Dans la Galerie 1

Combien de temps fallait-il à une groenlandaise pour se blaser du monde qui l'entoure ? Pas difficile à compter, certes. Cinq longues minutes suffisaient largement pour que l'univers qui entourait la nordique ne devienne qu'un immense ramassis de couleurs sans âmes et sans contours définis. Traduction en bon français, lorsqu'elle se perdait dans ses pensées, tout ce qui l'entourait finissait forcément par être fade, sans vie, absent. Un peu comme quand vous mangez sans sel, et que peut de temps après, vous avaliez un truc épicé. Le premier met se virait rapidement de votre esprit en moins de temps qu'il ne fallait à un anglais pour brûler des scones.... Bref.

Thalia était donc sur la galerie, observait d'un air absent la superbe salle de bal, et commençait à se désintéresser lentement de son univers. Elle avait brièvement aperçu son frère, élégant, qui abhorrait sans aucune surprise toutefois, le même air inexpressif et blasé. Trait de famille, probablement. Elle avait aperçut avec envie une superbe robe d'un vert digne de figurer dans la palette de son pays (Greenland, merci Erik le Rouge). L'anglais. Avec Francis, lui en costume.... Bon, laissons bizarreries et couples mal assortis de côté. Ce n'était pas le moment. Elle gronda très légèrement, s'étirant. Les chaînettes qui retenaient sa robe cliquetèrent doucement. Léger sourire. Elle était arrivée en avance, avait rapidement monté les escaliers en veillant à ne pas faire trop de bruit, talons aux pieds.

Et puis, elle s'était installée sur la galerie. Elle avait entendu beaucoup. Apparemment, la mode était au travestissement.... Vu la robe d'Angleterre, il aurait été étonnant que personne d'autre ne suive son....Exemple ? S'imaginant un de ses frères en robe de soirée, elle ne put s'empêcher d'étouffer un petit rire. Rire qui fut brusquement coupé par l'alternative qui venait d'apparaître devant son nez. Elle aurait pu, au lieu de devoir se cisailler les mains à récupérer la vieille robe d'une voisine groenlandaise, jeter un œil pour se trimballer en pantalon-chemise-veste. Zut.

Elle n'était pas mécontente de sa robe. Maroc et Chine avait fait de l'excellent travail... Main d'œuvre pour pas cher, si c'est pas merveilleux...Hm... C'était la crise, elle ne pouvait pas décemment se payer les services du français, par exemple. Elle battit des cils, sous les couches de mascara et d'eyeliner soigneusement appliqués. Deux heures pour enfiler la robe, démêler les chaînettes, agrafer les broches, se coiffer/maquiller, enfiler ces /biiiiip/ de chaussures à talons, et se diriger vers la salle sans plus de préavis.

Elle posa ses coudes sur la rambarde de la galerie, tandis que son regard se perdait dans le vide. Visage imprégné d'une expression neutre, juste les prunelles marrons perdues dans l'immensité de la salle. Absente, déconnectée.