✯ Académie Hetalia ✯
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 Fantaisie nocturne [Autriche]

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Hongrie/Elizaveta H.
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MessageSujet: Fantaisie nocturne [Autriche]   Fantaisie nocturne [Autriche] Icon_minitimeDim 7 Nov - 17:01

Elizaveta avait les yeux fermés quelques minutes plus tôt. Alors que quelqu’un m’explique pourquoi et comment se trouvait-elle sur le toit de l’académie à trois heures du matin, encore en pyjama…

Tout simplement, en fait.

Elle s’était réveillée à cause de la douleur. Oh ! Pas grand-chose, juste un mal de crâne à vous fendre la tête. Elle avait l’habitude, après tout. Mais, le principal problème était qu’elle n’arrivait plus à se rendormir. Depuis son arrivée, toute récente, dans cette école, elle s’était déjà bien battue. Et suffisamment pour que sa tête la réveille en pleine nuit. Ou alors, peut-être s’était-elle simplement cognée contre le mur en se retournant.
Elle frissonna. Elizaveta n’aimait pas particulièrement être dans sa chambre. Ni dans une salle de classe. Ni dans un ascenseur. Claustrophobe ? Elle ? Non. Elle n’aimait juste pas être enfermée dans des endroits un peu trop étroits. En trois secondes, elle fut debout. En sortant de la chambre, elle se demanda où elle pouvait aller… Un endroit de préférence vaste et aéré. Le parc était un peu loin et trop sombre pour une escapade nocturne. Le toit suffira pour cette fois.
Elle longea un couloir, puis un autre… Heureusement que son sens de l’orientation était bien meilleur que celui de Roderich ! Oups. Elle se mordit la lèvre. Ne pas penser plus de trente fois par jour à lui, c’était la règle. Elle se mit à rire doucement. Elle marchait tranquillement dans le couloir, essayant d'éviter les obstacles qu'elle devinait dans l'obscurité. En passant dans un couloir, elle faillit s'affaler sur une poubelle qui trainait. Elizaveta étouffa un juron hongrois assez salé. Il valait mieux éviter de faire du bruit. Même en étant à moitié abrutie par le sommeil et son mal de tête elle s'en doutait. Elle grimpa l’escalier qui menait au toit.

Ouah.

C’était haut. Le vent fouettait ses cheveux et s’engouffrait dans le haut de son pyjama blanc, le gonflant comme une voile. Elle inspira profondément. C’était vraiment bon. L'air, la vue du parc plongé dans l'obscurité...Il ne manquait en fait qu’une seule chose pour que ce soit parfait. Il manquait toujours cette même chose de toute façon. Elle esquissa un pas de danse, les rafales commençaient à lui rappeler qu’être sur un toit à bientôt quatre heures du matin, c’était carrément l’hiver avant l’automne. Elizaveta inspira l'air glacé qui lui gela instantanément les poumons. Elle s'amusa de son souffle coupé et ferma les yeux. Espéra très fort qu’il soit juste derrière elle…


-Roderich…

Elle sourit toute seule. Elle n’était pourtant plus une gamine pour croire que les vœux se réalisent, même quand on le souhaite vraiment. Elle n'avait jamais été ce genre de gamine de toute façon. Et puis, que ferait-il ici ? Il devait probablement dormir comme tous les gens cens…comme beaucoup d’élèves de cette école. Ses cheveux châtains claquaient au vent comme la bannière d'un château. Elle se demanda si une personne au bas de l'école pouvait la prendre pour le drapeau de l'académie. En supposant qu'il ai une bonne vue et qu'il ne soit pas surpris de la couleur. Elle soupira. Elle délirait complètement... s'approchant de la rambarde en métal qui longeait la toiture de l'établissement, elle s'appuya dessus. L’acier était glacé, mais il eu le mérite de la réveiller tout à fait. Et elle venait d’entendre le bruit caractéristique de la porte qui menait au toit, juste derrière elle. Elizaveta ne se retourna pas.


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MessageSujet: Re: Fantaisie nocturne [Autriche]   Fantaisie nocturne [Autriche] Icon_minitimeMar 9 Nov - 14:57

Il ouvrit un œil, tentativement. Une surface noire et lisse s’étendant à l’infini…froid contre sa joue, l’horizon…flou…quelques feuilles de papier agrémentant le décor ; il s’attendait presque à les voir se balancer dans le vent comme des plantes sauvages…mais pas de vent sur la surface plane d’un piano. Et Dieu sait que depuis le temps, il aurait été bien au courant…L’autrichien avait presque envie d’émettre un grognement encore ensommeillé alors qu’il se releva, la nuque raide, mais se recomposant avec élégance. Point dignifié de s’étirer, même si s’endormir la tête entre les bras sur le piano n’engageait pas la plus confortable des postures…Mais…Il eut un léger sourire. …L’idée de confort en soi était bien risible. Ou même de réconfort. Se relevant droit comme un i même si, même si…non, il n’y avait personne mais là n’était pas la question…non…peut-être ne le faisait-il que pour sa bonne conscience ? En cette heure et ce lieu, Autriche a montré toute la dignité dont un noble était capable s’étant endormi dans un endroit non prévu à cet effet. Inscrivez-le donc dans les mémoires, dans les annales. Et peut-être que, par petits gestes, par attitudes, répétées dans un code incessant, quelque chose commencerait à redevenir habituel…ordonné. Normal…

Comme les quatre murs de cette pièce, autour de ce piano, comme un bijou dans un écrin d’or. Une petite pile de partitions avait cascadé au sol et il s’entreprit calmement de les ramasser, une par une, au fur et à mesure de la composition…voyant les notes qui commençaient, calmes, mesurées…puis s’emportaient…virevoltaient…devenaient douloureusement saccadées. Et puis…un crescendo doux, calme, remontant en une seule note pure et…

Et…plus rien. Il observa…calmement…alors que la prochaine note était interrompue en pleine ébauche, traçait doucement de son doigt le simple sillon noir tracé par l’encre alors qu’elle dérapait sur la page…continuant jusqu’en bas…traînée sans tâches ni imperfections comme si même en s’endormant sa main traçait d’un geste résolu…la chute. La note qui se dissolvait en trait sans son…ou alors était-ce le son d’un piano qui se brisait ?

Ou un cœur ? Ou…juste…une chute libre ?

Il resta perdu en contemplation en moment, serrant lentement les mains jusqu’à ce que la feuille commence à se froisser entre ses doigts…puis relâcha et plaça la feuille avec les autres, les mettant calmement dans son sac.

Irrécupérable.

Son sourire s’étendit, calme…et froid, immuable. Retenant un soupir à l’intérieure.

Partition ratée, bâclée, au fil d’une plume capricieuse.

Fantaisie. C’était un jeu grisant et dangereux, en musique. Oublier toutes les règles de la composition, s’en tenant aux principes de base…mais les épurant, jouant avec…afin de créer une narration qui changeait, les thèmes se succédant, différents, changeants. Laisser la main guider, spontanée, libérée…Même s’il y avait toujours un fil conducteur…Oh…certes, cela devait être un assez bon travail.

Mais il perdait toujours le fil. Et la partition demeurait toujours incomplète. Il manquait quelque chose mais ce quelque chose…

Est-ce que tu veux vraiment savoir ce que c’est… ?

Il releva la tête brusquement, se relevant, son sourire feutré et sardonique s’effaçant… Tendit une main vers le piano, puis s’y refusant, ramassant calmement ses lunettes à la place et les remettant sr son nez. En réarrangeant ses cheveux d’un geste habitué de la main, il regarda sa montre et afficha un air de calme indignation. S’endormir là et s’y réveiller à une telle heure. Et lui qui allait se mettre à jouer…Tch. Non seulement il risquerait probablement de réveiller quelqu’un et révéler sa présence à une heure aussi peu orthodoxe, et puis…à quoi bon ? Roderich jeta un dernier coup d’œil au piano, puis partit de la salle, à contrecœur, mais ne le laissant point transparaître sur son visage. Visage pâle et calme dans la pénombre du couloir, avec un air tellement sérieux qu’on eut presque pu croire que n’importe quel professeur le prenant à se promener de par cette heure tardive s’excuserait presque d’avoir douté de ses intentions. Et quelles intentions, d’ailleurs… ?

Autriche resserra fermement sa cravate et reboutonna sa veste avant de se mettre en route, gêné de montrer cette allure peu rigoureuse au…couloir vide alors que ses joues rougirent légèrement. Marchant d’un pas ni pressé, ni détendu…Juste la marche habituelle de quelqu’un qui avait pour coutume de montrer qu’il savait où il allait. Relevant la tête, serrant les dents et cette tension presque imperceptible se muant en une expression de détermination. Non…même si lui-même ne le savait pas…depuis il ne savait combien de temps…

Mais non. Les nobles savent toujours où leurs pas vont les mener. Tch. La belle affaire. Roderich espérait que « le noble » connaissait au moins le retour vers la chambre. En ce qui concernait tout le reste…c’était une autre histoire…Il ferma les yeux, soupirant légèrement, à peine un murmure. Oh oui. Douce et noble déchéance. Couloirs…escaliers…à gauche…encore des escaliers… ? Véritable labyrinthe…Il eut un air songeur en arrivant au bout de cet escalier, comme s’il avait omis quelque chose…puis tourna la poignée. Une bourrasque de vent l’accueillit, si fort qu’il faillit basculer en arrière et tomber dans les escaliers sous le coup de la stupéfaction. Ce qui n’aurait pas été bien dignifié. Non, à la place, il en déduit une chose fort simple, plissant les yeux contre la brise gelée qi giflait son visage…Ceci n’est pas la porte menant aux dortoirs. Et une autre déduction ébauchée. Je ferais mieux de…

Qu’est-ce que tu ferais "mieux" de faire… ?

Le jeune homme eut un frisson qui lui parcourait tout le corps, résistant à l’envie de serrer ses bras contre lui contre le froid...ce qui aurait été fort peu—à votre avis, peut-on grelotter noblement? Il n’aimait jamais vraiment cela…se retrouver « dehors »…Dehors, cela signifiant qu’il se perdait dans un espace dix fois plus grand, avait toujours les cheveux décoiffés, avait trop froid ou trop chaud et était susceptible de ne jamais trouver un lieu tranquille…A découvert, juste une silhouette insignifiante dans ce grand espace…Qui croyait en l’aristocratie dehors, sans chaise sur laquelle se poser avec une droiture irréprochable et une tasse de café ? Qui ne discernait pas alors à quel point elle était perdue et seule ?

L’enfant qui regardait par la fenêtre, ne se risquait jamais à sortir, courir, rire, trébucher et tomber, pleurer un peu sous le coup et puis sourire en reniflant encore un peu et se relever pour repartir dans la danse…N’osant jamais changer la mesure, de peur de changer. Et puis soudainement, s’y décidant et…et puis…il y avait toujours cette personne, dehors. Qui possédait chaque recoin de l’herbe et des troncs d’arbres, au gré des pas et des coups, sous le ciel immense…
Ne sais-tu pas déjà ce qui manque… ? C’est si simple de rester là…à ne rien terminer…Ne jamais vouloir changer quoi que ce soit ou…juste perdre le fil conducteur et se laissait emporter.

Ouvrant les yeux avec hésitation et les relevant vers ce ciel…noir…Comme l’encre qui refusait de couler, refusait de terminer cette partition, fuyant sans aucune mesure…et il fuyait avec elle…Un noir pur, magistral…c’était beau, à sa manière…Il ferma calmement la porte, surpris lui-même du geste. Il était là…dehors…si près de la voûte céleste…Sur le toit. Littéralement au-dessus du reste…pour une fois. Quand il était enfant, il se contentait de regarder par la fenêtre…juste une petite entrevue de tous les champs et les jardins aux alentours qui lui appartiendraient…Cela semblait tellement immense. Et à présent…illimité par les panneaux de verre ou les rebords de marbre, un horizon magistral…de tout ce qu’il n’allait jamais posséder ou contrôler…mais peu lui importait tout cela. Ce sentiment était passé depuis longtemps. Restait seulement un semblant de dignité. Les nobles ne possédaient pas, ils régnaient sur. C’était très différent.

Oui…règne factice, empli d’importance mais bien creux…car finalement l’aristocrate restait toujours là, immobile, à contempler le monde qui partait…s’échappait comme une coulée d’encre le long d’une page...

Juste une tâche finale sur un fond blanc.

Noir sur blanc.

Quelque chose dans le coin de son regard, alors qu’il regardait encore le ciel…Tournant, tourbillonnant, dans le vent. Quelques mèches de cheveux, un morceau de vêtement…mouvement changeant, insaisissable, au gré des caprices de la brise. Et Roderich laissa ce grand ciel noir et rebaissa le regard vers…la terre ? Non…ce n’était pas la terre. Ni le ciel.

…L’horizon…Et elle était là.

Silhouette blanche contre la toile noire du ciel.

Blanc sur noir.

Il resta là à la regarder un moment…fasciné…par le vent qui semblait ruisseler à travers ses cheveux et le rendre vivants, flottant autour d’elle. Leur couleur claire semblait scintiller dans la pénombre, suivant le mouvement de ses habits entièrement blancs qui battaient au vent…Elle était immobile et pourtant…et pourtant rayonnait de mouvement…
Et lui demeurait immobile, droit contre le vent qu’il sentait se pressant de tous les côtés. Tantôt semblant le pousser en avant ; tantôt semblait le faire basculer en arrière. Mais il garda son équilibre...sentant son souffle le quitter et revenir, comme s’il décidait encore ce qu’il fallait faire de lui. Et puis, soudainement, assez de souffle afin qu’il ouvre la bouche, et sente les mots se former…la voyant se pencher sur la rambarde, prenant un pas en avant, soudainement provoqué afin de bouger. Vers elle…commençant à tendre une main, mais…encore trop loin, en parlant…sa voix calme qui parvenait, par un miracle accordé par le dieu qui devait veiller sur les aristocrates déchus, à ne pas se faire noyer par le sifflement de l’air glacial autour d’eux.


"Ah…attention…Vous risqueriez de tomber…" Ces mots…à la fois infiniment calmes et infiniment tendus, comme les vibrations contrôlées des cordes d’un violon au bord de l’harmonie finale. Doux et contrôlés à la fois. Juste un mouvement de l’archet, et le ton changeait…Il sentit le vent le frapper encore, ce visage peu habitué aux aléas du temps. Sa phrase, inachevée alors qu’il s’arrêtait de nouveau, n’osant s’approcher de trop près… Phrase ridicule… Comme si elle tomberait. Comme si…elle ne flotterait pas dans les airs à la place ; n’en serait-elle pas bien capable ? Phrase inachevée…qui exigeait une fin…et il la prononça finalement, cette fin.

Il aurait presque pu rire , face à l’interrogation dans sa voix…Comme s’il ne saurait pas ! Comme s’il ne la connaissait pas déjà si bien, cette silhouette, de dos…pour tous les moments où il la regardait, de loin…prêt à baisser le regard vers sa tasse de café ou les touches de son piano…Comme si…il avait vraiment pu partir et effacer cette silhouette de sa mémoire…comme on noyait une note sous les tâches d’encre.

Mais cette note là...elle scintillait dans le noir, et refusait de s’en aller…et…

...et il laissait son nom flotter, en suspens, s’efforçant de ne pas laisser le tremblement dans sa voix transparaître.


"…Elizaveta…?"


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MessageSujet: Re: Fantaisie nocturne [Autriche]   Fantaisie nocturne [Autriche] Icon_minitimeVen 12 Nov - 18:19

"Ah…attention…Vous risqueriez de tomber…"

Elle se raidit en entendant cette voix Sa respiration se bloqua quelque part dans sa poitrine. Un sourire éclatant illumina son visage balayé par les bourrasques. C’était une sorte de réaction épidermique. Un truc incontrôlable qui lui prenait dès qu’elle le sentait près d’elle ou qu’elle percevait le son de sa voix. Impossible de feindre la tristesse lorsqu’il était là, parce que quand il se tenait près d’elle, elle n’avait plus aucune raison d’être triste. Peu importe le froid, peu importe le vent. Il était la chose qui lui manquait constamment et qui guérissait tout par sa seule présence. Elle avait mis du temps à s’en apercevoir, mais désormais, la seule chose qu’elle se cachait était le nom de toutes ces émotions qui la prenaient à la gorge. Avant, elle se croyait malade. Une sorte de réaction allergique à chaque fois qu’il la regardait. Elizaveta devenait tout à coup d’un rouge saisissant et croyait que son cœur allait exploser à l’intérieur de son corps. Elle avait pris peur une fois. Elle avait nettement entendu sa voix…

C’était vraiment un joli mirage.

Elle ferma doucement les yeux. Puisque les vœux ne se réalisent jamais, elle devait rêver…Alors, ne pas casser ce joli rêve… Garder pour quelques minutes encore l’illusion qu’il était juste derrière son dos… Se repasser mentalement sa voix, encore et encore… Jusqu’à saturation. Elle aurait voulu que ce songe ne finisse jamais. Parce qu’après tout, ce ne pouvait être que ça. Elle serra ses bras l’un contre l’autre pour avoir un peu de chaleur. C’était quand même étrangement réaliste. Elizaveta hésita à se retourner. La déception se battait contre la curiosité, à l’intérieur de sa tête embrumée. Si jamais il n’était pas là ? Si jamais il disparaissait ? Si jamais elle avait inventé le son de sa voix ? Si jamais elle se réveillait ? Avec des « si » on mettrait Budapest en bouteille… Et puis, elle mourrait d’envie de le voir. Même si ce n’était que dans un pauvre rêve sans réelle consistance. Elle ouvrit les paupières. La bouche un peu sèche, elle virevolta. Elle avait l’impression d’être encore une gamine, tremblante de trouille et d’excitation.

Il était là.

"…Elizaveta…?"

Une joie sauvage jaillit dans son cœur, comme si quelqu’un en avait ouvert les vannes. Elle aimait la manière dont il prononçait son nom… Est-ce qu’il venait de… ? Son interrogation se perdit quelque part dans un recoin de sa tête. Elle le dévorait des yeux à distance. Elle connaissait tout de lui, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de le regarder. …Il y avait quand même quelques petites erreurs par rapport à la version originale... Son Roderich, le vrai, n’avait pas sa veste d’uniforme chiffonnée. Il n’avait pas non plus les cheveux aussi ébouriffés. Et, en aucun cas il n’avait des traces d’encres sur les joues.

Si on ne pouvait même plus compter sur nos rêves… Mais où allait le monde ?

Un peu frustrée de la mauvaise qualité de son imagination, elle avança de quelques pas vers lui. Elle rejeta en arrière ses cheveux châtains. Tout en marchant, elle apercevait avec plus de netteté les marques sur la joue de Roderich. Des notes… Elle eu un petit sourire amusé. Il s’était encore endormi sur son piano… Comme un enfant s’endormirait avec la lumière allumée, ne voulant pas laisser son livre sans en connaître la fin. Elle l’avait déjà surpris ainsi de nombreuses fois. C’était il y a longtemps. Le temps où elle ne voulait plus rentrer chez elle parce que son père feindrait de ne pas savoir qui elle était. Alors, elle trainait chez les Edelstein, dans leur grande maison vide, et s’amusait à espionner leur fils. Elizaveta soupira. Était-elle malheureuse à cette époque ? Ce genre de question ne se posait pas d’habitude, mais puisque tout ce qui l’entourait n’était qu’un rêve, elle pouvait bien y penser… D’ailleurs c’était bien là le problème, elle ne pensait pas à ça, quand elle vivait encore chez elle. Il n’y avait pas de place pour l’apitoiement. Il fallait juste qu’elle tienne. Qu’elle reste droite, peu en importe le prix.
Elle arriva à la hauteur de Roderich, un sourire un peu lointain plaqué sur son visage. Elle avait exactement le visage de quelqu’un qui se croit plongé dans un songe profond, à la fois étrangement absent et pourtant conscient de ce qui l’entoure. Elle leva doucement le bras pour ne pas l’effrayer et qu’il disparaisse. Elle posa sa main froide sur la joue du brun et commença à essuyer les notes qui la maculaient. Toujours avec cette même douceur… Elizaveta pouvait bien profiter de cette fantaisie nocturne pour agir comme elle le désirait…

-…Ce qui est bien avec un rêve c’est que tout paraît possible, murmura-t-elle.

Elle observa avec détachement l’encre noire qui constellait le bout de ses doigts. Confrontée à une jalousie complexe, la jeune fille se demanda ce qu’il cherchait à combler avec la musique. Elle savait parfaitement à quel point il aimait cela, le sourire illuminé qu’il arborait quand il était au piano en témoignait. Pourtant, lorsqu’elle l’entendait jouer, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir sortir de la pièce. Mais, c’était l’occasion de pouvoir le regarder sans s’attirer une réflexion ou même de se voir dévisager à son tour.
Elizaveta devina une envolée de notes dans la tache sombre qui s’étendait sur sa main. Elle ne savait jamais quand il jouait une de ses compositions, étant trop inculte en matière de classique pour différencier du Bach de Vivaldi. Que voulait-il prouver en couvrant toutes ces pages de signes obscurs ? C’est vrai qu’ils n’étaient mystérieux que pour elle… Jamais elle n’avait voulu apprendre leur signification. Entendre jouer d’un instrument lui suffisait amplement. Mais, à cause de son obstination, elle se retrouvait obligée de partager Roderich avec une amante bien plus possessive qu’elle : la musique. La preuve : il dormait littéralement avec son piano, s’endormait en écrivant des airs et se réveillait avec la fin de son travail imprimé sur le front !
Mais, comme c’était aussi irréalisable de lui dire d’arrêter de jouer que de lui demander d’arrêter de respirer, elle se taisait. Et, comme c’était aussi inconcevable que stupide de lui dire d’arrêter, elle continuait à rester près de lui. Jusqu’à la fin, c’était-elle dit après avoir lu un livre particulièrement romantique, je resterais avec lui jusqu’à la fin. Peu importe qu’il la blesse, qu’il la laisse tomber ou qu’il ne l’aime pas. Elle continuerait de s’accrocher à lui. Même si ça faisait un peu stalker, en fait.
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MessageSujet: Re: Fantaisie nocturne [Autriche]   Fantaisie nocturne [Autriche] Icon_minitimeMer 1 Déc - 17:14

Elle était là. Oui…Il prononçait son nom comme si sa présence avait la possibilité d’être…qu’une illusion. La pensée même lui semblait absurde…Comment est-ce qu’il pouvait imaginer une pâle réplique de l’unique et véritable hongroise… ? Mais…il y avait quelque chose dans ce dos tourné, immobile, regardant le ciel…quelque chose qu’il avait vu tant de fois…N’était-ce pas après tout possible ? Que ce soit une image, crée de mémoire, n’existant que dans sa tête…Comme tant de notes qui n’existait que dans l’imagination. Projections éphémères, qui devaient êtres notées pour ne pas être oubliées, et encore… Que des tâches noires obscures alignées en rang pour ceux qui ne comprenaient pas leur langage secret. Si elles n’étaient pas matérialisées…

Une image, créée de mémoire…pour toutes les fois où il avait regardé cette silhouette de dos. Il pouvait le tracer dans son esprit avec la même assurance qui guidait sa plume le long des lignes d’une partition vierge. Toujours là, à regarder cette silhouette de loin…oui, à force, on apprenait à bien la connaître. Ou alors, simplement à évaluer l’étendue de son ignorance. Bien du temps passé à contempler ses traits, certes…tout autant de temps à les imaginer lorsqu’elle se tenait à distance. Etait-ce du dédain ? De l’indifférence… ? Du malaise… ? Cette chose qui les avaient tenus si fermement à distance…Oui, il s’était rassuré avec cette idée. Lui avait donné cette raison. Simple, sans complexité. Quand il était enfant, la question ne se posait pas réellement…c’était toujours par espoir que cette silhouette demeure bien éloignée…crainte de s’attirer les foudres de cette furie qui semblait capable de le renverser en quelques instants. Dans le monde d’enfants où tout semblait si simple et facile, surtout quand on pensait être un garçon, face à un autre garçon…Sans complexité…non ? C’était étrange…Hongrie était toujours là…simplement. L’idée de le détester semblait inconcevable. Quant à celle de l’aimer…

…Non. Même dans ces moments là… « Le » suivant du regard, cet enfant à problèmes, bagarreur…agressif…toujours prêt à lui tomber dessus…N’était-ce pas étrange… ? Cette peur qu’ « il » se retourne et cependant, en même temps, un espoir infime. Cette même étrange crainte, mêlée d’étranges sentiments contraires…Des années plus tard, dans un manoir froid et sans vie. Juste le son d’un piano, et son regard, silencieux, dans son dos à lui…Chacun son tour. Dans ce jeu de chassés-croisés, de regards à la dérobée, d’évasions…

Et maintenant…finalement, ils pouvaient se regarder face à face. Et il l’avait bien appelée…mais…encore ce sentiment étrange…Si elle se retournait…il verrait bien…si tout cela n’était qu’un rêve ou pas…Et si elle demeurait là, de dos…dans un sens, oui, cette image là garderait tout de son énigme…une question à demi-posée, comme une hésitation…Est-ce que tu as peur qu’elle se retourne…tout en le désirant si fort ? Un pas en avant, un pas en arrière. Prendre et donner. Comme le rythme doux d’une valse. Mais le silence régnait en maître.

Et elle se retourna.

Roderich resta immobile ; se contrôler pour ne pas sursauter alors qu’elle virevoltait soudainement pour lui faire face était déjà un effort outre commune mesure. Immobile alors que son regard semblait le considérer entièrement, le soumettant à son verdict. Deux statues sous le ciel immense, autour desquelles des volutes de vent glacial s’entrelaçaient. Et puis, elle avançait, petit à petit…Pas calmes, lents, prenant leur temps…Un sourire sur son visage, sourire amusé…Amusé par sa présence ? De quelque chose qu’il ne devinait pas ? Il ne savait pas…ne réfléchissait pas réellement…la regardant avec cette expression calme, sérieuse…Mademoiselle, vous moqueriez vous ? entendit-il dans sa voix sévère, dans un recoin de sa tête…Mh…c’était bien risible en effet, de rester vissé sur place…point résolu à reculer, ni à avancer. Cette chose dans la poitrine battant la mesure tel un métronome affolé n’aidait point…Inspirait fort l’air froid, brûlant dans sa gorge…Il le sentait bien à cet instant là, ce souffle qu’il retenait malgré lui. Alors qu’elle arrivait à son niveau et s’arrêtait. Lui qui n’avait point bougé. Restant là un moment. Contemplant la statue de glace ? Quel dommage qu’ils ne soient pas dans un champ de blé, il aurait pu au moins servir d’épouvantail…Point étonnant qu’elle ait ce sourire aux lèvres.

Mais…L’autrichien regarda ce visage calme…si serein et lointain. Qui formait un masque d’immobilité et de douceur entre les bourrasques de vent qui parcourait ses cheveux et ses habits avec une énergie vivace…L’inquiétude revenant, inévitable, obsessive…Il ne pouvait jamais trop s’inquiéter. Et surtout en ce qui la concernait. Bonté divine…elle devait être glacée ! En plein état de choc…une hypothermie ? Autant de piques de paniques sur le point de culminer vers une réaction effective…Et puis, une main levée doucement, tuant cet embryon de parole. Une main posée sur sa joue, glaciale…mais si légère…comme une aile de papillon…ll frisonna légèrement, sentant son souffle le quitter, doucement… Contemplant ce visage si calme…en voyage…et murmurant soudainement, d’un air songeur, le sourire aux lèvres.

…Ce qui est bien avec un rêve c’est que tout paraît possible.

Un rêve… ? L’autrichien sentit son inquiétude refaire surface, alors qu’elle passait sa main doucement le long de son visage…Si elle était dans un rêve…l’était-il aussi… ? Rêvait-il d’une Elizaveta rêveuse… ? Soudain sentiment d’appréhension ressurgissant, posant une main sur la sienne…calmement…tout cela…le froid…le vent…cette main…Est-ce que cela allait se désagréger soudainement alors qu’il se rendait compte que ceci n’était qu’un rêve ? Revoir la hongroise le lendemain avec un sourire courtois et cette pensée secrète, inavouée… J’ai rêvé de vous, l’autre soir… Non, sans doute ne le dirait-il jamais. Il prit cette main calmement et sentit le liquide coulant de long des doigts de la demoiselle. Du…sang ? La pensée lui vint dans un détachement nouveau…Mh…mais il n’avait pas mal… Regardant cette délicate main, tâchée d’un sang noir d’ébène...Noir d’encre. Saignait-il de l’encre… ? De l’encre s’imprimant en formes bien précises sur cette main…Notes de musique. Lisant malgré lui, une mélodie qui s’envolait et puis, qui mourrait tout doucement alors qu’il laissa son regard contempler de nouveau la jeune femme, leurs regards se croisant sur ce liquide noir qui…n’était pas du sang. Pas physiquement…mais en réalité…c’était tout comme. Pourquoi est-ce que cette encre créatrice d’harmonie ne le ferait pas vivre moins qu’un cœur battant…battant encore, si fort dans sa poitrine…Non…ils se confrontaient. Et s’égalaient…N’est-ce pas ?

Car lui, il renonçait à prendre parti…encore une preuve de sa lâcheté...sans aucun doute...

L’aristocrate garda cette main entachée dans la sienne, calmement…La sentant vivre, palpiter sous la peau glaciale, sous la parure d’harmonies mêlées entre elle, redevenant des tâches noires chaotiques…Son ton calme, raisonné, comme un enfant expliquant sa logique irréfutable…essayant de se rassurer lui-même. Mais souhaitant encore, au fond, avoir tort…

« Il ne me serait pas possible de vous recréer ainsi en rêve… » parlant doucement, ignorant le vent qui hurlait pour le taire.

Un sourire, enfin, sur son visage…sourire doucement esquissé, comme une note incertaine, mélancolique. Mélancolique, car dans un sens...elle n'était pas là. Mélancolie de ne pouvoir se réoudre à le dire...

Je ne suis pas un rêve! En était-il même certain?

Ton calme, mais une lueur résolue dans son regard, tenant cette main comme si...au cas où...Ou alors, était-ce un prétexte pour la tenir pour une raison au moins...Maudites raisons qui empoisonnaient l'existence. Il ne voulait pas de raison pour quantifier cela...Se justifier...
« Personne ne le pourrait… »

Pas même un virtuose, virevoltant dans un monde de notes éternelles. Non. Il pouvait s’acharner sur cette composition à fleur de peau, déplacer les univers, les rendre vivants…Mais elle…Pouvait-il capturer toute son essence dans le moment d’un rêve, tisser une image comme une symphonie… ? Cette image là serait toujours imparfaite. Il la déchirerait comme il jetait impitoyablement une partition dans les flammes. Avait-il besoin d’être si perfectionniste ?

Si seulement une telle chose était possible, en l’espace d’un songe.

La rejoindre, dans ce sourire lointain…qu’il soit éveillé ou réellement endormi ? Bagatelles. Seulement être auprès d’elle…

Si seulement.


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MessageSujet: Re: Fantaisie nocturne [Autriche]   Fantaisie nocturne [Autriche] Icon_minitimeMer 8 Déc - 13:09

Pourquoi faisait-il si froid ?


La main de la hongroise, le vent, sa peau, tout ce qui l’entourait était glacé. Seule la joue de Roderich dégageait une imperceptible tiédeur. Que voulait dire ce rêve ? Que signifiait cette absence totale de chaleur ? Elle qui était pareil au feu sous la glace, elle qui bouillait littéralement sous son sourire paisible. Quelque chose ne tournait pas rond. Lorsque Elizaveta rêvait, c’était toujours l’été. Dans ses cauchemars c’était l’enfer, mais la température ne descendait jamais si bas !

Pourquoi avait-elle si froid ?


Elle serra la main que l’autrichien avait gardé, profitant des quelques degrés supplémentaires qu’il lui apportait. Sans réfléchir. Pourquoi aurait-elle besoin de réflexion dans un rêve ? Tout est tellement plus simple lorsque l’on n’a pas besoin de songer aux conséquences de nos actes, même les plus infimes… Elle leva la tête et plongea son regard dans les yeux mauves qui lui faisaient face. Elizaveta avait toujours pensé que ces prunelles étaient uniques au monde. Magiques. Son cœur battait doucement. Elle se sentait si bien ici. Le froid ne la dérangeait plus. Il faut savoir faire des sacrifices pour profiter pleinement des choses, lui avait apprit son père, des années auparavant. Il n’avait rien dit évidemment. Elle avait du le comprendre seule à travers les obstacles qu’il lui opposait.

Hongrie ne voulait plus penser à tout ça. Le vent était si glacé…

Un refrain ancien envahit sa tête.
La mélodie que jouait continuellement Roderich lorsqu’elle l’observait silencieusement, contemplant sa nuque et son dos penchés sur son instrument. Cela commençait par une envolée de notes légères…

mhmhmhmh…
Elizaveta en murmurait continuellement le début… Cette mélodie qui lui faisait tant penser à une discussion, comme si la musique lui adressait la parole dans cette langue inconnue qu’elle aimait écouter…Qui lui rappelait la voix des gens que l’on aime…
mhmmhmmmh…
Doucement…Puis plus rapide…Enjouée…Elle sautillait puis se calmait, comme si elle se ravisait… Un jour, la hongroise avait entendu à la radio cette mélodie… Für Elise, Beethoven…Le rouge lui était monté aux joues. C’était pour elle ? Pour Elise, pour Elizaveta ? Roderich avait forcément entendu sa mère l’appeler : « Eliz’ ! »… Alors… Était-ce pour elle cet air ?

Sa conscience clignotait bravement, dernière petite lueur qui se réfugiait dans l’étoffe douce des souvenirs enfantins. Il parlait ? Que…disait-il ?

« Il ne me serait pas possible de vous recréer ainsi en rêve… »

Quel rêve ? Le sien ? Celui d’Elizaveta ? Celui d’un papillon ?

« Personne ne le pourrait… »

Si seulement… Si seulement elle pouvait ouvrir la bouche et lui dire…et lui dire quoi ? Qu’elle voulait vivre éternellement dans ce songe, avec lui ? D’arrêter de réfléchir ? De la réveiller ? Qu’elle aimait la mélodie qu’il jouait pour elle ? Lui demander pourquoi ils n’avaient jamais parlé ensemble ? Non…Les mots ne sortaient que pour lui jouer de vilains tours, ce soir… Au lieu d’exprimer ce qu’elle pensait, ils ne faisaient que danser dans sa bouche et ressortaient amoindris, faibles et sans le moindre sens.

-Pourquoi…Pourquoi… êtes-vous là, alors ?


Qu’il était difficile de parler… Le froid engourdissait ses lèvres… Une bourrasque, seule, la faisait chavirer… Elle avait l’impression d’être aussi légère qu’un flocon de neige et tout autant impuissante à lutter contre la volonté du vent. Allait-elle se faire emporter ?

Pourquoi n’avait-elle plus froid ?

La petite voix de son instinct de survie réussit à atteindre sa conscience. « …Hypothermie… » Elle se mit à frissonner de façon convulsive. Elle se rappelait d’un vieil homme que l’on avait sauvé d’un étang gelé dans lequel il était tombé. Ses mains et ses pieds étaient bleues et il avait le souffle coupé…
La panique put se lire dans ses yeux. Elizaveta avait peur de mourir, ici sur ce toit, sans pouvoir dire à Roderich à quel point elle était heureuse d’être à ces côtés. Sans avoir pu lui dire que…

…Minute…

On ne peut pas mourir dans un rêve. Donc, ce n’était pas un rêve. Elle avait intérêt à bouger avant de dire adieu à ses orteils et, accessoirement, à son rythme cardiaque. Sauf qu’elle n’arrivait plus à esquisser le moindre petit mouvement. Ses lèvres remuèrent…


-Ro...derich…

L’avait-il entendu ? Elle avait l’impression que le vent lui avait arraché le faible murmure qui s’était échappé de sa bouche en même temps que son souffle…Elle eut la respiration coupée. Ses paupières se mirent à papillonner…Elle avait tellement sommeil…Non ! Si seulement elle pouvait fermer les yeux et e coucher là…Non. Le vent la transperçait de part en part, il fallait qu’elle se couche par terre…Non…

-F...froid…

Spoiler:

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MessageSujet: Re: Fantaisie nocturne [Autriche]   Fantaisie nocturne [Autriche] Icon_minitimeJeu 16 Déc - 14:04

Pourquoi…Pourquoi… êtes-vous là, alors ?

Il frissonna légèrement à ses mots…Pourquoi… ? Là, sur ce toit ? Là, auprès d’elle… ? Il s’empêcha d’esquisser un sourire amer. C’était étrange…comme question…savoir pourquoi il était encore là, auprès d’elle…C’était comme demander pourquoi il jouait. Ou respirait. Pourquoi le papillon était-il attiré à la lumière…quitte à se brûler les ailes…oui…Mais…cela, il pouvait difficilement lui avouer de cette manière…Pourquoi est-ce que je suis là… ? Un rêve…peut-être ? Cette pensée était si plaisante…qu’elle en devenait dangereuse. Si c’était un rêve…Si seulement…Mais…le vent qui tomba soudainement dans une vicieuse rafale glacée ébranla cette douce réflexion. Il sentit soudainement…Elizaveta qui chavirait légèrement, chancelait comme si elle était prête à se faire arracher du sol par le vent. Il agrippa sa main plus fort, instinctivement, comme si cela allait changer quelque chose face à la volonté de la bourrasque…

Ne t’en étais-tu pas déjà rendu compte… ? Un noble, cela régnait sur sans posséder. Cela observait, sans influer sur le cours des évènements. Comme si quelqu’un comme lui parvenait à changer quoi de ce soit. Rêve ou pas…quelle incidence est-ce que cela aurait ? Aucune…

Une personne comme lui, cela jouait simplement quelques notes…qui s’élevaient dans l’air…et parvenaient peut-être à toucher une personne, un jour…

Comme cette musique-là…Qu’il semblait capable d’entendre.
Et affichant un soudain air de surprise…mais…il l’entendait…il l’entendait réellement…comme un fredonnement à peine ébauchée, à travers deux bourrasques…

Für…

Et puis avant qu’il ne puisse le tenir, cet air, il s’arrêtait. La hongroise vacillait contre le vent qui arrivait comme une vague funeste. Elle…c’était difficile de la déséquilibrer ainsi…normalement, cela était plutôt de son ressort. Hongrie…oui, elle était toujours solide, assurée…comme un arbre profondément enraciné dans le sol, restant immobile malgré la tempête. Son dos droit et résolu, ses pas fermes…Combien de fois ? De derrière la fenêtre, ou de ce piano, à la fois maudit et bien-aimé… ? Il aurait du mal à compter toutes les fois où il aurait aimé avoir cette même démarche si directe et assurée. Même dans sa manière de s’exprimer avec les autres, elles allait toujours droit au but, comme une lame aiguisée. Quitte même à s’exprimer un peu trop clairement, avec cette poêle à frire qu’elle avait pris l’habitude de transporter un peu partout avec elle. Oui, elle parlait et frappait comme quelqu’un qui savait ce qu’elle faisait, et le faisait sans hésitation aucune.

Enfin…il ne voyait jamais ce genre de comportement à l’égard de sa propre personne. Non, c’était…avec les… « autres ». Ces « autres » comme Prusse…ou encore Turquie, qui sait ?…ces « autres » qui n’avaient aucun gêne, aucun a priori à son égard...Car même si à la surface les liens tissés semblaient des plus…violentes, ils avaient plus de facilité à l’approcher que lui...Quelque chose les rendaient approchables…appréciables, peut-être, dans une relation sans secrets ou ambigüités. Lui ne pouvait que lancer un regard froid à ces rustres qui s’approchaient de trop près, avec leur familiarité détestable. Familiarité qu’il ne pouvait reproduire…L’autrichien détestait cela...et détestait ce sentiment ridicule. Il ne devrait pas avoir envie de la garder tout à lui, comme une belle fleur dans un vase cristallin.

Etait-ce cela, être jaloux ?
Ne pas savoir si leurs silences et leurs hésitations étaient dus à trop de distance…
Ou trop de proximité… ?
Est-ce que c’était pour cela qu’il était là, la regarder encore et encore sans la toucher, comme si son regard s’équivalait aux rebords diaphanes d’un vase ? Oui…il se le demandait…si seulement il le savait lui-même…Mais sentait ses frissons, incontrôlables, à travers cette main qu’il tenait fermement. L’arbre, à peine un arbuste. Une fleur, comme celle qui décorait habituellement ses cheveux.

Et, il se rendait compte que s’il ne la tenait pas, elle tomberait peut-être. C’était un sentiment étourdissant. Et effrayant. Non, je n’en serais jamais capable… Sentant un frisson lui parcourir. Le froid. Ca ne pouvait qu’être le froid.

…Le froid.
Roderich regarda ressentit encore une fois le tremblement d’Elizaveta, sa peau glacée dans le simple tissu qui constituait son pyjama…
Mais quel imbécile…

Ceci n’est pas un rêve…tu es trop belle, trop vivante pour cela…
Ceci n’est pas un rêve…car tu es complètement transie de froid !

L’expression rêveuse était partie et il pouvait lire un sentiment de panique, dans ses yeux verts. Comme si elle se sentait glisser, échapper vers un endroit infime…Dans ce lieu déjà infime, entre ciel et terre…Mais elle restait immobile, comme une statue de glace. Statue glacée. Dont quelques mots s’échappaient, dans un murmure à peine audible.

"Ro...derich…"

Un autre frisson le long de l’échine...et pourquoi ? Pourquoi prononcer son nom, dans un moment pareil ? Il se sentit vaguement en colère…Tch. Penser à de telles choses…alors qu’elle était manifestement en train de…de…Non ! Ne panique pas…il ne manquerait plus que ça… Mais il ne pouvait pas s’en empêcher…se sentir glacé, glacé jusqu’au cœur en la voyant défaillir lentement, sentant son souffle soudainement…écourté.

Non…reviens !


"F...froid…"

…Retiens-la toi-même, imbécile…

Et l’autrichien ne réfléchit plus. Ou, peut-être se donna les moyens au contraire de réfléchir enfin clairement...chose rare, lorsqu'il s'agissait d'Elizaveta...mais non...c'était différent. Point de tergiversations, de demi-mesures, de concessions. Simplement ces deux mots, résonnant en lui, comme une sonnette d’alarme. Comme le bruit d’une main trop brutale sur une note trop cassante. Bien évidemment, il aurait préféré simplement…paniquer. Peut-être…que c’était déjà cela. Sa main qui l’agrippait soudain plus fortement, comme pour la retenir, ce battement de cœur qui faisait mal à présent...Non ! Ne pars pas, ne disparais pas ! Ne ferme pas les yeux…Cette harmonie, qui mourrait, comme une boîte à musique cassée. Dévorée par le froid, comme un lent poison. Roderich serra les dents, fronçant légèrement les sourcils en la sentant s’alourdir, ces paupières si délicates qui se baissaient doucement…Ces paupières qu’il voulait tant embrasser…tch. Comme si c’était le moment !

En un geste sec il s’était débarrassé de sa veste et en avait entouré fermement les épaules de la hongroise afin de protéger au moins le haut de son corps un peu plus contre le vent glacial…mais…Il fallait surtout…s’en aller d’ici. Et en vitesse. Il tira tentativement sur la main de la demoiselle, essayant de l’entraîner à pied…ha…mais il s’aperçut avec un frisson vertigineux que…peut-être ne pouvait-elle-même plus les sentir, ses jambes…alors le suivre…. ? Pouvaient-elles comprendre ce message… ? Non…leur seul message était…s’allonger. Dormir. Car elle devait le sentir, ce poids accablant, engourdissant...Et il se mordait légèrement la lèvre, se maudissant…sentant le rouge lui monter aux joues. Pas de temps pour ses états d’âme…sa température baissait de seconde en seconde…donc…


Il inspira un grand coup dans l’air glacé qui et la souleva jusque dans ses bras, d’un air décisif…un peu rouge d’embarras ou alors, de colère…Oui, c’était certain que c’était la solution la plus convenable dans ce genre de situation…N’est-ce pas ? Le vent semblait espiègle, désirant le déséquilibrer. L’autrichien esquissa un sourire dur à cette pensée, se retournant et marchant vers la porte…comme s’il prendrait le risque de tomber avec une aussi précieuse fleur dans ses bras…Portée en princesse, oui…comme il convenait à une jeune femme comme elle, sans doute…Qu’est-ce que cela faisait de lui, alors ? …Son noble serviteur ? Sans doute…ce titre était-il de trop grande envergure. Alors que ses pas résonnaient déterminés, assurés en se déplaçant vers la porte qui menait à l’intérieur, il riait amèrement de cette présomption. Ha ! Ne ferait-il pas pareil pour n’importe qui ? Ce n’était pas comme s’il n’était pas habitué…Porter l’espagnol qui s’était encore endormi par terre…ou quelqu’un qui s’était blessé…Cela le faisait soupirer intérieurement, et il se plaignait toujours…Je ne suis pas fait pour ce genre de choses. Les nobles ne…portent pas. Physiquement parlant, il était même tout à fait certain que Hongrie pouvait davantage porter que lui…Mais…

Non, pour une fois, il ne semblait pas le sentir, ce poids incommodant du devoir. Peut-être parce que la hongroise était légère comme une plume ? Peut-être parce que…c’était plutôt…le fait de le porter, elle. Le simple fait que ce soit elle…dans ses bras…

En refermant la porte derrière lui, il s’arrêta un moment dans la cage d’escaliers, sentant un vague mouvement de panique revenir…et s’il trébuchait ? Et tombait ? Et si elle se brisait alors en mille morceaux, cette fleur glacée ? Alors ils tomberaient ensemble...sans doute…Vu la manière dont il la serrait contre lui, il doutait fort que ses bras puissent la lâcher de sitôt…Roderich rougit de nouveau, se rendant compte de cette acte même de la serrer dans ses bras. Mais continuant tout de même…elle avait froid, après tout…non ? L’autrichien sentit sa gorge se bloquer, rassemblant toutes ses forces pour ne pas céder…Juste…continuer à marcher, pas par pas, vers…un lieu de chaleur dans ces couloirs sombres…il s’y perdait toujours…seul…est-ce que cela pourrait être différent, si c’était pour elle… ? La sentant si froide et immobile était suffisant pour lui tordre le cœur ; et avant qu’il ne puisse s’en empêcher, sentir sa propre voix qui émettait dans un murmure mélodieux ce même air à peine ébauché. Ce même air qu’il jouait toujours quand elle était là…par habitude, par espoir… Il se mordit légèrement la lèvre, fronçant les sourcils…mais ne pouvait empêcher cette mélodie à peine audible…


Tout comme il ne pouvait s’empêcher ce murmure à moitié avoué, doucement énoncé comme s’il ne savait pas…si elle pourrait jamais l’entendre. Cette mélodie, juste pour elle. Für…


"...Eliz’…Tiens bon…"


Non…peut-être ne voulait-il pas qu’elle l’entende…mais si elle ne l’entendait pas, aurait-elle déjà alors perdu connaissance… ? Non ! Cette pensée là était encore pire… Est-ce qu’elle se réchauffait, ne serait-ce qu’un peu… ? Ou alors, ne sentait plus rien… ? L’autrichien se sentait tressaillir à cette pensée, sentait tant de sentiments qui risquaient de le submerger. Mais ne s’arrêta pas. Il fallait continuer, la tenir ainsi et avancer…Non, par devoir…pas pour lui-même…Juste...

Für dich. Für Elise.
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MessageSujet: Re: Fantaisie nocturne [Autriche]   Fantaisie nocturne [Autriche] Icon_minitimeJeu 30 Déc - 12:44

Bam...Bam...Bam...Bam
Un coeur qui s’endort est-ce que cela fait le même bruit qu’un cœur amoureux ? Ou bien qu’un cœur angoissé ? Toutes ces pulsations qui résonnent à chaque minute de notre vie... Y en a-t-il seulement deux semblables ? Doucement, doucement... La mélodie interne d’Elizaveta s’endormait...Ralentissait... Il y avait un oiseau dans sa poitrine qui arrêtait lentement de battre des ailes...
Bam.......Bam........Bam

Elle se sentait si fragile... Comme si chacun de ses os était fait de cristal. Non… Le cristal ne se brise pas... De verre alors ? De quelque chose de froid et de lisse. Transparent. Elle avait l’impression qu’on pouvait voir à travers son corps. Était-elle seulement encore debout ? Elle ne sentait plus qu’un froid léger... Il remontait lentement vers son cœur, glaçant à son passage toutes les parties de sa chair. Plus rien ne lui importait vraiment...
Lorsque l’autrichien glissa son manteau sur ses épaules, elle s’en aperçut à peine. Toutes les sensations qui la constituaient semblaient comme endormies…

Était-ce comme ça la Russie ? Une immense plaine de cristal, l’impression d’être coupé du monde ? Était-ce comme ça la mort ? Être prête à sentir son cœur s’endormir ? Elle avait tellement sommeil...

Elizaveta sentit à peine qu’on la soulevait. Spontanément, elle s’accrocha à la chemise de Roderich. Seule chose qui lui semblait réelle dans l’univers flou que lui proposait sa conscience.

Si elle avait pu réfléchir, elle aurait peut être saisit l’ironie de la chose... La hongroise toujours si forte, qui avançait avec assurance, confiante dans la sûreté de ses pas et l’autrichien pour qui le temps semblait s’être arrêté... Les rôles s’inversaient. Elizaveta était à présent figée et c’était à Roderich d’avancer. Elle ne pouvait qu’espérer qu’il ne la lâcherait pas... Comme si c’était la peine ! Elle avait une confiance absolue en lui. D’où lui venait toute cette foi ? D’aussi loin qu’elle se souvienne, on lui avait toujours appris à ne faire confiance qu’à elle-même. Alors... Quand avait-elle commencé à savoir instinctivement qu’il préfèrerait tomber avec elle plutôt que la lâcher ? Que peu importe la direction qu’il prenne, ça serait toujours la meilleure pour elle ?


"...Eliz’…Tiens bon…"


Les sons lui parvenaient comme à travers un voile de coton…Elle posa sa tête sur l’épaule de l’autrichien. La laissa tomber serait plus juste. Ses yeux se fermèrent. Elle savait qu’elle pouvait s’endormir dans ces bras. Qu’elle y serait en sécurité.
En entrant à l’intérieur du bâtiment, elle éprouva le passage du chaud au froid avec violence. Après la brutalité des bourrasques, le calme endormi qui régnait dans le couloir lui parut étrange. Il n’y avait pas un bruit. Elle avait l’impression d’être hors du temps. Sous le brusque changement de température, sa tête se mit à bourdonner, comme si ses pensées se remettaient péniblement à travailler. S’ensuivit la sensation pénible que chacun de ses os se mettait à dégeler.
Il marchait, la tenant toujours serrée contre lui. Avait-il peur qu’elle se brise ? Elle ouvrit difficilement les yeux. Ça aurait été stupide de le remercier… Il n’y avait pas de mot pour expliquer ce qu’elle voulait lui dire, à quel point elle se sentait idiote de s’être mise en danger comme cela... Alors, elle leva la tête et reçut de plein fouet l’inquiétude qui se noyait dans les yeux violets. Elle se mordit la lèvre, le goût du sang et la douleur lui éclairèrent un peu plus les idées.
Elizaveta s’immergea dans le regard qui lui faisait face. Elle le contempla pendant ce qu’il lui parut une éternité, une seconde... Une sourire naquit sur sa bouche, un pauvre petit sourire qui se voulait rassurant et désolé et qui n’était que pitoyable. Comment allait-elle s’excuser de toute cette angoisse qu’il avait éprouvé ? Elle avait peur de ce qu’il allait dire, de ses reproches... Elle ne voulait pas qu’il prenne cet air sévère comme lorsqu’il jugeait qu’elle n’agissait pas bien. Elle savait pertinemment qu’il avait raison. Que tout ce qu’il lui dirait serait fondé. Seulement... Elle n’aimait pas l’entendre de ces lèvres qui pouvaient la rendre heureuse ou si triste selon les mots qu’elles prononçaient.
Il était à la fois le juge et le bourreau sans même en avoir conscience. Mais que pouvait-il bien faire d’autre que lui reprocher sa folie d’être sur le toit à cette heure de la nuit ? Elle savait d’avance que son cœur allait se serrer douloureusement. Une goutte de sang perla sur sa lèvre inférieure sans même qu’elle s’en rende compte.

Bam…Bam..Bam..Bam..Bam
Il y avait un oiseau dans le cœur de la hongroise qui se remettait à battre des ailes. Doucement… Il applaudissait de ses bras gantés de plumes, et cela résonnait comme une promesse de vie.
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MessageSujet: Re: Fantaisie nocturne [Autriche]   Fantaisie nocturne [Autriche] Icon_minitimeMar 1 Fév - 15:42

En Autriche, il y avait une fleur sacrée que nul n’osait cueillir. Fleur de neige et de cristal sur les pentes des montagnes, scintillant dans la clarté glaciale. Ses pétales dansaient au vent comme un voile blanc, comme un éclair de cheveux perdus dans l’instant d’une brise. Elles poussaient par multitudes sur les flancs de ces montagnes, petits écrins immaculés, intouchables. Oui, il était interdit de cueillir cette fleur. Car l’arracher voudrait dire l’inévitable. La voir éventuellement mourir. L’emmener avec soi, la mette dans un vase. Faire comme si l’instant de sa lueur ne pouvait jamais disparaître, comme les dernières phases d’un rêve auquel on ne pouvait s’arracher. Elle s’éteindrait doucement, cette fleur, sans s’en rendre compte. La fière petite fleur qui dominait les plus hauts sommets des montagnes se mourrait dans un vase d’eau, de n’avoir pu être libre, se mourrait d’avoir été cueillie dans un instant de bonne intention. Dans un instant d’amour, dans un élan de bonne volonté dans ces quelques mots…

Moi, je peux m’occuper de toi.

Il la portait, avec précaution, refusant de laisser ses mains trembler, refusant de laisser transparaître à quel point ce doux fardeau était lourd…lourd de responsabilités, lourd de reproches pour lui qui n’avait pas remarqué, jusqu’au dernier instant, à quel point le froid l’avait atteinte. Oui, la crainte de la laisser tomber et la voir se briser en mille morceaux, de voir le délicat vase de fleurs tomber et entraîner avec elle tout l’équilibre du monde…
Son monde.

Moi…je veux m’occuper de toi. Est-ce que…je le peux seulement ?

Pensées tombant dans son esprit comme autant de gouttes d’eau débordant aux extrémités du bord d’un vase…comme une goutte de rosée sur le rebord d’une fleur. Comme une larme, était-elle larme de tristesse ? Ou larme de bonheur ? Sa propre joue demeurait pâle, seulement entachée des quelques tâches d’encre d’une partition inachevée. Qu’il se devait de finir un jour. Tout comme…il se devait de la porter, à cet instant-là, dans ses bras. Vouloir…et devoir… Il esquissa un sourire, les traits de son visage encore tirés par l’inquiétude, alors que cette fleur demeurait endormie…comme capturée dans une couverture de froid qui l’isolait de ce monde. De lui. Sentait-elle seulement sa présence ? Roderich secoua légèrement la tête, refusant d’admettre cette pensée. Quelle présomption ! Pourquoi le ferait-elle… ? Pourquoi est-ce que la seule chose perçant à travers sa conscience serait…lui… ? Seulement lui…Roderich Edelstein. Être de noble famille. Au-dessus de la foule commune. Refusant de s’associer à qui que ce soit pouvant atteindre son image de perfection et d’élégance glaciale. Cette arrogance si parfaite, façonnée comme une pierre précieuse, n’admettant aucune faille…Et soutenant des principes avec cette obstination toute noble…ces notions de devoir…qui cachaient l’émotion. Qui cachaient l’idée de volonté. Trop volatile, cette notion…trop…humaine. Etait-ce pour elle… ? Ou pour lui… ? Ou pour le devoir… ? était-ce si difficile de le savoir…ou si difficile de se l’avouer… ? La raison pour laquelle il sentait qu’il pouvait la tenir ainsi dans ses bras, toujours…

Je dois m’occuper de toi.

Présomption qui faisait esquisser tant de sourires amers. Tant de remords. Car la fleur sauvage était amoureuse du froid et de la neige. Des grands espaces gelés et de la lutte pour survivre, dans son écrin délicat. Symbole de l’endurance alliée à la beauté.
Et pourtant, si frêle. Non, il n’y avait rien de plus beau qu’un edelweiss.

Et rien ne plus triste qu’une edelweiss qui se fanait doucement dans le froid, laissant ses pétales blanches devenir le linceul qui l’enveloppait, dans un sommeil éternel…Il la regardait, elle, dans son vêtement blanc et léger comme la caresse d’une pétale…armure si peu commune, si fragile et si puissante à la fois…Son visage pâle, aux yeux fermés…si beau à voir…mais si triste. L’autrichien serra légèrement le poing, en colère contre lui-même. Non ! Comment pouvait-on se réjouir de pouvoir pleinement contempler un visage…qui en réalité était celui d’une fleur endormie ? Et…et…mais non. Elle allait se réveiller. Il refusa que ce frisson de panique le traverse. Il ne devait pas. Il ne se le permettrait pas. Qui avait déjà vu un noble se comporter ainsi… ? Même s’il était seul, dans ces couloirs éclairées, avec une fleur endormie dans ses bras…oui, l’impression que le monde attendait quelque chose. Un moment de faiblesse, pour le faire trébucher et tomber. Mais…peut-être était-ce déjà trop tard. Peut-être tombait –il déjà…depuis longtemps. Délectable chute, depuis ces regards qui s’échappaient l’un de l’autre, depuis ces mains qui se promenaient, nostalgique, sur les touches blanches d’un piano. Touches blanches comme ce vêtement léger, comme sa peau dont les joues demeuraient encore sans couleur. Comme les pétales d’une edelweiss. Edelweiss. « Edel » voulait dire « noble », en allemand. « Weiss », le blanc pur et éternel des hautes cimes. Blanc de neige immaculée, blanc de noblesse pure et sans failles.

Et alors que la couleur semblait doucement affluer de nouveau dans ces joues glacées, le jeune Edelstein sentit encore ce frisson…ce frisson d’inquiétude, de panique, mêlée à la joie. Tentant de réarranger son visage en quelque chose de plus convenable, ne pas la laisser voir, non, à quel point il avait été agité, tourmenté…Laisser son visage redevenir aussi lisse et insondable qu’une surface de marbre comme on en retrouvait dans sa demeure familiale ; sans ce rouge aux joues qui trahissait son cœur qui battait bien fort, non…non…se calmer…et s’efforcer de retrouver cette expression qu’il connaissait si bien…Celle d’un calme irréprochable, altier, celui du noble surveillant ses terres. Son royaume. Son empire. Et…si l’empire était désagrégé, s’il était tombé en ruines…non, ce n’était pas grave. Car contempler ces ruines la tête haute et d’un air dégagé était au moins aussi noble que de contempler un empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais…Peut-être même plus. Avec un visage aussi lisse, froid et inexpressif…qu’aucun des évènements de ce bas monde ne pouvaient atteindre. Einem Stein gleichartig. « Semblable à une pierre. »

Si « Edel » voulait dire « noble », que voulait dire « Stein » ? « Pierre », voilà ce que cela signifiait. Oui. Son propre nom. Edelstein. Non on ne peut plus ironique dans sa noblesse. Stein. Pierre. La pierre froide et sans vie qui demeurait fixée dans le temps, immobile, sans lien avec le monde qui passait devant elle. Oh certes ; elle vivrait plus longtemps que la fleur, bien plus longtemps. Peut-être se passerait-ils des siècles avant qu’elle ne se désagrège, cette pierre…tandis que la fleur, elle, ne durerait que quelques instants fugaces à l’échelle du temps. Mais qui des deux…vivrait le plus, réellement ? Qui vivrait vraiment sur cette Terre, et qui se contenterait simplement d’exister ? Personne ne faisait attention à une pierre. On l’ignorait ou la balançait hors de notre chemin. Or…qu’en était-il d’une pierre auquel on ajoutait le doux mot d’Edel ? « Edelstein » donnait un autre mot alors bien plus doux et beau : pierre précieuse. La lueur éternelle que l’on extrayait de la pierre terne, que l’on façonnait et que l’on ciselait jusqu’à la débarrasser de sa forme la plus impure. On la faisait sortir de son terne écrin, cette rareté exceptionnelle, cette beauté que l’on se plaisait à parer de mille facettes.
Ce serait trop facile de n’être qu’une pierre…n’est-ce pas… ? Se fermer entièrement au monde, et attendre que le temps use éventuellement ses traits et le fatigue, épuise cette inertie…et la change en sable…en poussière…insignifiante, sans substance…s’écoulant comme un vieux souvenir…

Non. La pierre précieuse était façonnée de telle sorte à attirer les regards et les admirations. Elles possédaient ce que les pierres simples et communes de la terre ne possédaient pas, malgré tout le stoïcisme et l’immobilité dont elles pouvaient faire preuve…cette fierté et cette grâces lucides, chaque reflet dans ce cœur de cristal aussi élégant et infime qu’un pas de valse, qu’un sourire finement ébauché, qu’une main doucement tendue. Elles avaient l’arrogance de vouloir faire transparaître cette beauté finement et rigoureusement sculptée, comme une série de principes fermement inculqués. Principes qu’il martelait dans son esprit avec la minutie brutale du ciseleur. L’objectif… ? Faire comme si cette pierre précieuse avait toujours été ainsi, dotée de cette radiance et cette perfection naturelle. Faire oublier les coups de cisaille et de marteau qui façonnaient impitoyablement la pierre brute, la détachant de la terre.

Roderich pouvait presque les sentir, oui, ces coups de cisaille qui le tiraillaient alors qu’il contemplait encore la hongroise, de ses yeux violets. Ce regard, semblable à une améthyste dans son éclat, dans sa couleur si rare et si précieuse. Sa couleur si glaciale. Oui, l’on avait tendance à l’oublier, hypnotisés par leur doux scintillement. Touchez la pierre précieuse, malgré le fait qu’elle semble attirer sur elle toutes les lumières et tous les prismes de couleur de la terre…et elle demeurerait toujours aussi froide et immobile. Non, on ne sentirait pas battre le cœur brûlant du centre de la terre. On ne sentirait pas battre la sève qui coulait le long des veines d’une feuilles. On ne sentirait pas le léger battement de vie…qui devenait de plus en plus fort…

Il pouvait le sentir. L’entendre, presque. Ce tempo qui s’accélérait sensiblement, mais sûrement, comme un crescendo…Et il regardait ces paupières qui semblaient soudain battre doucement, comme des ailes de papillon qui frissonnaient à peine avant que celles-ci ne prennent leur envol. Et sentait ce tempo qui s’accélérait, oui, s’accélérait davantage.

Etait-ce son battement de cœur, ou le sien ?

Non…non…impossible que ce soit le sien. Tout simplement…inconcevable que son propre cœur produise ce bruit de métronome dans une course effrénée…car il ne se le permettait pas, ce cœur. Non. Avez-vous déjà entendu battre le cœur d’un jeune noble aux yeux d’améthyste ? Comme pouvez-vous être sur que ce cœur n’est pas qu’un cœur de cristal et de quartz, aux milles facettes toutes plus glaciales et immobiles les unes que les autres, figées à travers les siècles, à travers les regards et les sourires de courtoisie ? Non… ce battement, c’était le cœur d’une fleur qui s’éveillait de nouveau, se libérant de la glace. Une paire d’yeux qui s’ouvrait lentement, presque avec hésitation…Et il demeurait prisonnier, lui. Prisonnier de n’avoir pas pu rester dans le calme glacial d’une pierre aux milles facettes aussi froides que scintillantes. Car il les voyaient avec une clarté qui semblait lui enfoncer un poing dans le cœur et le faire voler en éclats. Ces yeux verts. Le vert de la sève végétale, des grandes plaines vivantes, le vert où battait la vie. Où la vie se battait. Chaque instant, un combat pour être là, exister, lutter…comme elle se faisait si bien depuis toujours, depuis le moment où il l’avait vu...
Il se sentait défaillir alors qu’elle le regardait, sentant soudainement ses pas qui s’arrêtaient, restant immobile, restant à la fixer…avait soudain conscience de l’expression qu’il devait arborer, l’expression qu’il n’avait pas réussi à faire disparaître. Encore là…cette inquiétude…ce frisson de panique qu’il sentait en lui, qui se mêlait doucement à un soulagement…Elle s’était réveillée…elle allait bien…Puis, la soudaine révélation. Elle s’était…réveillée. Dans ses bras. Ses bras…à lui. Et l’autrichien dut se faire violence afin d’empêcher le sang de lui monter de nouveau aux joues. Non !...Vraiment… ! Quel embarras… ! Peut-être comptait-il la laisser à l’infirmerie, lui laisser une couverture et…et partir, oui. S’évanouir de sa vue avant qu’elle se réveille, comme dans un rêve…Et peut-être que si elle pensait que c’était un rêve, elle l’oublierait, ce rêve. Oublierait qu’il ait jamais été là, avec elle, sur ce toit du monde sous les étoiles.

Elle se mordait la lèvre, cette fleur réveillée…cette fleur qui se rendait compte de sa situation, savait-elle encore si elle était ou non dans un rêve…Sans doute, oui. Car cette expression rêveuse l’avait quittée. Et dans ce visage qui retrouvait encore peu à peu ses couleurs, une goutte de sang perlait. Goutte de vie qui le glaçait soudainement d’anxiété. Non ! Pourquoi cette expression…Il savait. Savait qu’il valait mieux détourner le regarder, continuer à marcher, ne pas s’attarder sur ce regard. Mais…c’était trop tard. Car il se plongeait dans ce regard si beau et si doux, si vivant et lumineux…dans un visage magnifique.

Enfin, leurs regards se croisant véritablement. Sans que l’autre ne soit qu’une image, qu’un rêve…

Qu’une fantaisie nocturne, volute d’encre sur une partition blanche. Partition qu’on n’osait jamais terminer, achever, de peur de ce que cela pourrait amener. De ce que cela pourrait créer mais également détruire. Peur du changement. Ce changement que les fleurs redoutaient car elles se faneraient en l’espace de quelques instants. Ce changement que les pierres précieuses ne connaissaient pas jusqu’à ce qu’elles se fracassent violemment contre le sol en mille éclats. Et il sentait cette peur. Mais non, il ne détournerait pas le regard. Il préférait courir le risque de se noyer dans ces yeux-là…avec cette impression soudaine, envahissante, qui se bloquait encore quelque part dans le fond de sa gorge et la rendait légère…encore plus légère…comme un souvenir. Une impression puissante et pure comme une note qui s’élevait dans le silence entre leurs deux regards. Enfin…l’impression qu’ils se regardaient en face.
Comme il y a bien longtemps. A ce moment là c’était lui qui relevait la tête vers elle…lui…car à ce moment là, oui, c’était un garçon en colère qui le regardait avec toute l’intensité du monde…puis détournait le regard, comme pour ignorer ce sentiment. Comme pour s’ignorer soi-même…Et lui, petit noble levant la tête, en se frottant encore un peu les yeux, serrant les dents pour ne pas laisser couler des larmes de douleur – car oui, même en ces temps-là, ces principes-là commençaient déjà à sévir. Et il se souvenait. De cette silhouette si droite et fière qui repartait, comme la sienne. Et plus tard, plus loin, dans une salle fermée dans la froideur d’un manoir, hors d’atteinte des rayons du soleil, un léger sourire d’enfant qui illuminait les touches poussiéreuses d’un piano oublié. Et qui commençait à jouer…en pensant à ce regard vert qui battait…se battait…comme une belle promesse de vie. Une nouvelle vie qui animait ce piano. Sa musique. Oui, sa propre vie.

Et s’il sentait ce cœur battre si fort, de nouveau…comme le rythme de ses doigts sur les touches…

Alors qu’il se noyait, se noyait de manière si délectable dans ce regard, il le voyait…Ce sourire qui se dessinait, hésitant, presque timide, tellement différent des grands sourires éclatants qu’il lui connaissait, lorsqu’il la regardait rire et parler, de loin…Un sourire désolé…comme si…elle avait quelque chose à se reprocher. Ce sourire…non, il n’était pas…correct. Pourquoi aurait-elle à s’excuser, elle ? Elle pour qui…le monde entier devrait s’incliner ! Et lui y compris…Non… « surtout » lui. Un noble devant elle ne devenait qu’un valet…Un pitoyable, déplorable, risible valet, maladroit et instable, à peine capable de la tenir, cette princesse…Quelque chose à se reprocher ? Jamais…jamais ne pouvait-il se résoudre à cela…Non…c’était plutôt lui qui avait à se reprocher le fait de n’avoir pas pu s’apercevoir à temps qu’elle frissonnait de froid…Oui…cela était impardonnable…Et un sourire se dessinant, le plus calme et le plus doux possible, malgré l’inquiétude qu’il ne pouvait cacher. Tout pour qu’elle n’ait pas ce regard coupable. Oui.

Une goutte de sang perlant à ses lèvres. Et il avait soudainement cette idée folle, inconcevable, d’approcher ses lèvres des siennes et la faire disparaître, cette gouttelette de sang, comme une tâche sur ce beau visage, sur ces douces lèvres.

« Ne vous inquiétez pas… »

Il entendait sa propre voix qui se retenait de vouloir trembler sous l’émotion comme une corde trop tendue…Sentait sa main qui effleurait tout doucement ces lèvres sans les toucher, retiraient cette goutte de sang, doucement, légèrement, comme une larme le long d’une joue, une goutte de rosée le long d’une pétale. Comme elle l’avait fait, avec ces tâches qui le maculaient. Cet encre noire qui n’était autre que son sang, d’une certaine manière. Le sang du musicien, composant sans relâche afin de vivre…
Et tenter d’exprimer ce sentiment…


« Le plus important, pour l’instant, est que vous vous réchauffiez… »


Murmure calme, apaisant, comme une berceuse, comme une mélodie oubliée…si calme, et en même temps, quelle peur… ! De voir à quel point il pouvait se noyer dans ces yeux…et y retrouver ce son étrange qui résonnait dans sa poitrine…Quelle peur infiniment belle…
Ce sentiment infime comme un faible battement de cœur…
Et s’il sentait ce cœur-là battre si fort, de nouveau…comme le rythme de ses doigts sur les touches… Peut-être que le sien cesserait de s’ignorer soi-même, sous cette armure de pierre précieuse, polie et façonnée pour ne rien laisser transparaître.

Peut-être que ce cœur recommencerait doucement à battre.


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MessageSujet: Re: Fantaisie nocturne [Autriche]   Fantaisie nocturne [Autriche] Icon_minitimeDim 20 Fév - 16:44

Elle était bien là... Si bien. Personne pour lui faire du mal ou lui reprocher des choses. Personne pour lui dire ce qu’elle devait faire et ce qu’elle devait être. Elle sentait la chaleur qui inondait ses veines...Seulement...


Toute son enfance et pendant une bonne partie de son adolescence, Elizaveta avait voulut être libre. N’appartenir à personne. Ne pas dépendre de qui que ce soit. Garder la tête haute, répondre aux coups par les coups. Pour montrer qu’elle n’était pas faible. Qu’elle arrivait très bien à se défendre toute seule. Qu’elle n’était pas une de ces faibles filles qui pleuraient à la vue du sang. Être fière de ce qu’elle était. C’est ce que son père lui avait enseigné, les dents dans la poussière et le nez écrasé contre le sol... Et on pouvait dire qu’elle avait bien intégré la leçon.
La force comptait. L’Âme avec un grand A comptait. Le courage, la persévérance, l’honneur, la volonté comptaient.
Et la puissance comptait.

« Où il y a un slave il y a une chanson, où se trouve un hongrois, il y a la rage. »


Être dure et résolue... Elizaveta l’était, d’une certaine manière. Malgré les années qui lui avaient appris à se domestiquer, comme on pourrait le dire d’un animal sauvage, il restait au fond d’elle même une petite partie, un noyau dur. On ne peut pas demander à un chat sauvage d’oublier le froid et la faim. On ne peut pas demander à la hongroise d’oublier le goût de sa lèvre en sang et de ces jeux lors des après-midi brûlants.
Pourtant lorsqu’elle y repensait, c’était comme si cette vie qu’elle avait vécu appartenait à un autre. Les petites victoires, les bagarres, les défaites dans ce quartier où elle avait toujours habité, ce n’était pas elle. C’était Lui. Ce Lui qui l’avait hanté pendant un long moment. Son « Moi » masculin. Elle s’était reconstruite après la perte de ce double. Toujours dans la dureté. Elle était passée de « Lui » à « Elle ». Avec ce goût de sang, toujours ce goût ferreux dans la bouche.

Alors...Pourquoi ?

Avait-elle tant changé que ça, au fond ? Bien sûr, elle aimait désormais tout un tas de trucs qu’elle aurait considéré avec mépris, avant. Les magazines peoples. Les vêtements. La musique. Le maquillage. Les ragots. Les films stupides. Les après-midi avec des amies. Tout un tas de choses... Mais, elle se sentait toujours aussi prompte à se battre. Il y avait toujours ce noeud d’énergie pure dans son coeur qui ne supportait pas l’inaction. Il pulsait de la même façon.

Alors... Pourquoi ?

Pourquoi des yeux, de simples iris pouvaient lui procurer tant de chaleur ? Elle ferma ses paupières pour ne pas s’y noyer. La plus plaisante des morts. Sa noyer dans ce violet absolu. S’éteindre en entendant sa voix. Les autres étaient stupides et aveugles. Ils disaient que les yeux de Roderich étaient durs et froids. Que sa voix était sèche et autoritaire. Ils ne voyaient rien. S’ils avaient emprunté la vision de la hongroise, ils auraient su. Ses yeux étaient les deux plus profondes améthystes qui aient jamais jaillies à la surface de ce monde. Mais, c’était un secret qu’Eli venait juste de découvrir. Elle n’allait sûrement pas le partager avec d’autres...
Recroquevillée au creux de bras de Roderich, elle se sentait minuscule et insignifiante. Encore une enfant. Et si une partie d’elle-même trouvait cela révoltant et se cabrait d’indignation, une autre, une beaucoup plus vaste partie aimait être portée. Contre lui... Elle entendait les battements réguliers de son coeur. Malgré tous les sons merveilleux qu’il tirait de son piano, c’était cette mélodie là qu’elle préférait.

Et c’est les yeux clos qu’elle ressentit sur ses lèvres le délicat mouvement d’une main qui chassait l’âcreté du sang. Un frisson électrique la traversa. Elizaveta se figea, dans l’attente de quelque chose d’autre ? Sa raison lui hurlait de se reprendre, d’arrêter d’être fragile. Être fragile était une insulte. Un déshonneur, une humiliation...
Dites, quand on en vient à souhaiter le déshonneur... Est-ce grave docteur ?
Sa raison était furieuse. Elle détestait se sentir impuissante. Elle n’aimait pas les afflux nerveux que provoquait la présence de l’autrichien. Sa raison aimait avoir le dessus.

Et elle était loin d’avoir le dessus.

« Ne vous inquiétez pas… »

Il n’y avait plus à s’inquiéter. Sa voix la berçait. Etait-ce différent pour les autres ? Quand Roderich lui parlait sa voix prenait des accents doux et rassurant. Sereins. Il l’apprivoisait...
Son coeur lui disait que tout allait bien. Qu’il faisait chaud. Qu’il aimait le contact de Roderich au point de s’emballer à chaque mouvement de la marche qui la précipitait un peu plus contre lui. avec cet air qu’elle aimait tant. Il lui donnait l’impression d’être unique. Spéciale. Elle n’ignorait pas les fêlures qui le parcouraient. Elizaveta aimait penser que pour elle il oubliait ses fissures.


« Le plus important, pour l’instant, est que vous vous réchauffiez… »


Ne le sentait-il pas ? Elle n’était que pure chaleur. Ses joues particulièrement.

Quelle était cette honte ? Honte de ne pas être assez forte pour pouvoir avancer seule. Honte de souhaiter rester dans ses bras. Honte de ne pas se battre contre ce coeur qui lui dictait une conduite si étrange.
Elizaveta trouvait reposant d’obéir à un ordre prononcé d’une voix si douce. Elle se redressa à demi et passa lentement ses bras autour des épaules du brun. Doucement... Elle ne s’y accrochait pas par peur de tomber, seulement pour rechercher cette chaleur qui faisait défaut à son corps. Pour partager celle qui enflammait son coeur aussi. Elle enfouit son visage dans le cou de Roderich, humant au passage cette odeur d’encre et de lessive qui lui était propre. Elle frissonnait un peu, la hongroise. Elle tremblait encore un peu sous les assauts du froid qui s’acharnait à lui coller à la peau.

-Je...Je n’ai...C’est mieux.


Murmures étouffés, prononcés par des lèvres encore engourdies... Les yeux mi-clos, Elizaveta comptait les pas. Ou était-ce ses battements de cœur ? Ces mêmes battements qui l’horrifiaient tant quand ils s’affolaient. Elle n’en avait plus peur désormais. Elle les acceptaient avec joie. Bon. Peut être pas avec joie. Avec un mélange de plaisir, d’attente et de frayeur. Ce n’était pas vraiment de la joie mais ça y ressemblait d’assez près... Elle inspira doucement et son souffle lui revint en écho après avoir effleuré le cou de Roderich...
Elle ferma complètement les yeux et la sensation de ses cheveux qui se balançaient dans son dos, en mesure avec la cadence des pas de l’autrichien, l’envahit... Même elle qui n’avait que de très vagues notions musicales pouvaient le sentir. Encore plus avec les yeux clos... Cette fantaisie nocturne qu’il restait encore à écrire. Elle avait le goût, l’odeur et l’aspect de cet instant.
De cet instant où ils étaient si parfaitement accordés.
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