| | Fausses notes [Libre] | |
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Autriche / Roderich E. Véritable Aristocrate
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| Sujet: Fausses notes [Libre] Mar 5 Oct - 16:40 | |
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Libre. Austria ne vous mangera pas. A moins que vous ne soyez un gâteau!! 8D *va se pendre* Le bruit. Il nous entoure et nous parasite. Dans les salles de classes, un murmure incessant, comme une couverture lourde et poussiéreuse…des voix disparates, dissonantes, qui forment un bruit monstrueux, hybride…Sans harmonie aucune. Dans les couloirs, les sons se délayent comme une goutte de vin dans un verre d’eau, les échos rebondissent et voyagent, partis de mots banaux ils deviennent des soupirs énigmatiques, évanescents comme des pleurs de fantôme…Partout, s’insinuant, se faufilant, écorchant les oreilles…Un murmure , un rire…s’estompant au lointain. Et un bruit de pas, net, distinct. Quelques pas par ici…repassant par là. Avec le même aplomb que si ce parcours quelque peu erratique était entièrement intentionnel…Car « se perdre » n’est pas une activité fort noble. Surtout lorsque l’on peut si bien paraphraser et considérer qu’à la place on est en train d’inspecter dignement les moindres recoins de cette école, avec – oh, certes, peut-être accessoirement – l’envie de tomber sur la salle de musique. Ahem.
Un aristocrate n’a jamais à se plaindre de sa situation, du moins pas de manière aussi ouverte et vulgaire. Emettre des plaintes disgracieuses et inutiles ne fait pas partie du mode de vie qu’il s’est tracé. Ainsi, le jeune homme continua cette marche solennelle dans les couloirs d’une manière dignement imperturbable, regardant autour de lui comme s’il était en train de considérer la décoration des lieux et songeait à s’il fallait y mettre ou non son sceau d’approbation. Et puis. Le silence. Car le jeune homme s’arrêta devant une porte, d’un air majestueux (, comme s’il se préparait à entrer dans la salle du trône, au lieu d’un local banal. Un instant de flottement élégant, car il n’était pas bon de s’engouffrer ainsi précipitamment dans une salle. Avant toute chose, s’assurer qu’il soit présentable après cette course folle à travers l’établissement. (…enfin, ce pas ferme et efficace, car Autriche ne courrait jamais…Même lorsque la situation l’exigeait. Et…non, je ne parle pas du 100 mètres.) Remettant en place des lunettes qui encadraient déjà à la perfection ses yeux mauves. Couleur rare…de distinction. Ce regard occupé à contempler sa tenue de haut en bas d’un air méticuleux, ces mains longues et délicates frôlant à peine la manche de sa veste comme pour en retirer une hypothétique poussière…Comme si une vulgaire poussière oserait se poser sur cet uniforme porté avec autant de dignité et de sérieux qu’un costume de cérémonie. Comme une fleur à la boutonnière, une rapière scintillante du côté de son cavalier. Le vieux cartable en cuir dans sa main, tenu comme un coffret serti de pierreries plutôt qu’un sac un peu usé…La forme importait peu…c’était la manière. Ainsi les vêtements les plus beaux et les plus riches, si portés sans grâce, paraissaient hideux et vulgaires…
Notre autrichien ouvrit la porte, et resta un moment immobile, inspirant cette atmosphère de…silence complet. Enfin hors d’atteinte de ces bruits parasites. De ces rires disgracieux, de ces rumeurs qu’il ne parvenait pas à comprendre…Et des mots, qui eux, étaient essentiels…mais auxquels il ne désirait pas répondre.
...Tu aimes Hongrie nee-chan ?
La question pernicieuse rejaillit dans sa tête alors qu’il passait l’encadrure de la porte, et l’autrichien eut un sursaut, un air de surprise et d’indignation derrière ces verres impeccables à cette pensée impromptue. Car, oui, Roderich ne se mettait jamais en colère. Il était juste…indigné. Une démonstration qui touchait plus aux goûts qu’aux sentiments. Qui n’avait rien de la perte de contrôle disgracieuse caractérisant la colère…Il s’entreprit donc de fermer la porte avec soin, sans la claquer. …Non pas qu’il en ait envie, évidemment…s’empresserait d’ajouter Roderich avec un aplomb serein. Effet qui serait peut-être un peu gâché par la jolie teinte rose que prenait ses joues alors qu’il tenta de mettre de côté les paroles de Liza. Il l’avait nié…et ne savait même pas pourquoi… Il regarda la grande salle, dépouillée de meubles et baignée de lumière. Se dirigea vers le grand piano à queue qui trônait silencieusement près de la fenêtre, l’inspectant strictement pour des signes de vandalisme. Des traces de doigts sur la surface laquée, des entaillures… ? Non. S’assit satisfait. Si l’on peut dire. Il joua avec sa mèche, tirant dessus d’un air songeur. Je ne peux pas me permettre ce genre de relâchement. Autriche savait que ce genre de phrase était ridicule. Que pouvait-il contrôler ? Il avait revu Liza…et sa présence ne faisait que le rappeler dans quelles circonstances il avait vu son frère pour la dernière fois. Il devrait le voir. Enfin…non. Si. Mais…L’autrichien sentit une vague de panique monter et posa ses mains sur les touches du piano. N’importe quoi pour ne pas…perdre le contrôle. Jouant une mélodie qu’il avait gardé quelque part dans sa tête.
Concert pour deux pianos et orchestre. Wolfgang Amadeus Mozart. Il l’avait souvent entendu, connaissait le morceau dédié au piano principal. La possibilité de le jouer comme faisant partie d’un ensemble lui avait parcouru l’esprit…Mais ce serait probablement impossible…Alors que les notes s’élevèrent en cascades harmonieuses pour les premières mesures, Roderich se permit un sourire s’agrandissant doucement au fur et à mesure, le sang lui brulant les joues, ses yeux étincelant…Le désir d’un œuvre parfaite, sans faille. Les notes parfaites semblaient emplir la pièce…le couloir…l’école…que dis-je…l’univers ! Mais une ombre d’amertume passa dans ce regard améthyste.
Habituellement, le piano s’élèverait au-dessus de l’orchestre, splendide et glorifié, dans une harmonie parfaite. Mais les notes résonnaient dans le silence de la pièce, et lui rappelaient à quel point elle était vide.
Et qu’il était seul.
Il soupira…Non… ‘à l’écart’ était plus élégant. Moins…direct. Glorieusement, dignement à l’écart de tout…Non…pas une fois il ne pourrait le regretter. Après tout…n’est-ce pas préférable ainsi ? Et la manière la plus sûre de vivre sa vie ? Demeurer dans un monde d’harmonie…sans risquer que la moindre imprudence provoque une—
*Dleng*
…fausse note. Roderich s’arrêta subitement après ce dérapage imprévu, son visage s’assombrissant. Et grimaçant légèrement comme si cette fausse note était un poignard que l’on venait de lui enfoncer dans le dos. Dans le cœur. Cela lui apprendrait…penser à des choses ridicules alors qu’il devrait être concentré corps et âme…Jetant un coup d’œil autour de lui, sortant de cet état où il pouvait facilement oublier tout ce qui entourant le piano dans l’espace-temps. Et en ce moment même où son regard se posa sur la porte, il ne se souvenait pas de l’avoir laissée entrouverte de manière aussi peu rigoureuse…- Spoiler:
Le morceau en question, mn 2'30-3'30 seraient ce que joue Roddy au piano en solo *vais passer pour une geek de Mozart xD*
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Fausses notes [Libre] Mer 6 Oct - 15:13 | |
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Peut-être pas la personne que tu attendais mais bon ; Vanya s'incruste, Austria-san ~
Théoriquement parlant, Ivan n'avait rien à faire dans les locaux à une heure aussi... tardive? Avancée? Tout dépendait du point de vue de la personne qui s'y trouvait avec lui. Si personne il y avait. C'était bien connu, il y en avait bien peu pour prendre le risque de s'approcher de trop près du Russe. Si l'on excluait Natasha, Katya, Hera et Lys aussi... mais ils étaient des exceptions dont il aimait la compagnie. Il était trop effrayant, implacable, trop difficile à cerner pour beaucoup. Certains ne pouvaient pas s'empêcher de lui chercher des noises et y revenaient toujours mais généralement il réussissait avec brio à se venger. Ah, la vengeance, magnifique chose prenant place dans cette Académie, à tel point qu'ils devraient la renommer, cela ne lui ferait aucun mal et la rendrait moins... hypocrite? Un haut niveau d'intellogence, tu parles, les trois quarts des élèves présents ici n'avaient qu'un seule envie: se venger. C'était stupide mais simple quand on y réfléchissait bien. Il y avait deux types de personnes dans cet établissement: ceux qui dirigeaient et ceux qui suivaient. Au milieu, il pouvait se trouver une catégorie à part, ces élèves dont la chimère était l'indifférence. Ces élèves qui ne voulaient se retrouver dans un conflit et tentaient tant bien que mal de réunir les quelques morceaux de verres brisés que laissaient sur leur route les autres, tentaient de les réconcilier... peu importait les moyens. Ivan n'en faisait pas partie. Lui était plus dans la catégories de ceux qui restent avec leurs connaissances, briment ceux qu'ils n'aiment pas et protègent ceux qu'ils aiment. Certains en avaient déjà fait la difficile expérience. Evidemment, en ce moment précis c'était exactement ce qu'il recherchait, en avançant, mains dans les poches, dans les couloirs. Un instant il en sortit une bouteille de vodka, et en but un coup. Personne. Personne à traumatiser, personne à détruire. Cétait d'un ennui mortel. Evidemment, cette partie de l'Académie était toujours désertée donc il n'avait pas vraiment de raison pour y traîner, il savait pertinemment qu'il n'y avait pas un chat par ici -ils étaient tous avec le Grec-. En tout cas, une chose était plus que sûre, c'était qu'il n'avait rien à faire dans la salle de musique, non.
Et pourtant.
Le Russe se sentait désespéremment seul dans cet établissement qui respirait le silence et... le silence. Eh oui, il n'avait pas envie de dire qu'il était "à l'écart", contrairement à un certain aristocrate... Il n'aimait pas ce terme. "A l'écart", c'était vague, ça signifiait que les autres ne voulaient pas de vous et vous rejetaient. Certes il y en avait peu qui supportaient vaguement sa présence, mais il ne leur laissait pas, pour ainsi dire, le loisir de le repousser. Ainsi donc, dire qu'il était seul laissait présager qu'il pouvait, d'ici peu de temps, ne plus l'être. Au contraire, mis à l'écart il n'aurait alors pas la possibilité de s'échapper de cette situation. D'où la raison de la petite visite qu'il s'autorisait dans l'établissement. Il déambulait dans les couloirs comme une âme en peine, cherchant une vague occupation. Il s'était dirigé vers la bibliothèque mais n'avait trouvé aucun livre intéressant, trop occupé qu'il était à imaginer la façon de convaincre Vatican de rentrer dans son plan ultra-méga-génial concernant le Directeur de l'Académie. Finalement il en était parti, avait vaguement gambadé jusqu'à l'infirmerie -l'on pouvait certaines fois voir des petits à traumatiser par là-bas-, mais il n'y avait personne non plus. A croire qu'ils avaient tous déserté et fuyaient le passage du Soviétique. Finalement ses pas avaient fini par le diriger vers la salle de musique, salle dont il ignorait jusqu'à l'existence et l'apprenait... bah, maintenant, alors qu'il s'était bloqué devant la porte menant vers l'inconnu. Pour Vanya, la musique n'était pas quelque chose de merveilleux comme pouvaient le voir d'autres. La musique, c'était juste la représentation de l'état d'esprit qu'avaient les personnes qui prenaient la patience d'en jouer. Elle était l'illusion d'un monde qui se trouvait ailleurs, autre part, dans les confins ténébreux de chaque être.
Parce que personne n'était capable de jouer les mêmes notes qu'un autre.
Ils avaient beau apprendre à jouer, les accords, les gammes, le doigté... Tout ceci, mis entre les mains d'un tel ou d'un autre, n'avait pas la même connotation. Donnez une partition de Bach à jouer à deux personnes, le morceau, bien qu'identique sur le papier, ne sera pas le même. Le son sera différent. C'était une question d'interprétation, certes, mais aussi d'état d'âme. Difficile de passer outre. Vanya avait déjà entendu de nombreuses mélodies, il savait les reconnaître. Les mélodies des balais, des opéras, les musiques jouées pour rendre hommage à un proche perdu, pour récupérer une femme disparue... et même les musiques qui devaient détendre lorsque ceux qui l'écoutaient étaient en train de garder précieusement des bombes atomiques ou des centrales nucléaires, des accélérateurs de particules... Il y avait aussi le bruit des plaines. L'impact brut du fusil lorsque la balle était tirée. La musique, n'était ni plus ni moins que la mélodie de la vie, l'histoire du monde racontée au travers de sons qui, accordés ensemble, formaient un tout plus harmonieux, bien plus beau que ce monde duquel elle était issue. Les musiciens avaient ce don de tirer du malheur environnant le bonheur, d'ouvrir sur ce monde terre-à-terre un espace duquel ils pouvaient apercevoir l'Ideal, le Beau. Il y avait beaucoup de mélodies, chacunes différentes les unes des autres. Et comme chacun avait une vie différente alors, il rendait le morceau qui glissait entre ses doigts unique. Ici et maintenant, devant la porte, ce que le Soviétique entendait, c'était du Mozart. Du Mozart joué de façon discordante et sinueuse. Une personne qui ne trouvait pas sa place, rejetée par un monde auquelle elle appartenait.
Enfin elle pointa par-delà le morceau mélodique, brisant le rythme harmonieux qui s'élançait. La fausse note.
Comme si elle l'avait appelé, Ivan ouvrit silencieusement la porte et se glissa à travers son entrebaillement, la laissant entrouverte après son passage. Le Russe se dirigea aussitôt vers un coin sombre, peu désireux de décliner son identité, et leva enfin les yeux vers le pianiste perdu. Oh, mais n'était-ce donc pas Austria? Un rictus lui monta aux lèvres. Autriche? Le petit Autriche ne venait-il pas, de ses longs doigts fins, de fausser toute la partition? Oh, n'était-ce pas indigne pour cet aristocrate sûr de lui? ... Qu'importait finalement. Roderich s'arrêta, laissant en suspens la note brutalement jouée. Ah, c'aurait été tordant si cette petite moue qu'il effectua par la suite avait été un peu plus... désespérée? Le pianiste jeta des regards autour de lui, comme s'il voulait vérifier que personne ne l'aie surpris dans son erreur -fatale, fatale erreur- et ses yeux s'arrêtèrent finalement sur la porte que le blond avait négligé de fermer. Blond dont l'air amusé grandissait petit à petit pendant que planait dans l'air l'atmosphère macabre qui accompagnait la note au son discordant. Roderich s'arrêtait sur une fausse note, n'est-ce pas? ... Que se passerait-il si l'Aristocrate se retrouvait à en effecteur une... pour de vrai?
Amusante relation entre la réalité et le rêve -le Spleen et l'Ideal que Baudelaire décrivait si bien-. Amusante liaison qui décrivait le possible et l'impossible comme mêlés et entremêlés jusqu'au plus profond des temps. Deux entités incapables de se supporter mais complémentaires dans leur sens. Deux visions du monde qui se chevauchaient, se frôlant quelques fois mais ne pouvant être touchées que Alors, était-ce amusant? Certes. Il fallait pouvour s'élever pour ne pas crouler sous le poids de la vie par ici. Surtout, par ici. Vanya sortit enfin de la pénombre, son sourire puéril et mesquin toujours accroché aux lèvres, s'approchant silencieusement et lentement du piano. Il finit par finalement s'appuyer à l'objet, approchant ses lèvres du visage de l'Autrichien.
- Alorrs, Austrria, tu as perrdu la main, on dirrait, lui sussurra-t-il à l'oreille, un sourire hypocrite accroché aux lèvres. C'est une telle honte... Tu devrrais être fierr de toi.
Ivan était heureux. Il avait trouvé un jouet intéressant pour les quelques temps à venir.
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| | | Autriche / Roderich E. Véritable Aristocrate
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| Sujet: Re: Fausses notes [Libre] Mar 12 Oct - 8:32 | |
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[Un peu d'imprévisible en toute modération est bon pour la santé...quoique...] Fausse note, résonnant dans le silence…un frisson soudain, une faille certaine. Comme la lumière du couloir qui s’étalait sur le sol de la salle, à travers cette fraction d’ouverture. Etrange, n’est-ce pas…à quel point une note à l’encre noire sur une partition immaculée pouvait sembler insignifiante parmi la multitude de ses consœurs qui la précédaient ou la suivaient…Et pourtant…Matérialisée à partir de l’imagination et de l’encre versée, vibrant dans l’air, cette petite patte de mouche bien sagement installée parmi les lignes d’une partition pouvait tout changer. Les notes qui s’élevaient et emplissaient l’atmosphère semblaient retomber, comme un nuage de fumée noire et étouffante. Sentir encore à travers cette seule touche les cordes qui vibraient, comme un murmure funeste. Comme l’ouverture d’une tragédie. Et…oui…cette tragédie était probablement celle d’avoir soudainement vacillé…d’avoir été contaminé par ces sentiments futiles…Et maintenant, son regard vacillait. Cherchait…ailleurs, au-delà. Presque instamment, l’autrichien le regretta…sentant déjà une toute autre possibilité le quitter…Le jeu des « si ».
S’il avait ravalé sa fierté, s’il avait été moins méprisable et faible…aurait-il continué comme si de rien n’était. Peut-être aurait-il même été légèrement amusé par cet accident providentiel, se serait reproché fermement son manque de précision et cette dissonance hasardeuse aurait été oubliée en quelques instants. Mais…elle n’était pas hasardeuse, n’est-ce pas… ? Pas telle qu’il le souhaiterait. Une dissonance marquant la fin d’un rêve…mais est-ce que c’était bien la fin d’un rêve…ou au contraire, la fin d’un état réveillé… ? Car on pouvait bien voir la musique comme un rêve…le rêve d’assembler ces sons dissonants qui nous entourent et d’en tirer un ordre céleste. Un ordre pour l’univers, une mesure absolue et sublime…Sous contrôle.
Mais les idéaux et les rêves véritables se séparaient à un tournant tortueux. Ils étaient étranges, illogiques…laissaient cette impression de malaise et de chaos. Cette porte entrouverte sur laquelle il posait son regard…ouvrait-elle vers un monde de rêves ou de réalités ? Dès que ses yeux avaient perçu ce changement d’état, cette intrusion dans la forteresse…il connaissait son erreur. De s’être permis d’ouvrir la boîte de Pandore. D’entrouvrir davantage dans son esprit la porte des cauchemars. Et ce sentiment ne fit qu’accroître, comme un battement de cœur, une mélodie au violon se faisant de plus en plus tendue et stridente…
Ce regard, quittant la porte, s’installant sur l’intrus dans la pénombre. A partir de cet instant, il avait repris son air habituel…Cette armure de neutralité et de calme. Cette armure si fragile et déjà partiellement ébréchée…alors que ce personnage drapé d’ombre fit sa grande entrée dans la lumière, lentement, comme si il savourait cet instant. Ce silence complet qui était tombé et qui annonçait le malaise, alors qu’il discernait ses yeux. Yeux violets, comme les siens, cette couleur rare et distincte…comme des améthystes, oui. Deux morceaux de glace, tranchants et scintillants. Il était impossible de s’en détacher, de ce regard qui semblait si simple…mais qui provoquait un sentiment lancinant, étourdissant, comme un poison glacial se propageant dans le sang…Lentement, très lentement. Comme ce sourire sur ses lèvres…un rictus enfantin. Le rictus cruel de l’enfant qui aimait jeter des pierres sur les petits animaux. Roderich se demandait…d’où venait cette analogie…un hasard, n’est-ce pas ?
De plus en plus près et…sans doute allait-il cesser un jour cette marche silencieuse…? S’approchant…bien trop près. Et avant qu’il ne puisse réagir, il se trouvait tout près de lui. Trop près. Roderich dut invoquer tout le sang-froid dont il était pourvu afin de ne pas agir de manière…brusque. La main du russe se soutenant contre le piano, ses mots murmurés dans son oreille…La barrière de sécurité était franchie depuis longtemps…ne s’en rendait-il pas compte ? Roderich regarda droit devant lui…ses mains encore posées sur touches du piano. Souhaitant que ces mains puissent bouger, que le piano puisse vivre…mais…la dernière vibration était morte dans le silence des bruits de pas s’approchant…encerclant. De présence, de mots…"Alorrs, Austrria, tu as perrdu la main, on dirrait."Sa voix était doucereuse, presque mélodieuse…Si ce n’étaient pas pour ces « r » roulés de manière appuyée, perfide…si ce n’était pas pour ce sourire qu’il entendait dans sa voix, sourire froid et moqueur…cela aurait été un commentaire banal, taquin…tel qu’on lui en faisait souvent. Roderich continua à regarder devant lui…neutre, être neutre. Ne pas réagir. Ne serait-ce pas lui donner raison.
…Mais pourquoi donc ces efforts ? murmura une petite voix grotesque dans un coin de sa tête. Se pourrait-il qu’il ait réellement…raison ? Non...impossible..."C'est une telle honte... Tu devrrais être fierr de toi."Ce ton hypocrite et cajoleur…il était comme une multitude de verres brisés, de dissonances monstrueuses. Les dissonances de la vie…la vraie…Une grande partition constituée à partir de morceaux disparates d’autres partitions déchirées en mille morceaux. Une grande et sublime dissonance…percées parfois, rarement…par une note juste et pure. Elle pouvait être triste, effrayante ou gaie. Peu importait…l’important était qu’ella aille droit au cœur. Tenter de capturer cet instant éphémère et précieux, de le cristalliser comme une relique dans une cage d’harmonies. Le rendre bien plus logique, vivant. Réel. Essayer de s’accrocher à ce sentiment, si fragile. Les musiciens ne sont pas des dieux éloignés de tout, se nourrissant de lumière. Ils contaminaient invariablement ce rêve…de leurs propres rêves…de leurs propres cauchemars. Une touche plus appuyée, une corde plus tendue. Et l’ordre de l’univers se déliait, se fragilisait déjà...Une fausse note. Et cet univers éclatait comme un cristal pulvérisé contre le sol. Il y avait des gens qui créaient ces sphères éphémères et d’autres qui souriaient en les écrasant davantage sous leur talon, les réduisant à l’état de poussière… Mais…que racontait-il donc ? L’autrichien sentit au milieu de ce vague malaise une définitive pointe d’orgueil. Perdre la main ? Honte ?...Quels étaient ces mots ? Ils sonnaient faux…non, ils ne lui allaient pas. Vraiment pas. Être fier de soi…non, il n’y avait rien de « juste » là dedans !Vraiment pas.
Etrange…n’est-ce pas ? Ces moments où l’on sait que l’on se condamne au moment même où on agit. Un regard sur la porte. Rester immobile…non, ne pas fuir malgré le sentiment de danger. Question de fierté. Tout a fait consciemment…pour cette chose infiniment noble et ridicule que l’on appelle l’honneur. Et dont les gens comme Roderich restent prisonniers.« Nul est à l’abri d’une éventuelle erreur, Monsieur Russie...je le conçois, » dit-il calmement, d’un ton froidement détaché…et qui semblait presque contenir un léger sourire. Comme pour ajouter « oui…même les personnes telles que moi-même…ne faut-il pas parfois s’abaisser au niveau des simples gens » ? Comme pour parer cet affront à la noblesse avec les armes de la noblesse. Voyons, voyons. Une fausse note peut m’atteindre, mais pensez-vous que je laisserai vos commentaires le faire ? Je ne le permettrai pas.« Et j’en serai effectivement fier, si j’en tire un enseignement profitable,» termina-t-il d’un ton feutré, détachant son regard du piano afin de regarder le russe d’un air neutre. Soutenir ce regard de glace, ce regard perfide, avec toute la noble détermination dont il était capable. Oh, oui. C’était un art, que de maintenir sa dignité en ce monde. De se condamner aussi consciemment et avec autant de bonne volonté, d’un regard altier. Se condamner car une fois le long de cette pente, plus aucun retour n’était possible. Comme une partition qui se noyait en fausses notes, chacune aggravant la suivante dans une spirale diabolique d'harmonies déchues...Je ne le permettrai pas…
Je ne peux pas le permettre. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Fausses notes [Libre] Sam 16 Oct - 18:46 | |
| Pauvre chose, si fière, si altière, se tenant avec tellement de droiture dans la bassesse du monde. Autriche. Qu'était-il au juste? Un enfant, un adulte, un homme perdu et enchaîné par son "Lui intérieur"? C'était difficile de prendre l'Autrichien au sérieux par ces jours, justement parce que ce dernier était... bien trop sérieux pour une personne vivant à cette ère, à tel point que le simple fait de le voir pouvait donner l'envie à qui que ce soit de lui chercher des noises, de le faire tourner en bourrique, bref, de l'ennuyer à tel point qu'il en sortirait de ses gonds. Vanya faisait partie de ces personnes. L'aristocrate était tellement plat, se contenait à la perfection... comme un vase posé dans un équilibre précaire sur le rebord d'un piano à queue. Le vase contient jour après jour une multitude de fleurs. Quelques fois il faut les changer. Quelques fois elles viennent à se ternir alors il est de mise de leur apporter de la compagnie par d'autres. Sauf que. Un jour, le vase finirait par tomber, par se briser sur le sol en apportant une nouvelle fois une fausse note dans ce monde. Dans la salle de musique. Ou autre part, allez savoir. Le piano en souffrirait alors, triste, seul, sans compagnie. On achèterait un autre vase, on répèterait les mêmes erreurs, sans apprendre, jamais. Apprendre était douloureux. De plus, malgré tout ce que l'on pouvait dire, ce craquement qu'émet le vase lorsqu'il vole en éclat sur le carrelage, n'est pas si déplaisant. Un son mélodieux, un rythme qui vient couper la monotonie. Austria, c'était la même chose. Un vase, posé en équilibre ; un vase que beaucoup regardent et envient aussi ; un vase qui se brisera car personne n'en aura pris soin. Un vase que Russie aimerait voir ne serait-ce qu'osciller sur le rebord de son piano. Montrer quelque chose, un aspect de lui-même que jamais il n'avait encore dévoilé à qui que ce soit. Peut-être aussi était-ce ce côté "enfant" qui ressortait dans ce cas, l'enfant qui cherche à explorer les limites. L'enfant qui veut voir le visage en colère de celui dont il n'a jamais entendu la voix hausser. L'enfant qui veut tout savoir, tout comprendre, et qui hurlera lorsqu'il devra en assumer les conséquences.
Triste enfant séparé du monde qui cherche à tout prix à ne pas être seul dans sa situation.
Ne songeait-il pas que celui qu'il avait en face de lui était aussi seul que lui-même? Non. L'Enfant a cette faculté d'occulter que les personnes comme lui-même puissent être "bien". Pour lui, une personne de son statut est "à dominer". En prenant le pas sur l'Autre, il prend le pas sur lui-même... Les enfants sont cruels car ils sont embrigadés dans les rouages d'une société qu'ils ne comprennent pas. Les enfants sont aveugles alors on peut les voir tels qu'ils sont. n'en déplaise aux intéressés qui subissent leurs... enfantillages, justement. Bien que d'enfantillages il n'y ai pas, ce terme ayant perdu toute signification au fil du temps. Un enfantillage, qu'est-ce? Une dispute puérile basée sur un prétexte plus ou moins loufoque. Pourtant kes enfants sont vicieux, apportant un soin méticuleux dans leur vengeance... et les adultes ne sont pas si différents, même s'ils mettaient plus de temps à se rendre à leurs instincts primaires. La société était un moule dans lequel il fallait entrer, dans lequel il fallait porter un masque indéfinissable hormis par soi-même. Mélodie discordante embrigadée dans une chanson elle-même composée de notes au son mal-agencé et faux. Un assemblement de son tristes qui ne connotaient rien d'autre que ce qu'il se tramait. Cependant, l'espère humaine avait un don pour réussir à oublier ces désaccords et les passer sous silence, s'accordant à penser que la musique était belle.
Les musiciens étaient ceux qui devaient rétablir l'ordre et apporter à ce monde une toute autre chanson, plus belle, plus mélodieuse. Musique d'espoir résonnant dans ce monde de tristesse.
La note aux consonnances ironiques continuait de s'élever, indépendamment sûrement de la volonté de son auteur. Elle les rammenait cruellement à la réalité. Le monde restait ce qu'il était et rien ne pouvait le modifier. L'espoir en fin de compte était comme toute chose. Il disparaissait. Il laissait place au reste, à tout et à rien. Ce sourire froid, presque mélancolique, que représentait-il? L'avenir? Le passé? Rien. Le monde, rien de plus ni de moins. Un monde où les Hommes faisaient pousser en masse les armes nucléaires au lieu des fleurs, pour repousser son prochain. Un monde où chacun était dominant ou dominé. Et Vanya ne comptait pas faire partie de la seconde catégorie.
« Nul est à l’abri d’une éventuelle erreur, Monsieur Russie...je le conçois, » lui répondit son interlocuteur avec toute la dignité due à son statut social.
Car oui, Austria n'était pas "comme les autres". Chacun était différent, certes, mais chez lui c'était... flagrant. L'Autrichien n'avait rien d'un adolescent perturbé qui passe son temps à pourrir la vie de ses proches ou s'approcher de cette optique. Parfois c'était involontaire. Parfois c'était provoqué. Cependant personne ne pouvait nier qu'au fond de lui résidait cette part d'obscurité qui le poussait à haïr son prochain, à le descendre plus bas que terre pour pouvoir s'élever. Or, Autriche n'était pas comme ça. Jamais Ivan ne l'avait vu hausser le ton. Jamais Ivan ne l'avait vu chercher à détruire un autre, alors qu'il en avait certainement la possibilité.
Cette perfection l'énervait.
Vanya haïssait la perfection d'Autriche, par jalousie sans doute. Lui qui ne pouvait aller contre sa nature ne voyait pas pourquoi ce misérable pianiste restait plus fort que lui. Ils étaient seuls, l'un et l'autre. Pourquoi alors l'Autrichien n'était-il pas un monstre, comme lui-même? La solitude poussait au renfermement, non? La solitude poussait à la haine, non? Alors, pourquoi? Ivan n'avait pas les réponses à ces questions. Cet état de fait l'énervait. Il ne savait pas de quel pied danser avec le pianiste car ce dernier était sûrement l'une des personnes qui cachaient le mieux leur jeu. Et Russie voulait le briser, ce jeu. Briser son propriétaire et sa digne assurance, ah!
Oh combien il haïssait ce ton teinté d'or, ces expressions hautaines qu'il se donnait, l'Autrichien!
« Et j’en serai effectivement fier, si j’en tire un enseignement profitable,» ajouta l'aristocrate avant de plonger ses yeux dans ceux de Russie, soutenant son regard.
Le Russe riait intérieurement et bouillonnait de rage à la fois. Il le méprisait. Il le haïssait. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une once de respect pour le personnage qui se trouvait en face de lui. Roderich Edelstein était une figure haute en couleur, altière et majestueuse. Son calme, sa rigueur, tout ce qui était "lui", méritait le respect. Et Dieu savait qu'Ivan n'avait pas de respect pour grand-monde. L'Autriche en méritait, Seigneur. Et rien de tel pour mettre quelqu'un hors de ses gonds que de lui imposer quelque chose qu'il n'aime pas faire. Surtout pour les enfants. Et, comme tout le monde le savait, Ivan était un enfant. Il voyait dans les yeux d'Autriche, dans ces yeux si semblables aux siens, autre chose. Autriche était comme de la neige. Il vous accaparait de ses différences et vous étrenait d'un regard en vous indiquant clairement que vous n'êtes qu'un immondice parmis les détritus tandis que lui s'élève au sommet. A ce regard de glace, dans lequel voulait s'exprimer royauté et grandeur, Ivan répondit par un sourire enfantin.
Il le détruirait, peu importe la raison qu'il devrait trouver pour le faire.
Le Russe se recula légèrement, afin de dominer Autriche de toute sa hauteur. Et comme tout le monde le sait, Russie est vraiment grand. Il continua de sourire tel qu'il savait si bien le faire, cherchant un moyen de blesser son "ennemi". Oh, il n'y avait personne? Tant mieux. Oh, tout était calme? Tant mieux. Le Russe aurait voulu que quelqu'un d'extérieur voit l'Autriche tomber, mais redoutait une défaite. Son sourire figé sur les lèvres, il glissa ses mains dans les poches de son long manteau, poches au fond desquelles trônaient déjà quelques bouteilles de vodka. Mais la vodka, il ne voulait pas la gaspiller. La douce saveur de l'alcool, qu'il l'aimait!
Il sortit deux bouteilles de sa poche et posa l'une d'entre elle sur le piano, face à Autriche et son siège. Les intentions étaient claires. A ne pas confondre cependant, Ivan n'avait pas la grandeur d'âme d'oublier sa rancoeur et de vouloir trinquer avec Roderich pour on ne sait quelles raisons. Il avait tout simplement envie de le voir bourré à s'en tordre par terre, histoire de s'amuser un peu et observer le résultat -qui pouvait être surprenant-. Ne sachant pas si l'Autrichien tenait ou non l'alcool, il se réjouit d'avoir toujours plusieurs bouteilles sur lui. Pour Ivan, une journée sans vodka, c'était une journée sans soleil. D'où la raison pour laquelle son manteau en contenait toujours plusieurs litres. Il planta donc la bouteille sous le nez de son interlocuteur et enleva le bouchon de la sienne avant d'en boire une gorgée et de s'accouder par la suite à l'instrument de musique.
- Je t'en prrie, Austrria. Bois donc, dit-il avec un sourire.
Son ton ne laissait pas le doute. Ivan n'avait pas l'intention de laisser l'Autrichien sobre. Il ne lui laissait pas le choix. Oh, certes il pouvait prendre le risque d'endurer de sévères représailles et refuser l'invitation du Russe, mais il ferait cela en toute connaissance de cause. Personne n'ignorait que Vanya n'était pas un enfant de coeur...
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| | | Autriche / Roderich E. Véritable Aristocrate
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| Sujet: Re: Fausses notes [Libre] Sam 23 Oct - 1:40 | |
| Un sourire. Cela vous semble-il facile, de sourire… ? C’était spontané, simple et pourtant si puissant…De quoi exprimer en un simple mouvement des lèvres tant de choses. Et d’en cacher tant d’autres. L’autrichien arborait souvent un air assez sérieux, il est vrai…et pourtant il ne manquait jamais de sourire lorsque la situation l’exigeait. Sourire léger, à peine appuyé, avec toute la délicatesse d’une seule note de piano vibrant dans l’air, aérienne, parfaite. Sourire trop courtois pour paraître froid, pas assez grand pour ne pas paraître…toujours un peu distant. Sourire apaisant, rassurant…sourire qui avait le même effet qu’une main posée doucement sur une épaule, d’une calme et pudique étreinte. A défaut d’un contact prolongé, véritable…non, trop dangereux, trop risqué. Après tout, ne fallait-il pas maintenir…l’équilibre ?
Le monde ne se briserait-il pas en mille morceaux si on se laissait aller… ? Qui le retiendrait, ce monde si fragile en équilibre sur un précipice ? Comme les touches d’un piano, libérant si facilement un son magnifique au contact d’une main attentive, d’un doigté habile et concentré. Un moment de distraction, et l’illusion s’écroulait avec toute la dignité ridicule d’un château de cartes…
Sourire. Cela était censé être quelque chose de naturel, de spontané, non… ? Mais Autriche avait oublié…Vraiment…oublié comment on pouvait sourire à pleine dents comme lorsqu’il était enfant. Même, rire à gorge déployé, sans se sentir gêné. Sans sentir que cela le compromettrait d’une certaine façon. Oh…comme il aimerait parfois se débarasser de cette fine pellicule de sourire, ce sourire de glace figé dans son désir de plaire, rassurer, simplement…montrer dignement qu’il était satisfait de la situation. Voire, heureux. Oui…pourquoi pas, heureux. Mais jamais n’oserait-il, non. Sourire comme un enfant lorsqu’on savait qu’on l’avait perdue à jamais, cette fraîcheur, cette spontanéité…ce bonheur…Oui, cela lui semblait bien difficile.
Russie n’avait aucune difficulté pour sourire. Il souriait comme un enfant. Les enfants ne sourient pas pour démontrer quoi que ce soit aux autres. Ils sourient pour eux-mêmes, pour leur monde si simple et si complexe à la fois. Ils avaient cette facilité destructrice, déconcertante…empreinte de tendresse et de cruauté, à la limite des deux frontières. Ces frontières, on apprenait à les tracer. Non. On devait apprendre à les tracer. Question de nécessité. D’équilibre. Et certaines personnes voyaient cette ligne imaginaire à tracer et souriaient encore de ce sourire enfantin, s’y refusant. Les laissant ensemble, sans tenter de créer d’ordre…d’harmonie…
Roderich regarda fixement dans ce regard, et dans ce sourire accroché aux lèvres du russe. Ces personnes-là…oui, ces personnes-là avaient tort. Il ne pouvait pas en être autrement. Elles étaient en déséquilibre…en chute libre…et tentaient d’entraîner avec eux…qui sait ? Le monde entier, peut-être…
Le blond se recula légèrement, se redressant afin de mieux le toiser. Autriche suivit ce regard ascendant jusqu’au sommet avec une légère envie de sourire à son tour… Il n’avait pas la carrure d’Ivan, cela était évident à première vue…mais en matière de taille, il pouvait se vanter de ne pas être parmi les plus petits, bien au contraire…Qui sait, peut-être que cette longue silhouette élancée arrivait à la même hauteur que celle de cette large silhouette respirant le massif. D’une manière presque pataude, à l’image de ces visage un peu joufflu…ou inquiétante. Roderich sentit de nouveau cette pique d’amour-propre...ce sentiment soudain, comme une brise soudaine et glaciale. Sans doute, si je me levais de ce siège, il verrait bien…Même…même, je suis peut-être plus grand, qui sait… ? Mais…non, il ne le ferait pas. Il ne souhaitait pas particulièrement abandonner ce piano pour rivaliser de hauteurs – à tous les sens du terme – avec cet individu-là. Même si…il semblait que le piano, lui, l’avait abandonné. Sa main restait sur la touche d’ivoire, glaciale et immobile…Il ne saurait par quel prétexte la retirer sans que cela ne semble être un geste forcé et gêné… L’aristocrate sentit une certaine lassitude l’étreindre doucement, lui murmurant à quel point cela était bien futile…
Pourquoi ne pas simplement se lever, oui, et partir… ? Quitter cette salle et la fausse note qui la hantait, y revenir, plus tard, avec un sourire indulgent…voyons, il n’avait pas été en forme ce soir-là, un moment de faiblesse, une simple faille… Si ce n’était pour cet être au sourire d’un autre monde, d’un monde sans bien ni mal…sans doute la faille serait déjà refermée comme une éraflure sans importance, si…cet individu-là n’avait pas saisi ses bords à plein bras et tiré dessus avec une curiosité infantile. Oh, il pouvait bien tirer…mais il n’arriverait pas à lui rentrer sous la peau…à discerner quoi que ce soit. Et tant qu’on n’avait rien discerné, on ne pouvait rien changer.
Le russe perturba son cours de pensée, en faisant un soudain mouvement, une main rentrant dans sa poche…et pendant une de ces fractions de seconde violents et ridicules l’autrichien eut pu sincèrement croire qu’il allait en sortir une arme…Le simple fait qu’il l’ait pensé le mettait mal à l’aise vis-à-vis de lui-même…D’accord…il s’était fait battre à répétition pendant une bonne partie de sa jeunesse, et Russie avait toujours cette…aura…autour de lui…mais…
Ainsi lorsque l’objet en question s’avéra être une bouteille en verre remplie d’un liquide clair…l’autrichien en fut presque réassuré…
Et puis, le russe en prit une autre (combien de bouteilles un manteau pouvait-il ainsi tenir ? il n’osait établir le calcul), et posa l’une d’entre elles sur le piano, en face de lui. Geste calme, délibéré…et d’un geste fluide, débouchonnant l’autre et buvant…
L’autrichien regarda ce geste, apparemment si habituel, si naturel. Cette aisance…boire une gorgée d’un coup puis s’accouder ainsi à l’instrument, ce qui lui arracha un froncement des sourcils et un léger pincement des lèvres, devant cette insolente assurance. L’assurance de celui qui se jette à corps perdu dans le vide…
Entraînant dans sa chute…Quoi… ? Quoi donc ?
"Je t'en prrie, Austrria. Bois donc."
Le son de sa voix, de nouveau, le fit presque sursauter. Il n’y avait pourtant rien d’explicitement brusque dans cette voix, dans son ton calme…semblant presque savourer l’instant, lentement, comme un enfant savoure une friandise…Il fixa calmement la bouteille d’alcool posée sur le piano…et comprit soudainement, comme un frisson soudain le long de l’échine.
Un frisson…est-ce que c’était cela, le vertige que l’on ressentait…en regardant en bas et en sentant le vide…En sentant à quel point une phrase, un geste, pouvaient le rapprocher…
Une fausse note. Une phrase qui devait en tout point sonner comme une invitation de par sa formulation…mais qui sonnait comme une menace.
Mais la fausse note était intentionnelle. Et ce qui se trouvait devant lui était une arme…en soi…
L’alcool…Oui, Roderich lui accordait peu de pensée. Un verre de vin de temps en temps pour un dîner sophistiqué, désapprouvant généralement de la passion qui semblait étreindre la plupart de ses pays voisins pour la bière mais…c’était quelque chose de léger, sur lequel s’indigner et concéder un peu, qui prêter à rires et rouspètements…Non…L’autrichien sentit un violent sentiment de malaise l’envelopper, menaçant de l’étouffer, l’étrangler…
…Non. Vraiment…Non. Pas cela…Ce n’était pas décent…ce n’était pas…digne d’un noble. Et il ne parlait pas uniquement de l’affront de boire quelque chose à la bouteille, sans avoir l’obligeance de transférer auparavant le liquide vers un verre…Quelque chose, au fond, qui le dérangeait…lui disait de refuser. Mais…évidemment. Il ne pouvait que refuser. Vas-y…refuse. Lève-toi. Pars. Vite. Mais c’était une invitation…aussi étrange soit-elle. Et l’aristocrate sentit qu’il ne pouvait pas…refuser. Quelque chose dans sa voix, dans son regard qu’il sentait sur lui, sachant…qu’il devait en venir à une décision…
Pourquoi hésites-tu… ? Ce n’est point noble…refuser ainsi…lui montrer ton gêne…ton malaise…
…Tu as le vertige… ?
Cette main si fine, si délicate, abandonna les touches d’ivoire et prit la bouteille, d’un geste dignifié. Avec une assurance empreinte de calme ; une autre main enlevant le bouchon d’un geste gracieux, son regard croisant celui du russe ce faisant, haussant légèrement un sourcil.
Allons donc, Monsieur…Vous croyez ainsi m’impressionner ?
La parfaite mesure. Le parfait équilibre. Il était difficile de sourire, d’émettre les bons mots, de faire les meilleurs gestes…C’était un art.
Ces mots, ces gestes, qui ne tenaient qu’à un fil…
…Ces principes, si fragiles…
« Soit. Si vous y tenez.» dit-il d’un ton détaché, glacé d’indifférence, comme si la chose lui importait peu, et que c’était la demande appuyée du russe qui tenait du ridicule, du caprice d’enfant. La meilleure attaque en cette instance : une désinvolture assurée et appuyée à la fois, un pas pour laisser sa garde ouverte... Oh, il serait trop facile de montrer son gêne en refusant expressément, comme il le souhaitait…mais…non. Un noble se montre toujours courtois et conciliant, quel que soit le rustre auquel il pouvait avoir affaire. Allait-il lui donner la preuve de son malaise en se montrant mal à l’aise. Non. D’ailleurs…aucune raison. Non, aucune raison d’être mal à l’aise…peur ? De quoi aurait-il peur ? De perdre le contrôle ?
Cela…c’était impossible.
Il avait raison…et il avait le contrôle. L’équilibre.
L’autrichien porta calmement la bouteille à ses lèvres, et en la levant légèrement, permit à un filet du liquide de couler, sentant le puissant alcool brûler le fond de sa gorge, baissant délicatement la bouteille en un instant ; si quiconque pensait qu’il était impossible de boire élégamment à la bouteille – bouteille de vodka qui plus est – et de faire en sorte que la quantité minimale du liquide traverse en réalité ses lèvres, Roderich venait sans aucun doute de prouver le contraire. Oui…parfaitement en contrôle, parfaitement mesuré…comment pouvait-il ne pas l’être ? Et pourtant en abaissant cette bouteille, l’autrichien eut une étrange impression…Impression écrasante…de soulagement. Se félicitant en un grand souffle relâché à l’intérieur d’avoir respecté les règles de ce contrat…de ce contrôle…de cet équilibre si prêt à vaciller… Pourquoi ? Pourquoi aurait-il eu peur… ? Et de quoi… ? Ne pas simplement laisser quelques gouttes brûler son gosier afin de tenir tête insolemment et fièrement au russe ? Je bois, en toute modération, moi, par courtoisie…oui, c’est que je veux bien m’abaisser à ton niveau…et c’est tout. Juste un mouvement du poignet, et il aurait pu boire une bonne rasade, il est vrai. Mais…inutile d’être soulagé de n’avoir pas eu ce mouvement, étant donné qu’il ne ressentirait jamais le besoin de faire une chose pareille. N’est-ce pas ?
Roderich reposa la bouteille à sa place sur le piano, d’un geste…plus rapide qu’il n’aurait désiré. Comme si cette bouteille le dégoûtait, qu’il préférait s’en tenir le plus loin possible…Non, ce geste était trop brusque, oui, sans doute, même si l’expression neutrement courtoise n’avait pas quitté son visage…
« Veuillez m’excuser ; je préfère ne point en abuser.» dit-il, d’un air calme et assuré …ne pouvant pas s’empêcher d’entendre lui-même cette note de défiance au fond de sa voix, au fin fond… Tu espérais me faire peur… ? Voilà, je l’ai fait…et tu ne peux pas me reprocher le contraire.
…Alors, que vas-tu faire maintenant… ?
Roderich tressaillit intérieurement. Non…Cela…pourquoi pensait-il cela… ? Ce n’était pas un jeu…Et soudain il se sentait comme un enfant fanfaron qui avait voulu relever un défi par fierté et ne s’apercevait que trop tard de son erreur, alors que les défis s’accumulaient à la suite. Voilà je l’ai fait maintenant tu me laisses tranquille ? Mais…non…cela ne marchait pas ainsi, n’est-ce pas ? Il avait joué avec ses attentes en portant cette bouteille à ses lèvres, les avaient frustrés en la reposant...Fierté inutile, insolente, comme une gifle soudaine. Aurait-il du refuser ? Non…
L’autrichien le savait. Sans doute avant même qu’il ne considère réellement la chose, entre un « oui » ou un « non », entre la fierté de refuser, et l’amour-propre de montrer que l’on n’avait pas peur de soi-même. Il n’y avait pas d’issue raisonnable à entreprendre. Quelle présomption, que de tenter de choisir un moindre mal… !
Il n’y avait pas de « moindre » mal. Il y avait Russie, et sa volonté enfantine, cruelle et innocente.
La seule fierté qui lui restait…résister à l’inévitable. La chute libre.
Il résista à l’envie de tousser, se faisant presque violence afin que le russe ne remarque rien…non, pas le moindre effet…Oui…c’est que ce n’était pas rien, même ne serait-ce qu’une petite gorgée de vodka, ne serait-ce que quelques gouttes lui laissant cette saveur inconnue et étrange dans la bouche. Ce n’était pas réellement un goût non…c’était plutôt une empreinte. Ce qu’il ressentait qui lui brûlait la gorge, l’esprit…le goût de la volonté du russe se confrontant à la sienne.
Le goût de la guerre, sur une note lancinante, tremblante, s'éteignant doucement pour aller mourir là où allaient mourir toutes les fausses notes de la création... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Fausses notes [Libre] Mer 27 Oct - 10:18 | |
| Le plaisir. Notion complexe pour laquelle nombre palissaient, nombre se battaient. Notion à cause de laquelle nombre viraient au rouge écarlate dés lors qu'elle était abordée. Notion que chacun voyait à sa porte, la survolant comme un rêve éveillé. Pour certains il était question d'un bonheur éphémère, d'une extase à peine dévoilée. Pour Ivan, le plaisir revenait à torturer, anéantir psychologiquement ces êtres si fragiles, si doux, si sensibles qu'il venait à trouver sur son chemin. Il n'avait pas toujours été ainsi. Autrefois il était doux oui. Autrefois il était tendre et aimable, un gentil petit garçon. Mais cette époque était révolue. A présent Ivan n'était rien de plus qu'un enfant blessé, conscient seulement de ce désir qu'il ressentait de blesser autant qu'il l'était, qu'il l'avait été autrefois. La pitié? Futile, absurde. Il n'en voulait pas, de leur pitié immonde, vague réplique d'une hypocrisie sans bornes. Qu'ils aillent brûler en Enfer. De même il n'en avait pour personne, ne le pouvant pas, ne le souhaitant pas. S'abaisser à faire ces mêmes gestes? Pourquoi? Je le refuse. Peut-être aussi se cachait-il, fermant les yeux, ne voulant voir d'eux que détresse et douleur. Il ne voulait pas tomber dans ce doux rêve qu'était l'illusion pour se réveiller un beau jour dans un monde de douleur et de souffrance. Au lieu d'être l'acteur de cette scène attendrissante, il préférait en être l'inquisiteur. Etrange comme la vie est faite. Ceux qui ont souffert ne peuvent se contenter de regarder les autres vivent pleinement.
Il fallait qu'ils paient tous pour ce que lui avait vécu.
Triste chose. Le Russe ne voyait pas à quel point les autres souffraient, tous ceux qui avaient beaucoup perdu, bien trop. Il ne voyait que sa propre douleur, chaque matin, dans le reflet du miroir. Egoïsme? Egocentrisme. A quoi bon regarder autour quand de toute façon il n'y avait que lui qui comptait? Lui et ses caprices d'enfant. Lui et ses envies puériles. Mais peu importait. Oh bien sûr, Vanya savait qu'il était égoïste, égocentrique, qu'il avait de nombreux défauts, mais il s'en moquait un peu. Il fallait que les autres soient à sa botte, comme ils se devaient de l'être, comme certains l'avaient été auparavant. Rien ne le faisait plus sortir de ses gonds qu'une demande oubliée et inaccomplie. Ses "demandes" étaient des ordres. Des ordres dont il ne valait mieux pas passer au travers. Sinon? Oh, bien, sinon, sans doute y aurait-il à envisager de sévères représailles, même pour la plus insignifiante parole. Regardez-le, ce grand gamin. Oh, parfois il s'en voulait oui, de détruire ainsi ceux qui l'entouraient. Mais jamais cela ne pouvait se voir pour très longtemps. Comme chacun le pensait, ceux qui avaient le moins de remords étaient ceux qui avaient le plus de choses à se reprocher. Du moins ceux qui se reprochaient le plus de choses ne le laissait pas percevoir, peut-être était-ce pour cette raison qu'ils semblaient si insensibles. Alors ils leurs ajoutaient encore des maux. Au fond, Russie n'était pas différent des autres. Un peu plus extrémiste peut-être. Trop démonstratif de la façon dont il percevait les choses, sans doute. Les autres étaient des marionettes et il se devait d'être le marionettiste.
Cent remords, mille regrets.
Peu avoués, souvent ressassés. Les entends-tu, toi aussi? Ces remords qui continuent de s'évertuer à frapper les murs avec autant d'insistance que cette fausse note qui t'emprisonne? Non. Personne ne pouvait les entendre à part lui. Personne ne pouvait voir en lettres rouges s'inscrire sur les murs tous les méfaits qu'il avait commis, hormis lui-même. C'était son fardeau. Un fardeau qu'il portait jour après jour et qu'il s'évertuait à protéger. Un fardeau qui au fur et à mesure que le temps passait devenait un trésor. Un trésor inestimable et grandiose. Plus il grandissait plus Ivan en était à la fois fier et honteux. C'était un paquetage de fortune. Mais la fortune parfois pouvait bien tourner. Au moins ce paquetage idéal, il ne le perdrait pas, il ne le laisserait jamais derrière lui. Dieu sait que je ne veux pas être un Ange. Il l'accompagnerait jusqu'en Enfer. Cet Enfer d'où il était impossible de tomber car il était trop bas pour que quiconque puisse se retrouver plus loin encore. Il était comme tout le monde, Ivan. Il aurait bien aimé aller au Paradis, écouter les Anges jouer de la harpe à longueur de journée, doux et mélodieux instrument. Il aurait bien aimé passer l'éternité avec ces gens qu'il aimait, gens dont il était certain de leur destination. Mais il se riait tellement de tout cela. Il irait en Enfer, en continuant de rire de leur malheur jusque dans les Limbes.
Pour toujours et à jamais.
Ivan aimait cette conception de la vie d'après-vie. Quelque chose de linéaire, de continuel, quelque chose d'envisageable. L'Enfer, c'était quoi? Une succession de souffrances. D'accord. Au moins il savait à quoi s'attendre. De plus, les Démons jouaient de la musique merveilleuse à ce qu'il paraissait, assez belle en tout cas pour charmer les pauvres mortels perdus dans leur propre déchéance. Il suffisait alors de ne plus voir pour pouvoir goûter aux délices tout en restant en paix. Ne plus voir, ne plus sentir, ne plus véritablement exister. Seulement entendre. Entendre les sons si tentants, irrésistibles qui s'écoulaient des instruments diaboliques. Ressentir la transe de l'instant, l'envie de se perdre dans cette infernale ronde. Ressentir l'envie de danser à jamais, de vouloir toucher, embrasser, chérir cette sonorité qu'ils n'atteindraient jamais. Toujours attendre le grand final, l'apothéose, vivre son éternité dans un sentiment d'attente et d'insatisfaction au fur et à mesure que les notes s'enchainaient, qu'elles prenaient de l'ampleur.
Vivre pleinement au-delà de la mort.
Car peut-être était-ce cela, la musique. Vous vous en souvenez, du mythe d'Orphée? Apprivoiser la mort, comme c'était beau, comme c'était tentant. Ramener de l'éternel ce qui avait été perdu et finalement le perdre à jamais par amour. Ah, grand débat de ce monde. Qu'est-ce que l'amour? Qu'est-ce que l'éternel? Qu'est-ce qui est perdu? Quelque chose, quelqu'un de perdu, est-ce ce que vous avez perdu de vue ou ce que vous pouvez retrouver? Il ne tenait qu'à chacun de définir ses propos et alors tout deviendrait possible. Rejoindre jusqu'au bout du monde un ami perdu de vue. Ratisser chaque centimètre de terre jusqu'à retrouver son objet fétiche. Rejoindre ceux qui avaient trépassé... Resssusciter les morts, allez savoir. Vivre, juste. Vivre en cherchant constamment quelque chose. Car finalement il y avait une unique chose que chacun avait perdu, et dont personne ne pensait l'avoir laissé derrière. La vie.
Il était tellement aisé de penser la caresser, la vie. Tellement facile. Beaucoup tentaient de s'en approcher grâce aux drogues, aux substances illicites. Beaucoup pensaient qu'en s'éloignant de ce monde de tristesse par le rêve il pourrait alors approcher la "vie". Mais qu'était-ce? Etait-ce se réfugier dans son propre Idéal en se fermant au monde auquel il était rattaché, était-ce passer son entière existence dans un lieu sans d'autres frontières que l'imagination et le réveil brutal? Ou bien était-ce accepter ce monde tel qu'il était, se contenter de survivre jusqu'à finir par vivre pleinement? Sans lui mentir. Sans chercher à le définir autrement. Regarder ce monde dans les yeux et lui faire face tel qu'il se contentait lui, de s'imposer aux autres.
Ivan vit clairement l'hésitation qui découlait des gestes de l'Autrichien. Mais il n'avait pas le choix. Il n'avait pas le droit de lui résister, le Russe le lui interdisait, formulant des menaces imperceptibles, compréhensibles uniquement si son interlocuteur le connaissait. Il regarda sa main se tendre jusqu'à attraper la bouteille qu'il lui avait octoyée, enlever le bouchon fermé hermétiquement. Il observait sa proie tandis qu'elle le défiait ouvertement. Mais je t'en prie, bois donc, petite chose. Il n'était rien. Rien de plus qu'un aristocrate un peu trop pompeux. Oh, Ivan n'en doutait pas, il se contentait pour l'instant de le suivre dans sa folie, n'avançant plus que ce qu'il demandait. Mais il était pris au piège désormais. C'aurait été tellement plus simple qu'il détourne le regard, l'ignorant par la même occasion, qu'il tourne les talons et s'enfuie avec toute la dignité dont il était capable. Mais non. Il voulait lui tenir tête.
Il faudrait qu'il tienne ses positions jusqu'au bout.
« Soit. Si vous y tenez.», finit-il par dire désinvoltement, comme si c'était le Russe qui était en tort.
Oh, Ivan ne doutait pas de la puérilité de sa requête. C'était tangible. Il aurait pu se contenter de le blesser comme il avait fait avec tant d'autre, de soutenir ces yeux colorés d'indifférence et de dédain. Il aurait pu se contenter de rester de marbre, de lui faire subir les pires mévices. Mais Autriche valait mieux que cela. Il se devait d'être comme un oiseau pris au piège, enfermé dans une cage qui se resserait un peu plus chaque instant autour de lui. Jusqu'à lui arracher les plumes, jusqu'à le brûler au plus profond de lui-même. De plus, le Soviétique avait tout son temps. Si tout cela se terminait trop rapidement il s'ennuierait, non?
Il ne cèderait pas.
Ce serait à l'Autrichien de céder. Lui n'abandonnerait pas. La lutte serait dure et longue, il le savait. Soutenir encore pendant longtemps ce regard de glace, cette grandeur à toute épreuve. Mais il gagnerait. C'était un jeu. Et Ivan ne jouait pas pour perdre ou se laisser submerger par ses propres règles. Qu'il pense avoir le contrôle, le lapin blanc. C'était comme il le souhaitait. Seulement il galopait avec véhémence dans la direction du renard, en cela il avait perdu d'avance. Ces airs bravache, cette petite niaiserie, quand se rendrait-il compte de son erreur? S'il avait refusé, Ivan aurait sans doute insisté. Jusqu'à ce que mort s'ensuive, comme ils disaient si bien dans le jargon populaire. Mort il n'y aurait pas eu, sans doute. Il n'aurait eu d'autre choix que de s'incliner, laissant peser nombre de menaces sur la tête autrichienne. Menaces qui auraient été mises à termes un jour ou l'autre, dés lors qu'il ne l'attendrait pas. Mais il l'avait suivi. Enfantillages. Il ne fallait suivre que lorsque les cartes disposées entre ses mains étaient les cartes gagnantes. Ivan était un bluffeur. En cela il gagnait toujours.
Mais il avait aussi la plupart du temps la combinaison gagnante.
Autriche porta la bouteille à ses lèvres, sous le regard soutenu du Russe. Avec élégance. Avec courtoisie. Il continuait de le défier. Mais le geste qu'il eut de la rabaisser, ce mouvement rapide qu'il effectua... Il était bien moins sûr de lui que ce qu'il voulait paraître à premier abord. Modération? Futile notion. La modération n'existait que pour ces êtres qui ne pouvaient tenir convenablement l'alcool. Il n'était pas convenable d'avoir une cuite. Encore moins lorsque l'on se devait de tenir le rang de l'Autrichien. La modération, vraiment? Ce principe, lourd d'orgueil, qui leur permettait à eux, à tous ceux qui ne pouvait supporter cette brûlure profonde, cette blessure naissant dans le creux de leur gorge, de triompher sur les "autres". C'était une victoire sans péril. Ce serait un triomphe sans gloire. Combien de fois il avait entendu cette vague excuse plâner entre deux mots à peine prononcés, souhaitant achever le sévice. Combien de fois il avait regardé le groupe s'évader au travers de ses propres desseins. Regardez celui-là qui ne boit pas! Il est seul. Parce que la société aime le risque.
Rien n'était plus amusant que de lancer des paris sur la roulette russe.
Hormis peut-être d'entendre la détente, ces quelques secondes où le pari prenait place, où l'attente était en parfaite osmose avec son dénouement et la passion qui se mêlait au jeu. Où la vie entrenait la mort ouvertement, où chacun des deux militants attendaient avec impatience de savoir où se dirigerait le candidat. Peut-être alors à ce moment pouvait-on parler pleinement de "vie". Lorsque véritablement la balance est en équilibre et qu'alors le participant oscillait entre le navire qui rentrait au port et celui qui devrait le mener hors des terres humaines. Hors des limites des vivants. Orphée y était parti avec une harpe, nombre partaient avec un revolver. Cependant de ceux-ci il était impossible de savoir la destination. Il était impossible de connaître le destin que leur avait réservé Cerbère. Est-ce que le chien à trois têtes s'était laissé prendre au jeu? Peut-être. Peut-être pas. Depuis le temps ils auraient du tous rentrer chez eux, si ç'avait été le cas. Et Ivan ne se souvenait pas avoir entendu parler d'un revenant des Enfers.
« Veuillez m’excuser ; je préfère ne point en abuser.», finit-il par avouer avec au fond de sa voix cette même note condescendante qu'il préservait constamment avec orgueil et fierté.
Le Russe ne put s'empêcher de sourire. Froidement. Non, je ne t'excuse pas, Austria. Continue donc. Montre-moi jusqu'à quel point s'envole ta fierté. Montre-moi à quel mesure tu peux considérer et contrôler ton orgueil. Frustration? Pas réellement. Cette petite note, ce petit goût amer qu'il ressentait, n'était rien d'autre que l'envie prenante de se jeter à corps perdu dans son jeu. Mais il ne fallait pas s'y perdre, non. C'était trop tentant pour que tout se passe à la perfection. La perfection en elle-même n'existait pas. Rien ne pouvait plus l'envahir que l'instant, que le sentiment d'urgence de la situation. Mais il fallait être patient. Il fallait attendre. Il falalit observer la déchéance de son adversaire, le regarder en souriant pendant qu'il perdait le contrôle de la situation, pendant qu'il se rendait compte de ses erreurs.
- Allons, Austrria... Tu le sais bien, non?... La coutume rrusse veut que tu finisses ton "verrre"... Tu ne voudrrais pas y dérroger, n'est-ce pas?... Manquer à nos prrincipes....
Perds. Abandonne. Montre-moi à quel point tu peux être faible. Ou bien continue, reste un adversaire de valeur, jusqu'à ce qu'alors tu ne perdes tout.
Abandonne.
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| | | Autriche / Roderich E. Véritable Aristocrate
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| Sujet: Re: Fausses notes [Libre] Sam 27 Nov - 2:04 | |
| Les connaissez-vous… ? Les principes de la noblesse…
Oh, certes, ce terme avait de quoi faire sourire…oui, sans doute pourrait-il déclencher facilement ce sourire glacial sur les lèvres du russe. Froid et immuable comme la neige…mais il ne se contentait pas de cela…Non, il brûlait, flammèche bleue sur une terre stérile, dévorant désespérément ce qu’elle trouvait sur son passage. Brûlure glaciale comme la saveur étrange au fond de sa gorge qui lui aurait tiré une grimace…si seulement il aurait pu se le permettre. Un feu de glace qui prenait sans donner, brûlait sans émettre de chaleur en retour. Sourire d’égoïste. Non, ce n’était pas un sourire noble... Il le savait bien, n’est-ce pas… ? N’était-il pas le mieux placé ? Froid, il l’était, ce sourire. Mais il ne possédait pas…Cet « élément » qui tissait ensemble des fils de soie avec une aiguille d’argent…Ce matériau étrange dont étaient composés les aristocrates. Quelque matériau dont on ne pouvait point certifier la provenance. Cette marque de « distinction ». Cette dignité dans la manière de marcher. De tenir un verre et le porter à ses lèvres. Un verre…"Allons, Austrria... Tu le sais bien, non?... La coutume rrusse veut que tu finisses ton "verrre"... Tu ne voudrrais pas y dérroger, n'est-ce pas?... Manquer à nos prrincipes...."Parlons-en, justement, de ce verre, Roderich, si tu veux bien…
L’autrichien se força à demeurer de marbre devant cette provocation doucereuse, ces piques joueuses comme si l’autre tâtait le terrain pour une prochaine lutte…Le prendre par les sentiments…Ou…par les principes. Quel être de distinction digne de se nom pouvait refuser d’honorer ce genre de choses… ?
Manquer à nos principes…La phrase provoqua en lui un léger frisson, ce frisson de léger dégoût et de mépris…Mépris que le russe ait choisi de l’affronter avec cette même chose dont il tirait sa fierté. Les règles. Les principes. Choses sacrées et vénérées…Sauf que ces principes-là étaient à respecter envers soi-même...envers les autres ? Probablement…accessoirement…ce serait ce que l’on qualifierait de « galanterie ». Technique de courtoisie et de raffinement…Mais il ne s’agissait pas de cela ; ce ton hypocrite et mielleux s’intéressait à tout autre chose…Il se força à ne pas regarder la bouteille afin de la comparer à ce qu’il considérait en toute honnêteté comme ayant une forme de ‘verre’. Sachant bien que le russe n’était pas ignorant de cet écart de langage et l’avait même probablement utilisé intentionnellement. L’ignorant comme si elle avait perdu toute notion d’existence à ses yeux. Alors que c’était bien elle qui l’avait mise dans cette position des plus imbéciles. Il était tentant d’en faire de même avec le russe. Pourquoi gaspiller son énergie là-dessus ? Sur cet être-là, d’autant plus ? Sans doute n’en valait-t-il pas la peine. Pourquoi se soucier de ce qu’il pensait… ?
Mais…il le savait déjà. C’était déjà une question de…appelez-le ce que vous voulez. Question d’amour-propre, d’honneur, de fierté. L’autrichien le savait alors qu’il pouvait sentir son dos irréprochablement droit, ses mains élégamment posées sur les touches du piano de nouveau ; élégance contrôlée, digne. Et si fragile. Comme le tronc encore fragile d’un arbuste qui savait ce qu’il pouvait devenir…Un grand chêne ancestral. Si seulement il n’était pas si facilement atteint par le froid. Si seulement il sacrifiait quelques feuilles de dignité afin d’échapper à l’incendie. Choisissait d’offrir quelque satisfaction minime au grand froid afin de supporter le gel…et non pas devoir subir la tempête de neige. Peine perdue…il avait déjà vu cette opportunité lui passer sous le nez. Et l’avait laissée filer…Une belle condamnation, en toute connaissance de cause. C’était comme…demeurer sur un grand lac gelé, sur le point de se fissurer. Si l’on bougeait afin de se reculer…à coup sur, les fissures apparaîtraient et cette surface se briserait comme un miroir jeté au sol, mais peut-être aurait-on une chance de s’en tirer. Peut-être pas. Il y aurait cette même chance, impartie à tous…Et si l’on faisait face… ? Et si on restait immobile, sachant que ce n’était pas pour autant que l’on serait sauvé ? On finirait peut-être par être englouti. Ou alors…peut-être que l’on resterait là, droit et sans mouvement…jusqu’à…
Jusqu’à ce que mort s’ensuive ?
Sans doute commencerait-on à mourir de froid…personne ne pouvait résister aussi longtemps…Tch. Il sentit ce son de dédain échouer dans sa tête. Ce serait réellement stupide…noble, mais…stupide. Mais…qui donc avait décidé que les deux devaient forcément aller ensemble ? L’intelligence n’ajoutait rien à ce mystérieux mélange constituant un aristocrate. Au contraire, l’on pouvait souvent dénoter dans ce spécimen-ci un extraordinaire manque de sens commun et de considération. Et on se demandait pourquoi Autriche n’aimait pas les imprévus…Ces imprévus-là montraient à quel point il n’était qu’un parfait imbécile incapable d’improviser. Ou…capable d’improviser de manière assez maladroite. Avec des conséquences discutables. Voire, désastreuses. Mais cela ne faisait qu’accroître le sentiment que…ce genre de personne ne devrait pas être comme tout le monde. Devrait toujours marcher un niveau au-dessus des autres, conversant avec les anges et buvant leur café avec une grâce naturelle, sans affectation ou fausseté aucune. Être jalousés et admirés à la fois dans leur refus de redescendre tout à fait sur terre. Êtres profondément inutiles en soi…mais ce refus de s’abaisser au niveau de sens commun des simples mortels ne semble qu’accroître leur aura mystérieuse. Mystérieuse car impossible à atteindre. On pouvait tenter de l’acquérir, par une éducation aux bonnes manières, règles absurdes apprises par cœur…Même l’acheter, titre par titre, acte par acte d’anoblissement à travers dix générations.
Notre aristocrate ne s’était jamais posé la question. On naissait ainsi, voilà tout. Il y avait des gens dotés de ces ailes-là, et dont certaines personnes aimeraient arracher les plumes, une à une, lentement. Avec une obstination d’enfant.
Ces plumages-là étaient-ils d’or et d’argent ? Parfois…Roderich le connaissait bien aussi, ce monde clinquant auquel on avait essayé de le greffer par la fortune et le prestige…un monde s’agrippant aux rideaux d’un spectacle terminé depuis longtemps, déchirant le velours en essayant de se justifier. L’élite. La crème de la crème. S’étourdissant de frivolités mondaines et d’ostentation. Et tombant dans la déchéance, un à un. Famille par noble famille, alors que le rêve se terminait. Ou plutôt…s’arrêtait le moment où ils devaient arrêter de faire semblant. Et à ce moment, les masques tombaient. Le décor s’écroulait sous son propre poids, dans un nuage de poussière ancestrale. La vulgarité et l’irrévérence apparaissaient comme des traces livides, lorsque l’on essayait la poudre. Il ne restait que l’esprit. Les rêves. Une salle froide et vide, et une seule note s’élevant au milieu de la poussière. Il ne restait qu’une illusion, miroitant sur la surface d’ébène d’un piano forte.
Anoblis par les rois. Touchés par Dieu. S’accrochant aux Histoires. Pourfendant les dragons. Epousant les bergères. Et même s’ils perdaient…Non. La véritable noblesse ne perdait jamais. Elle refusait de se battre par dédain, ou fonçait au risque de se perdre, par vanité... Et, si tout était perdu, s’assurer de nouveau de cette vérité indéniable, réconfortante, guerre gagnée malgré les batailles perdues…
S’en assurer, dans ces yeux d’un mauve glacé et rieur…
Tu ne seras jamais meilleur que moi.
Et cette pensée lui arracha un sourire, sans qu’il ne s’en rende compte. Sourire calme, et…légèrement vindicatif, comme une goutte de poison glacial glissant sur le velours. Le velours écarlate du rideau qui…s’abaissait, ou s’élevait… ? Sur la fin d’un triomphe, ou le début d’une fin… ? Et pourquoi, pourquoi penses-tu à ce genre de choses ? Le gel sibérien aurait-il déjà atteint ton esprit…et ton cœur ? A moins que ce ne soit l’alcool. Tch. Trêve de sottises.
Levez le rideau. "Je ne puis malheureusement reconnaître un ‘verre’ dans ce que vous me présentez…" dit-il calmement…L’ombre du même sourire dans sa voix ; le sourire sur ses lèvres, celui d’un roi devant un certain Fou. Le Fou avait souvent raison. Mais il ne pouvait guère gagner contre un trône et un sceptre. A moins d’une révolution. A moins d’un jour de Carnaval qui mettraient les uns à la place des autres…mais ce serait encore une mascarade. Spectacle éphémère sous l’emprise de la fête…et de l’alcool, probablement…
Une chose était sûre…Une phrase dédaigneuse, froide, cinglante, maintes fois répétées, et toujours aussi risible et blessante à la fois.
Nous n’avons pas les mêmes valeurs."Si nos principes sur ce point sont trop dissonants afin d’être raccordées…cela est bien au-dessus de ma volonté…Russie." La voix de la courtoisie scintillant de glace. Et un frisson caché. Dissonance. Le mot lui échappait comme un dernier souffle froid, partant en volutes translucides. Mais il le laissa partir. Laissa glisser la formule de politesse dans la neige, quelque part…loin…il ne s’en souciait plus. Inutile. Le russe pouvait bien voir qu’il n’avait aucun respect pour lui…ou peut-être que si…Le respect d’être encore là, à persister, comme un oiseau volant contre le vent. Lui-même ne le savait pas. Pas encore.
Levez le rideau…encore et encore…même s’il n’y avait plus personne pour se préoccuper ou pour applaudir, et juste une scène vide et morte…Mais qu'il vente ou qu'il neige, on persistait...par...orgeuil...par honneur...par autant de termes creux, inutiles et interchangeables. En somme...
Par principe. - Spoiler:
[Aowch...désolée pour le regard critique >.>]
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Fausses notes [Libre] Jeu 2 Déc - 10:16 | |
| Oh, vous ne comprenez pas, n'est-ce pas ? Les désirs de l'enfant perdu. Vous ne les comprenez plus, n'est-ce pas ? Lorsque le vent souffle dans la ramure des arbres, laissant délicatement s'effeuiller leurs tendres branches, abandonnant avec délicatesse un givre trop avancé. Chaque jour l'arbre se gelait un peu plus, chaque jour il mourait pour laisser place à un triste avenir ; la neige salie par le ciel finissait par venir le recouvrir entièrement. Et il n'y avait plus rien alors. Rien que le froid et la glace. Mais vous ne comprendrez pas, n'est-ce pas ? Pas avant qu'il ne soit trop tard, pas avant que cette neige ne vous recouvre vous aussi. Pas avant que tout espoir ai disparu, que votre fuite ne soit qu'un léger désir improbable, anéanti par la rugueur de l'hiver. Riez, souriez donc mon ami. Attendez patiemment votre air, affichant sur votre visage des airs arrogants, défiez-moi. Car je suis l'Hiver. Je suis cet Hiver qui vous tuera au plus profond de vous-même. Oh, vous fleurirez à nouveau. Oh, combien vous montrerez-vous majestueux. Mais jamais vous ne pourrez oublier, non. Je vous en empêcherai. Chaque jour, chaque heure, à côté de ce piano que vous aimez tant, en jouant votre mélodie mortuaire. Car, l'ingnoriez-vous, mon cher ? Ces notes que vous chérissez dans votre coeur, ne sont-elles pas celles qui vous conduiront à votre tombe ? Ne serait-ce pas là ces noires délicates qui vous apporteront la putréfaction et l'horreur ? Et ne saviez-vous ? Vous ne serez guère là pour les entendre. Non, vous les entendrez, de loin. Vous pourrez maudire ces notes que vous jouiez autrefois, tandis que d'autres prendraient le relais sur la banquette du piano. Couvert de poussière ? Il ne le sera jamais. Toujours un remplaçant vous aurez. Car vous n'êtes pas un Dieu, rien qu'une Nation. Un fantôme peut aisément être remplacé, mon ami. Et un fantôme ne peut pleurer. Vous pourrez seulement voir, de vos yeux éteints, à quel point vous n'êtes irremplaçable. Et vous penserez alors à cet Hiver que vous avez bravé, tandis que les enfants s'amuseront à venir vous visiter, tard la nuit, en lançant des racontars, en disant avoir vu votre fantôme, votre corps sortir de sa cage, en tentant de se faire peur. Ignorant que sous leurs pieds gelés ne se trouverait que le coeur éteint d'un aristocrate aimable, n'ayant à ses côtés qu'orgueil, arrogance, distinction cependant.
Oh, triste sourire.
Ivan regardait l'Autrichien pendant qu'il lui faisait face, impassible, imperturbable. Il le savait, c'aurait été si simple, trop simple. En un sens, il ne s'attendait pas à ce qu'Autriche lui cède ; et souhaitait même qu'il lui résiste un peu, la lutte rendant le jeu intéressant. Quel plaisir y avait-il à observer jour après jour l'oiseau en cage si celui-ci ne déplorait pas son emprisonnement ? Quel plaisir y avait-il à capturer un animal qui se rendrait dés la première démarche. Non, il fallait le dompter. Il fallait lui laisser des portes ouvertes, le laisser croire, le laisser s'épuiser jour après jour tandis que la cage se refermait petit à petit. Vous pouvez tenter de survivre dans la neige. Seulement, vous ne pouvez qu'espérer. Portant de ses ailes vigoureuses votre espoir au-dela de tout, vous pouvez continuer de vous battre jusqu'à la fin. Jusqu'à ce que le blizzard ne se referme interminablement sur vous. Au bout de quelques temps, même l'espoir se perd. Il vous survivrait cependant. Jusqu'à ce que vous ne soyez trouvé. Car il y aura toujours quelqu'un pour vous chercher, au travers de la neige. Et alors le triste hiver se perdra. Le printemps finirait par revenir, oubliant de réveiller avec lui l'arbre qui avait été touché par l'Hiver. Car l'Hiver ne blessait pas, il meurtrissait de ses doigts recourbait votre coeur endolori alors.
Immobile, le Russe avait l'impression de le voir, cet oiseau en cage, qui ne cessait de se débattre au travers de ses barreaux d'or et d'argent. Il était difficile le petit, il fallait lui clouer le bec, lui plumer les ailes. Il lui arracherait ses plumes oui, petit à petit, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus s'envoler, jusqu'à ce que lui-même reconnaisse qu'il ne pourrait plus jamais avancer. Mais il continuerait de se battre, encore. Jusqu'à ce qu'il disparaisse. Entièrement. Jusqu'à ce que tout de lui, le moindre souvenir qu'il laisse dans la mémoire des autres, aut définitivement quitté chaque esprit. Jusqu'à ce que chacun de ses souffles ai été anéanti par le souffle de cette planète. Peu importait le temps que cela prendrait. Peu importait combien de temps encore Ivan allait devoir attendre. Il le briserait. Il l'anéantirait, de ses propres mains, petit à petit. Car il ne voulait pas être oublié, lui. Cela lui faisait tellement peur. Il ne pouvait pas perdre. En perdant il admettait. En perdant, il serait oublié dans peu de temps. Il devrait gagner, toujours, pour subsister, pour que personne ne le laisse. Même alors qu'il aurait passé le pas. Il fallait que d'autres pensent à lui, tremblent de frayeur en pensant à un hypothétique fantôme. Car il ne pouvait se sauver seul de la neige. Il était dans un gouffre, un gouffre immense. Et pour le remonter, il fallait qu'il s'appuie sur d'autres, continuellement. Pour ne pas tomber. Pour être, simplement.
"Je ne puis malheureusement reconnaître un ‘verre’ dans ce que vous me présentez…"
Dans sa voix même, il se trouvait un sourire. C'était tellement facile, d'exprimer telle bravade. Bravoure ? Aucune. La bravoure était un terme qui pouvait anticiper une victoire. Les braves étaient ceux qui allaient en avant du danger et qui pouvaient, par ce geste, gagner. Mais Autriche ne gagnerait pas, non. Il ne le permettrait jamais. Qu'il sourie, si cela lui convenait. Mais il ne pouvait qu'attendre. Qui sait ce qui pouvait passer par la tête du Russe ? Ivan pourrait le laisser partir, oui. Mais cela, était un abandon. Abandonner, c'était perdre. Il le savait, Autriche non plus, ne souhaitait sans doute pas perdre. "L'honneur"? Allez savoir. Certains étaient fait ainsi, formés dés leur naissance non pas de chair et de sang mais de valeurs, de principes, de noblesse. Il en était certains qui ne pouvaient douter de ce qu'ils étaient, car ils avaient été conçus pour "être", justement. Il n'avaient pas besoin de chercher. Ou alors ils étaient nés en sachant que leur vie ne se trouvait pas au bout du chemin, mais marchait main dans la main avec eux. Et s'envolait avec eux lorsqu'ils se libéraient de l'oppresseur. Oui, ceux-là bravaient le monde. Ceux-là se battaient pour un Idéal avec lequel ils marchaient chaque jour. Ceux-là étaient de ces oiseaux qu'il fallait enfermer. Ceux-là étaient de ces oiseaux dont il fallait se méfier lorsqu'ils étaient siens. Il fallait les asservir pour que plus jamais ils ne puissent voler. Autriche, était l'un de ces oiseaux. OU du moins, était-ce que pensait le Slave.
Parce que oui, on ne dirait pas comme ça, mais le Russe avait du respect pour l'Autrichien. Il avait de la valeur, celui-là. C'était pour cette raison qu'il fallait absolument le brimer. Parce qu'il était bien mieux. Parce qu'Ivan enrageait de le voir ainsi, calme, patient, entouré et aimé, naturellement. Sans changer, sans se retenir, sans rien. Ils l'admiraient, les autres. Ils l'admiraient, ce germanique aux traits affinés. Et qui jouait avec les mots. Il pouvait se gausser, kol kol kol ~♥, il pouvait rire, oui. Ce n'était pas un verre ? Allons donc Autriche, l'ignores-tu donc ? Chaque récipient dans lequel tu trempes tes lèvres si délicates se transforme alors en un verre creusé d'or et d'argent. N'est-ce pas là ton miracle, Autriche ? N'es-tu pas de ceux qui, d'un seul geste, transforment la neige en soleil ? N'es-tu pas de ceux qui peuvent construire un empire de bonheur ? N'es-tu pas de ceux qui peuvent composer le monde ? Cesse de me prendre pour un idiot.
"Si nos principes sur ce point sont trop dissonants afin d’être raccordées…cela est bien au-dessus de ma volonté…Russie."
Oh ? Petit frémissement, soudain, imperceptible. Et un Russe aux mâchoires serrées, comme voulant contenir entre ses dents des insultes trop chargées pour tant de noblesse. Il esquissa un sourire, bien trop froid pour être réel. Mais après tout, lequel de ses sourires étaient vrais, n'est-ce pas ? Ivan, pouvait-il présenter de lui-même, cette expression reccueillant en son sein bonheur et sincérité ? Non, il ne le pouvait. Car au fond de lui il avait déjà perdu, en réalité. Il avait perdu contre lui-même. Méfiance, angoisse, distance, attachement même, tout cela il les cachait sous des sourires. Peut-être valait-il mieux être comme Grèce. Peut-être ne rien exprimer était-il bien plus simple que de sourire constamment pour cacher constamment quelque chose. Et pour cacher un sourire, on fait quoi ? On sourit constamment. Pour ne pas montrer le bonheur. Et pour prouver du sadisme, de la haine, de la joie à l'idée de blesser l'autre, on rit. On étouffe un léger gloussement, comme celui que venait de faire le Russe en laissant s'échapper sa bouteille de Vodka sur le sol, fracassée avec un bruit ténu.
Ne pas réfléchir, c'était mieux. Oublier. Oublier tout. Oublier que l'on doit être civilisé, oublier que l'on doit se contenir en présence de l'autre. Se souvenir simplement que les souvenirs qui restent sont ceux qui font mal, sont ceux qui blessent. Ou peut-être Ivan n'avait-il jamais compris que l'on pouvait exister au travers de l'autre par l'amour, et pas la haine. Ou bien, il le savait mais faisait comme si. Parce que c'était plus simple ainsi. Parce que même s'il voulait blesser, il ne voulait en aucun cas l'être. Oh, s'il avait pu, il aurait bien voulu, oui. Être aimé, comme on aime le soleil, comme on aime la chaleur. Seulement, Ivan n'était que glace, neige, froid. Être aimé ? Tu parles. Pendant un temps. Le temps où les batailles de boules de neige semblent encore amusantes. Et ensuite, haï.
Douleur, peine, et atroce jalousie. En un instant il avait attrapé l'Autrichien au col. Pourquoi toi? Pourquoi ils t'aiment tous ?
Pourquoi cela ne peut être moi ?
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| | | Autriche / Roderich E. Véritable Aristocrate
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| Sujet: Re: Fausses notes [Libre] Jeu 9 Déc - 10:26 | |
| Au-dessus de sa volonté…au-delà de son contrôle…
Ce frisson alors que ces mots quittaient ces lèvres, alors que ce regard se préparait déjà. Comme les mains prêtes à appuyer sur les touches immaculées, les lettres prêtes à se tisser en mots. Lettres de noblesse…qui confirmaient que non…non, tout était en contrôle. Il ne pouvait pas en être autrement. Et il attendait.
Mais, seulement le silence. Comme une brûlure salvatrice d’oxygène, émergeant de l’eau glacée.
Qu’attendait-il, le russe… ? Roderich le regarda, sentit son silence réprimé, observa la manière dont les traits du visage semblaient s’être légèrement endurcis comme sous l’effet d’une ficelle de marionnette qui gardait la bouche obstinément fermée …afin de ne point dire de choses fâcheuses ? Eh bien… ? Qu’il réponse, envoie encore une volée de paroles provocantes, comme une envolée de grêle…elles ne feraient qu’égratigner la surface de cette armure d’ivoire qui l’entourait…Cette armure pure et diaphane, émanant de calme et de juste mesure…Et façonnant les mots telles des flèches finement ouvragées, comme si elles-mêmes étaient devenues notes arrangées déjà à l’avance sur une partition, prêtes à être exprimée avec un soin tout à fait honorable. Avait-il compris…que faute de provocations pernicieuses, lui aussi pouvait les utiliser, ces mots ? Les utiliser comme une arme ? Jouer avec, comme un orfèvre attentif…ou comme un souffleur de verre ?
Car il s’agissait encore et toujours du verre… Le verre, qu’il avait dédaigné avec une arrogance certaine, préférant jouer avec son sens. Sachant très bien que le russe savait…qu’il n’y avait nulle incompréhension littérale. Mais c’était cela, l’hypocrite magie des mots que l’on savait manier avec une fanfaronne assurance. Un dialogue était une façade pour des sentiments bien extrêmes et violents…Autant de dédain, de plaisir malsain, de fierté illogique… Un verre naissait pourtant ainsi…d’une masse brute, difforme et incandescente, de cette violence du feu que l’on parvenait à contrôler…On changeait la masse rougeâtre en quelque chose d’agréable…en une volute délicate et translucide, qui scintillait dans la lumière. Chose si belle…si fragile…si facilement ébréchée. Cela s’entretenait, un dialogue. Cela se tenait parfois, vacillant, au bout d’une table, dans le creux d’une main, comme la bouteille dont le russe tenait encore le goulot, contenant encore une partie considérable de ce liquide sans couleur, immobile et limpide.
…S’empêcher de briser cette enveloppe fragile de dialogue qu’il avait lui-même commencé…ne pas l’envenimer point trop agressivement, de peur de montrer sa…colère ? Montre donc ta colère…Colère de l’enfant qui aime tant blesser avec des mots si simples, si précis. Comme de charmantes boules de neige gentiment remplies de cailloux tranchants…
L’autrichien s’empêcha d’afficher quoi que ce soit, devant ce mutisme soudain, apparemment forcé, s’il pouvait s’en tenir à l’évidence qui transparaissait sur le visage du soviétique. Oh…le plaisir étrange de savoir que ce visage était parfaitement calme, sans rien dévoiler, en continuant à le dévisager…cette expression délicieusement neutre d’autant plus que celle de l’interlocuteur ne l’était si manifestement pas…si peu contrôlée…Manqueriez-vous donc d’entraînement ? Une soudaine assurance enivrante qui semblait renforcer la noblesse de ces traits apaisés en surface, comme un coup de vertige. Sans doute, l’autre allait…Reculer. Abandonner. Et…lui n’allait pas perdre…comme prévu…comme…la seule alternative qu’il pouvait envisager. Ne pas perdre…à défaut de vaincre. Car les deux n’étaient pas forcément synonymes. Ces futiles contre-attaques verbales n’avaient pas pour but de détrôner son adversaire du quelconque trône malsain sur lequel il se plaisait à se jucher. Non…cela ne vaudrait pas la peine de gaspiller autant de temps et d’énergie…et dans quel but ? Oh, certes…peut-être le ressentait-il encore…cet arrière-goût de satisfaction, mêlée de défiance et de dédain. Mais…n’important que son honneur, à lui…Sans doute…n’était-ce pas le simple plaisir d’avoir pu dignement résister… ? Résister à cet être qui se dressait devant lui, pétri de doucereuse menaces, de brûlante froideur…qui souriait encore une fois. Non…à défaut des mots qui soufflaient comme le vent et la grêle, comme une tempête de neige…il y avait encore ce sourire là. Sourire vidé du sens même de sourire…Grand masque glacial qui lui envoyait encore ce frisson malsain le long de l’échine.
Peut-être…peut-être y avait-il ce réchauffement fictif, illusoire, à l’idée d’une victoire certaine…certaine, ne l’était-elle pas ? ce sourire dissimulateur n’était-il pas là pour le prouver davantage ? N’est-ce pas ? L’autrichien sentit ces pensées voleter et s’éparpiller comme autant de plumes, et ne prit pas la peine de les rassembler. Cela pouvait…donner l’impression si fausse…qu’il commençait à comprendre autre chose…une chose autre que ce qu’il se permettait uniquement…et donc…quelque chose de tout à fait non envisageable. Un léger froncement de sourcils ; soudain éclat d’arrogance. Allons…tout cela était ridicule…il pouvait bien le laisser partir…cette étrange chaleur qui semblait s’accrocher doucement…qui en aurait besoin ? Par peur de céder au froid ? Le froid qui semblait entrer au plus profond de ses os, le glaçant lentement…sûrement…Non, il ne l’atteindrait pas. Ne pouvait-il pas y résister, à ce froid…demeurer là, immobile, dans la neige…attendant le moment où l’Autre allait se rendre à l’évidence. Cesse donc de vouloir m’atteindre. Dans cette armure d’or et d’ivoire, de fierté altière et de calme noble…de neutralité et de paroles trempées dans un délicat poison. Ce pouvoir de façonner un verre à sa manière, au doux et amer breuvage de l’arrogance…La simple arrogance de ne voir qu’au dernier moment. Au moment où il imaginait déjà un pas en arrière, une dernière parole cinglante avant que la silhouette russe ne se détache de celle du piano…et de son musicien.
S’apercevoir…non…ce n’était pas un silence habituel. Silence étrange, sans contrôle, dans lequel les mots prononcés se mêlaient en écho à ceux qui n’avaient pas été exprimées…à ceux qui ne le seraient jamais. Non…ce n’était ni une pause, ni une hésitation. Une intervalle. Un moment dans lequel, entre deux sons, le silence était imposé, descendant sur l’assistance afin de procurer un moment...de flottement. Où l’assistance était encore stupéfaite, se demandant faiblement s’il fallait applaudir ou attendre que son prochain le fasse…Et puis, au moment même, la musique reprenait, s’élevant glorieusement dans le silence…Oui…le silence faisait tout autant partie de la musique. Une pause soudaine, qui marquait un passage. Le passage du prélude qui se bâtissait petit à petit…puis, une pause, et l’ouverture tonitruante, puissante. L’action qui s’autorisait un moment de silence, infiniment plus précieux qu’un roulement de tambour quelconque. Un moment choisi. Précis. Irrécupérable.
Comme l’espace vide entre deux phrases.
Comme un éclat de verre qui se pulvérise contre le sol.
Comme un éclat de rire.
Ce rire subit, à moitié étouffé, rire des plus grossiers et enfantins, qui semblait pourtant capable de lui trancher le souffle comme s’il était constitué du même matériau que ces fragments jonchant le sol. Il ressentait le rire, plus que de l’entendre, ce rire accompagnant le fracas de la bouteille comme une parodie. La parodie de l’orchestre accompagnant le pianiste…ou…était-ce le contraire ? Autant de notes dissonantes qui semblaient l’immobiliser. Regardant les contenus de la bouteille couler doucement sur le sol. Plus de récipient afin de les contenir…plus de semblant de verre ou de non-verre afin de retenir le liquide à la fois brûlant et glacial. Et alors que le regard de Roderich allait lentement de cette main relâchée, jusqu’au visage froidement rieur, il le savait dans un souffle à moitié volé…Plus de ces contours…de ces limites…que lui imposait…que tout imposait…Plus de règles, plus de dialogue.
Et qu'est-ce qui demeurait?
Cette main, agrippant soudainement son col dans un mouvement soudain, violent. Autriche pouvait ressentir le contact brutal se propager comme une onde de choc dans le reste de son corps...corps cloué sur place, incapable de réagir. Son visage muet encore…mais muet de surprise, ces yeux mauves incapables de feindre ce qu’ils n’avaient pas su, étrangement, prévoir, et clignaient légèrement de stupéfaction devant ce geste…impensable. Indigne. Juste le tenir là, par le col...oh oui, suffisant pour faire sonner cette alarme en l'aristocrate. Et après le choc, cette simple phrase venant à l'esprit, qui convenait pourtant aux êtres de ce genre, venant à l’esprit…En venir aux mains. Ah…Je vois…C’est ainsi…Non, étrangement…il avait beau faire preuve de tant de dédain, jamais n’avait-il envisagé cette manière fort peu honorable. Probablement car elle lui était tant…détestable. Il aurait pu épargner une exclamation de surprise alors qu’il sentait le tissu se faire attraper et tordre, le sortant tant bien que mal de sa position irréprochablement droite. Mais seul le léger son de l’air quittant ses poumons était perceptible. Réprimant en vain un frisson de gêne irrépressible que le russe était sans doute capable de percevoir. Pourquoi… ? Dans une arrière-pensée distante, détachée, encore vaguement en train de comprendre, il se demandait, oui…Etait-il allé trop loin, lui ? Le russe s’était-il lassé…ou…cherchait quelque chose, qu’il ne trouvait pas ?
Comme si il pouvait le savoir…comme s'il avait vraiment envie de le savoir. La raison même pour laquelle le russe était ainsi devant lui…Jalousie ? Oh oui, dans son esprit si fier, cette réponse n’avait cesse de revenir. La même justification infantile, revenant constamment…
De toute façon…ils sont juste jaloux…
Jaloux de son talent. De sa noblesse. Sans aucun doute…Que pouvait-il faire à ce propos? Et…voulait-il…à ce propos…faire quelque chose ?
A ce moment précis, en ce qui concernait la situation présente…sans aucun doute. Juste…faire quelque chose. Et transmettre le message à son corps...ce serait bien...au passage. Débats-toi donc. Tire. Résiste. Il pouvait entendre sa propre voix sévère, emplie de désapprobation devant son manque de sens commun. Sans doute en enlevant sa main avec fermeté, d’un geste sec, il sera possible de s’esquiver rapidement…Sa main demeura immobile à ses côtés. Oh…même un coup de pied…qu’est-ce qui t’empêche de… ? Impossible. Mais étrangement, cette pensée n’avait pas encore de quoi le paniquer réellement. Simplement une pensée détachée, encore plus loin…plus profondément que la tête. Le cœur ? Peut-être…bien que cela ne semble ne pas être le siège approprié pour ce genre de sentiments, nul doute que l’esprit lui, ne pouvait aucunement héberger ce sentiment de fierté qui persistait en lui comme un poison. Car il n’y avait point de réflexion dans cette voix qui susurrait…Ce genre de choses…est bien peu convenable. Non…jamais tu ne pourrais te le permettre…Et pourtant, quelque chose de plus urgent luttait encore…quelque chose de sévère, mais d’urgent à la fois. Non…c’est stupide…Bouge. Maintenant. Réagis…de n’importe quelle manière. Rien à prouver, par refus de lutter…rien à prouver, et surtout pas à lui. Lui…qu’il regardait encore avec une froideur qui se voulait…si calme…si dérisoirement calme… comme si cette main glaciale, cette main intrusive et violente n’existait plus…mais cela était déjà un mensonge, et tous deux le savaient.
Décide. Sens commun, ou honneur. Ce simple et fatal honneur qu’un noble…cela ne courrait pas, ne gigotait pas disgracieusement afin d’échapper à cette manière de se faire attraper au col tel un enfant puni. Mais ce corps censé lutter lui semblait déjà engourdi. Au-delà de son contrôle. Oh, il pouvait bien laisser ces mains voyager sur des touches d’ivoires vers des mondes imaginaires immenses…pourtant là elles se tenaient, impuissantes et sans vie devant ce simple geste si vulgaire et indigne…Il tenta de s’écarter, et cet admirable effort semblait à peine provoquer un spasme de mouvement. Non ! Reste là à le regarder, cet être abject…lui faire comprendre à quel point il est peu digne. A quel point il est tombé bas. Fais-le ! De toute façon…
Pas d’autre choix…
Ne pas...détourner le regard. Quoi qu'il arrive. Il le regarda avec tout le calme qu’il pouvait rassembler, le raclant jusqu’à l’os ce calme si légendaire…essayer de déblayer la neige qui s’installait et trouver la terre ferme, pas encore entièrement gelée. Son regard derrière ses lunettes arborait une expression digne…oui, aussi digne que possible en la circonstance. Ces yeux si remplis de sentiments difformes et extrêmes, portés à incasdescence dans les yeux du russe...ils n'allaient pas l'influencer. Essayant d'en faire abstraction, de la dédaigner comme avant, cette lueur dans les yeux pâles de celui qui le tenait. Tentant de ne pas les laisser le brûler. Essayant de ravaler le dégoût…la défiance…oui…même ce sentiment qui brûlait, qui tordait le fond de ses pensées…était-ce de la haine ? Cette pensée même l’atteignait comme une gifle.
…Comme si…comme si il allait se donner la peine de ressentir quelque chose…
Non…la haine…c’était trop fort. Trop puissant pour lui. Malgré l’humiliation, malgré ce froid qui refusait de le quitter, malgré chaque goutte de sang qui semblait soudainement bouillonner de fierté…de désir de lutter, sans pouvoir le faire. Non. Un sentiment aussi ridiculement fort…ce serait lui prêter trop d’attention. Ce serait dire…qu’il avait gagné, cette être susurrant de malice feutrée. Non. Il ne le permettrait pas. Jamais. Un air déterminé brilla dans son regard ; il pouvait presque la sentir, physiquement, cette résolution qui lui tordait le cœur. Ce serait tellement plus facile de lutter comme n’importe qui. Simplement le détester, comme n’importe qui. Ce n’était pas par héroïsme…ou par sainteté. Au contraire…simplement par l’égoïsme le plus absolu. Ça…tu ne peux pas me le retirer. Ce privilège si ridicule…si stupide…celui de refuser de se rendre à l’évidence. La rejetait, cette évidence, dans un calme violent. "Relâchez-moi."
Les deux mots sortirent avec cette précaution si fatale qui montraient si bien le contrôle qui glissait doucement…si doucement que l’autrichien lui-même ne semblait pas s’en rendre compte. Mots lentement, doucement prononcés. Dans un murmure formellement mesuré. A la fois ordre. Menace. Demande si courtoise, vouvoiement si appuyé…Et calme prière. Avec ce regard qui refusait de se détacher, froidement insistant. Ignorant tout ce qui lui hurlait de ne pas insister. D’abandonner. Juste…cette fois. Non...pas question de céder.
C’était la sincère, insoutenable et – peut-être pour une personne en particulier – fort risible lutte de celui qui ressentait les liens d’or et d’argent qui le serraient cruellement, sans deviner leur nature. Celui qui pensait s’empêcher de devenir prisonnier…et pourtant, n’était que prisonnier de ce même instinct qui le dictait…qui n’était que là à cause de cet sens de l’honneur autodestructeur qui le faisait gagner…tout en perdant. Quand viendrait-il ? Ce moment dans lequel il s’apercevrait que cette armure si belle et si honorable n’était gère qu’une cage… ?
Ou un cercueil. Avec, en guise de marche funèbre, la même note, la même harmonie jouée dans une boucle infernale, dans cette voix si calme. Juste ces mêmes deux mots, répétées ad aeternum. Éternelle valse macabre, au rythme de ses deux derniers mots dans un soupir oublié…si risible. Si vain. Et, malgré tout, étrangement courageux.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Fausses notes [Libre] Mer 22 Déc - 22:20 | |
| Tu veux faire le brave, hein, Austria ? Tu penses que tu vas pouvoir t'en tirer, hein ? Tu penses que tu es plus fort que Russie, que ce grand Russe dont tout le monde a peur ? Ah, laisse-moi rire. Tu ne le seras jamais, Autriche. Jamais. Ivan tenait à ce qu'il ne le puisse pas. Ivan voulait être toujours.... bon, d'accord. Ivan voulait toujours se croire supérieur. Il voulait toujours penser avoir le dessus sur la situation. Parce que sinon quoi ? Il perdrait, oui. Et ça, il ne le voulait pas. Il ne voulait pas perdre, non non. Jamais. Jalousie ? Oui, sûrement. Ivan était jaloux. D'Autriche ? De lui et d'autres. Il ne supportait pas -ou plutôt, il ne supportait plus- de les voir tous minauder, de les voir tous s'aimer et copuler comme des lapins de garenne. Ah, certains le faisaient avec plus de discrétion que d'autres hein. Oui.... Ceci dit, ceux qui étaient les plus "redoutables" -kofkofLysanderkofkof-, il les aimait bien. Bon, il n'y en avait qu'un. OK. Mais ce un, c'était maman. Et maman bah... c'était maman. Pourquoi aller chercher compliqué quand on pouvait faire simple ? Ou inverse... En tout cas, Ivan était jaloux oui, de beaucoup de personnes, pour beaucoup de raisons. La plupart du temps il passait outre. La plupart du temps. Seulement voilà. Voir une personne comme Autriche, ça l’énervait. Pourquoi ? Pourquoi ?! Il gardait une si belle assurance. Il arguait avec tellement de hargne cette supériorité qu’il avait sur lui. Ah ça oui, l’Autrichien il avait de la classe à revendre. Peut-être trop même. Beaucoup, beaucoup trop.
Et ça, le Russe, il ne pouvait pas le supporter.
Que d’autres le dominent, passe encore, il pouvait s’en arranger. Il pouvait toujours faire semblant, oui, imaginer, se persuader qu’il avait l’avantage. Mais, qu’ils le dominent et restent de marbre, comme ça, comme des statues des temps anciens, ces statues que chacun venait vénérer pour leur grandeur, leur audace, leur courage… qu’ils le dominent et l’expriment dans chacun de leurs gestes, ça, ça le rendait fou de rage. Il n’y avait pas de secret. Ivan jalousait ceux qui étaient aimés. Ivan jalousaient ceux qui avaient ce que lui ne pouvait voir autour de lui. Il était aimé oui, par certains. Mais soit il ne le voyait pas, soit il y voyait juste de la pitié. Ou quelque chose du genre. Ses sœurs ? Elles devaient certainement le prendre en pitié, pauvre petit, il serait bien seul sans elles. Héraclès ? La même chose… Lys ? N’en parlons pas… Lui les considérait comme précieux, mais eux ? Eux, que pensaient-ils ? Il était bien pathétique, ce gamin, hein. Il fallait prendre soin de lui. Incapable. Il y avait des Etats à qui il avait tout donné. Il les avait mis sous sa tutelle. Et eux, qu’avaient-ils fait ? Ils l’avaient lâchement abandonné dés que possible. Où étaient-ils maintenant, Estonie, Lettonie, Lituanie ? Oh, pas loin, pas loin. L’évitant plus qu’il n’était nécessaire, choisissant scrupuleusement leur moment pour ne pas percevoir derrière eux l’ombre russe. Où étaient-ils, Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizstan ? Ils l’avaient laissé tombé, ils l’avaient quitté dés lors qu’ils n’eurent plus besoin de lui.
Il les avait protégés. Autant qu’il avait pu. Evidemment il leur avait fait la misère de temps en temps, il les avait maltraités de temps à autres, mais il les protégeait du monde. Et eux, ils avaient préféré le monde à lui, c’était tout. Sales petits rats. Et là, juste sous ses yeux, il y avait l’un de ces rats. L’un de ces rats qui le défiait. L’un de ces rats qui tremblait au fond de lui-même, il en était sûr. Et il continuait de le regarder en face, comme si toute cette histoire ne lui faisait absolument rien. Ou plutôt, non. Ce n’était pas comme si rien ne se passait, mais comme si, justement, tout était trop présent. La hargne, la bravoure, n’était présente que lorsque la peur s’était installée. S’il n’avait pas eu peur, s’il n’avait rien ressenti, il ne se serait pas conduit ainsi, non. Il aurait coulé, négligemment, se moquant ouvertement de ce qui pouvait lui arriver. Mais il était là, rigide, droit. Il le regardait, un air de bravade dans les yeux. Il lui tenait tête. Il lui faisait face. Et bientôt il lui donna un ordre, clair, concis. Calme. Un ordre échappé tout droit de ses lèvres quasiment closes. Mais comme s’il venait d’ailleurs. Tu vois, c’est comme un oiseau qui s’envole, ce son.
"Relâchez-moi."
Le faible oiseau que l’on relâche pour pouvoir le tirer quelques mètres plus loin. Et alors il disparaitrait. Il mourrait, enveloppé dans un étau de plumes vivaces. Il se teindrait de terne. Et alors ? Il n’y aurait plus d’oiseau. Il n’y aurait plus de plumes, dansantes dans le vent. Il n’y aurait même plus de vent pour lui, simplement. Car les choses existaient de façon relatives, n’est-ce pas ? Pour Autriche, l’amour existait. Pour Ivan, il n’était qu’une façade. Pour Autriche, la noblesse existait. Pour Ivan, elle n’était qu’un amas de boue situé plus haut que les autres. Tout était relatif. Chaque chose existait aux yeux de chacun, suivant la façon dont il le percevait. Certaines choses, même, existaient pour certains, mais pas pour d’autres. Certaines personnes aussi.
Mais ça, c’était la vie.
Et bon, on avait beau dire, c’était toujours mieux que rien.
L’oubli, c’était pareil. Il est impossible d’oublier quelque chose qui n’a pas existé à vos yeux. Cependant il est tout à fait possible de laisser de côté une chose que vous avez connue, que vous avez chérie, toute votre vie. Ces personnes que vous avez aimées, celles qui ne vous ont apportées que bonheur et joie, vous ne pouvez vous en souvenir à jamais que dés lors qu’elles vous ont blessé. C’est tellement plus simple. Alors dés lors que vous voulez que les gens se souviennent de vous, il faut blesser, trahir, affaiblir. Il faut jouer, constamment. Parce si le jeu s’arrête vous n’êtes plus rien. Rien qu’un grain de sable parmi tant d’autres. Et ça, ça fait mal. Les grains de sable, ils sont constamment écrasés par des centaines de pieds chaque jour. Des pieds d’enfants, de vieux, des pieds qui puent… Etre du sable, ça n’avait rien de réjouissant. Alors imaginez quand vous tombés sur des conditions climatiques comme celles de la Russie… ou de l’Islande, tenez, vous avez plus de chance de trouver du sable en Islande. Bah, vous vous gelez le derrière toute l’année, y a pas moyen. De même, si vous vous retrouvez sur le pourtour méditerranéen, soit vous êtes violés toute l’année, soit vous avez des insolations tellement atroces que vous ne vous en rendez pas compte.
Voilà, en gros, pourquoi ça craint d’être du sable.
Et Ivan, il avait déjà choisi. Il ne voulait pas en être, certainement pas. Il avait bien mieux à faire. Alors là, quand il l’entendit, son petit oiseau, lui ordonner avec tant d’assurance de le lâcher… non, il ne put s’empêcher d’éclater de rire. Une main posée devant sa bouche, l’autre maintenant sa prise, cet air distingué, ça le tuait de rire. Oh, mieux valait mourir de rire que mourir de honte, pour sûr. Le relâcher ? Jamais. Le laisser lui donner des ordres ? Jamais. Alors il le plaque contre son piano, l’Autrichien. Contre son propre allié. Alors il réfléchit à la meilleure manière de le faire souffrir. Tout en restant dans ses propres principes, parce qu’il en avait malgré tout. Ah. Il pouvait toujours faire ça, là. Poser sa tête sur le rebord du piano à queue, à l’endroit juste où se reposait mélancoliquement cette chose qui ressemblait à un capot. Il pouvait appuyer, il pouvait laisser glisser la petite barre qui le retenait, ce capot.
Et alors il le supplierait.
Oui.
Car il ne pouvait plus vaincre. Ivan ne le permettrait pas. Jamais. Il le tuerait s’il le fallait. Mais il ne le vaincrait pas.
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| | | Autriche / Roderich E. Véritable Aristocrate
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| Sujet: Re: Fausses notes [Libre] Mer 26 Jan - 4:11 | |
| Il les laissa partir, ces deux mots, comme un oiseau qui s’envole…
Mais il était toujours là pour l’arrêter violemment, comme un coup de feu violent et vulgaire. Et le son détestable de l’arme si peu noble était à peine un rire d’enfant lui parcourant l’échine.
Il n’eut pas de temps de comprendre ce qu’il se passait…ma foi…y avait-il quoi que ce soit à comprendre… ?
Sentir le choc soudain contre son visage, cette surface si froide et lisse contre sa peau…Oui, il la connaissait déjà, cette froideur d’ébène du piano, qu’il frôlait souvent de ses longs doigts de pianiste ; ne serait-ce que pour retirer une tâche disgracieuse, ou alors avec…une sorte d’affection solennelle. Un musicien aussi avait des devoirs…Le plus évident était de porter le plus grand soin à l’instrument avec lequel il jouait, à la manière d’un allié…d’un ami…même, peut-être, d’un amant purement platonique, au grand dam d’une certaine demoiselle hongroise…Combien de fois…est-ce qu’il avait senti cette surface familière, contre lequel il s’assoupissait parfois…Présence familière, à l’aspect de radeau dans la tempête…Car oui, il y en avait toujours des tempêtes…Et ce bon piano, solidement campé sur ses trois jambes au milieu de cette salle…Oui, si solennel et gracieux dans son revêtement de nuit noire d’encre.
Certainement, oui, il avait plus de force assis là au piano que debout, face au russe…C’était la force du pianiste qui, quoiqu’il arrive, demeurait droit sur sa banquette et continuait à jouer…Mais les touches étaient silencieuses. Le piano émettait bien un bruit…mais l’autrichien aurait préféré que ce soient ses mains, et non pas son crâne, qui provoquent le son en question…Un son d’ailleurs loin d’être harmonieux. La douleur qui se propagea comme une gifle n’était rien à côté du son du piano qui résonnait, comme un cri de protestation. Comme le cri qu’il se défendait absolument d’émettre, lui, l’aristocrate. Cri de surprise, de douleur, d’alarme ? Lui-même ne le savait pas…mais peu importe, car il n’aurait jamais lieu d’être. Il l’interdisait, se mordant la lèvre inférieure. S’interdisait d’entendre encore une fois ce rire…
Ce rire…humiliant. Oui. C’était peut-être cela, ce sentiment brûlant qui semblait l’enserrer et l’étouffer. C’était le rire que l’on donnait à l’enfant qui demandait et protestait du haut de ses trois pommes, tapant du pied avec autorité en attendant que le monde se plie à sa volonté…Et le monde riait de cette présomption naïve, de cette insolence…
Mais il n’était pas un enfant. Et Russie…Russie n’était pas le monde. Non. De quel droit se permettrait-il de l’être ?...Pourquoi aurait-il plus d’importance que lui ? Oh oui, il en avait rassemblé du monde sous son toit, le russe, par le passé. Plus ou moins de force…mais cela, à vrai dire, l’autrichien y était tout autant habitué. Combien de ‘camarades de jeu’ contraints et forcés avait-il vu défiler dans cette grande maison si remplie et si vide à la fois…Et puis un jour, cela avait cessé. Il se retrouvait soudainement seul…mais à vrai dire, cela le convenait. Cela était devenu lassant. Un poids. Mais ne plus avoir la force de dominer avait un prix. Il devait trouver ça drôle, le soviet, non ? La neutralité. Rester bien sagement au dehors des conflits afin de ne pas s’attirer d’ennuis. Et ensuite, ramasser calmement les morceaux. Oh…non…Rien d’humiliant ou de rabaissant là-dedans.
Même, une certaine fierté. Celle d’être le pays neutre. Le pays à l’écart du raffut indélicat. Non, plus de ces désirs au coin de la banquette du piano, au détour d’une touche…plus de désirs de conquête étrange, de cet empire gagné au profit de coups diplomatiques et de manipulations établies dans le calme feutré d’un salon de thé. Plus de fanfare majestueuse, trébuchant entre la passion et la violence comme l’orage qui fascinait et effrayant à la fois. Plus d’Ode à la Joie. Non…une fenêtre ouverte, laissant entrer un rayon de clair de lune. Un moment qui n’importait plus à personne autre que celle qui était concernée. Un moment égoïste et seul…et agréable.
Une Sonate au Clair de Lune.
Mais…il n’y avait pas de clair de lune.
Il n’y avait que la lumière faible et blafarde des locaux de la salle de musique. Les seules choses qui scintillaient étaient les éclats de verre au sol. Les éclats de folie dans un regard russe. Il n’y avait pas la douceur d’un piano qui jouait des éclats de lune. Il y avait des éclats de sons internes alors que sa tête heurtait le bois, comme un nouvel ensemble de percussions sordide. Ensemble de tête de musicien sur piano, à la russe. Bientôt, éclats d’autrichien sous botte russe ? Oh…non. Ne tombons pas dans le vulgaire. Ou l’improbable. Les éclats de vulgarité et d’improbabilité qui semblaient se refléter dans ce masque de visage…
Et alors qu’il n’avait pas d’autre choix que de détacher son regard de ce visage gloussant, son regard devait aller vers…ce piano…Ce piano qu’il pensait connaître si bien. Mais cela était toujours la même chose, n’est-ce pas ? Le monde était toujours le même. Tout dépendait du point de vue. Car en relevant le regard et voyant ce capot au-dessus, comme un immense ciel noir…toujours là, toujours stable. Oh, c’était étrange de le voir de ce point de vue là. Comme une grande lame prête à s’abattre, comme un messager funeste à la sentence irrévocable. Et l’accusation, quelle serait-elle… ? Un excès impardonnable...Excès de talent, excès d’élégance, excès de calme… ? Ou…excès d’arrogance…La note en trop qui avait posé un défi, piqué la colère du russe…Lui qui voulait tellement avoir le dessus…Maintenant, il l’avait, physiquement, cet avantage. Est-ce que tu es content, Russie ? Mais ce serait tellement simple…tellement plus simple si le simple but du russe était de prouver qu’il était plus fort à la simple force de son bras. Ce genre de constat ne faisait point ‘souffrir’. Il faisait juste ‘endurer’. Le noble réprima le soupir de dédain qui n’avait pas besoin d’être exprimé ; il transparaissait déjà sur son visage. Ce dédain calme et violent à la fois. Veux-tu exprimer ta jalousie, Russie ? Faire ressortir tes caprices enfantins comme le petit être amoral qui écrase les insectes sur son passage, à la fois par vengeance et par plaisir ? Rire ce rire infâme, tintant d’un timbre glacial tel un grelot infernal ?
Soit…Cela ne ferait que le rendre plus fort, lui. N’est-ce pas… ? Mais le russe ne fonctionnait pas ainsi. Il agissait sur l’imagination. L’esprit. Oh, oui, Autriche en avait de l’imagination et de l’esprit. Mais à vrai dire, il n’en fallait pas beaucoup pour deviner le geste de la main qui faisait glissait la barre soutenant cette grande voûte d’ébène. Sentir son sang qui se glaçait doucement, très doucement. Parce que voir cette main qui glissait, en soi, n’était pas grand-chose. Mais il pouvait entendre le son sec du contact qu’il aurait lorsqu’il achèverait sa chute. Difficile de ne l’avoir jamais entendu, lorsqu’on avait passé son enfance à l’ombre d’un piano. Ce son, associés aux accidents fortuits, au sourire du moment de distraction, à peine passé et déjà oublié. Maintenant, ce moment était étiré douloureusement, comme un souvenir que l’on remettait en mémoire afin de mieux pourvoir le briser.
Cruel. Si le russe se contentait juste d’un poing dans la figure, sans prévenir…Cela n’aurait pas été de son souci. Au point où nous en étions, du moins. Mais cette main qui glissant doucement, de manière joueuse, lui laissait le temps de réagir. Avant que le capot ne s’abatte d’un coup, à l’image de la lame de guillotine, de l’épée du bourreau. Mais ce bourreau-là ne portait pas de cagoule afin de cacher son visage. Il n’en avait pas besoin. Il ne pouvait pas avoir peur qu’on s’en prenne à lui…car qui le pouvait ? Qui pouvait contrer cette grande silhouette de soviet, espérer confronter réellement ce regard glacial comme un reflet de cette liqueur qu’il aimait tant… ? Ce sourire…qui ne changeait jamais…Et en regardant ce visage, il voyait maintenant. Le genre de chose que l’on ne voit que dans ces instants si urgents qu’ils semblent soudainement se cristalliser dans le temps.
Ce sourire était le masque du bourreau.
Ce masque…est-ce quelqu’un avait réussi à lui arracher un jour… ? Et qu’avaient-ils découvert ? La vérité…la vérité avait-elle un rire d’enfant et des yeux d’un mauve glacé ? La vérité. On y prenait ce qu’on voulait bien voir. Lui ne pourrait jamais voir autre chose que cette froideur si moqueuse…si défiante…celle qui lui donnait envie de le rendre…jaloux oui, encore plus jaloux, en montrant à quel point il pouvait demeurer digne, même en ce genre de situation bien peu convenable. Oh non…il ne se débattrait pas, ne crierait pas, n’élèverait pas sa voix au-dessus de son ton habituel…Impossible. Il regarda cette main glisser le long de cette barre. Un mouvement rapide, et…non. Il ne voulait pas y penser. Ne rien dire, ne rien faire, rester de marbre…une statue si belle et si austère. Que l’on brisait en mille morceaux.
Ne vous êtes vous jamais fait la réflexion ? Un piano dont on enlèverait le clavier, dont on fermerait le capot, un piano dont on couperait la musique comme on coupe le chant d’un oiseau en plein élan…La forme de ce piano-là ressemblerait beaucoup à celle d’un cercueil. Etrange…pour l’instrument qui représentait sa vie, presque son amour.
Amant, potence, cercueil.
Quel cycle étrange, mais logique…Et dans ce moment de flottement, attendant la sentence comme un aristocrate déshonoré d’un siècle précédent, il aurait presque pu sourire face à cette douce ironie. Il le sentait déjà, ce sourire, menaçant de paraître sur le bord de ses lèvres, irrésistible comme la mélodie que jouait ses mains instinctivement en entrant en contact avec le clavier. Amère vérité…oui…Cette mélodie d’un autre siècle, jouée avec persistance malgré tout ce qui pouvait advenir, comme une promesse…Comme un point d’honneur. Cette chose auquel on s’accrochait...c’était la vie, la mort, et un vague…entre-deux. Où il fallait choisir. Choisir entre deux morts.
Et la musique devenait plus forte. Majestueuse et intime à la fois. Le tempo lent et noble de quelqu'un au bord du précipice; au bord du choix. Le rythme lourd, la légèreté des instruments à cordes. Le choix, l'attente. L'anticipation alors que le morceau prenait de l'ampleur, vers une défaite écrasante ou une victoire éclatante.
Symphonie numéro 7. Beethoven. Vieil ami austère en ces moments de solitude, à contempler sur un piano à l'horizontale.
Contemplation au bord d'un gouffre d'ébène.
Attente.
Le visage du noble s’efforca de regarder loin de cette barre. De cette main doucereuse.
C’était ce qu’il voulait, le russe.
Oh oui. Il jouait bien dans son jeu. Ou peut-être le jeu était-il de faire croire qu’il y avait un jeu. Le but du jeu : prendre les menaces malsaines d’un grand enfant pour des réalités. C’est un jeu auquel il était stupidement en train de gagner…Tout comme il était en train de perdre au jeu que lui-même s’était créée. But du jeu : Prendre ses principes forts nobles pour des réalités. Un desdits principes ? Ne jamais se retrouver dans le genre de situation où une supplication serait de rigueur.
En l’occurrence, celle-ci.
Quelle carte restait-il ?
Celle du compromis. Compromis…douce esquive diplomatique. Douce demi-mesure destinée à consoler et rassurer. Mais également une question d’équilibre si fragile brisé. Oui, cet équilibre entre la note juste et la note faute, entre le verre si délicat posé sur le rebord du piano et celui qui gisait écartelé sur le sol. Appelez-la vibration, gravité, cette constante. L’équilibre entre la fierté d’un noble et la folie d’un enfant. Appelez-la vérité, cette chose si fluctuante qui faisait de l’un un être respecté de tous, et de l’autre un être craint.
Quel pas y avait-t-il, entre un compromis et une défaite ? Entre un compromis et une victoire.
Ridicule. Ce monde l’était. Cette situation l’était. Toutes les conventions qui régissaient la bonne société, la bonne marche du monde. Rajouter ces trois petits mots au début ou à la fin de chaque phrase, et l’ordre devenait une demande civilisée. Changez le ton, et la demande était polie et froide. Ou devenait larmoyante, suppliante. Comme c’était doucement risible ! Ces choses auquel on s’accrochait. Et qui pouvaient ou non convaincre une main de glisser ou non le long de cette barre. Regardant de nouveau le russe. Résistant à l’envie de sourire. De tracer sur ses lèvres un sourire amer et lui demander…si ce n’était pas simplement cela qu’il désirait. Qu’il joue avec les compromis, sans savoir pourquoi. Sans savoir qui cela satisferait. Mais lui était étrangement satisfait…il avait presque envie d’en rire. Risible, tout cela, oui ! Cette phrase pouvait être un ordre courtois, une supplication humiliante, ou une simple demande. Et cela était censé changer quelque chose ? Le russe allait-t-il piocher ce qu’il désirerait y trouver selon son humeur… ? La sentence était-elle alors aléatoire ?
Sa voix ne tremblait pas. Elle n’avait pas le timbre frêle d’un oiseau traînant ses ailes brisées et maculées de sang. Point de supplication dans cette voix. Cette voix expressément neutre, mais…avec un ton qui avait changé. Ce ton éteint, neutre, comme un cœur qui sonnait creux, comme une corde qui se brisait. Une main qui s’enfonçait expressément sur le clavier pour le taire, disloquer l’harmonie. Harmonie lassée de se traîner stupidement dans ce marécage boueux et collant.
Arrêter cette mascarade. Arrêter cet éclat de rire. Arrêter ce frisson qui était celui d’un malaise certain, d’un inconnu noir et glacial…ce frisson de mépris pour ce auquel il venait de l’abaisser. Demander à ce qu’il arrête. Arrêter cette comédie où son masque était déjà fissuré et où celui du russe ressemblait à un manteau de glace.
Arrêter…avant de comprendre pourquoi il avait tant voulu s’acharner. Comme si il avait eu quelque chose à prouver. Non. La victoire était encore la sienne. Tant qu'il plongeait son regard mauve dans celui du russe, il s'accrochait encore à ces cristaux d'espoir. Cette pensée ivre d'arrogance.
Ceci n'est qu'un compromis.
Je contrôle la situation."...S’il vous plaît, arrêtez."Un compromis. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Fausses notes [Libre] Mer 2 Fév - 10:43 | |
| I kill myself in small amounts In each relationship it's not About love. Le camellia. Ou encore "camélia". Simple fleur qui comportait tellement de dérivés, simple fleur dont le nom fut modifié il y a des années de cela car un auteur connu avait fait une faute d'orthographe à son nom. Elle était un peu comme toutes les choses de ce monde, changeante tantôt que tel ou tel l'utilisait. Changeante tantôt que tel ou tel le voyait, tout simplement. C'était aussi valable pour les êtres vivants, les êtres humains, les Nations. Certains voyaient l'autre comme un ami tandis que l'ami en question le voyait comme un objet. Comme quelque chose d'utile pour un temps, quelque chose duquel on peut tirer tout ce dont on a besoin. Inconsciemment, beaucoup de personnes tiraient de leur connaissance nombre de choses, aussi futiles soient-elles. Savoir, comportement, ou tout simplement existence. Tout le monde ne s'en rendait pas forcément compte. En fin de compte chacun s'obstinait à être unique sans le pouvoir, c'était d'une telle tristesse. Ivan comme les autres. Russie n'était pas le monde non, il en faisait partie. C'était quelque chose de difficile à accepter pour quelqu'un qui tente de se tirer du lot, n'est-ce pas ? En fin de compte, avec cette tentative d'échappatoire, il s'avilissait lui-même, se confinait dans ses propres pensées, refusant d'en sortir. Just another funeral and Just another girl left in tears. And I'm waiting With the sound turned off C'était comme si, chaque son s'était envolé. Comme s'il était devenu sourd, qu'un être quelconque avait brutalement descendu le son jusqu'à ce qu'il en soit nul. Totalement éteint. Une seule chose résonnait cruellement dans sa tête, il devait gagner. Jamais il ne devait perdre, abandonner, le laisser prendre le dessus. La main du Russe continuait de glisser, lentement, vers le pauvre rabat du piano. Il était prêt à le refermer sur la tête de l'Autrichien, prêt à tout en réalité. Comment cela lui ferait-il mal, de souffrir par ce même ami qu'il adorait, qu'il gardait à ses côtés du début à la fin ? Quelle douleur pouvait bien s'ajouter à celle, physique, du capot refermé sur sa tempe avec violence ? Avec l'envie de tuer, de blesser par-delà la chair, jusque dans son âme ? Il existait dans ce monde des êtres capables d’une cruauté terrible. Ivan devait son nom à l’un d’entre eux, à celui qui, venant trôner un beau jour sur la Grande Russie, s’alloua avec un certain brio le titre de « tsar », se proclamant descendant des anciens Caesar romains. Mais il y avait autre chose que de la noirceur, dans l’esprit du Russe. La jalousie, oui, il en avait. L’espoir, oui, il en avait. Des choses qu’il cachait, par peur, comme un enfant aurait enfermé ses rêves dans une boîte à musique, la cachant à l’abri de tous regards, redoutant le jour où il entendrait la mélodie s’élever pour lui signifier que ses rêves, ses pauvres rêves sans avenir, s’étaient envolés à jamais. Redoutant aussi que quelqu’un pénètre dans son jardin d’Eden et lui vole tout ce à quoi il aspirait. I'm waiting Like a glass balloon And I'm fading Into the void and then I'm gone, I'm gone, I'm gone... Il lui semblait que tout s’était arrêté, oui, que quelqu’un avait violé cette limite, que la boîte à musique s’était ouverte. Et ce qu’elle avait libéré n’était rien que terreur et envie. Terreur oui, la peur d’être abandonné, la peur d’être seul, seul dans ce monde qui n’était que neige, glace et mépris. Envie de tout pour se débarrasser de ces chaines qui l’entravaient, aller de l’avant, quelque part, juste « être », cesser de « sembler ». Il y avait certaines fois où il avait envie de tout plaquer, de s’enfuir, de ne jamais revenir. Puis il se rappelait, que s’il faisait ça, alors il serait seul, vraiment, qu’il ne pourrait plus conserver la mince illusion qu’il se faisait, illusion dans laquelle il pensait être entouré. Oh, il était entouré de chacals, certes même si certaines exceptions étaient présentes mais au moins, il l’était. Même s’il arrivait qu’il se dégoûte de lui-même, il n’était pas le loup solitaire qui devait hurler à la mort chaque soir. They said that hell's not hot They said that hell's not hot Un jour, il saurait, peut-être. Peut-être qu’un jour il apprendrait qu’il n’était pas obligé d’être un monstre pour garder les gens auprès de lui. Peut-être qu’un jour il apprendrait qu’il fallait qu’il fasse des efforts, lui aussi, que tout n’était pas toujours gris ou noir. Qu’il y avait aussi du blanc, cette couleur qu’il détestait car elle lui semblait trop froide, qu’elle le repoussait. Il aurait pu s’y plaire, il aurait pu. Mais non. Il n’y avait pas moyen, en fait. Il ne voulait pas, se renfermant sur lui-même pour ne pas faire face à sa propre démence. A sa propre passion. Car c’était cela : de la passion. Lui qui désirait à tout prix être avec d’autres, cela le détruisait. Et il ne pouvait s’en plaindre qu’à lui-même. Il ne pouvait se le reprocher qu’à lui-même. Il y avait tant de fois où Ivan n’arrivait pas à faire sa part des choses, à admettre qu’il était responsable. Tant de fois où il restait de marbre, poussant les affaires plus que de raison alors qu’il savait pertinemment qu’il avait tort. Oui, mais il voulait « paraître » fort. Oui, mais il voulait « sembler » sur de lui. Oui mais il voulait « avoir l’air » invincible. Car au fond, c’était ça, son plus gros problème, quoi qu’on en dise. Il réfutait la défaite alors qu’il avait le nez dedans. Il refusait d’abandonner alors même qu’il était déjà tombé, alors même qu’au sol il ne pouvait se relever. I gave my soul to someone else She must have known that It was already sold. It was never about her, It was about the hurt. Autriche lui demandait de le lâcher. Autriche lui demandait de le lâcher. Il avait perdu, Ivan le savait. Il reculait, il admettait sa défaite. Une fois encore, ce n’était pas au Russe de capituler, mais à l’autre. Cela devait en être ainsi. Alors il desserra son étreinte, doucement, stoppa le lent mouvement de sa main vers la base du capot. Un sourire de triomphe illuminait sur son visage. « J’ai gagné. » Il n’y avait rien, rien d’autre qui importait. Il continuait de sourire pendant qu’il tournait les talons, laissant là le pianiste. Comme si ça n’avait été qu’un rêve. Comme s’il ne s’était absolument rien passé. Pourtant il le savait, que ce n’en était pas un. Et il était sûr qu’Autriche devait le savoir. Il avait admis sa supériorité. Une supériorité qu’il emporterait en Enfer. I'm waiting Like a glass balloon And I'm fading Into the void and then I'm gone, I'm gone, I'm gone...
- Spoiler:
Je te propose de terminer là... Sauf si tu veux rajouter quelque chose bien sûr ;p Lyrics: Marilyn Manson - They Said That Hell's Not Hot
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