La petite sirène à la pêche [Iles Féroé]

Honorine était assise sur un ponton, la canne à pêche dans les mains, les appâts à côté.
C'était la première fois qu'elle péchait depuis son arrivé à l'Académie, et il faut le dire, sa lui avait manquée. Bien que, après avoir passé 30min à taquiner le poisson, pas le moindre petit macro à l'horizon...Elle en conclue, à son grand désespoir, que le coin n'était pas poissonneux. Pour sûr, elle irait pécher plus loin la prochaine fois. Mais au fond, elle s'en fichait. Ce qui lui plaisait dans ce loisir, c'était d'être tranquille. Elle oubliait tout. Le regard fixé sur la ligne à s'en brûler les yeux, tout disparaissait autour d'elle. Problème y compris. Il n'y avait plus que la mer, le ciel, l'horizon et sa ligne...

En parlant de problème, ou plutôt, en parlant de soucis, elle en avait quelque un en ce moment.
Déjà, son île lui manquait. La chaleur sur sa peau, les jolies couchées de soleil sur la plage, les gens souriant et chaleureux... Ici, il faisait froid, les couchés de soleil elle n'en voyait plus la couleur. Seul celle de ses cahiers de physique lui revenait. Elle connaissait que peu de monde, bien qu'elle se soit rapprochée de certaine personne. Elle n'avait plus de temps pour elle, entre révisions, TP et petit boulot. Toujours à courir entre un cahier et une daurade. Elle n'en voyait plus le bout...
C'était pour sa qu'elle était venue ici après tout, respirer un peu, enfin.
Et puis sa lui rappelait son enfance. Quand elle passait ses après-midi à la pêche, assise sur une falaise, à attendre. Elle attrapait un poisson au nom exotique, puis faisait un feu sur la plage, elle grillait sa prise et la mangeait. Le goût du poisson grillé lui revint en bouche. Une odeur de feuilles de bananier brûlé flottait dans l'air, un vent chaud lui caressait les cheveux….
Une ondulation autour de son flotteur la fit revenir à une réalité toute relative.
C'est un goût de sel qui lui venait dans la bouche, c'est une odeur d'embruns qui flottait autour d'elle, c'est un vent froid qui lui fouettait le sang.

Honorine secoua la tête. A trop être perdue dans ses pensées, elle avait loupé une prise...
Y'avait plus qu'à attendre la prochaine. Oui mais quand? Qu'il se grouille les poissons! Il fallait qu'elle rentre dans une petite heure, avant que le soleil ne se couche. Se couche? Et voilà, encore un coucher de soleil raté...Ni le premier ni le dernier sûrement. Elle soupira. Sa durerait encore longtemps tout sa ?! Un deuxième bruit la tira de sa rêverie. Des bruits de pas dans le sable mouillé…Elle se retourna :
« Salut ! Tu viens ? J’ai amené une canne à pêche juste pour toi ! »
Elle lui sourit. A trop rêvasser elle en avait oublié qu’elle avait invité quelqu’un : Iles Féroé. C’était un garçon gentil, calme, et sympathique. Elle avait fait sa connaissance il y a peu, et elle s’était dit qu’une partie pêche, c’était un bon moyen de mieux le connaître.
Et puis c’est une île nordique, y’a du saumon là-bas non ? Donc il doit savoir pêcher! A moi que ce soit en Norvège…Elle avait oubliée.

Spoiler:

Il y avait quelques jours de cela Freyr avait rencontré une sirène, bien qu’elle n’avait pas de queue de poisson , elle était juste arrivé gracieusement dans l’établissement.
Certes elle n’était pas le stéréotype de la petite sirène à savoir blonde, aux yeux bleus, à la peau blanche comme les perles dans les coquillages.
Mais elle était douce, gentille, rayonnante quand elle souriait, de plus elle faisait de la natation, par conclusion elle était forcément l’une de ces créatures fantastiques et mythiques à ses yeux.
Alors depuis il était curieux d’en connaître plus sur elle, sur son passé et ses rêves, de la voir encore sourire chaleureusement comme elle le faisait à chaque fois.
Ils avaient parlé pendant un petit moment, c’est alors qu’elle lui avait fait une proposition, et que l’idée d’aller à la plage pêcher s’était faite.
Qu’il aimait ce lieu tranquille où en un instant une tempête peut se lever, ramasser des coquillages pour faire un château de sable, ou se baigner avant de se faire dorer au soleil.
Cette activité ne pourrait lui faire que du bien, un contact bienvenue avec la nature qui en plus avait une touche de socialisation, et puis cela ne pouvait être qu’un bon moment avec Honorine.
Il avait pris tout un bazar pour y aller, ce qui lui avait mit en retard au rendez-vous, comme un harpon ou de quoi faire un feu de camp sur la plage et même un kit de premier secours.
Maintenant il marchait nu pied sur la sable mouillé où la mer venait lentement pour repartir avec la même lenteur, une vieille sensation qu’il n’avait pas eu depuis un certain temps, des souvenirs de son pays lui revenait en mémoire.
La nostalgie de la mer était sans doute un point commun à toutes les nations qui sont des îles, du moins du peu qu’il avait pu entendre, fixant vers l’horizon si un bateau passait au large de leurs terres.
Aucuns voisins autour pour eux, juste une faune et une flore particulière, juste une impression de solitude qu’ils les accompagnent.

En silence il observa l’horizon où le soleil tombait doucement, écoutant les bruits des vagues qui dansent avec douceur, et les oiseaux marins qui passaient, laissant une légère brise salée caresser son visage.
Un sourire se dessinant naturellement en voyant au loin la silhouette de la sirène sur un ponton, il continua sa marche dans le sable jusqu’à elle, espérant ne pas être l’avoir fait attendre trop longtemps.
Elle était là assise à fixer la ligne pour voir si un poisson se laisserait prendre, semblant songeuse au point de ne pas voir que ça mordait à l’hameçon.
Oui bon sur le coup il avait plutôt imaginé la rejoindre sur un rocher, où elle serait là avec une queue de poisson à la place des jambes, et il songea à cet instant qu’il devait sérieusement arrêter les livres du genre.
Ces derniers jours le blond avait relu sans cesse ‘’La Petite Sirène’’ d’Andersen, en ayant toujours peiné à la fin de l’histoire qui avec le temps fut bien contre versée, rien à voir avec les plus récents version qui finissaient joyeusement.
La première différence était sur la perte de la voix de la Petite Sirène, dans les contes actuelles elle se faisait dérober sa voix, alors qu’en réalité elle se fait couper la langue.
La fin était des plus tragique, l’amour de sa vie ne l’aimait pas en retour et elle mourrait, adapté tout ceci terminait en un happy ending pour petite fille qui rêve de trouver le prince charmant.
Il souhaita au plus profond de lui que jamais cette sirène arrivée dans cette académie ne connaisse un sort aussi funeste, elle devait connaître le bonheur et une belle histoire, son sourire était bien trop chaleureux pour que quelque chose du genre puisse arriver.

- Salut ! Tu viens ? J’ai amené une canne à pêche juste pour toi !

Ce sourire si rayonnant s’afficha sur le visage de la demoiselle, décidément les sirènes avaient l’étrange don d’envoûter les gens d’un simple regard il fallait croire, bien plus chaud que le soleil en été.
Sans vraiment s’en rendre compte il lui sourit en retour, il appréciait que tout était simple avec elle il n’était pas spécialement timide avec.
Freyr quitta le sable mouillé pour la rejoindre sur le ponton, posa le sac qu’il avait apporté, s’assit à côté d’elle en évitant d’être trop éloigné ou de la coller.
Il prit la canne à pêche qui se trouvait entre eux deux, mit l’appât au bout avec de jeter la ligne à l’eau, cela faisait bien trop longtemps qu’il n’avait pas eu cette activité.
Le silence se fit pendant quelques instants, sans vraiment le déranger pour une fois, profitant de juste de cet instant.

- J’ai amené de quoi faire un feu sur la plage pour manger nos prises, et aussi d’autres trucs si on attrape vraiment rien. Puis bon… faut dire que je suis plus habitué aux gros poissons.

Par plus gros poisson il faisait référence aux baleines pilotes qui étaient tué près de ses côtes, un véritable rituel qui datait des vikings et que ses terres perpétuées encore, dans ces instants la mer devait rouge à cause du sang de ces mammifères.
Il était vu d’un mauvaise œil à cause de cela, mais c’était une fête et une tradition courante pour lui, et même les incitations de Danemark pour arrêter cela n’y changeait rien.
Certes s’était véritablement sanguinaire à voir, surtout les instants où les gaffes de métal et les couteaux s’enfoncent dans la chair de l’animal, mais lui y était habitué.
Enfin pour aujourd’hui il se contenterait de plus petites prises, et puis il était plus venu ici pour un peu plus connaître cette sirène.

Spoiler: