✯ Académie Hetalia ✯
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 Allegretto [Autriche]

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MessageSujet: Allegretto [Autriche]   Allegretto [Autriche] Icon_minitimeMar 22 Mar - 18:08

Je le cherchais. J’étais en train de chercher Sissy. Ce n’était pourtant pas pour le frapper ou lui parler de Spain, non. Le professeur de géographie m’avait remit le devoir à faire pour la prochaine classe. Pour je ne sais quelle raison, l’autrichien avait été absent pendant le cours, je crois qu’il avait une répétition de piano ou quelque chose du genre. En faite, j’en avais rien à cirer de où il avait été. Le problème était que je devais lui courir après pour lui remettre le devoir de géo. Bon c’est dur, je pourrais très bien laisser la copie sur son lit qui était juste à côté du mien, mais je mourrais d’envi de voir la face de Sissy quand moi, l’awesome Gilbert, élève rebelle, allait lui remettre un devoir. J’imaginais déjà son air snobinard me donner un regard hautain alors que l’awesome personne que je suis lui remettrai la feuille à compléter. Rien que de penser à ça me donnait un sourire de satisfaction.

Tout ceci était amusant à penser, mais il restait autre chose à réfléchir : où était l’autrichien? J’étais allé dans la salle commune où je ne l’avais pas vu, ni lui ni son ombre. Ensuite, je suis allé dans le dortoir germanique, notre dortoir. Aucune trace du snob ni de ses feuilles de musique. Tout ça me laissant un dernier lieu à visiter avant de laisser tomber ma chasse. Il s’agissait, bien sur, de la salle de musique.

Je me rendis vers la salle en question, qui habituellement me donne des maux de tête. Je n’aime pas beaucoup la musique classique au départ, alors en plus avoir un pianiste qui partage ma chambre, ça me donne envi de me pendre. On dirait qu’il fait exprès de me casser les oreilles avec ses disques de Chopin et de Mozart. Le matin, il se réveille avec du Beethoven et le laisse jouer pendant qu’il se prépare pour l’école, ce qui me fait une cible parfaite à chaque matin pour mon oreille. Bref, je de vais quand même aller dans cet enfer musical pour satisfaire un prof…joie.

Étrangement, quand j’entrai dans la salle où le musicien passait le ¾ de son temps, tout était silencieux. Aucun professeur ou élève ne s’y trouvait, même pas Roderich. Les morceaux de piano qui, d’habitude, jouent éternellement en boucle étaient absents. Pour la première fois de toutes ses années passées à l’académie, j’aimais m’y trouver, ce n’était pas un endroit désagréable, du moins pour le moment. Ça me donnait le goût de visiter la salle pendant que c’était silencieux. Je poussai la porte au complet et la laissa aller pour qu’elle clenche d’elle même après que je sois entré. La pièce était énorme, le plafond haut avec de grandes fenêtres qui montaient jusqu’à celui-ci. À chaque pas que je faisais, la pièce résonnait, ça me faisait penser au début de « Thriller » de Mickael Jackson. Il y avait de tout pour pratiquer la musique : Des caisses de sons, caisses d’enregistrement, etc. Multiples instrument n’avaient pas été rangé comme des saxophones, des clarinettes, il y avait même une batterie et une basse. Bien que l’instrument le plus imposant et gros était le piano, ce ne fut pas le premier à attirer mon attention.

Un violon.

Le seul instrument de musique classique que je supporte et finalement aime bien. J’en pratiquais quand j’étais petit, mon grand-père avait voulu que j’apprenne à en faire. Au début, je jouais de simple chanson pour enfants, pour ensuite faire de plus grandes compositions. C’était lassant de jouer des morceaux aussi sérieux, mais plus tard j’ai découvert des chansons beaucoup plus entrainantes. C’est à partir de ce moment là que j’ai vraiment aimé jouer du violon. Cela faisait plusieurs années que je n’y avais pas retouché. Non, c’est faux, je m’étais réessayé lorsque que j’étais retourné en Allemagne pour la semaine de relâche. J’avais écrit sur mon blog que j’avais saigné des oreilles en retouchant aux cordes de mon ancien violon. Ce qui avait été totalement faux, je trouvait que pour un gars qui n’y avait pas touché depuis des lustres, je jouais plutôt bien. C’est comme on dit, la musique c’est comme la bicyclette, tu n’oublies pas comment en faire. J’allais certainement pas dire que je jouais du violon, qu’arriverait-il de ma réputation de rebelle? Non, un gars comme moi joue de la guitare ou de la batterie, pas du violon. J’essaye d’apprendre du mieux que je peux à apprendre à jouer de la guitare, mais la progression est lente et plus difficile que je ne le pensais. Je ne vais quand même pas abandonner, l’awesome Prussia n’abandonne jamais!

Je m’approchai de l’instrument verni. À son touché, je ressentis comme une nostalgie. Bien que l’instrument avait été surement utilisé mainte fois par toute sorte d’élève, il était en très bon état. J’effleurai le bois brun châtain du bout des doigts, ensuite les laissant glisser doucement sur les cordes légèrement usées. Je voulais en jouer, il m’appelait. Je regardai d’un côté et de l’autre pour m’assurer que vraiment personne n’était là, je n’avais pas envi que six ans de réputation de rebelle prenne fin en jouant simplement du violon. La voie était libre, alors je sortis de mes poches mon ipod. Je cherchai la toune que j’aimais beaucoup écouter quand j’avais un côté aristocrate qui sortait plus. Je parcourrai les listes de mon lecteur pour trouver la dite musique:

~Musique
~Genre
~Classique
~Bond
~Shine
~Allegretto


Maintenant, il ne me manquait qu’une caisse de son pour que je puisse brancher ma musique. Ce ne fut pas une tâche difficile, la caisse en question était assez imposante. J’y branchai ma musique mais ne la partie pas tout de suite, je voulais d’abords accorder mon instrument. Quand je le pris dans mes mains, j’eu l’impression de retomber en enfance. Old Fritz qui me replaçait toujours le violon sur l’épaule parce qu’il était trop sur le côté, passait ses bras autour de moi pour me montrer comment accorder l’instrument, me donnait l’archer parce que qu’il ne voulait pas que je perde encore la position de mon violon. Tout en repensant à ces souvenirs, j’exécutai les mêmes mouvements de ma pensée. J’étais en place, prêt à commencer. Un seul clic sur la roulette de mon ipod et la musique entrainante commença. Dès que je déposai l’archer sur les cordes, mon bras bougea tout seul au son de la musique. Le rythme entrainant prenant contrôle de mes doigts, je laissai ma pensée libre. Fermant les yeux, je me replongeai dans l’univers du violon, l’univers de mon enfance.


Spoiler:
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MessageSujet: Re: Allegretto [Autriche]   Allegretto [Autriche] Icon_minitimeDim 27 Mar - 16:57

Un noble ne devait jamais avoir l’air pressé.

Oh, cela n’avait jamais été un fait écrit et scellé – si une telle chose était même concevable (y avait-il un Bureau de l’Etiquette, quelque part dans les hautes instances aristocratiques ?). C’était simplement un principe dont on lui avait inculqué les usages dès son plus jeune âge, tant et si bien que cet instinct de survie coulait en ses veines. Ce sang-là était-il du bleu de la noblesse? L’air calmement altier dans ces yeux d’un violet délicat et sans éclat pourraient laisser à le supposer.

(si on n’avait jamais vu cette lueur de passion résolue, de confusion, de tristesse vainement réprimée, y scintiller un jour)

Le sang pouvait-il même couler, dans cette silhouette mince et élégante qui avançait comme si elle était muée par quelque mécanisme d’horlogerie ingénieux, plutôt que par les muscles de ses longues jambes fines ? La pâleur de son visage et l’étrange qualité semblable au marbre qui semblait figer ses traits élégants en une neutralité courtoise suggéraient le contraire.

(si on n’avait jamais vu ces joues se teinter de rouge, de honte, de gêne, ou du seul geste de la main d’un certain espagnol).

Comme il les aimait sentir cela. La maîtrise stricte de ses sentiments comme autant de fils de marionnettes. Et il ne les aimait jamais autant que lorsque c’était particulièrement difficile de les tenir en place. L’effort ne semblait être que davantage récompensant. Une hypocrisie tellement soignée, réglée comme les aiguilles d’une horloge…non, mieux. Comme le battement d’un métronome, qui situait le rythme du morceau du musique et guidait le musicien. Forçait à maintenir une certaine cadence, en fonction de la manière dont on le réglait. Grave. Très lent. La manière lente, solennelle, dont il réajustait ses lunettes sur son nez finement dessiné. Puis Largo. Lentement. Balayant doucement, d’un air presque languide, la mèche qui menaçait de retomber entre ses yeux. Ensuite...Lento. Aisé. Promenant le regard neutre de ces yeux sur la vue hors la fenêtre ; une fin de journée de printemps, dont quelques rayons de soleil l’atteignaient et qu’il ignora avec panache. Il n’aimait pas la chaleur de l’extérieur. La fraîcheur des ombres du couloir lui rappela la froideur délicieuse du marbre du manoir où il avait passé son enfance. Bien plus digne ainsi. Et puis il n’aurait pas la tentation de froisser ou déserrer ne serait-ce qu'une fraction de l'uniforme qu'il portait au complet, sans un pli de travers.

Après Lento, Andante.

Oui. Le rythme de la marche, gardant une certaine lenteur dignifiée mais montrant également que le jeune brun à l’air impeccablement sérieux derrière ses lunettes avait bien un but spécifique. Un léger mouvement de la main serrant davantage les partitions de musique qu’il tenait contre lui trahissait non seulement cette destination, mais également une certaine…anticipation. Mais le jeune homme qui marchait d’un pas aussi régulier ne souhaitait aucunement trahir son impatience en augmentant la cadence. Courir vers une salle de musique n’était pas acceptable.

Même lorsque l’on s’appelait Roderich Edelstein et que l'on aimait la musique plus que tout.

Quiconque ayant fréquenté l’autrichien ne serait-ce que peu de temps pouvait déjà s’en rendre compte aisément, de cet amour inconditionnel. A tel point que plusieurs rumeurs amusées lui auraient accusé d’entretenir une véritable relation affective avec le piano, tant il semblait absorbé dans l’acte de le jouer. Si il ne jouait pas, il composait, comme si une musique intérieure hurlait afin de s’exprimer sur ces pages d’ivoire décorées de délicates petites notes, comme des flocons d’encre passionnément alignés. Cette même passion qui faisait couler ce fameux sang dans ses veines un peu plus vite ; l’idée de promener ses mains sur l’ivoire du majestueux piano forte, laissant une note flotter délicieusement dans l’air, dans le silence. Il n’y avait pas de meilleur sentiment au monde que le frisson qui partait de la pointe de ses doigts et courait jusqu’au long de son échine, en ressentant les sons qui s’élevaient dans toutes leur pureté.

Ces seuls qu’il serait, de plus, seul à entendre. Oh, à cette heure-ci, la salle était vide, d’ordinaire. Il aimait cela. Oh, certes, il lui était agréable que l’on l’entendre jouer, tout comme il aimait entendre les autres jouer…et les corriger. Ressentir la satisfaction de la note ratée qu’il faisait rejouer encore et encore jusqu’à ce qu’elle soit parfaite. Le geste de la main précis, presque chirurgical, afin de corriger la position d’un quelconque jeune musicien peu expérimenté. Tous pourraient louer la diplomatie et la retenue du brun…mais concernant la musique, il ne pouvait point être plus direct dans ses critiques. C’était parfait…ou ça ne l’était pas. Point d’indulgences. Et à ce moment là, l’on respectait autant que l’on redoutait ce regard violet, aussi clair et froid que des morceaux de verre, posés sur l’auteur de la fausse note. Oh, oui. Pour tous les sourires avenants et la courtoisie feutrée dont l’autrichien faisait preuve envers les autres de manière générale, rien ne pardonnait la musique qui n’était pas jouée avec une harmonie parfaite entre l’être et l’instrument… Alors il était dans cette salle, vide ou pleine, comme un seigneur dans son domaine.

Comme un « jeune maître ».

Une grimace de désapprobation obscurcit pendant un instant les traits du pianiste en se souvenant de cette expression stupide que Gilbert aimait utiliser à son égard. Au moins il ne serait pas là… Rien que la pensée était risible. Prusse, aimer la musique ? Classique, sûrement pas. Comme pourrait-il ?

Le genre de musique de cet imbécile…ha…il haussait un sourcil dédaigneux en entendant les…bruits que Prusse appelait de la musique. Des harmonies brutales sur des guitares grinçantes et des voix rauques et hurlantes. Bien le genre de « musique » que l’autrichien ne supportait pas…et exactement le genre de bruit que le prussien mettrait à fond rien que pour le voir grimacer d’indignation. Oui, il pouvait presque déjà voir son sourire nargueur dans son esprit. Un léger sourire vindicatif flotta sur ses lèvres à cette suggestion. Mais au final, ce n’était pas lui qui était le plus incommodé. Gilbert manifestait toujours ouvertement et impoliment à quel point il trouvait la musique classique ennuyante et insupportable. Et au lieu de s’énerver de ce manque de respect, Roderich y trouvait une certaine satisfaction. Ses grommellements infantiles alors qu’il montait un peu le volume afin de pouvoir se réveiller au son de la 9ème symphonie de Beethoven, le matin. « Ode à la Joie ».

Oh, c’était réellement une « Ode à la Joie »…que de voir que cela irritait l’allemand à ce point.

Le pianiste pouvait alors apprécier à quel point l’autre manquait de goût. A quel point il était même jaloux, peut-être, de la manière dont chaque instrument semblait répondre à son toucher et à un certain talent naturel, dès l’enfance.

(Ou un talent qui du moins, devait paraître aussi lisse et sans failles que s’il était réellement un don de naissance. Oublier les moments lorsqu’il était tout petit, lorsque sa mère rôdait à côté du piano, comme un aigle noir prêt à fondre sur sa proie à la moindre erreur. Léger sourire amer en pensant aux fois où elle frappait surs ses mains avec un bâton d’orchestre. Assénant encore et encore les mêmes mots comme un sort.
Maîtrise-le à la perfection !)

Non. Un sourire décora légèrement ses lèvres de nouveau, froid et subtil comme un scintillement de verglas. Il ne comprenait pas cela, et c’était quelque chose qui était…à lui. Rien qu’à lui. Victoire stupide et infantile. Mais il n’y avait qu’à entendre leurs disputes sans queue ni tête afin de comprendre que l’albinos réussissait toujours à faire ressortir ce qu’il y avait de plus vindicatif et de têtu en lui, pour des raisons on ne peut plus…futiles. Cette pensée, étrangement, ne faisait qu’accroître son anticipation à l’idée de jouer. Sentir ce pouls s’accélérer, la cadence monter d’un cran. Après Andante, Moderato. Modérément. Déjà à la limite de ce qui était acceptable. Après cela, ce n’était point noble. Point maîtrisé. Après Moderato…

Allegretto?

Animé. C’était la cadence du son qui venait soudain à ses oreilles alors que cette mélodie arrêta ses pas.

Un violon.

Le son vif et précis d’un violon tranchant à travers le silence avec vivacité et rapidité, d’une grâce libre et forte comme la danse d’un oiseau volant haut dans le ciel. Roderich pouvait le sentir, plus qu’il ne pouvait l’entendre, les murs ne laissant s’échapper que des bribes étouffées de mélodie alors que, à quelques mètres de la salle de musique, il s'arrêtait. Inspirant presque ces très faibles vibrations, le battement d’un rythme rapide comme un battement de cœur. Quelqu’un jouait du violon, par-dessus un autre morceau déjà enregistré ?...ce morceau…oh, il était arrangé différemment de ce qu’il connaissait. Les rythmes, les sons, un peu différents. Mais à la base, il connaissait. Karl Jenkins. « Palladio ». Il se souvenait de l’avoir joué…ton plus grave, plus lent. Ici, il avait une nouvelle…intensité. Et pour tout son purisme, le jeune brun se rendait compte…qu’il aimait cela. Et l’envie d’écouter de plus près sembla donner à ses jambes une nouvelle rapidité alors qu’il s’approchait furtivement de la porte. Qui jouait ainsi ? Hésitant un moment, sa main sur la poignée. Entrer pour voir quelqu’un jouer ainsi avait toujours quelque chose de gênant, lorsque cette personne se trouvait seule avec sa musique. L’atmosphère n’était jamais la même.

Après Allegretto, Vivace.

Et sa main avec tourné la poignée et ouvert silencieusement la porte en un geste vif et fluide avant qu’il n’ait pu réellement s’en empêcher, un pas déjà dans la salle avant même de relever la tête et voir de qui il s’agissait. Ces yeux violets s’agrandissant, ce regard se figeant sous le choc.

Non.

Ca ne pouvait pas être lui.

Surtout pas…lui !

Roderich demeura immobile dans l’encadrement de la porte, un pas dans la salle, une main encore sur la poignée. Attitude fort peu élégante, mais il n’en avait rien à faire pour l’instant, bien trop sous le choc afin de penser à ses principes tant chéris. Mais ce n’était rien par rapport à l’expression d’ébahissement qui se manifestait sur son visage, sans aucune trace de l’air de surprise courtois auquel il s’astreignait d’habitude. Bouche légèrement ouverte comme pour exprimer un cri de surprise, mais aucun son ne sortit, laissant les sons harmonieux du morceau de musique s’élever et flotter dans la grande salle en arabesques ininterrompues.

Ces mains puissantes laissant l’archet danser sur les cordes avec une délicatesse qu’il n’aurait jamais cru possible…non, pas de la part de mains qu’il ne connaissait que serrées en poings, prêtes à lui asséner un coup au visage. Cette posture droite, correcte en tenant le violon avec soin…lui, tellement habitué à se vautrer dans le canapé de manière si vulgaire et peu ordonnée. Ce visage légèrement baissé, concentré, sans aucune trace de sourire ou de ricanement accompagnant la musique…non, pas de bruit inutile l’accompagnant, simplement cette mélodie. Ses yeux rouges fermés, sans scintillement moqueur et rustre, fermés au monde extérieur alors qu’il demeurait uniquement, à ce moment même, sur la longueur d’onde de l’instrument de musique avec lequel il ne faisait qu’un.

C’était son meilleur ennemi, son rival, son opposé…tel qu’il ne l’avait jamais vu auparavant.

Comme le violoniste qu'il était.

L’autrichien aimait croire qu’il pouvait choisir généralement parmi un éventail d’expressions suffisamment subtils afin de laisser passer le message…mais suffisamment restreints afin de ne pas laisser qui que ce soit lire en lui comme un livre. Du moins…tel était habituellement le plan. Afin que personne – ou presque- ne se doute des sentiments qui pouvaient resurgir sous cette enveloppe de sérieux aristocratique qu’il aimait tant revêtir. L’allemand, lui, se fichait bien de la maîtrise des expressions. Aucune retenue. Toujours à sourire, ricaner, parler bruyamment. Toujours du bruit, du mouvement. Tellement vulgaire et ouvert, ce visage toujours ouvertement bravache… Traits se mouvant habituellement en un rictus railleur ou dans une expression de fureur noire et violente. Autant d’expressions extrêmes et vulgaires auquel le noble répondait habituellement avec un visage de glace et un air d’arrogance calme…ou, certes, un air…vaguement irrité, l’effort afin de ne pas exploser de colère teintant ses joues. Ce qui amusait encore davantage le jeune homme aux yeux écarlates, il avait l’impression. Oui, ils savaient comment s’énerver l’un l’autre si facilement. Se connaissaient bien…depuis bien trop longtemps. Plus longtemps qu’aucun d’entre eux ne l’aurait souhaité.

Après tant d’années à se détester…il avait cru finir par le comprendre. Et comprendre qu’il y avait bien une chose…sur laquelle ils ne pourraient jamais s’accorder. Demeurant aussi dissonants de des instruments laissés à pourrir sans jamais être joués. Un son de frustration amère se bloqua dans sa gorge. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il était là, jouant ce violon ? Pourquoi est-ce qu’il voyait ce visage les yeux fermés, concentré, sans ironie narquoise ? Avec pour seul, unique but de faire chanter, vibrer l’instrument de la manière la plus pure possible? Si seulement il faisait cela pour se moquer. Si seulement il jouait mal, dans une parodie grossière de ses propres gestes. Le musicien pourrait alors lui dire d’un ton sec d’enlever ses grosses pattes de là, interrompre le morceau. Mais…non… ! Il ne pouvait pas ! Seulement regarder et écouter, fasciné malgré lui...

Que…attends. Fasciné… ?

Eh bien, quoi ? Ce n’était pas un beau morceau… ?

Mais non ! Dummkopf ! Si c’est LUI qui le joue…alors… !

Et soudain, devant ce réveil brutal comme une claque, le temps reprenait son cours, reprenait sa cadence incontrôlable alors que le métronome s’emballait.

Après Vivace, Prestissimo. Très rapide. Tout d’un coup, sa main relâchant inconsciemment, sous le choc, les partitions de musique qu’il tenait contre lui, les laissant cascader au sol dans un bruissement léger comme des ailes d’oiseau ; son autre main lâchant la porte dans une tentative vaine de les récupérer au vol et la laissant accidentellement claquer d’un bruit sec qui résonna en lui comme un coup de poing au ventre, s’apercevant que si quelques feuilles ne produisaient qu’un bruit négligeable aux yeux de quelqu’un concentré sur son morceau, le bruit sec alerterait le prussien ; et il recula vivement, la main de nouveau sur cette poignée prêt à fuir, puis se rendant compte qu’il n’aurait jamais le temps et s’immobilisant, les feuilles de musique parsemées à ses pieds, en cet instant inévitable où le prussien allait relever la tête et apercevoir le pianiste.

Et le noble ne s’était jamais senti plus pressé dans son envie de quitter cette salle et oublier ce qu’il venait d’y voir.
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MessageSujet: Re: Allegretto [Autriche]   Allegretto [Autriche] Icon_minitimeMer 30 Mar - 18:07

Quand même asse ironique je dois dire. Moi, Gilbert Beilschmidt, celui qu’on pensait être le dernier à vouloir touché à un violon était en train non seulement en train d’en tenir un dans ses main, mais en plus d’en jouer. Ce n’était pas pour narguer quelqu’un ou en jouer mal pour parodier les grands joueurs, pas du tout. Je jouais plutôt bien pour quelqu’un qui ne pratiquait presque jamais. C’est sur, je n’étais pas parfait (contrairement à ce que je dis d’habitude). La chanson que j’avais choisie était rapide et compliqué, normale que je n’étais pas capable des fois de suivre la musique à la perfection, mais étrangement, cela ne s’entendait pas beaucoup à travers les diverses accélérations de rythmes. Jouais-je par nostalgie? Peut-être, je ne savais pas. Je crois tout simplement que j’en avais de besoin. Tout comme c’est assez bizarre de me voir jouer dans des plantes alors que je suis plus du style à passer mes journées à écouter du métal (comme Rammstein) et emmerder les autres. Il y a de cela dans ma vie, c’est sur, mais même si je le voulais énormément, je ne peux pas sortir le petit enfant aristocrate que j’ai été. Je ne peux pas enlever l’adolescent qui a mal grandit et qui tente de s’en sortir seul. Je ne peux pas enlever l’adulte qui se rend compte de ce qu’il est devenu et de ce qu’il va devenir. J’ai l’impression que je dois me prouver que je suis capable de faire bien des choses, parce que je ne sais pas ce que je ferai plus tard, ou serais-ce plutôt parce que je veux me rappeler qui je suis vraiment? Ce monde de l’enfance que j’ai quitter, celui où seul le temps où je touchais à cet instrument me faisait devenir calme et attentif. C’est pour cela que mon grand-père m’avait fait apprendre le violon, bien qu’il savait que je ne serai jamais quelqu’un de modèle et respectueux, il voulait avoir un espoir de faire quelqu’un de moi grand. Cet homme m’a appris bien plus de chose qu’il ne le pensais. Je suis ce que je suis maintenant grâce à lui, j’ai appris à ne pas abandonner par ces enseignements, et j’ai surtout appris à me trouver de quoi pour décompresser et me changer les idées. Prendre de la drogue? Non pas intéressé. Je fumais il y a quelques semaines parce que tout allait un peu trop vite à mon goût, mais j’ai commencé à ralentir la cadence. Maintenant, allais-je me mettre au violon? Allais-je devenir adepte de la salle de musique?

Non! Oui?...je ne savais pas.

J’avais travaillé si dur pour obtenir la réputation que j’avais, je n’avais pas envi de la détruire en un clin d’œil parce que je jouais de cet instrument à corde. Non. Ce n’était qu’un léger moment de nostalgie. Dès que j’en aurais assez eu pour mon argent, je déguerpissais en vitesse. Il ne manquerait plus que Sissy me voit comme ça et-

-CLACK!-

Le son me fit revenir à la réalité. Mes yeux s’ouvrirent automatiquement, comme si je me réveillais d’un cauchemar. Le son d’une porte qui claque, LA chose que je ne voulais pas entendre. Tourner ma tête me pris tous les efforts du monde, comme si j’étais rouillé. Je n’avais vraiment pas envi de voir qui c’était.

Il ne faut pas ce soit lui….faut pas que ce soit lui….faut pas que ce soit lui!

Avez-vous déjà entendu parler de la loi de Murphy? Il est dit que si quelque chose « peut » mal tourner, alors cette chose finira « infailliblement » par mal tourner. Comme de fait, LA personne que je ne voulais pas qu’elle me voie ainsi, était juste derrière moi. À me regarder, bouche bée, comme un enfant qui vient de se faire prendre à manger des biscuits avant le souper. Il était figé, tout comme moi, aucun d’entre nous deux ne semblait vouloir bouger de peur de ce que l’autre allait dire. Un tas de feuilles étaient éparpillé entre nous, tout le long de la distance qui nous séparait. Surement les siennes après le choc qu’il a du avoir. Mais qu’est-ce que j’étais en train de raconter, mon « ennemie » numéro un était devant moi (Enfin ce n’était pas mon ennemi, je dirais plus quelqu’un avec qui je ne m’entend pas bien pour je ne sais quelle raison), moi, qui était en train de jouer du violon. Depuis combien de temps était-il là ? Depuis le début ? Venait-il juste d’arriver ?

Maintenant toutes les informations s’étaient rendues à ma tête. Je fit un 180 sur moi-même pour lui faire face, tout en reculant par surprise. Mes yeux rouges ne le quittant pas. Qu’est-ce que je pouvais bien lui dire comme excuse ? « Tient Sissy ! T’as aimé ? » Voyons, ce n’était pas moi tout ça, je ne voulais pas qu’il voit ce côté de ma personne. J’étais Prussia, l’élève insupportable, incorrigible et rebelle. Portant à ce moment précis, je montrais tout le contraire : Discipliné, délicatesse et ordre.

Tout en continuant de reculer, j’essayais de penser à quoi lui dire, à qu’est-ce que je devais faire. Sans m’en rendre compte, l’archer tomba de mes mains pour prendre contact avec le sol. Le bruit que fit l’instrument me fit redescendre sur terre. Je n’avais rien à faire ici, j’avais trouvé la personne que je cherchais et après lui avoir remit mon message, je déguerpissais. Comme de fait, je ramassai l’archer assez rapidement et déposait le violon sur son support, rapidement, mais délicatement, je ne voulais quand même pas le briser, ce n’était pas dans mon intérêt. Après cette action terminée, j’allai à la caisse de son pour y arrêter la musique qui était toujours en cours. D’un coup sec je retirai le fil de mon lecteur, mettant fin à cette harmonie musicale. Fourrant le lecteur de musique dans ma poche, je pris la feuille destinée au musicien que j’avais laissé sur la console avant de me mettre à jouer. Je l’empoigna rageusement et avança d’un pas déterminé vers l’autrichien. Je n’était pas frustré après lui, j’étais juste fâché qu’il m’ait vu comme ça et que je n’aie pas pu finir mon morceau je crois. Je devais avoir l’air assez menaçant ou « pissed off », mais je m’en foutais un peu. Je m’arrêtai sec devant lui, le fixant. Je ne savais pas trop ce qui se passait dans sa tête à ce moment précis, et pour un fois, j’aurais bien aimé savoir. Savoir quelle impression j’avais laissé. Machinalement, je lui tendis la feuille de devoir. Je n’osais plus croiser son regard, mes yeux préféraient détourner leur attention vers la gauche. Maintenant, l’autrichien avait de quoi se moquer de moi, j’étais tellement idiot. Je savais pertinemment qu’il allait revenir un jour ou l’autre dans la salle. J’aurais du barrer la porte, ou tout simplement pas en jouer. Ça m’aurait évité tout ça. Sentant que Roderich ne voyait pas le jour de prendre la feuille, je barrai mon bras en agitant légèrement la feuille devant son visage en lui disant du ton irrité et sec :


- Tu compte me faire poireauté comme ça longtemps Sissy ?! C’est ton dev’ de géographie !
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MessageSujet: Re: Allegretto [Autriche]   Allegretto [Autriche] Icon_minitimeMar 5 Avr - 17:00

Il y avait beaucoup de choses qu’Autriche détestait chez Prusse. Oh oui, toutes ces raisons qu’il pouvait énoncer en listes bien définies, dans cet ordre qu’il aimait tant. La manière dont il esquissait un sourire narquois, la manière dont il laissait une cigarette entre ses dents, le bout pendant légèrement sur le côté, et surtout ce surnom ridicule… "Sissy"…Franchement…à quoi passait-il ses journées ? A établir de nouveaux stratagèmes pour le mettre hors de lui ? L’autrichien aimait à penser que sa propre technique – faire preuve d’une froideur exceptionnelle à son égard lorsqu’il était obligé de ne pas ignorer sa présence – avait ses mérites. Mais il était à peu près impossible de l’ignorer bien longtemps. Et ce qui l’énervait le plus, notre autrichien, c’était…

…Le vacarme.

Essayez donc de rester dans la même pièce qu’un prussien qui a décidé de prouver au monde qu’il existait. Un véritable parasite sonore. Quand il était en compagnie il chahutait bruyamment…et lorsqu’il était seul, ou du moins ignoré par la plupart de la population sensée de cette école ? Il se parlait tout seul ! Rien que le timbre de sa voix, jamais calme, toujours au bord de quelque chose de moqueur ou agressif, comme une tempête sur le point d’éclater…si ses hurlements stupides n’annonçaient pas déjà un concert d’éclairs et des tonnerre futiles. Beaucoup de bruit et beaucoup de spectacle pour pas grand-chose. Et le clou de ce spectacle ? Un ricanement qui réussissait toujours à le raidir d’horreur avant de le rendre rouge de colère. Grinçant, gras, vindicatif, semblable à un glapissement d’hyène ou un sifflement de serpent. Comme un cri de guerre.

Dissonant. Comme tous les sons que Prusse produisait.

Non…il ne l’aurait jamais cru capable…de cela.

C’était comme une scène irréelle…comme sorti d’un…

Un rêve ?

Fhh. Tout rêve qui contenait ne serait-ce que la mention de l’albinos était suffisant pour en devenir un…mauvais. Un…cauchemar, donc ? Ha. Risible. Il aurait fallu alors qu’il ait peur de cet imbécile. Jamais. Il avait simplement peur de la manière dont son maintient calme et aristocratique parvenaient à s’effriter avec une rapidité déconcertante lorsqu’il était provoqué par cet être-là. Avoir peur l’un de l’autre était franchement une notion aussi obscure que celle de…s’apprécier. Par exemple. Ah. Mais il y avait une différence. Dans les rêves, on ne s’étonnait jamais sur le fait lorsqu’il se déroulait…seulement plus tard, au réveil. Oui, ironiquement, lorsque l’on demandait à être pincé afin de s’assurer que l’on ne rêvait pas, cette demande même était la preuve que l’on était bien réveillé. Et que la conscience contemplait la bouche grande ouverte l’étendue de l’impossible devenu….bien palpable, bien réel.

Oui. Roderich avait bien envie de se pincer. Mieux, une bonne claque. Ou une claque pour Prusse. Qui répondrait pas un coup de poing. Et comme dans la plupart des scénarios de ce genre ce serait probablement lui qui finirait par perdre.

Ce serait comme d’habitude.

Et le musicien aimait cette habitude, qui battait strictement la mesure, ce métronome tellement fort dans son respect irréprochable de la routine, du tempo à suivre. Comme le balancement du pendule dans la vieille horloge de la salle de musique du manoir où il jouait sans relâche. Où le temps et la cadence de ses petites mains d’artiste sur les touches d’ivoire créaient une harmonie parfaite se tissant dans une durée précise…et pourtant demeurant étrangement en dehors du temps.

Lorsque l’on jouait un morceau dans un instant précis…il ne demeurait jamais uniquement ancré dans le présent. Tout comme les mains sur un instrument bougeaient de gestes tantôt calmes tantôt passionnés, ces gestes rappelaient les autres moments où ces sons avaient été produits. Moments de symbiose avec la musique et le monde intérieur. Les souvenirs qui remontaient à la surface, aussi doux et amers que l’odeur entêtante du vernis d’un violon, aussi clairs que sa surface d’or et de miel, aussi vibrants que les cordes qui murmuraient sous un archet.

Ils pouvaient être bons ou mauvais ces souvenirs…Peu importait. Seuls importaient ces instants où ils se manifestaient. Lorsque les barrières du temps s’effaçaient le temps d’un morceau, et lorsque le musicien se trouvait comme sous l’emprise d’un envoûtement. Temps de transe.

Temps de grâce.

L’on dit toujours qu’il ne faut jamais réveiller les somnambules car le choc risquerait de leur faire davantage de mal que le fait de demeurer inconscients. De même en musique il y avait une certaine règle non écrite et dont la transgression serait hautement incorrecte.

On n’interrompt pas un morceau. Que l’on soit le musicien qui joue, ou le spectateur qui écoute. Ce serait comme si l’on arrêtait un oiseau en plein envol. Un morceau non achevé laissait toujours un goût amer au fond de la gorge.

Sentiment de frustration. De nostalgie.

Le claquement sec de la porte arracha le prussien de son morceau avec le même choc réverbérant à travers la pièce pour celui qui jouait et celui qui écoutait, alors que les notes s’arrêtaient en plein envol. Ces yeux rouges étaient ouverts en une seconde, la tête se tournant lentement vers lui comme dans la parodie vaguement macabre d’une poupée mécanique mal huilée. Comme dans…oh il dirait comme dans un film d’horreur si il s’abaissait à regarder ce genre de choses. Mais là…oh il aurait encore préféré rencontrer un fantôme ou un démon. Et il sentait que l’allemand en aurait préféré de même. Que chacun se disait à ce moment précis…

Tout mais pas LUI !

(Au moins ils étaient accordés là-dessus.)

Roderich demeurait encore immobile, sous le choc. Immobile, oui, l’aristocrate l’était souvent. Généralement le genre d’attitude auquel l’on s’attendait de la part du genre de personne qui refusait de montrer des signes extérieurs d’agitation. La situation le dépasserait en silence, sans gestes brusques. Ce qui n’était manifestement pas le cas de l’allemand. Enfin quelque chose de sensé dans cette scène pensa-t-il, fixant la silhouette qui s’était retournée pour lui faire face, d’un coup, reculait en même temps. La surprise dans ces yeux écarlates si paisiblement fermés il y a à peine quelques instants. Dommage oui, il avait l’air bien serein ainsi. Fh. Encore un peu plus et il exprimerait des remords de lui avoir arraché cette enveloppe musicale du claquement sec d’une porte. Son sans harmonie comme ce ricanement que le garçon aux cheveux blancs aimait tant. Il garda son regard planté dans ces yeux rouge sang. Ces yeux qui avaient d’habitude un scintillement moqueur à l’idée de l’embêter. Ou des éclats de violence à l’idée de le frapper. Ces lèvres qui avaient toujours une remarque digne de l’énerver. Elles demeuraient silencieuses.

Rien ! Pas de répartie sarcastique, pas de commentaire irrité ?! Roderich demeura sans expression autre que celle de la surprise…mais sentait comme…un certain degré de frustration monter en lui. C’est tout ?! Il ferma sa bouche avant que des mots en échappent…et parce qu’il avait sans doute l’air bien stupide ainsi…Mais qu’est-ce qu’il lui dirait exactement ? "Vas-y, continue, ne te dérange pas pour moi"…Ou même…qu’est-ce qui l’empêchait de sortir maintenant ? Comme si l’allemand allait lui expliquer le pourquoi du comment.

Pourquoi après ces années à se plaindre de "sa" musique ennuyante il le retrouvait avec un violon entre les bras. Entre les bras…cela faisait penser à une histoire d’infidélité n’est-ce pas ? Le pianiste avait un rapport "spécial" avec la musique. C’était le moins que l’on puisse dire. Certains pouvaient dire qu’il la voyait comme une sorte…d’amante…et certains n’auraient pas tort. Mais la musique était à tout le monde. Elle graciait tous ceux qui voulait bien la prendre. Et il voyait les autres musiciens avec respect, un respect allant parfois jusqu’à l’admiration…la jalousie, rarement. Il reconnaissait sa défaite face aux instruments non-classiques tels que la guitare, bien que sachant en jouer très bien. Mais il n’y avait aucune pitié pour les instruments classiques. En ce qui concernait le piano, personne ne pouvait le surpasser et il le savait. Quant au violon…

Ah, le violon. Relation quelque peu étrange, moins fusionnelle qu’avec le piano, éclipsée par sa maîtrise du grand instrument noir et ayant dans son esprit l’aspect quelque peu nostalgique d’une amante délaissée dont les bras étaient plus destinés à une certaine tendresse qu’à une passion démesurée. Il aimait sentir sa joue contre cette chrysalide de bois vernis, l’archet dansant sur les cordes. Oui, il y jouait avec la perfection qu’il exigeait de lui-même, avec peut-être un peu moins de l’âme qu’il versait dans des touches de piano.

Sa technique était parfaite, lisse et sans faille. Celle de l’allemand ne l’était pas. Il jouait très bien, mais pas à la perfection...l’autrichien l’avait bien remarqué. Et pourtant, étrangement, ces petits glissements, ces erreurs de temps en temps, rendaient le morceau plus…vivant…presque meilleur. Elle résonnait d’une certaine nostalgie enfantine et sereine. Et il était soudainement, étrangement, jaloux de ce qu’il venait de voir. Oui, voir Gilbert avec ce violon… ? Cela avait quelque chose d’une trahison. La musique se riait de lui. Semblait dire…

Oui, Roderich. La musique est à tout le monde.


Elle appartient même à ton opposé.

Cette pensée l’énervait, coïncidant avec le bruit de l’archet touchant le sol. Un frisson de désapprobation traversa le noble, un regard indigné.

Il ne savait pas pourquoi il était le plus indigné. Parce que le prussien avait fait tomber quelque chose de fragile ou parce qu’il s’était pris à imaginer ce genre de choses immatures en le regardant. Il le regarda replacer l’instrument avec rapidité mais soin. Comme quelque chose de honteux mais…de précieux. Comme un secret.

Et c’était un secret, non ? Il regarda alors que Gilbert détachait d’un coup sec le fil qui reliait sa musique aux enceintes, laissant toute la lourdeur du silence entre eux prendre encore plus d’ampleur. Nul doute qu’il ne laissait pas qui que ce soit fouiller dans ce lecteur pour y trouver sa Némésis sonore officielle, le classique ! Il imaginait l’allemand changer rapidement les harmonies du violon vers le grincement lourd des guitares électriques lorsqu’il sentait que ce « secret » pouvait être découvert, lorsque quelqu’un voudrait se pencher pour savoir ce qu’il écoutait.

Et il ne savait pas s’il était plus amusé ou énervé en imaginant ce cas de figure.

Le jeune aristocrate rassembla son expression en quelque chose qu’il espérait neutre et calme, alors que l’autre ramassa une feuille afin de se diriger à grands pas vers lui. Il savait que le choc initial prendrait du temps à s’estomper, comme une note qui résonnait dans le silence un peu de temps après avoir été créée. Il se dirigeait vers lui, et l’autrichien aurait reculé tant son expression paraissait menaçante, comme si il était prêt à le balancer hors du chemin d’un coup de poing afin de fuir de la salle, de cet étrange méfait. Bien sûr, son orgueil personnel le lui interdit. Avec une légère pointe de satisfaction à l’idée que…la seule issue de secours se trouvait juste derrière lui. Il ne savait pas pourquoi il était « satisfait » à l’idée. Envie de le garder dans la même pièce que lui ? Ce serait une première.

En même temps, cette situation était une première.

Il s’arrêtait devant lui et Roderich le regarda encore. Imagina encore la manière dont il avait joué. C’était bizarre. N’importe qui d’autre sur n’importe quel autre morceau, et il serait à se confondre en excuses pour avoir interrompu, aurait applaudi légèrement, fit quelque compliment auquel était rattachée une critique polie mais toujours justifiée et incisive. Ses commentaires lui brûlaient la langue. Cette note-là pourrait être…ta position est un peu…

Mais cette opinion était aussi incomplète que le morceau.

Autriche regarda sans mot dire alors que l’autre avait tendu une feuille, regardait ailleurs. Par gêne ? Il s’attendait à un commentaire désagréable ? A ce qu’il se mette à rire ? L’autrichien plissa légèrement les yeux.

Ce serait facile. Ce cher Beilschmidt avait l’air tellement mal à l’aise. Oh il pourrait l’humilier vite fait. Il cherchait déjà les mots, presque coupable : c’était presque trop facile.

Ce serait facile de prendre la feuille d’un air narquois, faire un commentaire empli de sarcasme avant de partir rapidement et oublier que tout cela s’était passé. Et peut-être aurait-il était sur le point de sortir de sa réflexion et prendre la feuille…mais c’était à cet instant là que Gilbert choisit d’agiter la feuille devant son nez d’un air agacé et lui dire d’un ton on ne peut plus irrité :

"Tu compte me faire poireauter comme ça longtemps Sissy ?! C’est ton dev’ de géographie !"


Certes. Le garçon était un imbécile, il le savait. Mais l’autrichien en venait parfois à se demander s’il ne le faisait pas exprès. Le faire poireauter ? Comme si c’était de sa faute s’il restait planté là sous le choc?! Il s’attendait à quoi ?! « Oh merci, Prusse. Au fait, pas mal ton morceau. Je pensais que tu détestais ce genre de musique, mais bon-- »
C’était la goutte qui faisait déborder le vase.

La fausse note qui faisait hausser le ton du professeur de musique qui avait déjà enduré plusieurs erreurs répétées sans broncher. Ce sale hypocrite, ce persiffleur de mauvaise foi, ce……vil violoniste !

Une expression d’énervement se dessina sur son visage, ses joues se colorant brusquement sous l’effet de la colère. Alors il se faisait disputer hein ? Un éclat de froideur sèche fit briller ces yeux violets, le fixant avec un mélange de dédain et de frustration alors qu’il réajustait ses lunettes d’un geste efficace. Mélange pouvant s’avérer explosif…et l’explosion suivit peu après dans sa voix. Voix sévère et irritée, celle que l’on donnait à un professeur quelque peu rigide punissant un élève pour son insolence.

" …..et à qui la faute à ton avis, imbécile ?!"
Il balaya la feuille de son champ de vision d’un geste sec, l’écartant de son visage sans pour autant la prendre de l’allemand. Ah, il voulait qu’il la prenne, cette feuille, comme si de rien n’était ? Eh bien, il allait le regretter, l’imbécile. Roderich devait seulement reculer un pas en arrière afin de s’adosser contre la porte maintenant fermée de la salle de musique, lui barrant le passage. Si jamais il avait envie de balancer la feuille et se barrer vite fait à tout hasard. Oh non, quel dommage, n’est-ce pas ? Il haussa un sourcil en croisant les bras avec un air capricieux qui lui donnait un air vaguement immature. Le jeune homme faisait toujours tout de son possible afin de paraître bien plus âgé qu’il ne l’était. Et si ses manières raffinées et calmes d’aristocrate parvenaient la plupart du temps à lui donner une apparence inspirant le respect et même une certaine aura impressionnante, un excès de sentiment associée à ces manières rappelaient parfois à quel point il n’était encore qu’un garçon de dix-sept ans. Et dans ces cas là, c’était comme lorsque la petite fille trébuchait dans des talons volés à sa grande sœur ou laissait le rouge à lèvres déraper de ses lèvres jusque sur son menton : c’était vaguement attendrissant ou alors…parfaitement risible.

"Tch. Encore longtemps ? Aussi longtemps qu’il te faudra pour m’expliquer…ce…ce que je viens de voir !"
Il esquissa un sourire dur, l’agacement au coin des lèvres. Tout cela pour cacher son propre gêne, si apparent dans sa voix, ce trébuchement perturbé dans sa phrase. Parlant comme s’il avait interrompu une scène d’amour. Ce choc, cette jalousie, cette admiration. Tu étais avec ma musique! ET tu la jouais bien! Il fit un léger geste nonchalant de la main, ses yeux violets fixés sur ceux de l’allemand en énonçant d’un ton altier, comme si cette faveur était encore trop large pour le manant en face de lui. Geste d'impératrice. Et il se demandait encore d'où lui venait son surnom.

"…et si ça me convient…je le prendrai peut-être, ton papier…"


Oh, l’autre pouvait trouver cet acharnement ridicule. Mais le scintillement hautain et résolu dans ses yeux d’un mauve pâle et délicat montrait qu’il n’avait pas vraiment besoin de parler et ni même de bloquer cette porte. Le regard seul montrait qu’il exigeait quelque chose de plus. Une explication, une justification, quelque chose. Stupide, non ? Il savait bien que l’allemand était la dernière personne à vouloir lui dire…et en fait, lui-même était la dernière personne à vouloir le savoir. Pas de chance, hein ? Pour tout autre secret, toute autre porte ouverte sur une révélation cachée au grand jour, il se serait contenté d’être satisfait dans le savoir qu’il pourrait tourmenter le prussien avec cela, comme s’il rajoutait une flèche perdue à son carquois.

Mais là, il s’agissait de musique.

Et la musique était une affaire sérieuse.
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MessageSujet: Re: Allegretto [Autriche]   Allegretto [Autriche] Icon_minitimeJeu 28 Avr - 16:20

" …..et à qui la faute à ton avis, imbécile ?!", me dit-il en giflant ma main ailleurs, ne prenant pas le document. C'est quoi là? Tout ce que je voulais c'était de partir au plus vite de cette salle qui me donnait déjà mal à la tête rien quand discutant avec Sissy. En plus il se tenait directement entre moi et la porte, m'empêchant de pouvoir filer en douce. Pas que je voulais fuir. Nein! L'awesome moi ne fuie jamais, mais quand ta réputation est en jeu, tu peux te permettre certaine de filer comme England. Ce ne pouvait pourtant pas être difficile, le musicien était aussi gros qu'un pic, je faisais au moins deux fois sa largeur, le tasser de mon chemin ne serait pas chose dure. Je l'ai bien fait auparavant pour lui casser la gueule, je pourrais très bien le refaire et il n'aurais qu'à se débrouiller pour le devoir tient. Cependant, au moment où je trouva opportun de le tasser de mon chemin, il se remit à parler:

"Tch. Encore longtemps ? Aussi longtemps qu’il te faudra pour m’expliquer…ce…ce que je viens de voir !"

Je me remis à ma place comme si je n'avais pas bougé du début. Scheiße! Je savais que je ne pourrais pas m'en sortir aussi facilement de cette histoire. Mais quel con d'avoir juste commencé à jouer, le musicien pouvait se pointer n'importe quand, c'était évident. Maintenant, j'étais pris avec lui en train de faire une discussion musicale. Verdammt! Pourquoi moi?!

En y pensant bien, je pouvais toujours sortir une de mes fameuses "Punch Line". Il me fallait trouver judicieusement pour me sortir de ce pétrin. Habituellement, je raconte une niaiserie pour pouvoir échapper au courroux de bien des gens, je pouvais bien le faire encore, surtout si c'est Sissy qui se tenait devant moi. "Ah t'as aimé ma superbe parodie?! Je trouve que ça te représentais bien". Quelque chose dans ce genre pourrait faire l'affaire, ja. En lui disant que mon but premier était de le parodier, l'aristocrate se frustrerait vite, comme d'habitude, et en oublierait le fait qu'au fond je jouais pas si mal que ça.


"…et si ça me convient…je le prendrai peut-être, ton papier…"

Verdammt! Verdammt! Verdammt! Verdammt!

J'aurais dû m'en douter. Il le savait très bien que je n'avais pas joué de cette instrument pour l'emmerder, mais juste pour le plaisir, ou du moins, c'est ce qu'il voulait bien croire. Alors pour sortir, il fallait que je lui dise de quoi le satisfaire, et pour le satisfaire, ma "Punch Line" ne fonctionnerait surement pas. Bon…la vérité alo- Mais qu'est-ce que je dis là?! Je pourrais juste le pousser un peu et il s'envolerait à deux mètres, je vois pas pourquoi je m'attarderais ici à m'obstiner avec lui! Malgré que…maintenant qu'il a vu, ou plutôt entendu, il me tient d'une certaine manière en laisse. Il peut très bien aller raconter à tout le monde ce qu'il a vu, et moi bye bye la réputation que je me suis forgé. Ce qui m'a pris six ans à forger il peut la détruire en moins d'une semaine. Il a une preuve de mon obéissance et de ma discipline. Scheiße! Et si j'employais la violence. Ça a marché auparavant, ça devrait pouvoir cette fois-ci encore. Hmmm…nien. Pas une bonne idée, je risque de me faire donner une retenue ou encore me faire tabasser par Éli. Bon, il ne me reste qu'une seule alternative, et si ça ne marche pas, j'emploierai la violence et les menaces pour m'en sortir.


"C'était simplement par nostalgie, c'est tout", lui dis-je en croisant mes bras, et surtout, en évitant son regard. Juste le fait de voir son air hautain et snob me donnait mal à la tête. Moins je le regardais mieux je me portais.

"Maintenant que j'ai répondu à ta question, moi, je me pousse!", en lui écrasant la feuille sur le torse avec un peu de puissance, je lui signifiai que je n'avais plus du tout envi de lui parler et que je voulais partir, très loin de lui.
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