, tant qu'à faire. Evitant donc les gestes débordants d'affection, les bras grands ouverts pour cause d'embrassades à venir, les poings serrés prêts à s'abattre sur la tête du premier venu, Logan se fraya un chemin dans la salle pour aller s'installer... au fond. Elle ne comptait pas demander l'avis de son nouveau professeur pour prendre place.
Certes, elle participerait, mais de là à se tenir à moins d'un mètre d'autres personnes existantes, il y avait un pas immense, autant que les chutes du Niagara. En tout cas elle ne tenait pas à faire ami-ami avec qui que ce soit. La meilleurs technique pour éviter ce genre d'erreur étant de se réfugier dans un coin où supposément personne ne se trouverait, elle ne se fit pas prier pour aller s'y asseoir. Nica entraperçut le regard du prof qui la suivait, se demandant sans doute si elle était la/le nouvel(le) élève dont il avait entendu parler, mais elle n'y prêta pas garde. Elle était studieuse et calme, il faisait son travail. S'il n'y avait pas d'ambigüité, tout se passerait comme dans le meilleur des mondes. Evidemment, elle était sensée en connaître, des mondes, puisque d'après certaines personnes elle venait d'une exoplanète. Heureusement, elle ne savait pas que cette même personne avait vaguement envisagé l'idée de la dissequer. Nicaragua n'aurait pas vraiment apprécié le fait d'être un cobaye, peu importait qu'il s'agisse d'expérimentations pour découvrir l'origine de sa coupe de cheveux ou autre chose du même style.
Nicaragua commença à s'installer, sortant de son sac tout le nécessaire dont elle avait besoin. Sans préavis elle s'assit sagement, se disant que le cours ne tarderait pas à commencer. Dans ces cas-là, et le premier jour passant, mieux valait ne pas se faire remarquer. Rester calme et avenant, quelle bonne idée. Elle leva la main lorsque le professeur l'appela comme il se devait de faire puis l'écouta réciter son cours avec monotonies. Ses anciens professeurs lui avaient affirmé que le cours serait dans la continuité des siens, n'imaginant pas que dans l'Académie, il pourrait venir à l'idée du professeur de mathématiques de se faire tout le programme à l'envers. Peut-être comptaient-ils sur les capacités intellectuelles de celle qu'ils continuaient inlassablement d'appeler 'jeune homme' dans les couloirs, sans s'excuser outre mesure. Ceci dit, ce n'était pas très important. Elle avait pris le pli, à force de devoir se faire à cette appellation. Ainsi donc elle ne réagit pas lorsque l'adulte qui se trouvait devant eux pour leur faire cours l'interpela en la nommant 'le jeune homme, nouveau, excuse-moi, peux-tu me rappeler ton nom?'. Cela ne lui provoquait aucune réaction. Il lui arrivait même de faire elle-même l'erreur à cause de l'habitude. Et pourtant, personne n'était mieux placé que Nica pour savoir qu'elle était une fille. Logan jeta un regard d'ensemble sur la classe. Elle était plus remplie qu'elle ne le croyait. Sa seule satisfaction pouvait être due au fait que personne n'était assis à côté d'elle. Devant, il y avait quelqu'un qui ne parlait pas beaucoup, tant mieux.
Evidemment, il ne vint pas à l'idée de la demoiselle que ce siège qui était vide juste à côté du sien pouvait se trouver être la place de quelqu'un d'autre...
Spoiler:
C'est pas très long mais j'espère que ça te convient ♥
Invité Invité
Sujet: Re: Mathématiques, mon amour ♥ [Vatican] Ven 15 Oct - 20:28
Spoiler:
"pas très long" ? Tu te fiches de moi ? XD C'est super !
Vous me direz que parfois il est bien de réfléchir sur le sens de sa vie, ça aide. Mais, des fois. Juste des fois, parce que tout le temps, on peut être victime de méprises. Et ce particulièrement lorsque, avant, on n'avait jamais réfléchi sur ledit sens de la vie. Il est comme une chambre qui a besoin d'être nettoyée, comme un sac qui a besoin d'être vidé, ou quelque chose comme ça. Et lorsqu'on le fait pas de temps en temps (une fois par an ? par moi ? par semaine ?) c'est long quand on le fait, très... Très, très long. Or plus c'est long, et plus on est dans le truc. C'est simple, mais près faut se remettre dans le mouvement "je bosse" ou "je m'y met" et c'est ça le réel truc dur, plus on cogite, plus le reste nous emmerde, mais profondément. Alors adieu les cours et bonjour le doux temps de la glande organisée où la seule chose à quoi penser à part des truc déprimants sont "comment je vais justifier ma prochaine absence" avec les conditions que : de un : il n'y a pas pas de justifications, ce mot n'existant que dans le botin de l'administration. Où est-ce qu'on peut bien passer pendant... un... deux jours, enfin, un et demi, alors qu'on a strictement aucun endroit où aller ? Cogiter et vous verrez, parce que c'est comme les points de vie dans un RPG, c'est que quand on a plus d chances avant l'exclusion, qu'on évite les conneries. Mais connaissez-vous seulement une personne qui respecte les ordres qu'il se dicte, hein ? ... Ça fait pas grand monde, avouez-le, rajoutez-y le fait que la personne -imaginons- n'aie plus rien à se reprocher, enfin, se le dise, hein. Et se foute totalement de ce qui se passe en dehors de sa petite personne qui est siii importante pour lui même. On s'égare mais, tant pis, on reste toujours un peu de sujet, c'est pas un TP de géo, et tant mieux.
Quoi de mieux que de zieuter en paix le ciel sur un toit de lycée ? Regarder le ciel sur un toit de lycée en séchant un cours, ouais ça c'est connu. Donc, toujours en recherche de bien être extrême et de luxure (on y croit tous, ou presque), le Vatican faisait encore et toujours tout son possible pour ne penser à rien. Pourquoi ? Parce que se remettre en question c'est gonflant au bout de la seconde semaine de pratique. Il s'ennuyait, parce que passer deux semaines à dormir en cours c'était chiant aussi (accessoirement) et que le peu de cours où il ne faisait pas le légume il payait le prix de tout ce qu'il avait payé, avec des absences, pas de révisions, et donc ça donnait des notes que ton le monde se plaît à appeler des notes à la con. L'année commençait bien, pour faire dans le cynisme... Aussi, sans espoir qu'il était il n'avait plus envie de continuer, à quoi ça servait ? A rien. Sauf que quand on ne faisait rien, eh oui on s'emmerdait... Le cours passé était fini depuis... une minute ? Trente secondes ? Vraiment pas longtemps. Aller au suivant ? Ce serait pas une mauvaise idée, bof quand même... Mais c'était qu'une heure, et il faisait froid dehors. Et c'était le froid qu'il utiliserait comme excuse pour dire pourquoi il était allé en cours.
Sur la paume de sa main, il y avait toujours noté quelque chose comme deux ou trois lettres pour qu'il se rappelle quel cours il avait, et où. Mine de rien, il en avait beaucoup, et cette académie, c'était pas petite. Le seul truc bête avec cette méthode qui n'avait pas d'âge, c'était le risque minime d'empoisonnement quand l'encre passait de la peau aux veine (faute de trop utiliser ce pense-bête, comme quoi, il ne faut pas abuser des bonnes choses) et aussi le risque -bien plus conséquent- de se retrouver avec l'emploi du temps imprimé sur la joue au réveil d'un cours un poil trop chiant. Enfin bon, chaque chose avait ses inconvénients... Et on trouvait toujours pire, la preuve était que le moral soudainement retrouvé de la nation de Dieu descendit en flèche alors qu'il se rendait tout juste compte que le cour suivant sur sa liste c'étaient les maths... Seize ans sur cette terre et il n'avait toujours pas trouvé d'utilité à cette chose de Satan, la seule matière ou depuis la sixième 1 + 1 ne faisait plus deux. (Pour lui jusqu'à ses onze ans ça avait fait un, mais personne n'était parfait en fait). En fait, il était à deux pas de la déprime la plus totale et la plus noire pour tout dire. Mais il ne se le disait pas, c'était en fait le champion de l'auto-persuasion... Enfin de la tentative d'auto-persuasion. Ça marchait une fois sur quatre... Ou sur six, ça dépendait.
Il descendit les escaliers qui donnaient sur les couloirs où les salles de cours étaient disposées. Dur de dire si oui ou merde il était perdu parce que de ce sens, il ne se souvenait pas être passé par là. Nouvelle année, nouvelles salles, surtout la salle de maths. Ils n'avaient pas pu penser à la rassembler avec les autres ? Bein non, évidemment, chaque génération d'élèves avait du s'en plaindre de celle là. Si ça se trouvait, c'était une passe que tout le monde devait... Passer. Surpris par son manque évident d'éloquence mentale (au bout de trois semaines, vous allez pas râler, c'est normal) il continua sa route au milieu d'autres élèves qui se hâtaient de rejoindre leurs cours. Leur nombre était effarant. Enfin, pas tellement mais, c'était quand même pas mal, assez pour compter le nombre de crucifix que les filles arboraient pour se donner un genre ou les nouvelles modes en entendant toujours les mêmes filles glousser. Gamins, nations, c'était pareil, ça suivait la rythme. Donc, les maths, c'était où ça... Dur de s'entendre penser, il y avait des jours où Vatican se demandait comment quelqu'un n'avait pas résisté à l'envie d'hurler encore plus fort pour se faire entendre. Cela avait déjà du être fait mais bon. Il y avait des fois ou l'on avait des pensées pessimiste, des fois pendant dix minutes, et après pendant de semaines, c'était comme le mauvais temps : quand il faisait beau, on ne le remarquait pas, mais quand il faisait moche on se demandait vraiment jusqu'à quand cela durerait. La liberté n'existe jamais autant que lorsqu'on la perd, comme qui disait... Et après on le traitait d'emo, c'était quoi ça encore ? Quelque chose de péjoratif sûrement... Quelqu'un qui déprime et qui ressemble à une fille ? C'était apparemment ça selon les sources, la déprime oui mais l'air féminin... Un peu mais sans plus ! La joueuse dirait oui dans sa grande et immense objectivité mais le Vatican dans son honneur et son ego plus grand que lui, dirait non.
Or donc, la salle de maths, apparemment il l'avait trouvée... Et une autre question poussa les autres dans son esprit : j'entre ou pas ? C'était un peu comme être ou ne pas être, mais en dix fois pire. Une heure à s'emmerder au milieu d'une bande de singe ou dans le frigo... enfin, sur le toit à regarder les nuages ? Le choix était vite fait, par les fenêtres, on voyait le nuages, et en octobre ils allumaient les radiateurs, lesquels se trouvaient... ? Près des fenêtres, bingo. Alors il entra, comme d'hab, pire qu'un coup dans la gueule les hurlements, on ignore et on trace jusqu'au fond et... C'est quoi cette bête près de la fenêtre ? "Ah non je regrette, c'est ma place ça, décarre en vitesse où c'est à coups de Bible" aurait voulu dire Fabrizio en voyant que sa place était prise. Réflexe de dernière minute, au lieu de se prendre un : un vent, deux : un bon coup dans la face ou trois : un discours ennuyeux sur la moralité, il préféra s'asseoir à côté du mec déjà assis. Adieu les nuages, y'avait rien de plus chiant que d'être pas près d'une fenêtre alors qu'on en était proche... Et en cours de maths, il entendait déjà le prof balancer ses saloperies de vecteurs ! C'était quoi déjà un vecteur....? Oups, oublié. C'était ça, être con aussi. C'était dur de ne pas comprendre un cours, alors avec un inconnu à côté c'était horrible. Essayer de se rappeler la tête qu'il a, ça c'était une des choses les plus chiantes. Le genre même de truc que l'on veut à tout prix savoir. Mais nooon, on le saura à la fin de ce long, long cours. 55 minutes à peine, plus qu'une cinquantaine, ça défile ! Nan, c'est trop long... Et le sommeil, c'est comme le froid, ça assimile tout le corps, lentement, et on finit par... mettre la tête dans ses bras et essayer de ne pas s'endormir vraiment car, il est si facile de se réveiller en hurlant à la fin d'un cours et... ou même de pas se réveiller de tout, d'ailleurs. Ça faisait tâche sur un carnet scolaire, et encore un rendez-vous chez l'autre folle d'infirmière, non merci. Entre les heures de colle avec un vieux prof de maths et Dark Vador (d'où il venait ce surnom... oublié ça, encore), c'était les heures de colles qu'il valait mieux avoir. Mais s'endormir, rien que pour deux-trois minutes, personne ne 'en douterait, il était au dernier rang, et tout le monde faisait assez de merdier pour ne pas que le prof s'en rende compte...Deux petites minutes, c'était trop court, dix. Oui, dix c'était bien... Ou toute l'heure, elle passerait vite après ! Pourquoi on a jamais sommeil en étude ? Loi de Murphy sans doute ? Ou une de ses variantes, à croire que tout Gakuen fonctionnait avec cette loi futile... passant outre celle de Dieu, quelle connerie... Quinze minutes et après, Vatican se jura d'essayer de suivre le cour. Aha, même lui ne se croyait pas, il était vraiment, mais vraiment au plus bas.
Invité Invité
Sujet: Re: Mathématiques, mon amour ♥ [Vatican] Dim 17 Oct - 21:14
Logan ne s'était pas assise à côté de la fenêtre pour observer les nuages, bien que leur nombre l'intriguait. Dans son pays, ces grandes strayures blanches se faisaient rares, bien trop rares. Par contre, pour le radiateur, c'était une autre histoire. Bien que le ciel soit d'une humeur clémente, Nicaragua trouvait qu'il faisait bien trop froid. Chez elle, la température était idéale, tellement chaude que le fait de se retrouver dans un endroit où elle s'élevait à vingt degrés la refroidissait. Quiconque serait venu au Nicaragua se serait plaint de la chaleur étouffante et quasiment infernale -quasiment oui, car comme chacun le sait, "infernal" est un dérivé d'Enfer, or malgré les émeutes et les guerres civiles on ne pouvait pas vraiment dire que le Nicaragua était identique à l'Enfer- du pays. Pour la Nation elle-même, cette chaleur était naturelle, et plaisante. Evidemment, elle qui était habituée à vivre dans ce four chaque jour, elle ne pouvait pas remarquer qu'en effet, la température était bien trop haute. L'effet inverse était aussi observable. Dans des conditions dites 'normales', le Nicaragua tremblait comme une feuille en se plaignant du froid. En conclusion, le radiateur devenait son meilleur ami par ces journées de "grand froid". La chaleur, la solitude, elle ne demandait pas mieux.
Mais voilà que quelqu'un se présenta à la porte pour assister au cours. En retard. Elle lui jeta un regard en biais avant de s'apercevoir qu'il se dirigeait... Oh, non non non non non. Pas par là.... mais si. Il s'était assis à côté et entreprenait déjà de finir sa nuit. Le professeur parlait de vecteurs. Le cours en lui-même était clair comme de l'eau de roche, et Nicaragua le connaissait sur le bout des doigts. Facile. Cette hyperbole, là, c'était l'image de la translation de l'hyperbole d'origine par la translation de vecteur AB. Logan ne comprenait pas les regards effarés des élèves. Ceci dit, elle ne comprenait pas non plus pourquoi son voisin était ainsi affalé sur sa table, mais elle s'abstint bien de poser la question. On aurait dit un poulpe. Il était tellement amorphe qu'elle était persuadée que si elle lui pokait la joue, son doigt serait rentré dedans sans rien lui faire. Comme la pâte à modeler. Et quand il n'y en a plus, il y en a encore. Se rendant compte qu'elle fixait étrangement le nouvel arrivant, Nica détourna le regard et se concentra de nouveau sur le cours en suivant les schémas que le professeur affichait au tableau pour permettre à ses élèves de le comprendre. Ce qui ne servait pas à grand-chose. Plus Logan regardait les gribouillis, plus elle avait l'impression de ne pas comprendre le cours. Pourtant, elle le connaissait plutôt bien, ce cours. Pour réussir à lui faire "décomprendre" un cours qu'elle avait assimilé, il fallait y aller. Professeur incompétent? Elle n'irait pas jusqu'à dire cela. Elle avait une certaine notion de respect pour les professeurs, la petite, contrairement à certains. Il essayait de faire son travail mais n'y arrivait pas, cela ne devait pas être de sa responsabilité. Peut-être n'était-il pas au meilleur de sa forme? Ce n'aurait pas été étonnant. En tout cas, il y avait toujours une excuse valable à donner pour de mauvaises explications, Nicaragua en était persuadée. Grand bien lui en fasse, cette auto-persuasion l'empêchant de mépriser ses professeurs, et donc pas extension de ne pas travailler et plomber sa moyenne. Comme beaucoup le savaient, le fait d'apprécier ou non un professeur était grandement responsable de l'état des notes -ou de leur chute libre- d'un élève, mieux valait donc pour la jeune fille que son cerveau l'empêche de les dénigrer.
Le Nicaragua n'avait pas un honneur défiant tout contretemps mais s'en rapprochait plutôt bien. Du moins essayait-elle de s'en approcher. Quoi que. En considérant de face une personne qui cherche à tout prix à éviter tout ce qui était bagarres, il était clair que se poser la question sur son honneur délicat était naturel. Et pourtant. De l'honneur, elle en avait. D'ailleurs, c'était l'une des trois parties de son "motto", de sa devise républicaine. Avec la Patrie, la grande Patrie, qu'il fallait toujours protéger et chérir qu'importait ce qu'il s'y passait. Les jours meilleurs la guidaient. L'espoir aussi. Et surtout, Dieu. Personnage plus qu'important dans sa manière de vivre et de penser. Dieu, c'était son guide. Elle n'imaginait pas que son nouveau voisin de classe serait celui qui transmettait la parole de cet être insaisissable qui les couvait tous de son regard, cet être qui la bordait chaque soir comme il bordait chacun d'entre eux. Beaucoup perdaient l'espoir et l'honneur car ils ne le voyaient pas. Pourtant, pour Nica, c'était évident. Il était toujours là. Il avait créé ses soldats de plomb et regardait de son piédestal ce qu'ils feraient de la vie qu'il leur accordait. La seule chose qu'ils pouvaient faire pour lui, c'était de croire. De se dire qu'ils étaient ses soldats, son armée, son honneur. Que s'ils travaillaient convenablement alors ils seraient des pièces de collection.
Et pas des vieux jouets jetés à la poubelle sans état d'âme.
Plongée dans ses réflexions, la demoiselle ne remarqua pas tout de suite que le professeur l’appelait depuis déjà trois ou quatre fois. Elle releva brusquement la tête lorsqu’elle entendit sa voix quasiment hargneuse appliquée contre elle de façon peu…. Aimable, c’est le cas de le dire. Il ne semblait pas disposer à accepter d’attendre une nouvelle élève au fond de la classe qui connaissait déjà tout de son cours, non. Apparemment cela lui importait plus qu’elle réponde à la question. Pourtant, il avait eu son carnet de notes entre les mains. Certes, il n’était pas brillant mais tous ses anciens professeurs s’étaient appliqués à dire que Nicaragua était une élève relativement douée, qui apprenait parfaitement ses cours et comprenait très bien, le seul souci se situant au niveau des notes. Nica ne dépassait jamais la moyenne. Nica n’avait jamais moins de la moyenne. Dix. Dix. Dix. Les professeurs qui se chargeaient de calculer la moyenne totale des élèves n’avaient pas grand-chose à faire avec elle. Dix. C’était toujours dix, dix, dix, et encore un autre dix. Facile à comprendre, non ?
- Nation, Nicaragua, merci de prendre en considération que ce cours n’est pas une salle de réveil ! Malgré vos yeux ouverts, je peux deviner que vous dormez consciencieusement ! Si vous souhaitez réellement vous reposer, merci de le faire dans plus de discrétion !
Par exemple, pourquoi ne pas prendre exemple sur son voisin, qui était tellement affalé sur sa table qu’il était impossible de savoir s’il était encore en vie ? Il était le parfait exemple de l’étudiant modèle, sachant très bien démontrer ses talents de discrétion. Grillé dés le premier coup d’œil. Nicaragua cependant ne s’attarda pas sur ce détail et se contenta de murmurer un faible « Oui, monsieur… » avant d’écouter plus attentivement ce qu’il tentait d’apprendre à ses élèves. Il leur parlait de vecteur, elle l’avait deviné. Il semblait la regarder d’un air de défi, lui demandant du regard de répondre à une question qu’elle n’avait pas écoutée. Scrutant le tableau dans l’espoir qu’il lui donne la réponse, elle avisa les légers schémas très brouillonnés qui s’en évadaient. Les coordonnées du vecteur ? Allez savoir. Elle pouvait aussi voir apparaître la relation de Chasles, alors… L’adulte finit par afficher un sourire victorieux et s’éclaircit la voix avant de revenir sur un ton plus doux, plus « normal » pour quelqu’un de son statut.
- Ecoutez la prochaine fois, d’accord ? …, dit-il gentiment avant de reprendre. Je vous demandais donc quelque chose de simple pour commencer, ne connaissant pas votre niveau...
Ah. Quelque chose de simple. Etrangement, dans la tête de Nica, cela sonna plus comme un "Qu'on lui coupe la tête!" tonitruant. Les questions simples, la demoiselle n'aimait pas cela. Souvent il s'agissait en réalité de questions auxquelles elle restait bloquée pendant des heures. Dans son ancienne école, les enseignants le savaient tous et la coinçaient avec ce type de questions quand ils la voyaient revenir après des semaines d'absences dues à la volonté de son frère de sécher purement et durement les cours. Evidemment, Sandi n'avait aucun problème de ce côté-là. Ce n'était pas lui qui était interrogé. De temps en temps, Nica allait jusqu'à se demander si ses instituteurs ne le faisaient pas justement pour qu'elle en tienne rigueur à son frère et cesse de le suivre dans ses délires psychosomatiques. De toute façon, peu importait à présent. Suivre quelqu'un dans ses délires quand il était décédé, c'était difficile. Toujours possible, certes, mais fortement compromis.
- Combien font 8 fois 7 ?
Oooooups. Ah ah. Ah ah. Je ris. La fameuse. La fameuse… Nica n'aimait pas cette question "simple". Nica détestait cette question "simple". En attendant, elle était partie pour calculer. Et cela risquait de lui prendre un bon moment…
Invité Invité
Sujet: Re: Mathématiques, mon amour ♥ [Vatican] Mar 19 Oct - 13:01
Les rêves sont quelque chose d'étrange, d'extrêmement étranges. Comme si quelque chose vous happait, il était bien plus facile d'y entrer que d'en sortir. Pour un homme ou pour une nation, c'était pareil, exactement pareil. On revoyait quelque chose de son passé avec une modification plus ou moins importante, ou bien, quelque chose d'onirique, qui n'avait rien de vrai. La chaleur en hiver, la douleur, la peine aussi, et d'autres choses triviales comme les rêves que l'on voulait voir. Ceux-là, étaient propre à chaque être vivant. Différent pour chacun. On rêvait de faire un rêve, on ne voulait pas ? Et bien appelons celui-ci un cauchemar. Ce n'étaient que la réalité déformée par le subconscient. Il nous donnait ce que l'on voulait, ou lorsque l'on était bienheureux, il nous faisait peur. Comme avec une férule, la réalité était bien plus souple que l'irréel, avec mes hommes. Et l'on pouvait tout savoir dans ces rêves, tout. La date, évènement. Soit on les reconnaissait, soit on les devinait ou bien c'était comme s'ils étaient notés dans un coin du cadre de vue. Mais nul besoin qu'il soit noté quelque part, vu qu'on savait, c'était à nous même que nous nous l'indiquions. Selon le degré de réalité, il pouvait même s'agir de quelque chose de réel, comme un film à la Ridley Scott ou une musique comme Two Steps From Hell. Imprécis, précis ? En tous ca son ne voyait jamais deux fois le même.
Au vu de la tirade précédente, nul besoin de dire que le Vatican ayant eu l'immense bonté de donner de sa présence à un cour de maths aussi nowhere que Sybille dans Kingdom of Heaven, (non seulement elle s'amuse avec tous les persos et elle se barre avec Balian et blablabla...) s'était endormi. Non pas que les vecteurs lui eurent rappelé les traits des arbalétriers croisés, il n'avait pas mis longtemps à rêver des déserts de Terre Sainte. Pourquoi, alors qu'il n'y pensait même pas avant !? Il n'allait pas se plaindre à son subconscient, qu'il tenait en assez mauvaise estime depuis quelque semaines. Il était avare, ce rêve. Deux, trois visions de deux camps, deux armées de chaque côté d'une plaine de sable, Montgisard donc, 15.. 17 novembre ? Entre 1100 et 1200 les dates. Victoire croisées avec 40 Templiers en renfort. Le tout revu en quelque minutes. Après il pouvait encore se dire qu'il avait une mauvaise mémoire tiens... Pour le peu que ça avait été en tous cas, c'était génial.
- Nation, Nicaragua, merci de prendre en considération que ce cours n’est pas une salle de réveil ! Malgré vos yeux ouverts, je peux deviner que vous dormez consciencieusement ! Si vous souhaitez réellement vous reposer, merci de le faire dans plus de discrétion !
Adieu Terre Sainte adieu chaleur des dunes et Saladin. Tout revenait maintenant, même l'absence de radiateur tiens. Dégouté. Le retour au bordel de la classe, aux hurlements du prof et aux formules notées au tableau, c'était quoi déjà ? Ah ouais, des vecteurs. Au moins, ce n'était pas lui qui c'était fait choper. Considération du prof ? Peut être, si l'on continuait le cynisme, autant aller lui dire merci à la fin du cours pour ne pas l'avoir révei... si il l'avait réveillé, qu'est-ce qu'il racontait. Déjà que le rêve n'avait pas excédé deux ou trois vues, pas de sang, pas de hurlements -tant mieux sinon il aurait hurlé aussi ?- il avait été écourté à la brutale. ET PAR QUOI !?
- Combien font 8 fois 7 ?
Nan mais mort de rire... les Croisades battues par 8 x 7 ? Là, c'était ou comment la technologie battit les croyant fois 40 ! Aucune considération pour les rêveurs ? Ta mère le prof de maths... Oh rassurez-vous, la nation de Dieu sur terre ne pensait pas à ça, il était juste un peu.. refroidi, par cette rentrée en matière. Nicaragua son voisin ? Tant mieux pour lui, il devait crever de froid aussi, bien fait. Et c'était qu'il avait l'air de galérer ! Le ciel avait été gris, comme maintenant. Songea Fabrizio en se rappelant petit à petit de son rêve horriblement arraché par les maths. 56... non, 80, de Gaza les Templiers... 25 novembre plutôt. Pourquoi 15 ou 17 ? Il devenait gâteux, oublier ça... Son emploi du temps il voulait bien mais une victoire croisée sur Saladin, nein ! 1100... 1077. Pourquoi 56 Templiers ? Pourquoi un chiffre si précis dans une sélections entre 40 et 80 ? Ah, ok... on inverse ou pas ? Nan, ç'avait été trop précis pour un quelconque jeu de mot, mais déduction mentale directe quoi... C'était même pas pour lui la question. Vatican se considérait bien hautement comparé aux autres idiots qui lui servaient d'amis. Mais ça, c'était inconsciemment, jamais il n'aurait ou dénigrer quelqu'un qu'il appréciait. Mais là ! C'était des maths, et c'était 80, pas 65 ! Enfin les Templiers, pas le 8 fois... euh... combien déjà ? Ah ! Sélection mentale, ça marchait déjà.
-C'est 56... dit-il à mi-voix pour que uniquement Nicaragua puisse entendre.
Merci les Templiers, ils avaient bien aidé, mais comme à Montgisard... Comme quoi, il avait bien fait de s'endormir, il le ferait plus souvent. Il avait dit ça en vitesse pour ne pas l'oublier, et espérait que c'était la bonne réponse. Pourquoi ça ne la serait pas? Multipliez.... (enfin, pour donner un raisonnement scientifique, vous faites comme au post précédent : vous vous la jouez en balancant pleeein de termes scientifiques) par la moyenne vaticane en maths (c'est à dire 1.25... ah nan c'est la joueuse, enfin, 1.. ou deux qui savait?) et vous avez la réponse. Réponse qui serait comprise entre 1 et 2, avec un peu de chances.
Il referma les yeux, ne voulant plus cependant s'endormir. Il ne referai pas le même rêve de toutes manières, c'était bête.
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Sujet: Re: Mathématiques, mon amour ♥ [Vatican] Jeu 21 Oct - 20:13
Guardabarranco. C'était le nom de l'oiseau qui représentait le Nicaragua. Oiseau chaleureux, doux, sincère. Oiseau construit par le soleil et l'arc-en-ciel. Oiseau qui vit précairement dans un abri construit par lui-même, dans des niches aménagées près des falaises. Près du vide, près de tout, il vit. Oiseau qui ne se déplace jamais seul et a toujours un conjoint, unique. Nicaragua l'avait perdu, le sien. Depuis sa plus tendre enfance elle n'était que la moitié d'une Nation. Sans son frères, elle n'aurait dû exister. Elle n'aurait dû survivre. Et pourtant. Elle était là, à présent. Nicaragua n'avait pas suivi son frère dans la mort et lui survivait pour l'instant, avec en tête l'envie de vivre, de devenir une Nation à part entière, d'être à elle seule ce qu'ils étaient. Peut-être en fin de compte tentait-elle juste de palier son absence par des mots et des maux. Ses nuits? Sans cauchemars et cent rêves. Des plus ou moins tristes, des plus ou moins appréciés. Elle ne pouvait les décrire comme des cauchemars, ne ressortissant de son subconscient pour lui donner une vague image de ce qu'elle n'appréciait pas sans jamais aborder le problème qui la faisait souffrir, qui la terrifiait. Mais peut-être n'avait-elle pas de peurs telles qu'il était possible de les décrire telles quelles.
L'Honneur, avec un grand H. Ne jamais se retourner, peu importait ce qui vous faisait face. Or, pouvait-on parler d'honneur si chaque chose qu'elle approchait ne l'intimidait d'aucune sorte? Si elle n'éprouvait de peur pour aucune situation? Certes, "à vaincre sans péril on triomphe sans gloire" et elle le savait. Mais qu'y pouvait-elle si de péril il n'y avait pas? Pas assez peureuse? Sûrement. C'en était à un point où c'était elle qui faisait peur aux autres, c'était pour dire. Il y avait très certainement une peur qu'elle gardait au fond de son coeur, et qui referait surface le jour venu. Ou ferait. Chacun le percevait de la façon qu'il le voulait.
En tout cas, l'honneur du Nicaragua était mis à l'épreuve là, tout de suite, maintenant. Il fallait l'avouer, le guardabarranco savait chanter au bord du gouffre mais pas dans la merde. Sept fois huit, ce n'était certes pas insurmontable mais il fallait imaginer un instant ce qui se produirait par la suite si elle mettait trop de temps à répondre. Le professeur n'aurait de cesse de lui poser des questions "simples" pour l' "aider" dans sa démarche mathématiques. Or, Nicaragua ne se sentait pas à l'aise avec ce type de questions qu'elle considérait comme "piège". De plus, les autres élèves de la classe ne manqueraient sans doute pas de la tanner à ce sujet. Les Nations n'étaient que le reflet de leur peuple après tout. Humains, Pays, c'était du pareil au même. Or, en ces temps avancés, la moindre critique est bonne à prendre. Logan n'aimait pas ce système. Trop de sujets tabous. Trop de controverses. Trop d'oppurtunistes, de manipulateur, d'abandon.
Trop de dénigrement.
Il fallait vivre pour soi-même sans s'occuper de l'autre, contraint à surveiller le moindre de ses faits et gestes, la moindre de ses paroles pour ne pas être détruit, pour ne pas être blessé dans son amour-propre. Il n'était plus possible d'accepter les compliments car ils n'étaient pas à l'éloge de la personne qui les a reçus mais à celle de l'image qu'elle a créée pour se fondre dans ce monde. Avec des "amis", c'était encore pire. L'apparence, triste chose, les forçait à surveiller les moindres faits et gestes de leur entourage, allant jusqu'à leur dire comment se comporter en public pour ne pas être rejeté. Autant pour le présentant que le présenté. Les relations faisaient partie intégrante de l'image. Bienvenue dans le monde.
Aussi, Nicaragua fut surprise d'entendre un faible voix provenir de sa droite. La voix de son voisin ; des paroles s'évadaient de ses lèvres à demi-mots comme s'il eut dévoilé un secret imprononçable, l'un de ces noms terrifiants, lesquels ne devaient être prononcés en aucun cas, redoutant l'apparition du fantôme de l'être perdu... Il fallut un temps à la jeune fille pour comprendre que son voisin était réveillé et s'adressait à elle, faiblement. Pourquoi? Quelques secondes plus tard, après que son cerveau ait clairement analysé l'information et le lui ai rendue en bonne et due forme, Logan comprit.
- C'est 56...
Elle ne savait pas son nom, mais sur le coup elle le bénit. Le Nicaragua était croyante depuis bien assez longtemps pour que le Dieu à qui elle adressait ses prières se résigne à accéder à l’un de ses souhaits. Elle voulait y croire. Ou plutôt, elle se bornait à y croire, pâle figure parmi la foule. Triste Nation au milieu de tant d’autres, attendant son heure en se réfugiant dans les bras de l’Immortel. Il y avait pourtant quelque chose qui leur manquait, à tous ces Dieux qui étaient appelés. Depuis combien de temps voyait-elle dans les cours d’histoire, ces religions qu’elle étudiait ? Elle ne s’en souvenait plus. Les religions en fin de compte, étaient souvent identiques, au fond. Seules leurs lois différaient. Si seulement un jour, un Dieu pouvait se présenter en hurlant à la foule un tonitruant « Croyez-moi ! » au lieu de ce faible « Croyez en moi. » que les manants entendaient jour après jour… Si seulement. Pourtant, Logan était purement catholique. Logan respectait son Dieu et l’aimait. Logan avait une foi quasiment folle, quasiment contagieuse, en elle, sur le point de l'étouffer. Elle ne pouvait qu’admirer cette figure qui restait constamment à leur côté, à surveiller le moindre de leurs faits et gestes. Figure qui s’occupait d’eux non pas pour l’apparence ni pour la forme mais par amour. Un amour paternel. Un amour qu’elle n’avait jamais connu hormis que par les récits de la Bible. Souvent brisé dans les romans, souvent déchus dans les écrits des auteurs, la paternité qu’elle recelait dans la Bible était d’un autre style, complètement différent. Elle lui donnait l’envie de croire. Elle lui donnait une famille qu’elle n’avait plus.
Son voisin de classe était passé... bah, outre les classes, justement. Ah, classes... Jusqu'à ce que le capitalisme ne faiblisse, toujours il y aurait des classes. Tant que la liberté continuera de faire des pieds-de-nez à l'égalité alors, rien ne changera. Depuis le temps que cela durait, personne n'arrivait à comprendre, et sans doute personne ne comprendrait jamais. Il fallait privilégier les biens et l'argent. Oublier de tendre la main à ces compagnons qui trimaient pour s'en sortir, oublier de serrer dans ses bras ces frères, ces camarades qui avançaient à leurs côtés. A quoi cela servait-il d'étreindre dans ses bras celui qui se trouvait à ses côtés? Il n'était plus rien. Des bras, une étreinte, c'était chaleureux, sauf quand la personne était un cadavre. Auparavant. Il y avait fort longtemps. A présent, les gestes comme les mots étaient fondés sur un principe d'économie. Ce serait à celui qui entasserait le plus.
Donner la réponse à son voisin, c'était lui donner l'opportunité de le surpasser. S'il y avait quelque chose que les gens haïssaient plus encore que de perdre leurs biens, c'était d'être laissés pour compte. C'était tellement plus amusant de regarder les autres sous la pluie, tandis que l'on était assis au chaud sur la banquette arrière de la voiture. C'était tellement plus amusant de voir d'autres mendier tandis que l'on venait de s'acheter une robe de chez Prada. C'était tellement plus amusant de voir les autres mourir tandis que l'on avait un abri, un lit, une assurance sociale et une cohorte de médecins prêts à se ruer pour vous aider en cas de déficience. C'était tellement plus drôle de voir les autres souffrir quand on était à l'abri de la bombe. Il y avait tant de choses que souvent on oubliait, que l'on bannissait de sa mémoire, de sa perception. Tant de choses que l'on apprenait pas coeur pour ne pas avoir à y chercher un sens. Tant de choses que l'on avait peur d'affronter en face. Entendre une personne lui donner la réponse à la question mathématique qui la hantait, Nicaragua ne s'y attendait pas. Du tout.
Evidemment, elle n'allait pas cracher dessus. De l'aide était toujours la bienvenue, surtout pour ce genre de choses. D'autant qu'elle se faisait de plus en plus rare, comme dit précédemment. Nicaragua finit par lever les yeux vers ce professeur si démoniaque et de lui donner la réponse escomptée -dont elle ne doutait pas qu'elle soit la bonne, considérant qu'elle était la seule personne incapable d'effectuer une multiplication dite "basique"-.
- 56 ?
Quel soiulagement lorsque la tête du professeur si crispée quelques minutes plus tôt sembla se détendre, allant jusqu'à s'autoriser un mince sourire. Elle avait sûrement pioché -ou plutôt, entendu- la bonne réponse, à moins que cet enseignant-ci ne s'amuse de la stupidité de ses élèves. Ce qui ne serait pas très étonnant. Il ne devait pas avoir souvent sous les yeux un élèves de secondaire incapable de multiplier 7 par 8. Elle douta un instant d'avoir entendu la bonne réponse s'évader des lèvres de son camarade. Qui sait, peut-être avait-elle mal discerner le nombre qu'il avait indiqué? Elle aurait pû confondre après tout, il y avait nombre de... nombres, justement, qui se ressemblaient jusqu'en devenir lassants. Néanmoins, même si elle avait mal entendu, elle penserait à le remercier.
- Bien, j'ai un instant pensé que vous ne saviez pas résoudre cette opération, lança le professeur avec un petit rire avant de se retourner vers le tableau.
... Elle penserait à remercier son voisin. Voire même, maintenant, pour ne pas oublier. Tout en déchirant un coin de la page de son cahier de mathématiques, elle continuait de regarder au tableau ce cours interminable qui devait décourager bien des élèves. C'était pourtant simple, la relation de Chasles... Nica attrapa son stylo et inscrivit sur son bout de feuille un léger mot avant de le faire glisser sur la table de son voisin. Toute sérieuse qu'elle était, elle se voyait dans l'obligation de remercier quelqu'un pour quelque chose qu'il n'était pas obligé de faire.
Merci
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Sujet: Re: Mathématiques, mon amour ♥ [Vatican] Dim 31 Oct - 1:28
Le froid revenait, aussi glacial que des lames de couteau transperçant la chair. L'automne était avancé et il était plutôt assez doux en fait, mais pas lorsque l'on l'on vient de se réveiller. Et surtout pas lorsque l'on s réveille d'un tel rêve. Vraiment frustrant comme situation. Fabrizio avait l'impression qu'il n'y avait qu'un mince film de verre qui le séparait encore de son rêve, mais ce film s'épaississait pour finalement devenir aussi opaque qu'un glaçon. Le rêve devenait souvenir, il perdait son onirisme, son irréel. C'était comme la pureté de l'eau lorsque l'on y versait des saloperies, en fait. Sauf que là c'était inaltérable, et perdu à jamais. Oh bien sûr on pouvait le refaire, mais jamais avec la même précision. Retour au monde réel, aussi brutal que soudain, avec son lot de démises. On aide quelqu'un sans retour, bah tant pis, ce serait le dernier. Après, ils pourraient tous s'emmerder, la charité chrétienne se barrait dans un endroit chaud. Un endroit qui ne serait pas un souvenir. Jérusalem plus réelle que jamais, sans hourds ni poternes malheureusement. Non, le souvenir était mieux en fait. Les attrapes touristes, très peu pour lui. Perdue à jamais dans les limbes de son esprit résiderait désormais une ville onirique. Visible si bien en vision sur le tableau d'une salle de cours ou dans le bleu d'un ciel hivernal bloqué de givre. Les rêves n'étaient jamais oubliés, ils étaient stockés et enfermés à double tour, encore fallait-il se souvenir de la combinaison du coffre, celle ci était bien cachée, et manque de bol c'était souvent elle que l'on oubliait.
Le Vatican entendit son voisin qui répondait, sa réponse. Un chiffre parmi tant d'autres. Il était fier de l'avoir trouvé au hasard comme ça, enfin ce n'était pas totalement un hasard mais 'était fortuit quand même. Toujours était-il qu'il l'avait trouvé ! Aha, les maths avaient un secret en moins pour lui quoi... Génial, quelle avancée sur le monde. Il entendit aussi le prof le féliciter indirectement, sale tâche... Il n'était pas désintéressé, l'état de Dieu. Pas du tout, il espérait toujours quelque chose en réponse à ses actes, même s'il ne le pensait pas toujours. Et ce fut ce petit mot glissé devant lui qui le fit sourire, même très légèrement. Il eut à cet instant aussi chaud que dans son rêve, un instant, qui fut pourtant plus long que ledit rêve, là c'était réel. Reprenant vite le sens des convenances, ce qui parut imperceptible tant sa réaction fut discrète, il se demanda tout d'abord la question élémentaire "pourquoi". Ah, pourquoi la terre est ronde, pourquoi Ezio attire les Gardes-Suisses, pourquoi le soleil tourne autour de la terre !? (ah nan, cl'inverse en fait, ça arrive de se gourer personne est parfait) en fait, le pourquoi était "pourquoi l'avoir remercié ?" Ouais c'était une bonne actions mais en fin de compte c'était pas grand chose, deux chiffres donnés ensembles qui équivalaient à un nombre, basta. Nan mais c'était simple, il aurait très bien pu balancer 80 ! Mais nan c'était ce ver de terre qui était sorti, ou comment son erreur devint une bonne réponse. Ah bein, on devrait en faire un film tiens... "Comment mon erreur sauva la vie d'un total inconnu, en plein cours de maths". Très drôle. Mais bon, ce "merci" lui avait bien tiré des méprises et des pensées confuses, il ne pensait plus à rien de concis là encore, ô magma grotesque qui régnait, dégage et laisse penser les honnêtes gens, tu veux ? Allez, pfff, vade retro !
"Me remercie pas j'ai dit la première connerie qui me venait à l'esprit."
Cette phrase proposait deux énooormes inconvénients. D'une, elle était dite en anglais. Pourquoi ? Langue mondiale oblige, tout le monde comprenait la langue des libres penseurs ! Il n'y avait que les abrutis pour ne pas vouloir l'apprendre et ainsi rester bloqué au moindre mot de remerciement à un inconnu. N'est-ce pas monsieur pour qui c'est le cas ? Oui, c'est explicite, le Vatican haïssait l'anglais, il parlait italien de naissance, le français aussi bien, l'allemand ça allait, le latin également, un peu d'espagnol, et sa moyenne frisait la catastrophe en anglais. Pourquoi ? Et bien il n'avait jamais voulu se bouger c'était tout ! motivation, quand tu nous tiens... pas. Outre ce problème de vocabulaire, la "connerie", ou stupidity en british, n'en était pas une. C'était "l'erreur de calcul de l'aide Templière donnée par le Commandeur de l'ordre en 1077 blablabla.... à Montgisard pour blablabla... qui a gagné". C'était pas une connerie. Donc c'était pas une connerie. Et ça ne lui était pas venu à l'esprit ! Ça lui était... a été... imposé ! Dieu seul savait comment (on se signe avec les chœurs derrière et tout le tremblement, s'il vous plaît). Bon, voila quoi. Mais oui, il avait balancé ça comme ça. Comme une Bible dans la tête d'un polonais. Il l'avait ans doute dit un peu trop fort, car la prof se retourna directement vers lui. Mais non il l'avait à peine murmuré ! Ah bein, question bénédiction divine, on repassera.
-Pour une fois que vous nous faites l'honneur de reparaître dans ce cours, répondez donc à ça.
Inutile de savoir à qui ça s'adressait, vu que les yeux du prof étaient braqués sur la nation de Dieu qui priait pour qu'il y ait quelqu'un d'autre qui passait dans un cours de maths une ou deux fois par mois pour bonne conscience. Bah non, personne n'avait bonne conscience c'était évident ! Bon, regardons le tableau et "ça" 'e q... Nom de Dieu! Mais c'est pas une question ça ! C'est les codes de la NASA ! Le code d'accès aux nucléaires ? 'avait des "x" partout.... des parenthèses aussi, un schéma bizarre... ça avait ni cul ni tête, pardonnez l'expression mais un cochon n'y retrouverait ni ses petits ni son mâle dedans ! Wow... c'était totalement... incroyable, y'avait pas de mots. Oui car là 'est que la descriptions de l'engin nucléaire codifié. Fabrizio ne le pensait pas, en fait il ne pensait à rien céans. Bug mental prolongé, vous savez ce genre de truc qui arrive lorsque l'on est en plein milieu d'une réflexions intense et que l'on... Oh j'ai oublié. Voila, que l'on stoppe, et qu'on perd ce fil si précieux qu'est le fil de la discussion. Sans mauvais ju de mot, il avait perdu le fil de l'équation. Si c'en était une.
Et vous pouvez me dire "c'est quoi ça ?" avant que je puisse y répondre ? Allait-il dire. Il était de coutume de ne pas interroger le Vatican, car il ne répondait jamais. Oh nan il ne restait pas le moins du monde silencieux, il causait, et causaient encore, là il aurait ou en sortir des théorèmes inventés de toute pièce, mais non. Nan là c'était du chinois complicifié. Un truc de malade ! Il ne pensait plus. Est-ce que ça lui avait aspiré les capacités mentales ? Mamma mia, Dio mio même.
Il fallait qu'il trouve un truc pour y répondre, pourquoi pas changer de registre et les étonner en connaissant la réponse exacte, hein ? Bah tout simplement parce qu'il ne l'avait pas, ladit réponse exacte. Il aurait pu passer pour un mec tellement intelligent qu'il n'avait même pas besoin d'ailler en cours pour tout savoir ! Ça serait vraiment génial... Mais bon il n'en était pas là, il y avait encore vraiment de la marge. Avant de devenir le Ba'al de la quintessence des maths ! Ouais, quitte à ps penser le subconscient radote. Il s'était remis à penser bien sûr ! faire le poisson hors de son bocal, c'était mal vu en cours, surtout en cours de maths ou l'intelligence primait sur tout. Oh, Dieu qu'il pouvait détester les maths, ça ne servait à rien ! Rien du tout ! Ok ça avait servi à grand chose, mais quand même, aux jours présent, il y avait un outil de Dieu qui - comme les ascenseurs, rendaient énormément de services. La Calculette (avec une majuscule ouais). Ça c'était utile ! Et encore, il en avait pas. 80 euros le merdier, aha, j'ris. (et c'est prouvé qu'on peut passer une année sans, comment ? bah suffit de pas aller en cours ou bien de se pendre aux crochet d'un voisin consentant pour l'utiliser, la sienne hein, celle du voisin et voila ! 80 foutus euros d'économisés ! C'est beau le partage dans la vie...) Et aussi, elle était si dure à utiliser que, même pour l'allumer c'était Mission Impossible IV ! Après pour l'éteindre... boarf, les piles s'useront. En fait, non, mieux valait calculer à la main, mais calculer uoi !? Ces calculs de Satan... Trop compliqué, beaucoup trop compliqué.
Ça aurait été aussi plus facile si le temps ne s'égrenait pas aussi vite que ça. Oui, il filait inlassablement comme un oiseau en route vers les terres ocres d'Afrique avec le but de ressentir la chaleur perdue. L'horloge tournait mais, pas assez pour que le cours se finisse, non, pas assez. Ce n'était jamais asse de toutes manière,s il fallait toujours donner plus pour avoir moins ! Elle était belle l'équivalence dans maths. La seule matière ou un n'était pas égal à son égal (on égal ? un bande de cloches).
Jérusalem lui manquait, son lit lui manquait, affreusement. Il voulait se barrer et exploser ce tableau aux calculs astronomiquement dégueulasses.
Petite boule à neige qui s’écrasait sur le sol avec fracas, résultat de l’innocence de l’enfant qui n’avait pas prêté attention au fait qu’elle se trouvait à portée de main. Légers pleurs de ce dernier un peu triste de la voir en éclats, vite réconforté par l’étreinte chaleureuse et réconfortante de sa mère. Mère, figure invisible aux multiples visages. Mère, figure passive et rassurante aux yeux de tout enfant, abandonné ou non. Mère représentant tellement aux yeux du monde, la douceur, l’Amour avec un grand « A », la Beauté. La Beauté de la Femme telle qu’elle pouvait l’être dés lors que la présence de plusieurs êtres illuminait sa vie. En résumé, la mère était comme une guimauve géante enrobée de chocolat. Quand on la fois une fois, on se dit « oh, elle doit être goûteuse » et quand on la mange, le cœur est tellement fondant que l’on ne peut y résister.
Du moins était-ce de cette façon que les enfants s’imaginaient la mère de leur cœur. Car même ceux qui n’en avaient pas, portaient en leur sein l’image de la « maman » aimée.
Bien souvent, contrairement à ce que beaucoup auraient envie de penser, la mère du cœur pouvait se montrer bien plus rassurante qu’une personne à peine présente, que l’on pouvait appeler réellement « maman ». Une maman, c’était un cœur, c’était des bras, c’était une chaleur réconfortante lorsque le moral était au plus bas. Une maman c’était une personne sur laquelle on pouvait compter, peu importait l’instant, peu importait le moment. Nicaragua n’avait pas réellement connu cette attention tactile qui provenait d’autrui. D’où la raison pour laquelle elle pouvait se montrer parfois… collante, avec les personnes qu’elle appréciait. Une étreinte, c’était rassurant, peu importait de qui on la détenait. Une étreinte, c’était apaisant, c’était l’impression d’être en sécurité, au calme, à l’abri du froid et du monde. Une étreinte, c’était chaleureux. Encore plus quand la personne de qui elle l’obtenait était colée en permanence contre le radiateur –hormis lorsqu’elle lui piquait la place bien sûr, chose qu’elle n’avait évidemment pas envisagée ni souhaitée-.
Le temps n'était pas aux Saintes croisades ou conquêtes en tout genre. Ou plutôt, le temps était à la croisade contre la monstruosité horripilante qu'étaient les mathématiques et aussi contre ses aléas. Oh, cela ne dérangeait en aucun cas Nicaragua de se retrouver face à ces calculs "astronomiquement dégueulasses" pour reprendre l'expression de ce très cher Vatican, seulement tout le monde n'était pas de son avis... à son grand désarroi. -ou pas, puisque théoriquement parlant un ennemi commun permettait une coalition certaines et parfois même amicale entre tous les États qui portaient son nom en dam, comme interdit et imprononçable-. Le léger ronronnement du radiateur pouvait être reçu comme une douce berceuse, berceuse lancinante qui n'attendait que le meilleur moment pour se stopper brutalement et ainsi replacer ceux qui comptaient sur sa survie dans la cruelle réalité... et un froid tout aussi cruel. Les croisades, c'était le pied. Durant cette époque, les croisés avaient été malins. Oh non, ils n'étaient pas allés coloniser les pays du Nord où la neige et le froid prenaient place. Non, ils étaient bien tranquillement allés faire la guerre à des pays où il faisait toujours chaud, toujours beau. Certes, la neige pouvait prendre place. Mais lorsqu'ils quittaient leurs terres pour naviguer vers les terres saintes, ils ne prévoyaient sûrement pas d'y rester pendant plusieurs années. Les sièges avaient duré bien plus longtemps que ce qui avaient été prévus. Oh, si seulement il y avait eu un cheval de Troie pour les aider à finir rapidement leur croisade. Un Ulysse pour les catholiques ? Pourquoi pas. En attendant, Ulysse et ses acolytes avaient dû compter leurs planches avec une patience inéluctable. D’ailleurs, comment avaient-ils pu savoir le nombre exact de planches qu’il leur fallait pour construire leur immense cheval ? Et les planches, ils les avaient trouvées où ? Enfin. Cela n’avait plus guère d’importance ; l’histoire était belle et plaisait aux enfants, c’était la seule chose à retenir. Peu importait tous les calculs qui auraient dû s’y trouver et dont on ne faisait pas mention. S’il y en avait eu, personne n’aurait apprécié. Les enfants auraient répugné à ne serait-ce que poser un œil sur le livre qu’ils auraient alors détesté.
Les mathématiques étaient le Dark Vador des matières scolaires. Ou plutôt, ils en étaient l'Empereur et les professeurs ses acolytes. Des clones ? Sûrement, ils se ressemblaient tous plus ou moins. A quelques détails près. Il était difficile d'imaginer qu'un professeur puisse être différent d'un autre. Après tout, Hetalia recensait en son sein des Nations qui ressemblaient en tous points aux habitants qui vivaient dans leur pays ; pourquoi donc des personnes d'un même métier changeraient pour une simple question de personnalité ? C'était futile, inutile de penser à tout cela même. Évidemment cette pensée n'effleura même pas celle de la Nation hermaphrodite. Elle était bien trop concentrée sur son cours -ou à l'Ouest, c'est vous qui voyez- pour réussir à formuler au creux de sa tête des choses aussi suggestives. Etonnante chose que la pensée humaine. Il était tellement aisé de s’évader un instant de son quotidien et de vaquer à d’autres occupations en restant au même endroit, sans même bouger. Les professeurs en seraient ravis, elle semblait concentrée sur son travail. Seul l’être duquel s’échappait des pensées éparses pouvait savoir à quel point il dormait au milieu d’un cours harassant. Peut-être aussi la petite âme qui s’échappait de son être pouvait-elle témoigner de son absence, mais bon on y croit peu.
"Me remercie pas j'ai dit la première connerie qui me venait à l'esprit."
Il fallait croire que la première connerie était cruellement la bonne réponse, et que la Nation Sainte avait le "cul bordé de nouilles" ou simplement un être divin qui veillait sur elle pour lui apporter la félicité, la chance et la sagesse. L'humilité aussi sans doute car oh combien se permettraient d'oser insinuer qu'ils n'étaient en rien responsables de cette bonne réponse occasionnée ? Oh, combien se permettraient de ne pas se mettre une autre Nation dans la poche ? Allez savoir à quel point cela pouvait être pratique qu'un autre ait une dette envers vous. Cruelle chose qu’était le monde. Un peu trop juste de temps en temps ; pas assez bien souvent. Toute cette histoire lui faisait penser aux galères romaines, par leur différence. Quand vous regardez Astérix, les galériens doivent tous ramer au même rythme alors ils doivent s’assurer que leur camarade ne faiblisse pas pour ne pas avoir à se retrouver avec tout le poids sur les bras. Ils étaient forcés de cohabiter, au même niveau. Bon, il ne fallait pas croire que son voisin semblait être un galérien, il ne donnait pas l’impression de chercher un quelconque profit dans cette histoire. Peut-être ne pouvait-il pas, aussi, enchaîné à une quelconque superstition, à un quelconque mode de vie.
-Pour une fois que vous nous faites l'honneur de reparaître dans ce cours, répondez donc à ça.
Le professeur était assez rapide pour noter des formules au tableau. Trop, peut-être. Nica avait du mal à suivre, et apparemment son voisin de classe aussi. De même, le professeur semblait s’adresser à lui. Etait-il l’un de ces « délinquants » qui s’amusaient à sécher bien plus de temps qu’il ne leur fallait pour faire trois fois le tour du monde ? Elle ne lui en tenait guère rigueur. Il était sympathique, il l’avait aidée à se tirer d’un mauvais pas. Point à la ligne et on garde bien au fond de sa mémoire que 1)on lui doit une fière chandelle, 2)il est vachement sympa, 3)elle l’aime bien. C’était un bon départ. En attendant, le pauvre semblait désespéré de voir arriver devant lui tous ces signes énigmatiques. Il parlait de sinus au milieu des vecteurs. Ce n’était pourtant pas bien compliqué. Le sinus, c’est l’opposé sur l’hypoténuse, donc AB/BC, tout en sachant que AB était égal à un tiers de CD. Plutôt simple.
- Racine carrée de deux divisée par deux, finit-elle par murmurer à son voisin, avec un clin d’œil et juste assez de ton pour que seulement lui ne l’entende.
Oh, elle ne se formalisait pas, elle savait avec certitude que c'était la bonne réponse. Nica était quelque peu... spéciale, sur certains points. Simple précision pour ceux qui n'avaient pas encore remarqué. La demoiselle n'était pas tout à fait normale. Ce qui en résultait? Une moyenne pittoresque, et beaucoup de professeurs qui lui faisaient cette remarque dure qui était que "le Nicaragua adopte naturellement une allure de croisière pendant les cours". Une allure de croisière WTF. Nica ne s'amusait pas à aller sur les navires, elle préférait -et de loin- le surf ou la plongée. Ca, c'était intéressant au moins. Puis les professeurs de physique étaient contents, pour pouvoir faire de la plongée il fallait connaître les différentes pressions des eaux.
Elle attendit bien sagement la réponse du professeur, et surtout qu'il tourne le dos, pour commencer à "parler" avec son voisin de classe. Quel mouche donc la piquait ? Elle qui était d'ordinaire si sage... Sottise. Elle connaissait les vecteurs et écoutait tout de même d'une bonne oreille ; quant à son voisin il ne semblait pas vraiment s'intéresser au cours. Peut-être avait-il lâché ? Allez savoir.
- Nicaragua, et toi?
Bon, il ne fallait pas s'attendre à une phrase complète, mais elle devait être comprise. Normalement.
C'était déprimant. Oui, déprimant de se retrouver dos au mur comme Balian d'Ibelin une belle soirée de 1187. Car oui, il avait vraiment existé. Aujourd'hui, quelques mille ans plus tard, le représentant de la nation de Dieu sur cette basse terre devait se dire exactement la même chose que lui. Quoi ? Un amas de pensées informes bien sûr, trop de trucs. Proche de la défaite et acculé au bord du hourd, un croisé ne pensait qu'à ce qu'il aurait pu faire s'il n'était pas tombé. C'était la merde, il était en plein dedans. Une idée divine éclairée par ses rêves ? Il priait pour être au beau milieu de l'un d'eux. A moitié encore dedans qu'il était, ah, souvenirs de cette écrasante victoire contre les Ayyoubides cela avait été, gagnée à la loyale quoique tout le monde en dise... Ou pas, mais c'était la victoire qui comptait. Et comme raconte si joliment le post du dessous, il avait fait chaud, même en novembre. Ah, les frasques de Jérusalem et du royaume des cieux étaient bien plus intéressantes que les cours de maths, et ça c'était peu dire. Il était normal de préférer les mangonneaux musulmans aux équations de Dieu sait quelle origine... Au moins, les boulets on savaient d'où ils venaient, mais la racine de jsépakombien, ah ça ! Ça pouvait venir de Satan ! D'un obscur calcul qu'il essayer de faire passer à la race humaine sans que celle-ci ne s'en rende compte et l'utilise couramment ! Il y avait encore une chance de s'en débarrasser, comme l'anglais ! Il ne fallait pas parler anglais, il ne fallait pas répondre aux équations eeet... nan, il ne fallait pas rester con.
- Racine carrée de deux divisée par deux. entendit-il dire à son côté.
AHA ! Le diable s'immisçait dans le monde des mortels, vade retro satanas ! Enfin, ça, c'était la courte pensée de la nation de Dieu alors qu'il entendit sa voisine... ou son voisin... lui filer la réponse à l'équation de Satan... Seulement il ne savait pas que c'était la réponse ! Il resta un instant que n'excéda pas deux secondes à regarde un 'point nowhere' dans la salle, à savoir la tableau en faisant mine de réfléchir. Et oui, l'imitation et le mensonge était deux domaines ou encore aujourd'hui il excellait, si bien même que quelques fois il ne savait s'il ne disait la vérité. Il restait depuis longtemps dans un magma de logique pas très logique, voguant dans une catharsis qui durait, et durait encore. Il n'avait pas été étonné tant que ça le jour où il avait su qu'il était une Nation. Pas du tout même (oh, le fait qu'il essaya de fuir deux ou trois fois) ou presque. Ce n'est jamais très amusant de n'être qu'un énième membre d'une famille à être une énième nation. Ni la plus grande, ni la plus forte d'ailleurs. Condamné à l'impuissance militaire, ne plus pouvoir se battre contre les voisins pour une histoire d'arbre qui s'appelait Alésia tiens, ce fut l'horreur pour tout dire. Le plus dur, ça avait été se dire que rien n'avait changé. L'impression d'avoir l'air de faire partie d'un tout en plus seulement. Mais le cinéma quotidien d'avant l'entrée à Gakuen avaient toujours étés les mêmes. L'unique différence ? Pas grand chose, ne pas avoir une mère désespérant sur le faite d'avoir eu 4 gosses consécutifs sans le vouloir, un peu mois de hurlements aussi, des journées plu froides et plus ennuyeuses encore. Plus aucun repère également. Ça avait été ça durant un temps, mais bon ça c'était du passé, allez hop, byebye.
Deux secondes, ça passe vite, sauf dans Inception, alors elles durent vite écoulées. Durant ce temps, le Vatican avait revu sa vie de sa naissance à maintenant, son, image couleur, enfin, pas de son, images incertaines et les couleurs idem que la qualité image, c'était pas numérique tout ça. Enfin bon, tout ça pour dire que le temps filait normalement, moins lentement que dans tout cours, et oui lorsque l'on avait une occupation, tout allait plus vite. Devait-il tenter sa chance ? Évidemment, sortir une bonne réponse, cela tenait du miracle, alors celle-ci était sûrement mauvaise, les miracles se faisant trop rares ces derniers temps. Pourquoi son voisin lui aurait-il donné une réponse sans prix ? Tout avait un prix, sauf pour lui bien sûr, pour qui les prix n'étaient que des choses terrestre qu'il espérait avoir dépassée depuis bien longtemps. Alors pourquoi se méfiait-il ? C'était simple, personne ne donnait quelque chose sans recevoir une autre chose de même valeur en retour, sauf bien sûr lorsque cela les satisfaisait, oh ils pouvaient bien donner une pièce à un mendiant et faire preuve de bonne foi envers l'inégalité, en étant récompensé par leur amour propre, mais ils pouvaient aussi frapper, et faire accuser l'autre de l'avoie remonté. Tout était si simple lorsqu'on avait la barre. Le Vatican ne entait que trop que cela pouvait se produire, mais pourquoi penser à ça ? Autant voir le bon côté des choses pour une fois, laisser sa chance à un inconnu ! ...
-Racine carrée de deux divisée par deux. répéta-t-il d'une air vague totalement naturel.
Intérieurement, il priait d'un quelconque miracle. Dieu ne pouvait l'avoir abandonné dans ce trou à rats, inconsciemment, c'était bel et bien ce qu'il voulait savoir. Il voulait faire quelque chose de bien, étant naturellement incapable de rien à sa connaissance. Il voulait également en foutre un coup à l'amour propre de ce prof qui le prenait pour un idiot depuis bien trop longtemps. Il ne savait plus vraiment quand cela avait commencé mais la réciprocité de la haine vaticane envers les maths avait fait le travail à la place de toute parole : mentalement jamais présent en cours, physiquement oui, ces derniers temps cela tentait à s'améliorer. Il continuerait à se faire prendre pour un crétin sinon. Aparemment, pas sur ce coup là, le prof eut un sourire et se retourna vers le tableau.
-Bien, je me demandais si n jour vous arriveriez à répondre à une question basique avec toutes vos lacunes, à croire que les miracles ont toujours cours.
Euuuh... c'était bon ? Bein oui... ah... C'était la réponse à bien des questions il fallait croire. Pas tellement, cet inconnu lui devait quelque chose non, avait-il fait ça pour son amour propre ou bien... ? Nul ne le savait pour le moment, et comme ce genre de choses mettaient du temps voir l'éternité à se savoir, cela ne se saurait, par extension, jamais. Enfin bon c'était sur un air de parfaite satisfaction qu'il soupira en reprenant sa position initiale : étalé sur sa table. Le "choc", qui n'en était pas tellement un, d'avoir bien répondu à une question sans répondre une connerie sûrement pour la première fois de sa vie, passa bien vite , mais étant de nature à trop penser cela ne passa pas si vite en fait. Durant un léger moment de silence qui flotta, comme il en flotte toujours après que l'on réponde à une question qui que l'on soit et où que l'on soit, il repensa à ce qu'il se disait juste avant. Cela n'avait toujours pas vraiment changé. Juste un peu, il y avait plus de bonne volonté à penser que l'Homme n'était pas une bête vouée à dépasser les autres comme il avait toujours cru, et croyait encore dur comme fer.
Petit à petit, il reporta son attention sur autre chose, quelque chose que personne ne saura jamais sans doute n'étant pas à la portée d'idiots de mortels. Le Vatican se désintéressa totalement du cours, encore une fois, pour ne pas changer. Oui, il avait totalement lâché les maths, et ce depuis longtemps.
-Nicaragua, et toi?
Il mit d'ailleurs plus de quelques secondes cette fois à répondre à cette question, d'abord, il lui fallut comprendre que c'était une question, ensuite, c'était de savoir sur quoi elle portait, et là enfin il put analyser correctement ce qu'il en ressortait. En fait, ce "Nicaragua" qui venait de se présenter, lui demandait de faire pareil... Inhin, ok, compétence maîtrisée depuis longtemps, mais, autant prendre son temps, il restait encore longtemps, le temps ne passait pas vraiment plus vite lorsque l'on était occupé, mais juste un peu, sans plus. Le Nicaragua... c'était où ça ? Amérique du sud, sûrement, après, allez savoir où exactement. Allez savoir pourquoi également, la nation de Dieu n'avait aucune envie de se présenter, non pas qu'il était impoli, il n'aimait juste pas ça. Comme on aime pas certains trucs comme les araignées, dans ce genre là. Il détestait ce vague air de surprise qui marquait le début d'un désintérêt profond que l'on aurait pas en entendant la France ou tout autre pays beaucoup plus intéressant. Il était fini le temps de la toute puissance de son pays, celle qu'il n'avait jamais connu. La nation peut bien avoir encore le rêve de devenir puissante, le pays n'en reste pas moins enclavé depuis plus de 80 ans. C'était ça, ou bien disparaître à jamais. Charmante possibilité, non ? Son prédecesseur avait choisi l'indépendance, il ne le blâmait pas pour ça. Plus tard ce serait à lui de faire ses propres conneries, et il saurait tout de suite qu'il en ferait. Oh, tant pis, autant laisser le bénéfice du doute à cet inconnu qui avait déjà quelques point positifs dans une marée d'à-priori et de préjugés plus ou moins fondés.
- Vatican...
Après, libre à cet inconnu d'en faire ce qu'il voulait, nul doute qu'il devait répondre, c'était sa question.
Petite lune, elle est secrète Et son histoire paraît suspecte Tous les vices, tous ses caprices Mais cela reste un délice
Tu sais, il n'y a rien de plus beau que la croyance. Pourquoi ? Parce qu'elle est belle. Parce croire, c'est espérer. et qu'espérer, c'est beau aussi. Pourquoi c'est beau, espérer? Parce que quand tu espères, tu n'es pas seul. Tous tes rêves sont toujours avec toi, ils t'accompagnent, peu importe où tu te tiens, où tu vas, d'où tu viens. Tant que tu crois tu auras toujours quelqu'un de ton côté, peu importe de quel côté tu te places. Tant que tu fait selon tes convictions, pour le bien des autres, alors tu ne sera jamais laissé pour compte. Tu comprends, Logan ? Il était bien beau le discours religieux, bien beau. Mais encore fallait-il y croire. Nica, elle, elle y croyait. Elle y avait toujours cru et ne comptait pas arrêter d'un jour à l'autre parce que quelque chose serait arrivé, ou que quelqu'un l'en aurait dissuadé. Lorsque quelque chose de mal arrivait, quelque chose de bien arrivait forcément par la suite, et ça, elle en était convaincue. Ceux qui ne le voyaient pas, étaient ceux qui ne savaient pas le voir, qui ne savaient pas apprécier tout simplement ce qui leur arrivait de bien, ne voyant que ce que les autres ont de mieux. Ou bien c'était ceux qui voulaient tout simplement rester renfermés sur leur morosité, sur leur déprime constante. Evidemment, toutes les personnes qui déprimaient n'étaient pas de cette tranche-là. Seulement, il fallait toujours se pousser à aller de l'avant pour s'en sortir, car sinon, en quoi seraient-ils vainqueurs de leur propre guerre ? Car il s'agissait de cela. Une guerre. Une lutte entre la rationalité et le bonheur. Car le bonheur n'était pas rationnel. Le bonheur était tout sauf rationnel. Mais, était-ce l'être que de ne voir que les mauvais côtés ?
Non.
Il fallait faire sa part des choses. Voir les mauvais côtés mais aussi les bons. Ne pas rester que sur les bons acquis car ils n'étaient pas de grande aide pour aider à l'évolution, mais ne pas rester que sur les mauvais. Certes, c'était difficile, les mauvais tournants de la vie étant ceux qui restaient le plus longtemps dans la mémoire collective. Seulement, il fallait aller au-delà. Ne pas voir qu'une personne qui vous tourne le dos. Se rappeler qu'avant de vous quitter pour telle ou telle raison, il y a eu son sourire, il y a eu sa gentillesse, ces fous rires pour lesquels vous vous leviez le matin. Se rappeler que certes, vous avez passé des heures dans votre voiture pour rentrer du lycée à cause de la neige, mais qu'avec cela, vous avez pu observer sa beauté, son élégance, sa grandeur, le silence omniprésent, calme, serein, qui régnait en maître au-dehors. Avec l'Hiver venait le froid, les engelures, les gros pulls, mais aussi Noël, la neige et la tartiflette. Nicaragua avait assez vu passer de choses pour réussir à relativiser et chercher le petit truc qui rendrait la journée heureuse. Cela ne se voyait pas car la demoiselle n'affichait toujours qu'un air neutre, voire effrayant, mais elle n'était jamais de vraiment mauvaise humeur. La déprime, elle l'ignorait et passait outre du mieux qu'elle pouvait. En évitant au mieux d'y plonger les autres avec elle. Parce que rien n'était plus triste que rendre les autres dépressifs par son unique faute. Déjà qu'elle n'aimait pas le constater alors qu'elle n'avait rien fait pour que la situation soit ainsi, alors si elle en était la cause... Peut-être était-ce pour cette raison qu'elle s'excluait du reste du monde, la petite. C'était tellement plus simple de ne pas être un mal dés lors qu'elle n'était pas présente. Comment lui reprocher quelque chose alors qu'elle n'était pas là ?
La distance. Quelle belle invention.
Ouh ! Et je suis sa proie Alertez Managua Ouh ! Regardez quand elle dort Et comme vous avez tort... Ouh ! Ouh ! ...
Elle pouvait très bien rester ainsi, lasse, endormie sur ses acquis. Ou bien elle pouvait chercher à avancer. Pour Nica, c'était encore difficile d'avancer sans son frère, unique moitié subsistant au monde. Alors oui, dormir paisiblement, c'était une bonne solution. Dormir, rêver. C'était quelque chose qu'elle était apte à faire. Quelque chose qu'elle pouvait faire seule. Peut-être aussi qu'elle somnolait paisiblement pour pouvoir croire. Pour ne jamais se réveiller et entendre toutes les calomnies si plaisantes qui s'emparaient de l'âme de bien trop de personnes à présent. Dormir pour l'éternité, croire toujours, pour ne jamais se retrouver seule face au monde. Rêver. Car dans l'ordre des choses, c'était aux rêves de survivre à leur détenteur, pas l'inverse. Alors rêver éternellement, comme avant, pour pouvoir transmettre quelque chose à l'après. Pour pouvoir transmettre un rêve. Pour pouvoir transmettre une utopie, une idylle, quoi que ce soit qui tienne la route et lui permette d'exister encore. Car il y avait quelque chose qui donnait aux songes leur entière existence. Chacun voulait exaucer ses souhaits et aller jusqu'au bout pour cela. C'était beau. Mais dés lors que ce dernier avait été exaucé, que se passait-il alors ? Il n'y avait plus rien. Rien que du vide et une envie irrépressible de ne plus rien faire, de tout abandonner. Car après tout, réaliser son rêve, c'est atteindre le but de sa vie. Et atteindre le but de sa vie, c'est ne plus avoir de raison de vivre. C'est ne plus avoir envie de vivre, de se battre pour quelque chose.
Alors certains avaient trouvé la bonne technique. Il fallait se poser des bâtons dans les roues. Se donner un objectif irréalisable pour ne jamais tomber dans cet état de langueur latente et sournoise qui les attendrait au bout du chemin. S'évader. Détourner sa route. Tous les moyens étaient bons. Toujours marcher à côté de son objectif sans jamais lui prendre la main, rester là à ses côtés à l'attendre, paisiblement, sachant pertinemment qu'il ne viendrait jamais. Souffrir ainsi mais être heureux. Car il y avait toujours un espoir malgré tout. Car l'espoir n'abandonnait jamais, car l'espoir n'était pas humain. Il pouvait faiblir, se retirer, on pouvait faire croire qu'on le faisait taire et s'en persuader. Seulement il ne disparaissait jamais. Toujours il restait là, à l'affut, comme un ami fidèle. Lorsque la mèche de l'enfant était ôtée*, l'espoir était déjà présent en lui. Et lorsque celle du défunt l'était, l'espoir s'accrochait à elle comme un rapace, avant que le corps ne soit brûlé, et que ne subsiste alors de vivant que cette unique mèche aux valeurs si précieuses.
- Vatican...
Déclic. Et elle blasphémait intérieurement alors qu'elle était juste à côté de la Nation de Dieu. Et elle venait de passer pour une personne stupide incapable de faire une malheureuse multiplication juste à côté de la Nation de Dieu. Et là, elle se trouvait bien sotte, incapable de répondre, comme si sa tête avait foutu le camp avec autant d'élégance que la fille du cacique et son amant dans la légende de la Mocuana. Seulement, sa tête, elle n'invitait aucun étranger dans sa grotte, ni ne tue de nouveau-né en laissant un bracelet d'or, ni ne l'emporte avec elle en laissant des pièces d'or pour remercier les parents éperdus. Ou, moins localement, elle avait foutu le camp comme des Italiens devant une unité ennemie. Logan était comme pétrifiée de honte. Pétrifiée ? Pas vraiment, vu qu'elle réussit tout de même, par Dieu-sait-quel-moyen à s'écrouler lamentablement sur... l'épaule... de la Nation qu'elle devait aduler le plus dans cette Académie /cette Terre / cet univers -rayez la mention inutile-.
Elle est braquée contre la terre entière Je crois même qu'elle a un sale caractère Mais j'aimerais qu'on la respecte Même si c'est cela qui vous inquiète Ouh ! Putain cette fille-là Elle marche pieds nus dans la rue Ouh ! Elle mord les garçons C'est là qu'elle m'a convaincu Ouh ! Ouh !
Et un magnifique bond pour la Nicaraguayenne, qui, debout à présent au fond de la salle, s'excusait platement en rougissant jusqu'aux oreilles, arborant sur son visage une couleur aussi expressive... et surtout identique... que celle de ses cheveux.
- Je euh.... désolée..... pas fait exprès....
S'ensuivit une séance de bafouillages incompréhensibles, d'autant que la jeune fille, pour sûr, n'avait en aucun cas l'habitude de parler autant en aussi peu de temps. Oubliant qu'elle se trouvait en cours, à vrai dire. Et pourtant, les maths, ça ne la dérangeait pas, elle aimait bien. Fascinée par les chiffres depuis bien longtemps, cherchant leurs mystères. Ou peut-être s'ennuyait-elle trop pour admettre qu'elle faisait tous ces calculs pour éviter un court instant la solitude et les vagues interminables que s'amusait à faire son esprit. Moui, peut-être. En tout cas, le cours de maths, tout ça, elle en était un peu exclue, là tout de suite maintenant. Seul le ronronnement du radiateur résonnait dans sa tête, en fait. Tête vide. Ou bien vidée ? Allez savoir. Le professeur, en tout cas, ne semblait pas avoir oublié quel était son rôle. Et ne semblait pas ne pas prêter attention à son soudain écart de comportement -dés le premier cours, ça craint plutôt, ouais-.
- Nicaragua, puisque mon cours semble tellement vous interpeller, je vous prierai d'aller régler vos sautes d'humeur DEHORS !
Retour à la réalité, la jeune fille regarda le professeur avec des yeux ronds, réfléchissant à si elle devait se confondre en excuses ou si cela allait aggraver son cas. Un peu plus, et elle aurait pensé que la craie volerait. Mais non. Pas de craie qui vole, juste un professeur qui reste debout, parfaitement calme, la main tenant la porte de la salle grande ouverte et l'autre l'invitant avec une grande obligeance à quitter son cours sur le champ.
Ouh ! Je suis aux abois Alertez Managua Ouh ! Regardez quand elle dort Et comme vous avez tort Ouh ! Putain cette fille-là Elle marche pieds nus dans la rue Ouh ! Elle mord les garçons C'est là qu'elle m'a convaincu
Dés le premier cours. Ca craint.
Spoiler:
* Il est de tradition au Nicaragua d'ôter une mèche de cheveux au nouveau-né et de la conserver. De même on prélève une mèche au défunt que l'on ajoute par la suite dans l'urne funéraire, gardée dans la maison familiale ou au temple, suivant les anciennes coutumes et la religion polythéiste d'autrefois. (en tout cas, c'est ce que je pense avoir compris, je m'excuse si ce n'est que très approximativement exact .__.)
1177. T'es tellement con en maths que tu retires un siècle ! Ah oui là on peut pas dire, Montgisard : 25 novembre 1177. Pas Dieu seul 1000 ! Des fois, je me demande si tu sait les bases de l'histoire de... ok ce sont ni les bases ni autre chose c'est... une date, parmi tant d'autres. Est-ce que des évènements historiques plus importants sont passés dans l'oublie ET BIEN OUI ! C'est affligeant. Ouvrez votre page Google et tapez "bataille de" Montgisard ne fera évidemment pas partie de la liste qui sera dominée par la Bataille de Verdun. Ensuite viendra Stalingrad, la Marne, la Somme... Certains évènements historiques sont totalement passés sous silence ! Une victoire croisée sous Saladin, il n'y en a pas eu beaucoup ! (serais-ce la seule ?). Il faut la glorifier ! Enfin, il y a plein de batailles qui ont leur justice méritées, les morts glorifiées, etc etc : la Bataille de Yavin ! (oui, dans le sublime intellect il n'y ait que ça qui vienne, aha) date : l'an 00 00 00. Pourquoi ? C'était si important qu'il avaient fait un calendrier yavivinien pour ça ! ... Yavinite ? Yavinonnien ? Heum, donc. Et si les croisées avaient fait ça pour Montgisard ? Et bien ce serait devenu comme la Prusse, un empire qui se repose sur ses guerres et ses faits d'armes ! Pur folie ! Sachant que "Yavin VI"... ou IV ? (on s'en fiche un peu) était inspirée de l'attaque d'un fjord en Norvège !
Stop. Bond de la nicaraguayenne. Ou du nicaraguayen. Ce qui en présence du petit bout de papier de remerciement étonnerait fort la Nation de Dieu. Il n'y avait que les filles pour faire ça ! Et les mecs en mal d'amour ce que la rousse à côté de lui n'était assurément pas..; quoique cette place au dernier rang et cet air profondément déprimé on était en droit de légalement se demander le bienfondé de la chose... Mais c'était une fille, c'était quasi sûr ! Aussi sûr que Darv Vad... enfin. Les références, Dieu seul sait que c'est haï alors que c'est incompris par des fans peu informés...
- Je euh.... désolée..... pas fait exprès....
Mignonne petite chose rougissante... ne pas avoir pitié semblait bien dur, hein ? Oui, elle semblait bien sans défenses, perdue dans une admiration honteuse exacerbée, la pauvre petite... quoi c'était des réactions de pervers ? Personnellement ce qui est pervers, c'est le yaoi à quatre h du mat... Or donc ! La petite nicaraguayenne bondissante.
-Hm. Pas fait exprès signifierait que tu as bondit comme un lapin en rut délibérément, ce qui entre nous est difficilement prob...
- Nicaragua, puisque mon cours semble tellement vous interpeller, je vous prierai d'aller régler vos sautes d'humeur DEHORS !
Un blanc de quelques secondes se fit a place dans la conversation. Désagréable, il ne donnait pas l'impression d'être à sa place. Mais un blanc était il à sa place das une discussion d'extrême importance ? Nein. Alors, revenons à nos moutons. Le prof venait donc de couper le Vatican dans un élan salvateur envers une pauvre brebis impie, bouh qu'il soit fouetté nu sur la place publique ! ... Pourquoi est-ce qu'il venait se mêler de tout subitement !? Bah, voyons cela d'un point objectif, pour commencer. Votre cours est dérangé par deux crétins au fond de la classe, vous faites quoi ? Petit a) vous les foutez dehors. Petit b) vous les foutez dehors collés le samedi matin. Petit c) vous les foutez dehors collés et avec du travail supplémentaire... Ah, c'était donc si gentil de sa part de venir foutre son nez dans des affaires qui ne le regardaient aucunement, so nice.. Stop, attendez, pourquoi mettre cette phrase au pluriel ? Parce que cette digne réflexion d'esprit était la vraie bonne résolution, le Vatican lui, était totalement hors de toute raison (comme s'il y avait été à un moment de sa vie d'ailleurs). Coupé dans ses réflexions ô combien géniales et déifiques par un vulgaire prof de maths.. quelle horreur. Et en plus c'était parce qu'il disait à Nicaragua de sortir ? Mais c'était se prendre pour la main du Seigneur ça ! Sûr qu'Il n'apprécierait pas le geste. Défenseur des bonne mœurs le Vatican, et ce officiellement depuis 1929.
-Je ne vois pas pour quelle raison vous virez un de vos élèves qui est aussi innocent qu'un gosse de six ans ! Ok les gosses peuvent voler tout et n'importe quoi mais là n'est pas la question. C'est une punition injuste en somme...
Pour ceux qui se posent des questions oui c'était de Vatican et oui il avait parlé tout haut et remisé l'intelligence au placard. Ne restait plus qu'un vague cynisme et surtout peu de bienséance. On ne pouvait pas dire qu'il n'avait pas changé. Arrivant ici il n'avait dit mot, il n'avait jamais parlé outre le pus strict minimum, allant jusqu'à se taire des jours entiers. Il n'en pensait pas moins tout de même, mais ne parlait pas. Pourquoi? La peur de se faire rembarrer sûrement. Mais il s'en fichait un peu totalement maintenant, au diable les appréhensions du genre ! C'était la veuve et l'orphelin qu'il fallait sauver ! Enfin, presque mais bon... maintenant, il disait tout ce qu'il pensait, et plus encore, à tel point que c'était devenu totalement habituel et fort énervant, ce qui, résolument, clarifia net la réaction du prof. Pas chiant celui là... Il existait certaines personnes qui ne pouvaient vivre sans emmerder les autres, Vatican était parfois de ceux là, moyennant un peu trop de café, mais généralement il trouvait que les profs remplissaient déjà suffisamment cet office. Souvenir de Rome qui était également prof dans le périmètre... Oh, n'en parlons pas. -Bieeeen. Sortez. Tous les deux. Pas de discussions.
Ah oui, des monosyllables, c'était clair ça. Avait-il besoin d'autre chose pour comprend, l'italien qui ne s'assumait pas ? Non, en fait il sortait, et échappait à un énième cours, attendant bien entendu que Nicaragua le suive... ou parte devant il n'en avait rien à carrer. Ou bien...
-Et pourquoi sans discussions au juste ? On a le droit à la parole comme toute personne vivante en ce monde. dit-il à peine arrivé dans le couloir.
Les batailles n'avaient rien de glorieux. Depuis quand était-elle née, cette idée qui définissait la gloire et l'honneur sur le champ de bataille ? Depuis quand s'était-elle incrustée, encrée aussi profondément dans l'âme, dans le cœur des Hommes, des Nations ? Qu'y avait-il de glorieux à détruire des vies inutilement ? Oui, inutilement, les batailles, les guerres ne servaient à rien, à rien. Hormis blesser, détruire, s'approprier ce qui n'appartenait à personne, ce qui n'appartiendrait jamais à personne. Mettre son nom sur un endroit ? Souvent, c'était ça. "Aider", aussi. Aider au développement, qu'ils disent pour se déculpabiliser. Car oui, attaquer une autre Nation qui n'a souvent rien demandé, ça rendait tout le monde malade, anxieux. Alors ils se trouvaient des excuses. Alors ils se disaient glorieux. Oui, lorsque l'on cherchait une bataille dans Google, on y voyait des noms apparaître, les premières recherches les concernant. Pourquoi ? Elles grandissent en nombre, les guerres. Elle s'immiscent de plus en plus dans ce monde perdu, l'Histoire du monde, c'est ça. Une succession de guerres. Le programme le plus étudié dans les cours ? Les deux guerres mondiales. La guerre froide.
Ils cherchaient à inculquer à leurs élèves les exemples de choses à ne jamais reproduire.
Mais l'Homme était un être retors, qui comprenait tout de travers, qui cherche une route et emprunte bien souvent la mauvaise. Et une fois que le chemin est tracé, vous pouvez toujours essayer de faire demi-tour, ce n'est plus possible. Il faut rouler à travers champs, abandonner la voiture et aller vers les étoiles, là, vers le ciel, trouver ses propres exemples, des exemples à suivre. Des exemples qui ne nécessitaient ni peine ni tristesse, seulement de l'espoir, des rêves, et la volonté de vouloir les accomplir. Elles sont à portée de main, les étoiles. Il suffit de regarder dans l'eau, voyez ? Elles sont là, ici, juste sous votre nez. Vous avez juste à tendre la main pour les attraper. Faux espoirs ? Non. Rêves. C'était tellement agréable, d'avoir quelque chose à rêver. De vouloir à tout prix toucher quelque chose, l'effleurer. Même lorsque l'espoir disparaissait il continuait de rester, sombre, dans le coeur de chacun. C'était indéniable. Et bien souvent, risiblement, ceux qui avaient le plus d'espoir étaient ceux qui clamaient avoir tout perdu. N'avoir plus rien à perdre.
Nica, des rêves, elle en avait plein la tête. Certains plus sensés que d'autres. Certains plus réalistes. Certains carrément impossibles à réaliser. Mais elle en avait, oh que oui. Même si elle ne l'admettait pas toujours et les réfutait, c'était indéniable. C'était bien connu, de toute façon. Le premier rêve que chacun avait, c'était d'avoir des rêves. Celui-ci, tout le monde l'oubliait et le laissait de côté, ce pauvre petit rêve. Comme une fleur dans la neige, abandonnée, esseulée. Il y en avait d'autres autour d'elle, des fleurs. Des fleurs issues de son propre pollen, elle était la mère de toute.
Seulement personne ne faisait une pause pour s'intéresser à elle. Tout le monde était trop occupé à venir chercher sa descendance, à l'installer au chaud, à la chérir. Mais un jour, ses enfants flétrissaient, alors qu'elle, vaillante, restait là, debout dans la neige. Petite fleur qui se relevait toujours malgré le givre, malgré le froid, pour donner l'espoir à ceux qui perdaient leurs cultures. Elle était la première à redresser la tête dés que le Printemps venait à eux. Elle était la première à faire sourire à nouveau ces enfants qui sortaient dés les premières giboulées de Mars. Il fallait la voir, comme elle était belle, comme elle s'entretenait seule. Il lui arrivait de plier, certaines fois, contre les temps difficiles. Mais jamais elle ne restait longtemps à terre. Il suffisait d'attendre pour qu'elle se relève d'elle-même. Toujours. Attendre. Alors quand certains vous disent qu'ils n'ont plus aucun rêve, avec amertume, c'est faux.
Si cette bile amère leur traverse encore la gorge, c'est qu'ils ont le rêve d'avoir un rêve.
Silence aussi dur et froid qu'une roche érodée qui venait là traverser la salle. Nicaragua avait du mal à réaliser qu'elle allait être mise à la porte, par sa propre faute. Et aussi, en passant, que Vatican avait clairement dit qu'elle venait de bondir comme un lapin en rut.... Elle ne savait pas ce que c'était qu'un lapin en rut, mais elle se doutait assez aisément que ça n'avait absolument rien de flatteur. Déjà, comparer quelqu'un à un lapin, ce n'était pas particulièrement appréciable par la personne visée, ça elle le savait pour avoir expérimenté la chose. Même si elle ne comprenait pas pourquoi, à vrai dire. C'est mignon, les lapins, non ? C'était calme, reposant. A part quand ça buvait, ça ne faisait pas de bruit. A vrai dire, Nica préférait les xulots, les chevaux, et les animaux à écailles. Vous mettez le Nicaragua sur un cheval, soit 1) elle vous fous une cible sur le dos pour vous tirer dessus, soit 2) vous avez la paix pendant des jours entiers. La deuxième solution était bien plus probable mais bon. Nous en étions à... ah, oui, les lapins. Les lapins et le silence terrible qui venait de s'installer, un silence froid, tendu, pernicieux.
-Je ne vois pas pour quelle raison vous virez un de vos élèves qui est aussi innocent qu'un gosse de six ans ! Ok les gosses peuvent voler tout et n'importe quoi mais là n'est pas la question. C'est une punition injuste en somme...
...Bon. Après le lapin en rut, nous vous présentons la demoiselle-jeune-homme-de-16-ans-qui-en-a-6-mentalement. Génial. La belle affaire, Nica allait refaire toute la réputation de son pays. Elève insupportable, qui se lève d'un coup au beau milieu "comme un lapin en rut". Elève stupide, autant "qu'un gamin de six ans". Mais bon, il n'avait pas tort. Logan, la seule chose qu'elle voyait, c'était que Vatican prenait sa défense, point. Le justicier, défendeur de la veuve et l'orphelin, la classe. Elle était à la fois veuve de son frère et orpheline, elle avait le droit à un traitement privilégié ? Non, sans doute pas. Mais ça, ça ne lui effleurait même pas l'esprit. Là, elle avait l'impression de se revoir en compagnie de son frère.
Sauf qu'elle était à la place de son jumeau. La cause de l'offense.La cause de la punition. Et l'autre qui ne peut s'empêcher de le défendre, parce que de toute façon il ne pourrait pas le faire tout seul. Parce que sinon il ferait sans doute une bêtise qu'il regretterait plus tard. Et puis aussi parce que c'est une personne à laquelle tu tiens et que tu ne veux pas perdre, après tout. Pour Nica, se lever, se dresser face aux professeurs, servir de barricade entre le corps de son frère et celui de l'instituteur, c'était ça. C'était son rôle, point. C'était son rêve aussi. Servir à quelque chose, pourvoir protéger son jumeau de tout mal, de toute atteinte. Dieu savait qu'elle avait échoué avec brio. Et que maintenant, elle en était là. Comment est-ce que ça avait pu arriver ? Comment le justicier avait-il pu devenir la victime ? C'était ridicule. Elle se trouvait ridicule, totalement. T'sais ma petite, il est temps pour toi, de venir cultiver ton rêve, un rêve qui t'appartiendra, un rêve que tu chériras, un rêve qui t'aimera.
En tout cas, une chose était rassurante, c'était que Vatican lui, ne prenait sans doute pas sa défense pour les mêmes raisons qu'elle le faisait auparavant. La pitié pouvait être l'une de ses raisons. L'envie de jouer les héros. Allez savoir. Pour "aider", peut-être, tout simplement. C'était une croisade pour aider son compatriote. Même s'il ne lui devait rien. Le fait d'être là, déjà, d'exister, pour Nica, c'était quelque chose qu'elle lui devait. Le fait qu'il existe. Parce que s'il n'avait pas été là, alors jamais elle n'aurait pu adresser ses prières à qui que ce soit, parce que jamais quelqu'un n'aurait pu ouvrir la voie aux peuples pour l'Appel du Seigneur. Non, elle ne le connaissait pas encore, et alors ? Le Vatican, c'était quelque chose quoi. Déjà à la base, il avait un bonus extra pour s'attirer la sympathie de la Nicaraguayenne. De plus, il venait de prouver qu'il était quelqu'un d'appréciable. Même si ses propos n'avaient ni queue ni tête. Pour Nica, c'était décidé, elle l'aimait bien.
-Bieeeen. Sortez. Tous les deux. Pas de discussions.
Mais lui ne la supporterait sans doute pas longtemps s'il se faisait virer de cours à cause d'elle. Elle le vit partir pendant qu'elle ramassait ses affaires de cours, tête basse, pendant qu'elle passait son sac par-dessus son épaule et sortait, honteuse, de la salle. A sa suite, oui. Non, elle n'avait pas décidé de défendre sa peau face au professeur avec des tonnes d'excuses bidons. Certes, elle était sincèremen tdésolée d'avoir perturbé son cours, certes. Mais déjà, il avait dit qu'aucune discussion n'était possible quant à leur place. Puis, il ne faisait pas si froid que ça dehors. Et il serait injuste que Vatican sorte à cause d'elle. Et elle connaissait déjà le cours. Et, et.... beaucoup de paramètres entraient en compte, indiquant clairement à la jeune fille que de toute façon ça ne servait à rien de rester. Que de toute façon, mieux valait aller dehors. Sans discuter. Sans chercher à discuter, nullement. Sans s'attarder sur les regards envieux des élèves enfermés dans cette salle qui sentait le renfermé, pendant qu'ils s'amusaient à créer des formes géométriques avec un élastique.
-Et pourquoi sans discussions au juste ? On a le droit à la parole comme toute personne vivante en ce monde, entendit-elle Vatican dire, à peine le pied dehors.
Ah, il n'avait pas tort. Ce qui ne voulait pas non plus dire qu'il avait raison. Il n'avait juste pas tort, voilà. Seulement, c'était un cours de maths, pas un cours de philo, alors ça ne servait à rien là, d'argumenter pour une chose aussi futile. Et le prof fermait déjà la porte derrière eux. Ils étaient seuls, dans le couloir. Immense, trop au goût de Nicaragua en fait. Etrange comme il était simple de créer une immensité entre des murs. Etrange comme l'immensité pouvait mettre mal à l'aise. Etrange comme en fait elle était bien, ici, là, maintenant. Ou pas. En fait, elle n'était ni bien ni mal, seulement là, ici, dans cette éternité, avec Vatican. Eternité à la fois spatiale et temporelle.
- Les droits, il n'y a que ceux qui les ont qui peuvent juger de ce qu'ils ont ou pas.....
Et un silence tandis qu'elle se disait qu'elle n'aurait pas du répondre à sa question, sûrement rhétorique. Tandis qu'elle se mordait légèrement l'intérieur de la joue, redoutant un peu en fait, ce qu'il allait advenir. Puis elle alla à la fenêtre, dans une impulsion, l'ouvrant en grand pour aller se jeter aux assauts du froid. Elle ne connaissait pas le froid, elle ne l'avait jamais connu. Mais ces légers baisers glacés, elle aimait bien ça. Ces étreintes glaciales, elle les appréciait. Tout était tellement différent de chez elle. Et elle avait besoin, là, tout de suite, de réagir de façon primaire, bestiale, pour échapper un peu à sa gêne. Parce que oui, elle était gênée. Parce que oui, ça lui arrivait aussi de se sentir nulle. Et inspirant une grande bouffée d'air frais, elle se retourna à nouveau vers Vatican.
- .... Je suis.... vraiment désolée.... Je ne voulais pas que.... que tu te fasses virer de cours.....
Non, elle ne faisait pas un air de chien battu. Elle avait repris son attitude habituelle, quasiment froide. Elle était redevenue la Nicaragua que l'on pouvait croiser ordinairement dans les couloirs. Celle qui avait un air aussi plat que ses genoux étaient bleus. Avec malgré tout une petite pointe d'humilité dans le regard, un petit quelque chose qui indiquait qu'elle était sincère, en fait.
Aussi sincère qu'une fleur qui se laisser agresser par l'Hiver en sachant pertinemment qu'elle renaîtrait à la belle saison.