Albanie - Ilnaja || █░█░█░

Parcequ'on est tous idiots.

Elle avait bien essayé de travailler en cours. De se concentrer pendant d’interminables cours de langues, bouger pendant les heures d'EPS, prendre le temps de bien relire la littérature. Mais rien n'y faisait, elle était mauvaise. Elle n'était pas mauvaise dans le sens commun, pas du genre à ne pas comprendre, juste une flemmarde finie, qui ne parvenait pas même à se concentrer plus de quelques secondes sur ses cours.

En revanche, lorsqu'il s'agissait de tout sauf de travail, la petite Ilnaja semblait comprendre, enregistre, et appliquer à une vitesse incroyable. Elle avait compris très jeune comment se servir d'un ordinateur, et depuis n'avait jamais quitté cette technologie qui ne cessait de se développer. Elle préférait donc passer ses nuits sur l'internet plutôt qu'écouter en cours. Mais rien à faire, si elle était en cours de biologie, on pouvait la voir griffonner des plans de physique mécanique sur son petit carnet. Elle travaillait de même son anglais en cours de mathématiques.

Non pas qu'elle se prenait pour mieux qu'un ou une autre, ni qu'elle manque de respect à ses professeurs, elle les avait prévenus, ça ne l’intéressait pas plus que ça. Ou alors, en décalé. C'était d'autant plus désespérant que ses capacités intellectuelles dépassaient la moyenne. Trop dissipée pour être un génie, pas assez mauvais pour être ré-orientée ailleurs que dans les filières les plus prometteuses.

Pour ce qui était des relations avec les autres, la jeune fille avait son propre moyen de sociabilisation. Avec ses parents, le courant passait bien, ils étaient tout deux aussi volubiles qu'elle. Sa mère s'occupait d'une maison de production artistique, et son père quant à lui, un peu plus carré, gérait de l'import export aux alentours du port de la petite ville dans laquelle ils vivaient tout les trois. Les amis, en revanche, étaient tous plus atypiques les uns que les autres. Ilnaja semblait s'attacher aux personnes les plus diamétralement opposée. Pas qu'elle soit particulièrement attachante ou gentille, mais elle trouvait intéressant de traîner sur les baskets du caïd sans morale de son collège, suivre les fous de sports extrêmes dans leurs délires, et, bien sûr, ne pas en ressortir indemne. C'est cette vie normale et pour le moins atypique qui composa les 12 premières années de l'existence d'Ilnaja.

Elle fut ensuite appelée à la devenir une nation. Notion bien étrange aux premiers abords. D'autant plus qu'on lui demandait expressément de faire des efforts pour bien assimiler le programme et ne surtout pas contrarier ses professeurs. Tout pour enfermer cette fille qui semblait s'affranchir des règles avec un flegme et une tranquillité propres a elle. Mais il fallait être réaliste, c'était probablement la formation la plus prestigieuse, la plus complète qu'elle ne pourrait jamais avoir. Elle accepta après un long moment, quitta amis et famille, et se rendit dans l'immense académie.

Elle détesta le côté chiadé, les grandes salles bien propres, la rigueur de l'établissement. Son seul refuge fut internet, internet ses frasques, sa liberté infinie, ses informations sans censure. Internet. Elle passait ses nuits sur son ordinateur, et tentait le reste du temps de ne pas dormir en cours. Le nez sur son cahier, elle recopiait sans même chercher à comprendre quoi que ce soit. Ce n'était qu'aux veilles des examens qu'elle fermait son précieux ordinateur pour apprendre " dans le rush " tout ce qu'elle n'avait même pas pris la peine de relire. Et réussissait. De justesse, mais y arrivait tout de même. Elle étonnait, même à 15 ans, sur ses connaissances très poussées en un sujet et quasi nulles dans un autre. Mais Ilnaja ne pouvait se permettre de répliquer qu'elle apprenait "un chapitre sur deux, question de probabilités."

Elle continua aussi les sports extrêmes. Enfin, ils prirent des appellations un peu plus officielles et froides, mais les mouvements restaient. Elle partait même à l'aventure en rollers dans l'immense domaine. Son terrain de jeu préféré était cependant le part, qu'elle tentait d'aménager à coups de tables, chaises, mobilier insolite, poubelles, afin de créer obstacles et difficulté. Et bien sur, l'un n'allant pas sans l'autre, elle avait pris un abonnement annuel à l'infirmerie. Elle collectionnait poignets cassés, joues ouvertes, cuisses plantées dans un quelconque bout de quelque chose etc...

Mais elle ne mettait en vie que sa vie. Ce qui lui permit d'ailleurs de continuer sans attirer l'oeil colérique d'un professeur ou même du directeur.

Une grande bringue relativement musclée. En particulier les jambes, sans cependant casser complètement sa silhouette à la manière des nageuses est-allemandes. Le rapport taille/poids est normal, voir un peu mince. Sa peau est claire, ses yeux grands et ambrés. La jeune femme porte les cheveux longs, qu'elle teint d'un rose fluo, dans le but de "ramener un peu de couleurs dans ce monde triste à mourir ". Lorsqu'elle ne porte pas l'uniforme, Ilnaja porte principalement des jeans élimés, troués par le temps, des pulls et des t shirts aux couleurs bien vives, des gadgets à gogo, et superpose ses vêtements par piles lorsqu'il fait froid. Son style n'est pas particulièrement féminin ou délicat, il se rattache à son caractère, complètement décalé, jeune, dynamique, et plein d'énergie. Et comme elle ne supporte pas les couleurs sombres et ternes, elle accessoirise souvent son uniforme a coups de foulards à la taille, portes clefs attachés à la va vite, bracelets en plastique eux aussi très colorés. Cependant, elle n'est pas partisane du "trop", et sait doser ses tenues pour ne pas qu'elles arrachent les yeux de qui que ce soit. Ses sourires sont rares mais bien distribués, parfois brillants parfois très légers, c'est une fille qui n'aime pas s'étendre en démonstrations affectives.

Pas gentille. Pas méchante pour autant, un peu effacée. Elle ne se préoccupe de ses problèmes, les potins l’intéressent peu. Elle se promène souvent avec un énorme casque WESC accroché aux oreilles, son ordinateur / ou son BMX sous le bras. Elle ne parle pas pour rien dire, n'apprécie ni l'autorité ni l'injustice, mais cependant pas du genre à se lever la première pour lutter contre. Malgré un look à arracher la rétine, elle reste une fille paisible, au discours bien construit. Elle peut parfois discuter des heures, enfoncées dans un canapé défoncé, une tasse de café à la main et un fond de musique des années 60, de vieux groupes de rock. C'est une jeune femme fidèle en amitié, mais cependant pas aveugle au point de soutenir ses amis dans leurs bêtises, elle préférera leur expliquer leurs torts pour qu'ils se redressent d'eux même dans un chemin plus correct. C'est aussi une jeune femme aux capacités intellectuelles hors du commun, et donc parfois concentrée à l'extrême sur un travail, au point d'envoyer sur les roses quiconque oserait l'approcher lorsqu'elle se décide, enfin, à travailler.