✯ Académie Hetalia ✯
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 Fausses notes [Libre]

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Autriche / Roderich E.
Véritable Aristocrate
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Autriche / Roderich E.


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MessageSujet: Fausses notes [Libre]   Fausses notes [Libre] Icon_minitimeMar 5 Oct - 16:40

Spoiler:

Le bruit. Il nous entoure et nous parasite. Dans les salles de classes, un murmure incessant, comme une couverture lourde et poussiéreuse…des voix disparates, dissonantes, qui forment un bruit monstrueux, hybride…Sans harmonie aucune. Dans les couloirs, les sons se délayent comme une goutte de vin dans un verre d’eau, les échos rebondissent et voyagent, partis de mots banaux ils deviennent des soupirs énigmatiques, évanescents comme des pleurs de fantôme…Partout, s’insinuant, se faufilant, écorchant les oreilles…Un murmure , un rire…s’estompant au lointain. Et un bruit de pas, net, distinct. Quelques pas par ici…repassant par là. Avec le même aplomb que si ce parcours quelque peu erratique était entièrement intentionnel…Car « se perdre » n’est pas une activité fort noble. Surtout lorsque l’on peut si bien paraphraser et considérer qu’à la place on est en train d’inspecter dignement les moindres recoins de cette école, avec – oh, certes, peut-être accessoirement – l’envie de tomber sur la salle de musique. Ahem.

Un aristocrate n’a jamais à se plaindre de sa situation, du moins pas de manière aussi ouverte et vulgaire. Emettre des plaintes disgracieuses et inutiles ne fait pas partie du mode de vie qu’il s’est tracé. Ainsi, le jeune homme continua cette marche solennelle dans les couloirs d’une manière dignement imperturbable, regardant autour de lui comme s’il était en train de considérer la décoration des lieux et songeait à s’il fallait y mettre ou non son sceau d’approbation. Et puis. Le silence. Car le jeune homme s’arrêta devant une porte, d’un air majestueux (, comme s’il se préparait à entrer dans la salle du trône, au lieu d’un local banal. Un instant de flottement élégant, car il n’était pas bon de s’engouffrer ainsi précipitamment dans une salle. Avant toute chose, s’assurer qu’il soit présentable après cette course folle à travers l’établissement. (…enfin, ce pas ferme et efficace, car Autriche ne courrait jamais…Même lorsque la situation l’exigeait. Et…non, je ne parle pas du 100 mètres.) Remettant en place des lunettes qui encadraient déjà à la perfection ses yeux mauves. Couleur rare…de distinction. Ce regard occupé à contempler sa tenue de haut en bas d’un air méticuleux, ces mains longues et délicates frôlant à peine la manche de sa veste comme pour en retirer une hypothétique poussière…Comme si une vulgaire poussière oserait se poser sur cet uniforme porté avec autant de dignité et de sérieux qu’un costume de cérémonie. Comme une fleur à la boutonnière, une rapière scintillante du côté de son cavalier. Le vieux cartable en cuir dans sa main, tenu comme un coffret serti de pierreries plutôt qu’un sac un peu usé…La forme importait peu…c’était la manière. Ainsi les vêtements les plus beaux et les plus riches, si portés sans grâce, paraissaient hideux et vulgaires…

Notre autrichien ouvrit la porte, et resta un moment immobile, inspirant cette atmosphère de…silence complet. Enfin hors d’atteinte de ces bruits parasites. De ces rires disgracieux, de ces rumeurs qu’il ne parvenait pas à comprendre…Et des mots, qui eux, étaient essentiels…mais auxquels il ne désirait pas répondre.

...Tu aimes Hongrie nee-chan ?

La question pernicieuse rejaillit dans sa tête alors qu’il passait l’encadrure de la porte, et l’autrichien eut un sursaut, un air de surprise et d’indignation derrière ces verres impeccables à cette pensée impromptue. Car, oui, Roderich ne se mettait jamais en colère. Il était juste…indigné. Une démonstration qui touchait plus aux goûts qu’aux sentiments. Qui n’avait rien de la perte de contrôle disgracieuse caractérisant la colère…Il s’entreprit donc de fermer la porte avec soin, sans la claquer. …Non pas qu’il en ait envie, évidemment…s’empresserait d’ajouter Roderich avec un aplomb serein. Effet qui serait peut-être un peu gâché par la jolie teinte rose que prenait ses joues alors qu’il tenta de mettre de côté les paroles de Liza. Il l’avait nié…et ne savait même pas pourquoi… Il regarda la grande salle, dépouillée de meubles et baignée de lumière. Se dirigea vers le grand piano à queue qui trônait silencieusement près de la fenêtre, l’inspectant strictement pour des signes de vandalisme. Des traces de doigts sur la surface laquée, des entaillures… ? Non. S’assit satisfait. Si l’on peut dire. Il joua avec sa mèche, tirant dessus d’un air songeur.
Je ne peux pas me permettre ce genre de relâchement. Autriche savait que ce genre de phrase était ridicule. Que pouvait-il contrôler ? Il avait revu Liza…et sa présence ne faisait que le rappeler dans quelles circonstances il avait vu son frère pour la dernière fois. Il devrait le voir. Enfin…non. Si. Mais…L’autrichien sentit une vague de panique monter et posa ses mains sur les touches du piano. N’importe quoi pour ne pas…perdre le contrôle. Jouant une mélodie qu’il avait gardé quelque part dans sa tête.

Concert pour deux pianos et orchestre. Wolfgang Amadeus Mozart. Il l’avait souvent entendu, connaissait le morceau dédié au piano principal. La possibilité de le jouer comme faisant partie d’un ensemble lui avait parcouru l’esprit…Mais ce serait probablement impossible…Alors que les notes s’élevèrent en cascades harmonieuses pour les premières mesures, Roderich se permit un sourire s’agrandissant doucement au fur et à mesure, le sang lui brulant les joues, ses yeux étincelant…Le désir d’un œuvre parfaite, sans faille. Les notes parfaites semblaient emplir la pièce…le couloir…l’école…que dis-je…l’univers ! Mais une ombre d’amertume passa dans ce regard améthyste.

Habituellement, le piano s’élèverait au-dessus de l’orchestre, splendide et glorifié, dans une harmonie parfaite. Mais les notes résonnaient dans le silence de la pièce, et lui rappelaient à quel point elle était vide.

Et qu’il était seul.

Il soupira…Non… ‘à l’écart’ était plus élégant. Moins…direct. Glorieusement, dignement à l’écart de tout…Non…pas une fois il ne pourrait le regretter. Après tout…n’est-ce pas préférable ainsi ? Et la manière la plus sûre de vivre sa vie ?
Demeurer dans un monde d’harmonie…sans risquer que la moindre imprudence provoque une—

*Dleng*

…fausse note. Roderich s’arrêta subitement après ce dérapage imprévu, son visage s’assombrissant. Et grimaçant légèrement comme si cette fausse note était un poignard que l’on venait de lui enfoncer dans le dos. Dans le cœur. Cela lui apprendrait…penser à des choses ridicules alors qu’il devrait être concentré corps et âme…Jetant un coup d’œil autour de lui, sortant de cet état où il pouvait facilement oublier tout ce qui entourant le piano dans l’espace-temps. Et en ce moment même où son regard se posa sur la porte, il ne se souvenait pas de l’avoir laissée entrouverte de manière aussi peu rigoureuse…



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MessageSujet: Re: Fausses notes [Libre]   Fausses notes [Libre] Icon_minitimeMer 6 Oct - 15:13

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    Théoriquement parlant, Ivan n'avait rien à faire dans les locaux à une heure aussi... tardive? Avancée? Tout dépendait du point de vue de la personne qui s'y trouvait avec lui. Si personne il y avait. C'était bien connu, il y en avait bien peu pour prendre le risque de s'approcher de trop près du Russe. Si l'on excluait Natasha, Katya, Hera et Lys aussi... mais ils étaient des exceptions dont il aimait la compagnie. Il était trop effrayant, implacable, trop difficile à cerner pour beaucoup. Certains ne pouvaient pas s'empêcher de lui chercher des noises et y revenaient toujours mais généralement il réussissait avec brio à se venger. Ah, la vengeance, magnifique chose prenant place dans cette Académie, à tel point qu'ils devraient la renommer, cela ne lui ferait aucun mal et la rendrait moins... hypocrite? Un haut niveau d'intellogence, tu parles, les trois quarts des élèves présents ici n'avaient qu'un seule envie: se venger. C'était stupide mais simple quand on y réfléchissait bien. Il y avait deux types de personnes dans cet établissement: ceux qui dirigeaient et ceux qui suivaient. Au milieu, il pouvait se trouver une catégorie à part, ces élèves dont la chimère était l'indifférence. Ces élèves qui ne voulaient se retrouver dans un conflit et tentaient tant bien que mal de réunir les quelques morceaux de verres brisés que laissaient sur leur route les autres, tentaient de les réconcilier... peu importait les moyens. Ivan n'en faisait pas partie. Lui était plus dans la catégories de ceux qui restent avec leurs connaissances, briment ceux qu'ils n'aiment pas et protègent ceux qu'ils aiment. Certains en avaient déjà fait la difficile expérience. Evidemment, en ce moment précis c'était exactement ce qu'il recherchait, en avançant, mains dans les poches, dans les couloirs. Un instant il en sortit une bouteille de vodka, et en but un coup. Personne. Personne à traumatiser, personne à détruire. Cétait d'un ennui mortel. Evidemment, cette partie de l'Académie était toujours désertée donc il n'avait pas vraiment de raison pour y traîner, il savait pertinemment qu'il n'y avait pas un chat par ici -ils étaient tous avec le Grec-. En tout cas, une chose était plus que sûre, c'était qu'il n'avait rien à faire dans la salle de musique, non.

    Et pourtant.

    Le Russe se sentait désespéremment seul dans cet établissement qui respirait le silence et... le silence. Eh oui, il n'avait pas envie de dire qu'il était "à l'écart", contrairement à un certain aristocrate... Il n'aimait pas ce terme. "A l'écart", c'était vague, ça signifiait que les autres ne voulaient pas de vous et vous rejetaient. Certes il y en avait peu qui supportaient vaguement sa présence, mais il ne leur laissait pas, pour ainsi dire, le loisir de le repousser. Ainsi donc, dire qu'il était seul laissait présager qu'il pouvait, d'ici peu de temps, ne plus l'être. Au contraire, mis à l'écart il n'aurait alors pas la possibilité de s'échapper de cette situation. D'où la raison de la petite visite qu'il s'autorisait dans l'établissement. Il déambulait dans les couloirs comme une âme en peine, cherchant une vague occupation. Il s'était dirigé vers la bibliothèque mais n'avait trouvé aucun livre intéressant, trop occupé qu'il était à imaginer la façon de convaincre Vatican de rentrer dans son plan ultra-méga-génial concernant le Directeur de l'Académie. Finalement il en était parti, avait vaguement gambadé jusqu'à l'infirmerie -l'on pouvait certaines fois voir des petits à traumatiser par là-bas-, mais il n'y avait personne non plus. A croire qu'ils avaient tous déserté et fuyaient le passage du Soviétique. Finalement ses pas avaient fini par le diriger vers la salle de musique, salle dont il ignorait jusqu'à l'existence et l'apprenait... bah, maintenant, alors qu'il s'était bloqué devant la porte menant vers l'inconnu. Pour Vanya, la musique n'était pas quelque chose de merveilleux comme pouvaient le voir d'autres. La musique, c'était juste la représentation de l'état d'esprit qu'avaient les personnes qui prenaient la patience d'en jouer. Elle était l'illusion d'un monde qui se trouvait ailleurs, autre part, dans les confins ténébreux de chaque être.

    Parce que personne n'était capable de jouer les mêmes notes qu'un autre.

    Ils avaient beau apprendre à jouer, les accords, les gammes, le doigté... Tout ceci, mis entre les mains d'un tel ou d'un autre, n'avait pas la même connotation. Donnez une partition de Bach à jouer à deux personnes, le morceau, bien qu'identique sur le papier, ne sera pas le même. Le son sera différent. C'était une question d'interprétation, certes, mais aussi d'état d'âme. Difficile de passer outre. Vanya avait déjà entendu de nombreuses mélodies, il savait les reconnaître. Les mélodies des balais, des opéras, les musiques jouées pour rendre hommage à un proche perdu, pour récupérer une femme disparue... et même les musiques qui devaient détendre lorsque ceux qui l'écoutaient étaient en train de garder précieusement des bombes atomiques ou des centrales nucléaires, des accélérateurs de particules... Il y avait aussi le bruit des plaines. L'impact brut du fusil lorsque la balle était tirée. La musique, n'était ni plus ni moins que la mélodie de la vie, l'histoire du monde racontée au travers de sons qui, accordés ensemble, formaient un tout plus harmonieux, bien plus beau que ce monde duquel elle était issue. Les musiciens avaient ce don de tirer du malheur environnant le bonheur, d'ouvrir sur ce monde terre-à-terre un espace duquel ils pouvaient apercevoir l'Ideal, le Beau. Il y avait beaucoup de mélodies, chacunes différentes les unes des autres. Et comme chacun avait une vie différente alors, il rendait le morceau qui glissait entre ses doigts unique. Ici et maintenant, devant la porte, ce que le Soviétique entendait, c'était du Mozart. Du Mozart joué de façon discordante et sinueuse. Une personne qui ne trouvait pas sa place, rejetée par un monde auquelle elle appartenait.

    Enfin elle pointa par-delà le morceau mélodique, brisant le rythme harmonieux qui s'élançait. La fausse note.

    Comme si elle l'avait appelé, Ivan ouvrit silencieusement la porte et se glissa à travers son entrebaillement, la laissant entrouverte après son passage. Le Russe se dirigea aussitôt vers un coin sombre, peu désireux de décliner son identité, et leva enfin les yeux vers le pianiste perdu. Oh, mais n'était-ce donc pas Austria? Un rictus lui monta aux lèvres. Autriche? Le petit Autriche ne venait-il pas, de ses longs doigts fins, de fausser toute la partition? Oh, n'était-ce pas indigne pour cet aristocrate sûr de lui? ... Qu'importait finalement. Roderich s'arrêta, laissant en suspens la note brutalement jouée. Ah, c'aurait été tordant si cette petite moue qu'il effectua par la suite avait été un peu plus... désespérée? Le pianiste jeta des regards autour de lui, comme s'il voulait vérifier que personne ne l'aie surpris dans son erreur -fatale, fatale erreur- et ses yeux s'arrêtèrent finalement sur la porte que le blond avait négligé de fermer. Blond dont l'air amusé grandissait petit à petit pendant que planait dans l'air l'atmosphère macabre qui accompagnait la note au son discordant. Roderich s'arrêtait sur une fausse note, n'est-ce pas? ... Que se passerait-il si l'Aristocrate se retrouvait à en effecteur une... pour de vrai?

    Amusante relation entre la réalité et le rêve -le Spleen et l'Ideal que Baudelaire décrivait si bien-. Amusante liaison qui décrivait le possible et l'impossible comme mêlés et entremêlés jusqu'au plus profond des temps. Deux entités incapables de se supporter mais complémentaires dans leur sens. Deux visions du monde qui se chevauchaient, se frôlant quelques fois mais ne pouvant être touchées que Alors, était-ce amusant? Certes. Il fallait pouvour s'élever pour ne pas crouler sous le poids de la vie par ici. Surtout, par ici. Vanya sortit enfin de la pénombre, son sourire puéril et mesquin toujours accroché aux lèvres, s'approchant silencieusement et lentement du piano. Il finit par finalement s'appuyer à l'objet, approchant ses lèvres du visage de l'Autrichien.

    - Alorrs, Austrria, tu as perrdu la main, on dirrait, lui sussurra-t-il à l'oreille, un sourire hypocrite accroché aux lèvres. C'est une telle honte... Tu devrrais être fierr de toi.

    Ivan était heureux. Il avait trouvé un jouet intéressant pour les quelques temps à venir.
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MessageSujet: Re: Fausses notes [Libre]   Fausses notes [Libre] Icon_minitimeMar 12 Oct - 8:32

Spoiler:

Fausse note, résonnant dans le silence…un frisson soudain, une faille certaine. Comme la lumière du couloir qui s’étalait sur le sol de la salle, à travers cette fraction d’ouverture. Etrange, n’est-ce pas…à quel point une note à l’encre noire sur une partition immaculée pouvait sembler insignifiante parmi la multitude de ses consœurs qui la précédaient ou la suivaient…Et pourtant…Matérialisée à partir de l’imagination et de l’encre versée, vibrant dans l’air, cette petite patte de mouche bien sagement installée parmi les lignes d’une partition pouvait tout changer. Les notes qui s’élevaient et emplissaient l’atmosphère semblaient retomber, comme un nuage de fumée noire et étouffante. Sentir encore à travers cette seule touche les cordes qui vibraient, comme un murmure funeste. Comme l’ouverture d’une tragédie. Et…oui…cette tragédie était probablement celle d’avoir soudainement vacillé…d’avoir été contaminé par ces sentiments futiles…Et maintenant, son regard vacillait. Cherchait…ailleurs, au-delà. Presque instamment, l’autrichien le regretta…sentant déjà une toute autre possibilité le quitter…Le jeu des « si ».

S’il avait ravalé sa fierté, s’il avait été moins méprisable et faible…aurait-il continué comme si de rien n’était. Peut-être aurait-il même été légèrement amusé par cet accident providentiel, se serait reproché fermement son manque de précision et cette dissonance hasardeuse aurait été oubliée en quelques instants. Mais…elle n’était pas hasardeuse, n’est-ce pas… ? Pas telle qu’il le souhaiterait. Une dissonance marquant la fin d’un rêve…mais est-ce que c’était bien la fin d’un rêve…ou au contraire, la fin d’un état réveillé… ? Car on pouvait bien voir la musique comme un rêve…le rêve d’assembler ces sons dissonants qui nous entourent et d’en tirer un ordre céleste. Un ordre pour l’univers, une mesure absolue et sublime…Sous contrôle.

Mais les idéaux et les rêves véritables se séparaient à un tournant tortueux. Ils étaient étranges, illogiques…laissaient cette impression de malaise et de chaos. Cette porte entrouverte sur laquelle il posait son regard…ouvrait-elle vers un monde de rêves ou de réalités ? Dès que ses yeux avaient perçu ce changement d’état, cette intrusion dans la forteresse…il connaissait son erreur. De s’être permis d’ouvrir la boîte de Pandore. D’entrouvrir davantage dans son esprit la porte des cauchemars. Et ce sentiment ne fit qu’accroître, comme un battement de cœur, une mélodie au violon se faisant de plus en plus tendue et stridente…

Ce regard, quittant la porte, s’installant sur l’intrus dans la pénombre. A partir de cet instant, il avait repris son air habituel…Cette armure de neutralité et de calme. Cette armure si fragile et déjà partiellement ébréchée…alors que ce personnage drapé d’ombre fit sa grande entrée dans la lumière, lentement, comme si il savourait cet instant. Ce silence complet qui était tombé et qui annonçait le malaise, alors qu’il discernait ses yeux. Yeux violets, comme les siens, cette couleur rare et distincte…comme des améthystes, oui. Deux morceaux de glace, tranchants et scintillants. Il était impossible de s’en détacher, de ce regard qui semblait si simple…mais qui provoquait un sentiment lancinant, étourdissant, comme un poison glacial se propageant dans le sang…Lentement, très lentement. Comme ce sourire sur ses lèvres…un rictus enfantin. Le rictus cruel de l’enfant qui aimait jeter des pierres sur les petits animaux. Roderich se demandait…d’où venait cette analogie…un hasard, n’est-ce pas ?

De plus en plus près et…sans doute allait-il cesser un jour cette marche silencieuse…? S’approchant…bien trop près. Et avant qu’il ne puisse réagir, il se trouvait tout près de lui. Trop près. Roderich dut invoquer tout le sang-froid dont il était pourvu afin de ne pas agir de manière…brusque. La main du russe se soutenant contre le piano, ses mots murmurés dans son oreille…La barrière de sécurité était franchie depuis longtemps…ne s’en rendait-il pas compte ? Roderich regarda droit devant lui…ses mains encore posées sur touches du piano. Souhaitant que ces mains puissent bouger, que le piano puisse vivre…mais…la dernière vibration était morte dans le silence des bruits de pas s’approchant…encerclant. De présence, de mots…


"Alorrs, Austrria, tu as perrdu la main, on dirrait."

Sa voix était doucereuse, presque mélodieuse…Si ce n’étaient pas pour ces « r » roulés de manière appuyée, perfide…si ce n’était pas pour ce sourire qu’il entendait dans sa voix, sourire froid et moqueur…cela aurait été un commentaire banal, taquin…tel qu’on lui en faisait souvent. Roderich continua à regarder devant lui…neutre, être neutre. Ne pas réagir. Ne serait-ce pas lui donner raison.

…Mais pourquoi donc ces efforts ? murmura une petite voix grotesque dans un coin de sa tête. Se pourrait-il qu’il ait réellement…raison ?
Non...impossible...


"C'est une telle honte... Tu devrrais être fierr de toi."

Ce ton hypocrite et cajoleur…il était comme une multitude de verres brisés, de dissonances monstrueuses. Les dissonances de la vie…la vraie…Une grande partition constituée à partir de morceaux disparates d’autres partitions déchirées en mille morceaux. Une grande et sublime dissonance…percées parfois, rarement…par une note juste et pure. Elle pouvait être triste, effrayante ou gaie. Peu importait…l’important était qu’ella aille droit au cœur. Tenter de capturer cet instant éphémère et précieux, de le cristalliser comme une relique dans une cage d’harmonies. Le rendre bien plus logique, vivant. Réel. Essayer de s’accrocher à ce sentiment, si fragile. Les musiciens ne sont pas des dieux éloignés de tout, se nourrissant de lumière. Ils contaminaient invariablement ce rêve…de leurs propres rêves…de leurs propres cauchemars. Une touche plus appuyée, une corde plus tendue. Et l’ordre de l’univers se déliait, se fragilisait déjà...Une fausse note. Et cet univers éclatait comme un cristal pulvérisé contre le sol. Il y avait des gens qui créaient ces sphères éphémères et d’autres qui souriaient en les écrasant davantage sous leur talon, les réduisant à l’état de poussière…
Mais…que racontait-il donc ? L’autrichien sentit au milieu de ce vague malaise une définitive pointe d’orgueil. Perdre la main ? Honte ?...Quels étaient ces mots ? Ils sonnaient faux…non, ils ne lui allaient pas. Vraiment pas. Être fier de soi…non, il n’y avait rien de « juste » là dedans !


Vraiment pas.

Etrange…n’est-ce pas ? Ces moments où l’on sait que l’on se condamne au moment même où on agit. Un regard sur la porte. Rester immobile…non, ne pas fuir malgré le sentiment de danger. Question de fierté. Tout a fait consciemment…pour cette chose infiniment noble et ridicule que l’on appelle l’honneur. Et dont les gens comme Roderich restent prisonniers.


« Nul est à l’abri d’une éventuelle erreur, Monsieur Russie...je le conçois, » dit-il calmement, d’un ton froidement détaché…et qui semblait presque contenir un léger sourire. Comme pour ajouter « oui…même les personnes telles que moi-même…ne faut-il pas parfois s’abaisser au niveau des simples gens » ? Comme pour parer cet affront à la noblesse avec les armes de la noblesse. Voyons, voyons. Une fausse note peut m’atteindre, mais pensez-vous que je laisserai vos commentaires le faire ? Je ne le permettrai pas.

« Et j’en serai effectivement fier, si j’en tire un enseignement profitable,» termina-t-il d’un ton feutré, détachant son regard du piano afin de regarder le russe d’un air neutre. Soutenir ce regard de glace, ce regard perfide, avec toute la noble détermination dont il était capable. Oh, oui. C’était un art, que de maintenir sa dignité en ce monde. De se condamner aussi consciemment et avec autant de bonne volonté, d’un regard altier. Se condamner car une fois le long de cette pente, plus aucun retour n’était possible. Comme une partition qui se noyait en fausses notes, chacune aggravant la suivante dans une spirale diabolique d'harmonies déchues...

Je ne le permettrai pas…


Je ne peux pas le permettre.


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MessageSujet: Re: Fausses notes [Libre]   Fausses notes [Libre] Icon_minitimeSam 16 Oct - 18:46

    Pauvre chose, si fière, si altière, se tenant avec tellement de droiture dans la bassesse du monde. Autriche. Qu'était-il au juste? Un enfant, un adulte, un homme perdu et enchaîné par son "Lui intérieur"? C'était difficile de prendre l'Autrichien au sérieux par ces jours, justement parce que ce dernier était... bien trop sérieux pour une personne vivant à cette ère, à tel point que le simple fait de le voir pouvait donner l'envie à qui que ce soit de lui chercher des noises, de le faire tourner en bourrique, bref, de l'ennuyer à tel point qu'il en sortirait de ses gonds. Vanya faisait partie de ces personnes. L'aristocrate était tellement plat, se contenait à la perfection... comme un vase posé dans un équilibre précaire sur le rebord d'un piano à queue. Le vase contient jour après jour une multitude de fleurs. Quelques fois il faut les changer. Quelques fois elles viennent à se ternir alors il est de mise de leur apporter de la compagnie par d'autres. Sauf que. Un jour, le vase finirait par tomber, par se briser sur le sol en apportant une nouvelle fois une fausse note dans ce monde. Dans la salle de musique. Ou autre part, allez savoir. Le piano en souffrirait alors, triste, seul, sans compagnie. On achèterait un autre vase, on répèterait les mêmes erreurs, sans apprendre, jamais. Apprendre était douloureux. De plus, malgré tout ce que l'on pouvait dire, ce craquement qu'émet le vase lorsqu'il vole en éclat sur le carrelage, n'est pas si déplaisant. Un son mélodieux, un rythme qui vient couper la monotonie. Austria, c'était la même chose. Un vase, posé en équilibre ; un vase que beaucoup regardent et envient aussi ; un vase qui se brisera car personne n'en aura pris soin. Un vase que Russie aimerait voir ne serait-ce qu'osciller sur le rebord de son piano. Montrer quelque chose, un aspect de lui-même que jamais il n'avait encore dévoilé à qui que ce soit. Peut-être aussi était-ce ce côté "enfant" qui ressortait dans ce cas, l'enfant qui cherche à explorer les limites. L'enfant qui veut voir le visage en colère de celui dont il n'a jamais entendu la voix hausser. L'enfant qui veut tout savoir, tout comprendre, et qui hurlera lorsqu'il devra en assumer les conséquences.

    Triste enfant séparé du monde qui cherche à tout prix à ne pas être seul dans sa situation.

    Ne songeait-il pas que celui qu'il avait en face de lui était aussi seul que lui-même? Non. L'Enfant a cette faculté d'occulter que les personnes comme lui-même puissent être "bien". Pour lui, une personne de son statut est "à dominer". En prenant le pas sur l'Autre, il prend le pas sur lui-même... Les enfants sont cruels car ils sont embrigadés dans les rouages d'une société qu'ils ne comprennent pas. Les enfants sont aveugles alors on peut les voir tels qu'ils sont. n'en déplaise aux intéressés qui subissent leurs... enfantillages, justement. Bien que d'enfantillages il n'y ai pas, ce terme ayant perdu toute signification au fil du temps. Un enfantillage, qu'est-ce? Une dispute puérile basée sur un prétexte plus ou moins loufoque. Pourtant kes enfants sont vicieux, apportant un soin méticuleux dans leur vengeance... et les adultes ne sont pas si différents, même s'ils mettaient plus de temps à se rendre à leurs instincts primaires. La société était un moule dans lequel il fallait entrer, dans lequel il fallait porter un masque indéfinissable hormis par soi-même. Mélodie discordante embrigadée dans une chanson elle-même composée de notes au son mal-agencé et faux. Un assemblement de son tristes qui ne connotaient rien d'autre que ce qu'il se tramait. Cependant, l'espère humaine avait un don pour réussir à oublier ces désaccords et les passer sous silence, s'accordant à penser que la musique était belle.

    Les musiciens étaient ceux qui devaient rétablir l'ordre et apporter à ce monde une toute autre chanson, plus belle, plus mélodieuse. Musique d'espoir résonnant dans ce monde de tristesse.

    La note aux consonnances ironiques continuait de s'élever, indépendamment sûrement de la volonté de son auteur. Elle les rammenait cruellement à la réalité. Le monde restait ce qu'il était et rien ne pouvait le modifier. L'espoir en fin de compte était comme toute chose. Il disparaissait. Il laissait place au reste, à tout et à rien. Ce sourire froid, presque mélancolique, que représentait-il? L'avenir? Le passé? Rien. Le monde, rien de plus ni de moins. Un monde où les Hommes faisaient pousser en masse les armes nucléaires au lieu des fleurs, pour repousser son prochain. Un monde où chacun était dominant ou dominé. Et Vanya ne comptait pas faire partie de la seconde catégorie.

    « Nul est à l’abri d’une éventuelle erreur, Monsieur Russie...je le conçois, » lui répondit son interlocuteur avec toute la dignité due à son statut social.

    Car oui, Austria n'était pas "comme les autres". Chacun était différent, certes, mais chez lui c'était... flagrant. L'Autrichien n'avait rien d'un adolescent perturbé qui passe son temps à pourrir la vie de ses proches ou s'approcher de cette optique. Parfois c'était involontaire. Parfois c'était provoqué. Cependant personne ne pouvait nier qu'au fond de lui résidait cette part d'obscurité qui le poussait à haïr son prochain, à le descendre plus bas que terre pour pouvoir s'élever. Or, Autriche n'était pas comme ça. Jamais Ivan ne l'avait vu hausser le ton. Jamais Ivan ne l'avait vu chercher à détruire un autre, alors qu'il en avait certainement la possibilité.

    Cette perfection l'énervait.

    Vanya haïssait la perfection d'Autriche, par jalousie sans doute. Lui qui ne pouvait aller contre sa nature ne voyait pas pourquoi ce misérable pianiste restait plus fort que lui. Ils étaient seuls, l'un et l'autre. Pourquoi alors l'Autrichien n'était-il pas un monstre, comme lui-même? La solitude poussait au renfermement, non? La solitude poussait à la haine, non? Alors, pourquoi? Ivan n'avait pas les réponses à ces questions. Cet état de fait l'énervait. Il ne savait pas de quel pied danser avec le pianiste car ce dernier était sûrement l'une des personnes qui cachaient le mieux leur jeu. Et Russie voulait le briser, ce jeu. Briser son propriétaire et sa digne assurance, ah!

    Oh combien il haïssait ce ton teinté d'or, ces expressions hautaines qu'il se donnait, l'Autrichien!

    « Et j’en serai effectivement fier, si j’en tire un enseignement profitable,» ajouta l'aristocrate avant de plonger ses yeux dans ceux de Russie, soutenant son regard.

    Le Russe riait intérieurement et bouillonnait de rage à la fois. Il le méprisait. Il le haïssait. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une once de respect pour le personnage qui se trouvait en face de lui. Roderich Edelstein était une figure haute en couleur, altière et majestueuse. Son calme, sa rigueur, tout ce qui était "lui", méritait le respect. Et Dieu savait qu'Ivan n'avait pas de respect pour grand-monde. L'Autriche en méritait, Seigneur. Et rien de tel pour mettre quelqu'un hors de ses gonds que de lui imposer quelque chose qu'il n'aime pas faire. Surtout pour les enfants. Et, comme tout le monde le savait, Ivan était un enfant. Il voyait dans les yeux d'Autriche, dans ces yeux si semblables aux siens, autre chose. Autriche était comme de la neige. Il vous accaparait de ses différences et vous étrenait d'un regard en vous indiquant clairement que vous n'êtes qu'un immondice parmis les détritus tandis que lui s'élève au sommet. A ce regard de glace, dans lequel voulait s'exprimer royauté et grandeur, Ivan répondit par un sourire enfantin.

    Il le détruirait, peu importe la raison qu'il devrait trouver pour le faire.

    Le Russe se recula légèrement, afin de dominer Autriche de toute sa hauteur. Et comme tout le monde le sait, Russie est vraiment grand. Il continua de sourire tel qu'il savait si bien le faire, cherchant un moyen de blesser son "ennemi". Oh, il n'y avait personne? Tant mieux. Oh, tout était calme? Tant mieux. Le Russe aurait voulu que quelqu'un d'extérieur voit l'Autriche tomber, mais redoutait une défaite. Son sourire figé sur les lèvres, il glissa ses mains dans les poches de son long manteau, poches au fond desquelles trônaient déjà quelques bouteilles de vodka. Mais la vodka, il ne voulait pas la gaspiller. La douce saveur de l'alcool, qu'il l'aimait!

    Il sortit deux bouteilles de sa poche et posa l'une d'entre elle sur le piano, face à Autriche et son siège. Les intentions étaient claires. A ne pas confondre cependant, Ivan n'avait pas la grandeur d'âme d'oublier sa rancoeur et de vouloir trinquer avec Roderich pour on ne sait quelles raisons. Il avait tout simplement envie de le voir bourré à s'en tordre par terre, histoire de s'amuser un peu et observer le résultat -qui pouvait être surprenant-. Ne sachant pas si l'Autrichien tenait ou non l'alcool, il se réjouit d'avoir toujours plusieurs bouteilles sur lui. Pour Ivan, une journée sans vodka, c'était une journée sans soleil. D'où la raison pour laquelle son manteau en contenait toujours plusieurs litres. Il planta donc la bouteille sous le nez de son interlocuteur et enleva le bouchon de la sienne avant d'en boire une gorgée et de s'accouder par la suite à l'instrument de musique.

    - Je t'en prrie, Austrria. Bois donc, dit-il avec un sourire.

    Son ton ne laissait pas le doute. Ivan n'avait pas l'intention de laisser l'Autrichien sobre. Il ne lui laissait pas le choix. Oh, certes il pouvait prendre le risque d'endurer de sévères représailles et refuser l'invitation du Russe, mais il ferait cela en toute connaissance de cause.
    Personne n'ignorait que Vanya n'était pas un enfant de coeur...
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MessageSujet: Re: Fausses notes [Libre]   Fausses notes [Libre] Icon_minitimeSam 23 Oct - 1:40

Un sourire. Cela vous semble-il facile, de sourire… ? C’était spontané, simple et pourtant si puissant…De quoi exprimer en un simple mouvement des lèvres tant de choses. Et d’en cacher tant d’autres. L’autrichien arborait souvent un air assez sérieux, il est vrai…et pourtant il ne manquait jamais de sourire lorsque la situation l’exigeait. Sourire léger, à peine appuyé, avec toute la délicatesse d’une seule note de piano vibrant dans l’air, aérienne, parfaite. Sourire trop courtois pour paraître froid, pas assez grand pour ne pas paraître…toujours un peu distant. Sourire apaisant, rassurant…sourire qui avait le même effet qu’une main posée doucement sur une épaule, d’une calme et pudique étreinte. A défaut d’un contact prolongé, véritable…non, trop dangereux, trop risqué. Après tout, ne fallait-il pas maintenir…l’équilibre ?

Le monde ne se briserait-il pas en mille morceaux si on se laissait aller… ? Qui le retiendrait, ce monde si fragile en équilibre sur un précipice ? Comme les touches d’un piano, libérant si facilement un son magnifique au contact d’une main attentive, d’un doigté habile et concentré. Un moment de distraction, et l’illusion s’écroulait avec toute la dignité ridicule d’un château de cartes…

Sourire. Cela était censé être quelque chose de naturel, de spontané, non… ? Mais Autriche avait oublié…Vraiment…oublié comment on pouvait sourire à pleine dents comme lorsqu’il était enfant. Même, rire à gorge déployé, sans se sentir gêné. Sans sentir que cela le compromettrait d’une certaine façon. Oh…comme il aimerait parfois se débarasser de cette fine pellicule de sourire, ce sourire de glace figé dans son désir de plaire, rassurer, simplement…montrer dignement qu’il était satisfait de la situation. Voire, heureux. Oui…pourquoi pas, heureux. Mais jamais n’oserait-il, non. Sourire comme un enfant lorsqu’on savait qu’on l’avait perdue à jamais, cette fraîcheur, cette spontanéité…ce bonheur…Oui, cela lui semblait bien difficile.

Russie n’avait aucune difficulté pour sourire. Il souriait comme un enfant. Les enfants ne sourient pas pour démontrer quoi que ce soit aux autres. Ils sourient pour eux-mêmes, pour leur monde si simple et si complexe à la fois. Ils avaient cette facilité destructrice, déconcertante…empreinte de tendresse et de cruauté, à la limite des deux frontières. Ces frontières, on apprenait à les tracer. Non. On devait apprendre à les tracer. Question de nécessité. D’équilibre. Et certaines personnes voyaient cette ligne imaginaire à tracer et souriaient encore de ce sourire enfantin, s’y refusant. Les laissant ensemble, sans tenter de créer d’ordre…d’harmonie…

Roderich regarda fixement dans ce regard, et dans ce sourire accroché aux lèvres du russe. Ces personnes-là…oui, ces personnes-là avaient tort. Il ne pouvait pas en être autrement. Elles étaient en déséquilibre…en chute libre…et tentaient d’entraîner avec eux…qui sait ? Le monde entier, peut-être…

Le blond se recula légèrement, se redressant afin de mieux le toiser. Autriche suivit ce regard ascendant jusqu’au sommet avec une légère envie de sourire à son tour… Il n’avait pas la carrure d’Ivan, cela était évident à première vue…mais en matière de taille, il pouvait se vanter de ne pas être parmi les plus petits, bien au contraire…Qui sait, peut-être que cette longue silhouette élancée arrivait à la même hauteur que celle de cette large silhouette respirant le massif. D’une manière presque pataude, à l’image de ces visage un peu joufflu…ou inquiétante. Roderich sentit de nouveau cette pique d’amour-propre...ce sentiment soudain, comme une brise soudaine et glaciale. Sans doute, si je me levais de ce siège, il verrait bien…Même…même, je suis peut-être plus grand, qui sait… ? Mais…non, il ne le ferait pas. Il ne souhaitait pas particulièrement abandonner ce piano pour rivaliser de hauteurs – à tous les sens du terme – avec cet individu-là. Même si…il semblait que le piano, lui, l’avait abandonné. Sa main restait sur la touche d’ivoire, glaciale et immobile…Il ne saurait par quel prétexte la retirer sans que cela ne semble être un geste forcé et gêné…
L’aristocrate sentit une certaine lassitude l’étreindre doucement, lui murmurant à quel point cela était bien futile…

Pourquoi ne pas simplement se lever, oui, et partir… ? Quitter cette salle et la fausse note qui la hantait, y revenir, plus tard, avec un sourire indulgent…voyons, il n’avait pas été en forme ce soir-là, un moment de faiblesse, une simple faille…
Si ce n’était pour cet être au sourire d’un autre monde, d’un monde sans bien ni mal…sans doute la faille serait déjà refermée comme une éraflure sans importance, si…cet individu-là n’avait pas saisi ses bords à plein bras et tiré dessus avec une curiosité infantile. Oh, il pouvait bien tirer…mais il n’arriverait pas à lui rentrer sous la peau…à discerner quoi que ce soit. Et tant qu’on n’avait rien discerné, on ne pouvait rien changer.

Le russe perturba son cours de pensée, en faisant un soudain mouvement, une main rentrant dans sa poche…et pendant une de ces fractions de seconde violents et ridicules l’autrichien eut pu sincèrement croire qu’il allait en sortir une arme…Le simple fait qu’il l’ait pensé le mettait mal à l’aise vis-à-vis de lui-même…D’accord…il s’était fait battre à répétition pendant une bonne partie de sa jeunesse, et Russie avait toujours cette…aura…autour de lui…mais…

Ainsi lorsque l’objet en question s’avéra être une bouteille en verre remplie d’un liquide clair…l’autrichien en fut presque réassuré…

Et puis, le russe en prit une autre (combien de bouteilles un manteau pouvait-il ainsi tenir ? il n’osait établir le calcul), et posa l’une d’entre elles sur le piano, en face de lui. Geste calme, délibéré…et d’un geste fluide, débouchonnant l’autre et buvant…

L’autrichien regarda ce geste, apparemment si habituel, si naturel. Cette aisance…boire une gorgée d’un coup puis s’accouder ainsi à l’instrument, ce qui lui arracha un froncement des sourcils et un léger pincement des lèvres, devant cette insolente assurance. L’assurance de celui qui se jette à corps perdu dans le vide…

Entraînant dans sa chute…Quoi… ? Quoi donc ?


"Je t'en prrie, Austrria. Bois donc."

Le son de sa voix, de nouveau, le fit presque sursauter. Il n’y avait pourtant rien d’explicitement brusque dans cette voix, dans son ton calme…semblant presque savourer l’instant, lentement, comme un enfant savoure une friandise…Il fixa calmement la bouteille d’alcool posée sur le piano…et comprit soudainement, comme un frisson soudain le long de l’échine.

Un frisson…est-ce que c’était cela, le vertige que l’on ressentait…en regardant en bas et en sentant le vide…En sentant à quel point une phrase, un geste, pouvaient le rapprocher…

Une fausse note. Une phrase qui devait en tout point sonner comme une invitation de par sa formulation…mais qui sonnait comme une menace.

Mais la fausse note était intentionnelle.
Et ce qui se trouvait devant lui était une arme…en soi…

L’alcool…Oui, Roderich lui accordait peu de pensée. Un verre de vin de temps en temps pour un dîner sophistiqué, désapprouvant généralement de la passion qui semblait étreindre la plupart de ses pays voisins pour la bière mais…c’était quelque chose de léger, sur lequel s’indigner et concéder un peu, qui prêter à rires et rouspètements…Non…L’autrichien sentit un violent sentiment de malaise l’envelopper, menaçant de l’étouffer, l’étrangler…

…Non. Vraiment…Non. Pas cela…Ce n’était pas décent…ce n’était pas…digne d’un noble. Et il ne parlait pas uniquement de l’affront de boire quelque chose à la bouteille, sans avoir l’obligeance de transférer auparavant le liquide vers un verre…Quelque chose, au fond, qui le dérangeait…lui disait de refuser. Mais…évidemment. Il ne pouvait que refuser. Vas-y…refuse. Lève-toi. Pars. Vite. Mais c’était une invitation…aussi étrange soit-elle. Et l’aristocrate sentit qu’il ne pouvait pas…refuser. Quelque chose dans sa voix, dans son regard qu’il sentait sur lui, sachant…qu’il devait en venir à une décision…

Pourquoi hésites-tu… ? Ce n’est point noble…refuser ainsi…lui montrer ton gêne…ton malaise…

…Tu as le vertige… ?

Cette main si fine, si délicate, abandonna les touches d’ivoire et prit la bouteille, d’un geste dignifié. Avec une assurance empreinte de calme ; une autre main enlevant le bouchon d’un geste gracieux, son regard croisant celui du russe ce faisant, haussant légèrement un sourcil.

Allons donc, Monsieur…Vous croyez ainsi m’impressionner ?

La parfaite mesure. Le parfait équilibre. Il était difficile de sourire, d’émettre les bons mots, de faire les meilleurs gestes…C’était un art.

Ces mots, ces gestes, qui ne tenaient qu’à un fil…

…Ces principes, si fragiles…


« Soit. Si vous y tenez.» dit-il d’un ton détaché, glacé d’indifférence, comme si la chose lui importait peu, et que c’était la demande appuyée du russe qui tenait du ridicule, du caprice d’enfant. La meilleure attaque en cette instance : une désinvolture assurée et appuyée à la fois, un pas pour laisser sa garde ouverte... Oh, il serait trop facile de montrer son gêne en refusant expressément, comme il le souhaitait…mais…non. Un noble se montre toujours courtois et conciliant, quel que soit le rustre auquel il pouvait avoir affaire. Allait-il lui donner la preuve de son malaise en se montrant mal à l’aise. Non. D’ailleurs…aucune raison. Non, aucune raison d’être mal à l’aise…peur ? De quoi aurait-il peur ? De perdre le contrôle ?

Cela…c’était impossible.

Il avait raison…et il avait le contrôle.
L’équilibre.

L’autrichien porta calmement la bouteille à ses lèvres, et en la levant légèrement, permit à un filet du liquide de couler, sentant le puissant alcool brûler le fond de sa gorge, baissant délicatement la bouteille en un instant ; si quiconque pensait qu’il était impossible de boire élégamment à la bouteille – bouteille de vodka qui plus est – et de faire en sorte que la quantité minimale du liquide traverse en réalité ses lèvres, Roderich venait sans aucun doute de prouver le contraire. Oui…parfaitement en contrôle, parfaitement mesuré…comment pouvait-il ne pas l’être ? Et pourtant en abaissant cette bouteille, l’autrichien eut une étrange impression…Impression écrasante…de soulagement. Se félicitant en un grand souffle relâché à l’intérieur d’avoir respecté les règles de ce contrat…de ce contrôle…de cet équilibre si prêt à vaciller… Pourquoi ? Pourquoi aurait-il eu peur… ? Et de quoi… ? Ne pas simplement laisser quelques gouttes brûler son gosier afin de tenir tête insolemment et fièrement au russe ? Je bois, en toute modération, moi, par courtoisie…oui, c’est que je veux bien m’abaisser à ton niveau…et c’est tout. Juste un mouvement du poignet, et il aurait pu boire une bonne rasade, il est vrai. Mais…inutile d’être soulagé de n’avoir pas eu ce mouvement, étant donné qu’il ne ressentirait jamais le besoin de faire une chose pareille. N’est-ce pas ?

Roderich reposa la bouteille à sa place sur le piano, d’un geste…plus rapide qu’il n’aurait désiré. Comme si cette bouteille le dégoûtait, qu’il préférait s’en tenir le plus loin possible…Non, ce geste était trop brusque, oui, sans doute, même si l’expression neutrement courtoise n’avait pas quitté son visage…


« Veuillez m’excuser ; je préfère ne point en abuser.» dit-il, d’un air calme et assuré …ne pouvant pas s’empêcher d’entendre lui-même cette note de défiance au fond de sa voix, au fin fond… Tu espérais me faire peur… ? Voilà, je l’ai fait…et tu ne peux pas me reprocher le contraire.

…Alors, que vas-tu faire maintenant… ?

Roderich tressaillit intérieurement. Non…Cela…pourquoi pensait-il cela… ? Ce n’était pas un jeu…Et soudain il se sentait comme un enfant fanfaron qui avait voulu relever un défi par fierté et ne s’apercevait que trop tard de son erreur, alors que les défis s’accumulaient à la suite. Voilà je l’ai fait maintenant tu me laisses tranquille ? Mais…non…cela ne marchait pas ainsi, n’est-ce pas ? Il avait joué avec ses attentes en portant cette bouteille à ses lèvres, les avaient frustrés en la reposant...Fierté inutile, insolente, comme une gifle soudaine. Aurait-il du refuser ? Non…

L’autrichien le savait. Sans doute avant même qu’il ne considère réellement la chose, entre un « oui » ou un « non », entre la fierté de refuser, et l’amour-propre de montrer que l’on n’avait pas peur de soi-même. Il n’y avait pas d’issue raisonnable à entreprendre. Quelle présomption, que de tenter de choisir un moindre mal… !

Il n’y avait pas de « moindre » mal. Il y avait Russie, et sa volonté enfantine, cruelle et innocente.

La seule fierté qui lui restait…résister à l’inévitable. La chute libre.

Il résista à l’envie de tousser, se faisant presque violence afin que le russe ne remarque rien…non, pas le moindre effet…Oui…c’est que ce n’était pas rien, même ne serait-ce qu’une petite gorgée de vodka, ne serait-ce que quelques gouttes lui laissant cette saveur inconnue et étrange dans la bouche. Ce n’était pas réellement un goût non…c’était plutôt une empreinte. Ce qu’il ressentait qui lui brûlait la gorge, l’esprit…le goût de la volonté du russe se confrontant à la sienne.

Le goût de la guerre, sur une note lancinante, tremblante, s'éteignant doucement pour aller mourir là où allaient mourir toutes les fausses notes de la création...
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MessageSujet: Re: Fausses notes [Libre]   Fausses notes [Libre] Icon_minitimeMer 27 Oct - 10:18

    Le plaisir. Notion complexe pour laquelle nombre palissaient, nombre se battaient. Notion à cause de laquelle nombre viraient au rouge écarlate dés lors qu'elle était abordée. Notion que chacun voyait à sa porte, la survolant comme un rêve éveillé. Pour certains il était question d'un bonheur éphémère, d'une extase à peine dévoilée. Pour Ivan, le plaisir revenait à torturer, anéantir psychologiquement ces êtres si fragiles, si doux, si sensibles qu'il venait à trouver sur son chemin. Il n'avait pas toujours été ainsi. Autrefois il était doux oui. Autrefois il était tendre et aimable, un gentil petit garçon. Mais cette époque était révolue. A présent Ivan n'était rien de plus qu'un enfant blessé, conscient seulement de ce désir qu'il ressentait de blesser autant qu'il l'était, qu'il l'avait été autrefois. La pitié? Futile, absurde. Il n'en voulait pas, de leur pitié immonde, vague réplique d'une hypocrisie sans bornes. Qu'ils aillent brûler en Enfer. De même il n'en avait pour personne, ne le pouvant pas, ne le souhaitant pas. S'abaisser à faire ces mêmes gestes? Pourquoi? Je le refuse. Peut-être aussi se cachait-il, fermant les yeux, ne voulant voir d'eux que détresse et douleur. Il ne voulait pas tomber dans ce doux rêve qu'était l'illusion pour se réveiller un beau jour dans un monde de douleur et de souffrance. Au lieu d'être l'acteur de cette scène attendrissante, il préférait en être l'inquisiteur. Etrange comme la vie est faite. Ceux qui ont souffert ne peuvent se contenter de regarder les autres vivent pleinement.

    Il fallait qu'ils paient tous pour ce que lui avait vécu.

    Triste chose. Le Russe ne voyait pas à quel point les autres souffraient, tous ceux qui avaient beaucoup perdu, bien trop. Il ne voyait que sa propre douleur, chaque matin, dans le reflet du miroir. Egoïsme? Egocentrisme. A quoi bon regarder autour quand de toute façon il n'y avait que lui qui comptait? Lui et ses caprices d'enfant. Lui et ses envies puériles. Mais peu importait. Oh bien sûr, Vanya savait qu'il était égoïste, égocentrique, qu'il avait de nombreux défauts, mais il s'en moquait un peu. Il fallait que les autres soient à sa botte, comme ils se devaient de l'être, comme certains l'avaient été auparavant. Rien ne le faisait plus sortir de ses gonds qu'une demande oubliée et inaccomplie. Ses "demandes" étaient des ordres. Des ordres dont il ne valait mieux pas passer au travers. Sinon? Oh, bien, sinon, sans doute y aurait-il à envisager de sévères représailles, même pour la plus insignifiante parole. Regardez-le, ce grand gamin. Oh, parfois il s'en voulait oui, de détruire ainsi ceux qui l'entouraient. Mais jamais cela ne pouvait se voir pour très longtemps. Comme chacun le pensait, ceux qui avaient le moins de remords étaient ceux qui avaient le plus de choses à se reprocher. Du moins ceux qui se reprochaient le plus de choses ne le laissait pas percevoir, peut-être était-ce pour cette raison qu'ils semblaient si insensibles. Alors ils leurs ajoutaient encore des maux. Au fond, Russie n'était pas différent des autres. Un peu plus extrémiste peut-être. Trop démonstratif de la façon dont il percevait les choses, sans doute. Les autres étaient des marionettes et il se devait d'être le marionettiste.

    Cent remords, mille regrets.

    Peu avoués, souvent ressassés. Les entends-tu, toi aussi? Ces remords qui continuent de s'évertuer à frapper les murs avec autant d'insistance que cette fausse note qui t'emprisonne? Non. Personne ne pouvait les entendre à part lui. Personne ne pouvait voir en lettres rouges s'inscrire sur les murs tous les méfaits qu'il avait commis, hormis lui-même. C'était son fardeau. Un fardeau qu'il portait jour après jour et qu'il s'évertuait à protéger. Un fardeau qui au fur et à mesure que le temps passait devenait un trésor. Un trésor inestimable et grandiose. Plus il grandissait plus Ivan en était à la fois fier et honteux. C'était un paquetage de fortune. Mais la fortune parfois pouvait bien tourner. Au moins ce paquetage idéal, il ne le perdrait pas, il ne le laisserait jamais derrière lui. Dieu sait que je ne veux pas être un Ange. Il l'accompagnerait jusqu'en Enfer. Cet Enfer d'où il était impossible de tomber car il était trop bas pour que quiconque puisse se retrouver plus loin encore. Il était comme tout le monde, Ivan. Il aurait bien aimé aller au Paradis, écouter les Anges jouer de la harpe à longueur de journée, doux et mélodieux instrument. Il aurait bien aimé passer l'éternité avec ces gens qu'il aimait, gens dont il était certain de leur destination. Mais il se riait tellement de tout cela. Il irait en Enfer, en continuant de rire de leur malheur jusque dans les Limbes.

    Pour toujours et à jamais.

    Ivan aimait cette conception de la vie d'après-vie. Quelque chose de linéaire, de continuel, quelque chose d'envisageable. L'Enfer, c'était quoi? Une succession de souffrances. D'accord. Au moins il savait à quoi s'attendre. De plus, les Démons jouaient de la musique merveilleuse à ce qu'il paraissait, assez belle en tout cas pour charmer les pauvres mortels perdus dans leur propre déchéance. Il suffisait alors de ne plus voir pour pouvoir goûter aux délices tout en restant en paix. Ne plus voir, ne plus sentir, ne plus véritablement exister. Seulement entendre. Entendre les sons si tentants, irrésistibles qui s'écoulaient des instruments diaboliques. Ressentir la transe de l'instant, l'envie de se perdre dans cette infernale ronde. Ressentir l'envie de danser à jamais, de vouloir toucher, embrasser, chérir cette sonorité qu'ils n'atteindraient jamais. Toujours attendre le grand final, l'apothéose, vivre son éternité dans un sentiment d'attente et d'insatisfaction au fur et à mesure que les notes s'enchainaient, qu'elles prenaient de l'ampleur.

    Vivre pleinement au-delà de la mort.

    Car peut-être était-ce cela, la musique. Vous vous en souvenez, du mythe d'Orphée? Apprivoiser la mort, comme c'était beau, comme c'était tentant. Ramener de l'éternel ce qui avait été perdu et finalement le perdre à jamais par amour. Ah, grand débat de ce monde. Qu'est-ce que l'amour? Qu'est-ce que l'éternel? Qu'est-ce qui est perdu? Quelque chose, quelqu'un de perdu, est-ce ce que vous avez perdu de vue ou ce que vous pouvez retrouver? Il ne tenait qu'à chacun de définir ses propos et alors tout deviendrait possible. Rejoindre jusqu'au bout du monde un ami perdu de vue. Ratisser chaque centimètre de terre jusqu'à retrouver son objet fétiche. Rejoindre ceux qui avaient trépassé... Resssusciter les morts, allez savoir. Vivre, juste. Vivre en cherchant constamment quelque chose. Car finalement il y avait une unique chose que chacun avait perdu, et dont personne ne pensait l'avoir laissé derrière. La vie.

    Il était tellement aisé de penser la caresser, la vie. Tellement facile. Beaucoup tentaient de s'en approcher grâce aux drogues, aux substances illicites. Beaucoup pensaient qu'en s'éloignant de ce monde de tristesse par le rêve il pourrait alors approcher la "vie". Mais qu'était-ce? Etait-ce se réfugier dans son propre Idéal en se fermant au monde auquel il était rattaché, était-ce passer son entière existence dans un lieu sans d'autres frontières que l'imagination et le réveil brutal? Ou bien était-ce accepter ce monde tel qu'il était, se contenter de survivre jusqu'à finir par vivre pleinement? Sans lui mentir. Sans chercher à le définir autrement. Regarder ce monde dans les yeux et lui faire face tel qu'il se contentait lui, de s'imposer aux autres.

    Ivan vit clairement l'hésitation qui découlait des gestes de l'Autrichien. Mais il n'avait pas le choix. Il n'avait pas le droit de lui résister, le Russe le lui interdisait, formulant des menaces imperceptibles, compréhensibles uniquement si son interlocuteur le connaissait. Il regarda sa main se tendre jusqu'à attraper la bouteille qu'il lui avait octoyée, enlever le bouchon fermé hermétiquement. Il observait sa proie tandis qu'elle le défiait ouvertement. Mais je t'en prie, bois donc, petite chose. Il n'était rien. Rien de plus qu'un aristocrate un peu trop pompeux. Oh, Ivan n'en doutait pas, il se contentait pour l'instant de le suivre dans sa folie, n'avançant plus que ce qu'il demandait. Mais il était pris au piège désormais. C'aurait été tellement plus simple qu'il détourne le regard, l'ignorant par la même occasion, qu'il tourne les talons et s'enfuie avec toute la dignité dont il était capable. Mais non. Il voulait lui tenir tête.

    Il faudrait qu'il tienne ses positions jusqu'au bout.

    « Soit. Si vous y tenez.», finit-il par dire désinvoltement, comme si c'était le Russe qui était en tort.

    Oh, Ivan ne doutait pas de la puérilité de sa requête. C'était tangible. Il aurait pu se contenter de le blesser comme il avait fait avec tant d'autre, de soutenir ces yeux colorés d'indifférence et de dédain. Il aurait pu se contenter de rester de marbre, de lui faire subir les pires mévices. Mais Autriche valait mieux que cela. Il se devait d'être comme un oiseau pris au piège, enfermé dans une cage qui se resserait un peu plus chaque instant autour de lui. Jusqu'à lui arracher les plumes, jusqu'à le brûler au plus profond de lui-même. De plus, le Soviétique avait tout son temps. Si tout cela se terminait trop rapidement il s'ennuierait, non?

    Il ne cèderait pas.

    Ce serait à l'Autrichien de céder. Lui n'abandonnerait pas. La lutte serait dure et longue, il le savait. Soutenir encore pendant longtemps ce regard de glace, cette grandeur à toute épreuve. Mais il gagnerait. C'était un jeu. Et Ivan ne jouait pas pour perdre ou se laisser submerger par ses propres règles. Qu'il pense avoir le contrôle, le lapin blanc. C'était comme il le souhaitait. Seulement il galopait avec véhémence dans la direction du renard, en cela il avait perdu d'avance. Ces airs bravache, cette petite niaiserie, quand se rendrait-il compte de son erreur? S'il avait refusé, Ivan aurait sans doute insisté. Jusqu'à ce que mort s'ensuive, comme ils disaient si bien dans le jargon populaire. Mort il n'y aurait pas eu, sans doute. Il n'aurait eu d'autre choix que de s'incliner, laissant peser nombre de menaces sur la tête autrichienne. Menaces qui auraient été mises à termes un jour ou l'autre, dés lors qu'il ne l'attendrait pas. Mais il l'avait suivi. Enfantillages. Il ne fallait suivre que lorsque les cartes disposées entre ses mains étaient les cartes gagnantes. Ivan était un bluffeur. En cela il gagnait toujours.

    Mais il avait aussi la plupart du temps la combinaison gagnante.

    Autriche porta la bouteille à ses lèvres, sous le regard soutenu du Russe. Avec élégance. Avec courtoisie. Il continuait de le défier. Mais le geste qu'il eut de la rabaisser, ce mouvement rapide qu'il effectua... Il était bien moins sûr de lui que ce qu'il voulait paraître à premier abord. Modération? Futile notion. La modération n'existait que pour ces êtres qui ne pouvaient tenir convenablement l'alcool. Il n'était pas convenable d'avoir une cuite. Encore moins lorsque l'on se devait de tenir le rang de l'Autrichien. La modération, vraiment? Ce principe, lourd d'orgueil, qui leur permettait à eux, à tous ceux qui ne pouvait supporter cette brûlure profonde, cette blessure naissant dans le creux de leur gorge, de triompher sur les "autres". C'était une victoire sans péril. Ce serait un triomphe sans gloire. Combien de fois il avait entendu cette vague excuse plâner entre deux mots à peine prononcés, souhaitant achever le sévice. Combien de fois il avait regardé le groupe s'évader au travers de ses propres desseins. Regardez celui-là qui ne boit pas! Il est seul. Parce que la société aime le risque.

    Rien n'était plus amusant que de lancer des paris sur la roulette russe.

    Hormis peut-être d'entendre la détente, ces quelques secondes où le pari prenait place, où l'attente était en parfaite osmose avec son dénouement et la passion qui se mêlait au jeu. Où la vie entrenait la mort ouvertement, où chacun des deux militants attendaient avec impatience de savoir où se dirigerait le candidat. Peut-être alors à ce moment pouvait-on parler pleinement de "vie". Lorsque véritablement la balance est en équilibre et qu'alors le participant oscillait entre le navire qui rentrait au port et celui qui devrait le mener hors des terres humaines. Hors des limites des vivants. Orphée y était parti avec une harpe, nombre partaient avec un revolver. Cependant de ceux-ci il était impossible de savoir la destination. Il était impossible de connaître le destin que leur avait réservé Cerbère. Est-ce que le chien à trois têtes s'était laissé prendre au jeu? Peut-être. Peut-être pas. Depuis le temps ils auraient du tous rentrer chez eux, si ç'avait été le cas. Et Ivan ne se souvenait pas avoir entendu parler d'un revenant des Enfers.

    « Veuillez m’excuser ; je préfère ne point en abuser.», finit-il par avouer avec au fond de sa voix cette même note condescendante qu'il préservait constamment avec orgueil et fierté.

    Le Russe ne put s'empêcher de sourire. Froidement. Non, je ne t'excuse pas, Austria. Continue donc. Montre-moi jusqu'à quel point s'envole ta fierté. Montre-moi à quel mesure tu peux considérer et contrôler ton orgueil. Frustration? Pas réellement. Cette petite note, ce petit goût amer qu'il ressentait, n'était rien d'autre que l'envie prenante de se jeter à corps perdu dans son jeu. Mais il ne fallait pas s'y perdre, non. C'était trop tentant pour que tout se passe à la perfection. La perfection en elle-même n'existait pas. Rien ne pouvait plus l'envahir que l'instant, que le sentiment d'urgence de la situation. Mais il fallait être patient. Il fallait attendre. Il falalit observer la déchéance de son adversaire, le regarder en souriant pendant qu'il perdait le contrôle de la situation, pendant qu'il se rendait compte de ses erreurs.

    - Allons, Austrria... Tu le sais bien, non?... La coutume rrusse veut que tu finisses ton "verrre"... Tu ne voudrrais pas y dérroger, n'est-ce pas?... Manquer à nos prrincipes....

    Perds. Abandonne. Montre-moi à quel point tu peux être faible. Ou bien continue, reste un adversaire de valeur, jusqu'à ce qu'alors tu ne perdes tout.

    Abandonne.
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Autriche / Roderich E.
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MessageSujet: Re: Fausses notes [Libre]   Fausses notes [Libre] Icon_minitimeSam 27 Nov - 2:04

Les connaissez-vous… ? Les principes de la noblesse…

Oh, certes, ce terme avait de quoi faire sourire…oui, sans doute pourrait-il déclencher facilement ce sourire glacial sur les lèvres du russe. Froid et immuable comme la neige…mais il ne se contentait pas de cela…Non, il brûlait, flammèche bleue sur une terre stérile, dévorant désespérément ce qu’elle trouvait sur son passage. Brûlure glaciale comme la saveur étrange au fond de sa gorge qui lui aurait tiré une grimace…si seulement il aurait pu se le permettre. Un feu de glace qui prenait sans donner, brûlait sans émettre de chaleur en retour. Sourire d’égoïste. Non, ce n’était pas un sourire noble... Il le savait bien, n’est-ce pas… ? N’était-il pas le mieux placé ? Froid, il l’était, ce sourire. Mais il ne possédait pas…Cet « élément » qui tissait ensemble des fils de soie avec une aiguille d’argent…Ce matériau étrange dont étaient composés les aristocrates.
Quelque matériau dont on ne pouvait point certifier la provenance. Cette marque de « distinction ». Cette dignité dans la manière de marcher. De tenir un verre et le porter à ses lèvres. Un verre…


"Allons, Austrria... Tu le sais bien, non?... La coutume rrusse veut que tu finisses ton "verrre"... Tu ne voudrrais pas y dérroger, n'est-ce pas?... Manquer à nos prrincipes...."

Parlons-en, justement, de ce verre, Roderich, si tu veux bien…

L’autrichien se força à demeurer de marbre devant cette provocation doucereuse, ces piques joueuses comme si l’autre tâtait le terrain pour une prochaine lutte…Le prendre par les sentiments…Ou…par les principes. Quel être de distinction digne de se nom pouvait refuser d’honorer ce genre de choses… ?

Manquer à nos principes…La phrase provoqua en lui un léger frisson, ce frisson de léger dégoût et de mépris…Mépris que le russe ait choisi de l’affronter avec cette même chose dont il tirait sa fierté. Les règles. Les principes. Choses sacrées et vénérées…Sauf que ces principes-là étaient à respecter envers soi-même...envers les autres ? Probablement…accessoirement…ce serait ce que l’on qualifierait de « galanterie ». Technique de courtoisie et de raffinement…Mais il ne s’agissait pas de cela ; ce ton hypocrite et mielleux s’intéressait à tout autre chose…Il se força à ne pas regarder la bouteille afin de la comparer à ce qu’il considérait en toute honnêteté comme ayant une forme de ‘verre’. Sachant bien que le russe n’était pas ignorant de cet écart de langage et l’avait même probablement utilisé intentionnellement. L’ignorant comme si elle avait perdu toute notion d’existence à ses yeux. Alors que c’était bien elle qui l’avait mise dans cette position des plus imbéciles. Il était tentant d’en faire de même avec le russe. Pourquoi gaspiller son énergie là-dessus ? Sur cet être-là, d’autant plus ? Sans doute n’en valait-t-il pas la peine. Pourquoi se soucier de ce qu’il pensait… ?

Mais…il le savait déjà. C’était déjà une question de…appelez-le ce que vous voulez. Question d’amour-propre, d’honneur, de fierté. L’autrichien le savait alors qu’il pouvait sentir son dos irréprochablement droit, ses mains élégamment posées sur les touches du piano de nouveau ; élégance contrôlée, digne. Et si fragile. Comme le tronc encore fragile d’un arbuste qui savait ce qu’il pouvait devenir…Un grand chêne ancestral. Si seulement il n’était pas si facilement atteint par le froid. Si seulement il sacrifiait quelques feuilles de dignité afin d’échapper à l’incendie. Choisissait d’offrir quelque satisfaction minime au grand froid afin de supporter le gel…et non pas devoir subir la tempête de neige. Peine perdue…il avait déjà vu cette opportunité lui passer sous le nez. Et l’avait laissée filer…Une belle condamnation, en toute connaissance de cause. C’était comme…demeurer sur un grand lac gelé, sur le point de se fissurer. Si l’on bougeait afin de se reculer…à coup sur, les fissures apparaîtraient et cette surface se briserait comme un miroir jeté au sol, mais peut-être aurait-on une chance de s’en tirer. Peut-être pas. Il y aurait cette même chance, impartie à tous…Et si l’on faisait face… ? Et si on restait immobile, sachant que ce n’était pas pour autant que l’on serait sauvé ? On finirait peut-être par être englouti. Ou alors…peut-être que l’on resterait là, droit et sans mouvement…jusqu’à…

Jusqu’à ce que mort s’ensuive ?

Sans doute commencerait-on à mourir de froid…personne ne pouvait résister aussi longtemps…Tch. Il sentit ce son de dédain échouer dans sa tête. Ce serait réellement stupide…noble, mais…stupide. Mais…qui donc avait décidé que les deux devaient forcément aller ensemble ? L’intelligence n’ajoutait rien à ce mystérieux mélange constituant un aristocrate. Au contraire, l’on pouvait souvent dénoter dans ce spécimen-ci un extraordinaire manque de sens commun et de considération. Et on se demandait pourquoi Autriche n’aimait pas les imprévus…Ces imprévus-là montraient à quel point il n’était qu’un parfait imbécile incapable d’improviser. Ou…capable d’improviser de manière assez maladroite. Avec des conséquences discutables. Voire, désastreuses. Mais cela ne faisait qu’accroître le sentiment que…ce genre de personne ne devrait pas être comme tout le monde. Devrait toujours marcher un niveau au-dessus des autres, conversant avec les anges et buvant leur café avec une grâce naturelle, sans affectation ou fausseté aucune. Être jalousés et admirés à la fois dans leur refus de redescendre tout à fait sur terre. Êtres profondément inutiles en soi…mais ce refus de s’abaisser au niveau de sens commun des simples mortels ne semble qu’accroître leur aura mystérieuse. Mystérieuse car impossible à atteindre. On pouvait tenter de l’acquérir, par une éducation aux bonnes manières, règles absurdes apprises par cœur…Même l’acheter, titre par titre, acte par acte d’anoblissement à travers dix générations.

Notre aristocrate ne s’était jamais posé la question. On naissait ainsi, voilà tout. Il y avait des gens dotés de ces ailes-là, et dont certaines personnes aimeraient arracher les plumes, une à une, lentement. Avec une obstination d’enfant.

Ces plumages-là étaient-ils d’or et d’argent ? Parfois…Roderich le connaissait bien aussi, ce monde clinquant auquel on avait essayé de le greffer par la fortune et le prestige…un monde s’agrippant aux rideaux d’un spectacle terminé depuis longtemps, déchirant le velours en essayant de se justifier. L’élite. La crème de la crème. S’étourdissant de frivolités mondaines et d’ostentation. Et tombant dans la déchéance, un à un. Famille par noble famille, alors que le rêve se terminait. Ou plutôt…s’arrêtait le moment où ils devaient arrêter de faire semblant. Et à ce moment, les masques tombaient. Le décor s’écroulait sous son propre poids, dans un nuage de poussière ancestrale. La vulgarité et l’irrévérence apparaissaient comme des traces livides, lorsque l’on essayait la poudre. Il ne restait que l’esprit. Les rêves. Une salle froide et vide, et une seule note s’élevant au milieu de la poussière. Il ne restait qu’une illusion, miroitant sur la surface d’ébène d’un piano forte.

Anoblis par les rois. Touchés par Dieu. S’accrochant aux Histoires. Pourfendant les dragons. Epousant les bergères. Et même s’ils perdaient…Non. La véritable noblesse ne perdait jamais. Elle refusait de se battre par dédain, ou fonçait au risque de se perdre, par vanité... Et, si tout était perdu, s’assurer de nouveau de cette vérité indéniable, réconfortante, guerre gagnée malgré les batailles perdues…

S’en assurer, dans ces yeux d’un mauve glacé et rieur…

Tu ne seras jamais meilleur que moi.

Et cette pensée lui arracha un sourire, sans qu’il ne s’en rende compte. Sourire calme, et…légèrement vindicatif, comme une goutte de poison glacial glissant sur le velours. Le velours écarlate du rideau qui…s’abaissait, ou s’élevait… ? Sur la fin d’un triomphe, ou le début d’une fin… ? Et pourquoi, pourquoi penses-tu à ce genre de choses ? Le gel sibérien aurait-il déjà atteint ton esprit…et ton cœur ? A moins que ce ne soit l’alcool. Tch. Trêve de sottises.

Levez le rideau.

"Je ne puis malheureusement reconnaître un ‘verre’ dans ce que vous me présentez…" dit-il calmement…L’ombre du même sourire dans sa voix ; le sourire sur ses lèvres, celui d’un roi devant un certain Fou. Le Fou avait souvent raison. Mais il ne pouvait guère gagner contre un trône et un sceptre. A moins d’une révolution. A moins d’un jour de Carnaval qui mettraient les uns à la place des autres…mais ce serait encore une mascarade. Spectacle éphémère sous l’emprise de la fête…et de l’alcool, probablement…

Une chose était sûre…Une phrase dédaigneuse, froide, cinglante, maintes fois répétées, et toujours aussi risible et blessante à la fois.

Nous n’avons pas les mêmes valeurs.

"Si nos principes sur ce point sont trop dissonants afin d’être raccordées…cela est bien au-dessus de ma volonté…Russie." La voix de la courtoisie scintillant de glace. Et un frisson caché. Dissonance. Le mot lui échappait comme un dernier souffle froid, partant en volutes translucides. Mais il le laissa partir. Laissa glisser la formule de politesse dans la neige, quelque part…loin…il ne s’en souciait plus. Inutile. Le russe pouvait bien voir qu’il n’avait aucun respect pour lui…ou peut-être que si…Le respect d’être encore là, à persister, comme un oiseau volant contre le vent. Lui-même ne le savait pas. Pas encore.

Levez le rideau…encore et encore…même s’il n’y avait plus personne pour se préoccuper ou pour applaudir, et juste une scène vide et morte…Mais qu'il vente ou qu'il neige, on persistait...par...orgeuil...par honneur...par autant de termes creux, inutiles et interchangeables. En somme...

Par principe.


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