Double feature, picture show [® Finlande]

Pologne est un garçon. Jupe ou pas, c'est établi, et ce n'est pas parce qu'il est le seul à pouvoir le certifier que c'est discutable. Malgré cet indubitable état de fait, il peut monter très... très haut dans les aigus, surtout lorsque c'est la panique à bord.

"Heh... HIIIIIIII !"

Juste le temps de reprendre une grande inspiration, histoire de pouvoir encore mieux donner de la voix.

"HIIIIIIIIIIIIAAAAAAAAAAAAAAAA !!! MAAAAAAMAAAAAAA !!!"

La classe, hein ?
Ah sinon, ça serait peut-être bien d'exposer ce qu'il se passe. Non, ce n'est pas que les soldes ont été repoussées... Pfff... Ce que vous êtes mesquins... Y a des moments dans la vie où il se passe des choses graves, quand même, merdalafin. Comme un mille-pattes tranquillement installé à l'angle d'un mur. Alors là... Nan, quoi. On a beau avoir été l'un des pays les plus warrior-de-la-mort-qui-tue d'Europe, un mille-pattes, ça reste un mille-pattes. Et justement, Feliks, les mille-pattes, il peut pas, il peut juste PAS, c'est physique. Un mille-pattes, c'est... c'est l'horreur pure. Dans le genre ignominie, c'est mille fois pire qu'un cumul d'araignées, de cafards, de tâches d'encre sur tissu fragile.

Bon, on suppose que tout le monde connaît ces moments d'intense solitude où on se retrouve debout sur le lit à se préparer une bonne aphonie pour le lendemain tellement on gueule, en brandissant ce gros bouquin qu'on a forcément chopé au passage et qui est strictement inutile vu qu'on osera pas, de toute façon, le lancer sur l'araignée/le cafard/le mille-pattes/la tâche d'encre sur tissu fragile qui squatte les lieux.

Inutile de préciser que, généralement, ça tombe à un moment où on avait pas du tout l'intention de mettre le pif dehors, et que donc, on est vêtu de préférence avec ce qu'on a de pire, vous savez, les trucs qu'on enfile à l'aveuglette quand on ne projette d'être exposé à aucun regard, et dont on se demande à l'instant X - c'est à dire, souvent trop tard - par quel miracle c'est en notre possession et surtout pourquoi c'est sur notre dos - genre t-shirt Mickey (ou I Arcachon) distendu et vieux short à palmiers, avec une seule chaussette, bien sûr, si possible vert pomme ou fuschia.
Alors bien sûr, on apprend à personne que tout ça va de pair avec le teint de Bozo le Clown et les cheveux dressés à la verticale sur 5 cm, que même le décollement de racines foireux de Rihanna à côté c'est de la rigolade ('tain les références, j'ai honte).
Ce n'est pas non plus un scoop que d'évoquer les yeux fixes complètement à sec à force de s'écarquiller, parce que même si on est persuadé qu'on va tomber dans les vapes si jamais la Chose se met à cavaler sur le mur, on ne veut pas risquer pour autant de la perdre du regard, des fois qu'elle aille se planquer quelque part dans le bâtiment et se mette à pondre dans toutes les pièces pire qu'une reine Alien après un gang-bang, même et surtout si on a absolument aucune idée du fonctionnement reproductif de ce type de bestiole.

Bon, vous vous rappelez avoir vécu visualisez la situation ? Ouais ? Ok, alors vous ne changez rien, le décor est planté. Il n'y a plus qu'à y ajouter ce pauvre Pologne. Oui, avec le gros bouquin - bon, d'accord, rebaissez ce sourcil perplexe, on va dire un hors-série de Vogue, le t-shirt Mickey distendu et le reste de la Panoplie de la Honte si ça vous fait plaisir. Quand on casse le mythe, autant y aller direct au Panzerfaust.
De même, nous avons ici une approche plus ou moins scientifique du Feliks commun en milieu hostile vacillant au bord du précipice de l'hystérie totale, lequel chercha son souffle tout en descendant du lit et en rasant les murs jusqu'à la porte, qu'il ouvrit en grand sans pour autant lâcher du regard l'Atroce Monstre - omaïgodsuisurkilmeregarde - et repartit en vocalises.

"LIEEEEEEEEEEEEEEET !!!"

Oui, chou, en temps normal ça peut le faire, mais là, on me dit dans l'oreillette qu'il y a un souci technique, donc ça ne marchera pas. Essaie autre chose.

"AU SECOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUURS !!!"

Mieux.

Et maintenant, seul l'avenir nous dira si le Dragon sera chassé, ou si nous aurons deux hurleuses pour le prix d'une.

Si ça va ? Grave, tout baigne. Euh nan c'est pas des hurlements, c'est des chants folkloriques polonais, qu'on ne réalise traditionnellement qu'avec des fringues honteuses et une tronche de film d'horreur.
....
ÉVIDEMMENT QUE ÇA VA PAS ! TU VOIS PAS QUE C'EST LA FIN DU MONDE !

C'aurait été à peu près ce que Feliks aurait pu répondre s'il avait été en totale possession de ses moyens. Sauf que bah, là, c'était loin d'être le cas, ce qui le priva de se payer joyeusement la tête de Finlande pourtant venu à la rescousse - oui, l'ingratitude fait partie de ses attributions.

Non, ce qu'il se passa, c'est qu'à l'instant où quelque chose possédant moins de six pattes entra dans son champ d'audition - la vision étant toujours accaparée par la surveillance de la reine Alien, j'veux dire de la bestiole - Pologne activa automatiquement la compétence Glue. A peine une seconde de recherche fichiers pour identifier la voix, histoire de s'assurer qu'il n'avait pas attiré quelque chose de plus débectant que le mille-pattes, Russie par exemple, et pouf ! Entrée immédiate et violente dans l'espace vital finlandais, pour ne pas dire qu'il se propulsa littéralement dessus.
Et puisque Chtulhu est parmi nous, ce fut dans un esprit très tentaculaire qu'il jeta son bras autour du cou de ce pauvre Tino et vas-y que je m'y suspends, tout en collant dans la joue du malheureux l'un des coins du magazine défensif qu'il n'avait pas lâché pour autant. On sait jamais, quoi. Imagine que la Chose profite de la diversion pour bondir.

Bon. La prise d'assaut fut donc immédiate - oh, s'il avait pu, il aurait carrément escaladé l'arrivant, mais là, il se contentait de pendouiller à son cou par un bras, étant donné qu'il avait besoin de sa main libre pour pointer du doigt l'horrible mille-pattes, et glapir en même temps dans les notes suraiguës - oh, si près des oreilles de Finlande.

"Y'A... UNE... BÊTE... GENRE... ÉNORME !"

Genre énorme. Quatre centimètres et demi à tout casser, sans déconner, je sais même pas comment il a réussi à passer l'encadrure de la fenêtre. Sûr que si on le fout sur le toit du bâtiment, il y a ses pattes qui vont pendre mollement de chaque côté. Bon sang Joe, pourquoi l'plafond y plie ? - c'est rien, c'est l'mille-pattes.

Bon.

Bref, une fois ceci fait, il délégua tacitement la surveillance de l'Atrocité, en fermant étroitement les yeux et en enfouissant brutalement le visage contre la malheureuse épaule du Sauveteur potentiel, sans le moindre complexe, et surtout à haute intensité. Pologne, le mode morpion, il maîtrise à mort. Quand il a décidé de s'accrocher, tu peux directement aller chercher le pied de biche, sans passer par la case négociation.

Sinon, c'est vrai que vu comme ça, on peut se demander ce que Feliks attendait réellement de notre glorieux Nordique. A priori, il ne comptait pas lâcher prise, mais d'un autre côté, on a toutes les raisons de penser que même en restant agrippé à Tino comme un koala dopé aux amphètes, il n'approcherait ja-mais de la bestiole. Ok, c'est vrai, c'est Feliks, faut pas trop chercher de logique. Mais là, d'un coup, on comprend vachement mieux pourquoi le basket-ball est le sport national en Lituanie. Mine de rien, shooter une bestiole grosse comme un bouchon de stylo à dix mètres avec un imbécile pendu à ton cou qui te balance des décibels à plein tubes dans les cornets, ça aide pour ce qui est de bosser la précision. Hop, panier.

Spoiler:

Lâcher ? Ahaha. Alors, là... Jaaaa-mais. Il y est, il y reste. Et dieu sait qu'il est tenace. C'est même plus de l'ordre de la réflexion, là, pur instinct de survie mentale, et, pour ceux qui se demandaient par quel miracle il est increvable, on en a l'illustration dans toute sa splendeur. Ah, ouais-ouais, c'est sûr, lui il se relève toujours, mais pour son entourage, c'est pas gagné d'avance. J'te jure, c'est pas dur à suivre. Quand on te dit 'phenix', tu penses 'pigeon de la mère Fouchard'. Revenons en à notre mille-pattes.

On salue bien bas l'incroyable résistance finlandaise - la foule est en délire - et son abnégation (presque) totale, mais le must du must, ça reste quand même sa persévérance. Tu déchires, Bruce. Je veux dire, Finlande.
Okay. Après une lutte acharnée pour garder son point d'accroche, Feliks finit par consentir à cesser d'agresser l'extrême nord de notre courageux scandinave, par contre j'vous laisse imaginer le plan galère qu'avait pu constituer la démarche de décalage, parce qu'il s'accroche, le bonhomme, et pas à moitié, heh. On croirait une moule sur son rocher. Oh, dites, on pourrait faire une ola pour la stratégie, aussi, nah ? Après tout, combien de gros boeufs auraient essayé - et en vain, croyez moi - de simplement jarter le pot de colle ? Ola pour la stratégie donc, mais sans en faire des tonnes, on ne va insulter l'intelligence de personne en précisant ce qui avait assuré la victoire de Tino. Bon ok, en même temps, est ce que tu peux réellement parler de victoire quand t'as un boulet qui fait ventouse autant qu'il peut contre ton dos et qui t'enfonce joyeusement ses doigts dans l'estomac pour être bien sûr de ne pas perdre prise (note à l'attention des instances supérieures : faudrait faire prendre un peu de bide à Finlande, deux-trois bourrelets c'est plus simple pour s'accrocher. ... euh ouais, ou pas sinon...)
Alors, oui, mais... Pour ce qui est d'avancer, c'est une autre paire de manches. Que ce soit bien entendu : Feliks ne voulait PAS s'approcher. Mais il ne voulait pas NON PLUS lâcher sa digue. Ce que ça donna ? Eh bien, une forte résistance slave à toute forme de progression ayant la Chose pour cible, style vieille mule devant un cours d'eau. Le truc, c'est que, quand t'es gaulé comme un schtroumpf anorexique et que t'essaies A LA FOIS de coller ET de retenir un truc qui fait facile dix/quinze kilos de plus que toi, t'as une probabilité de succès qui se situe approximativement aux alentours immédiats de zéro.
Paslechoix oblige, ce fut bel et bien avec son greffon dorsal que Finlande avait atteint son objectif. Sauf qu'à ce stade, ledit greffon, il a les yeux fermés tellement fort qu'il est pas loin de se les cocarder, donc à priori, tout aurait pu à peu près bien se passer. Mais nan.
Pour le moment, le son avait baissé, et il se contenta d'une longue plainte sourde.

"Mais genre, comment.... ça... craiiiiiiiinnnnnt.... trooooooop..."

...Oooooooooh....
Tiens, y a de l'écho maintenant ? Du coup, il la boucla, et eut donc l'immense plaisir d'entendre la fin de la réplique qui tue. Mimi. Et même Mimiiiiiii.

"........Gné ?"

Ouais. Parce que là, y a vraiment rien d'autre à dire. Mimi. Ce truc infâme. Mimi.

"Euh... Finlande, t'as les nerfs qui ont lâché ? Tant que t'y es, tu veux pas, genre, l'inviter à prendre un verre ?... J'AI JUSTE TOTALEMENT JAMAIS RIEN VU DE PLUS IGNOBLE !"

Le tout, en s'agitant comme un demeuré, s'il vous plaît. A l'aveuglette. Pas longtemps. Le vrai problème vint de la marque d'intérêt énamouré de Tino : lorsque celui-ci se pencha vers l'horreur pattue, l'écran que son auguste personne formait entre l'Atrocité et Feliks se réduisit considérablement, et bien entendu, ce fut le moment que choisit l'emmerdeur pour rouvrir les yeux... et trouver la Chose dans son champ de vision, avec, entre eux, un espace bien moindre que dans le pire de ses cauchemars. Musique, Maestro.

"Hhhhin..? HAMONDIEU !! HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!"

Plus peur de lui que lui d'elle ? Nan mais ça va quoi, tu veux pas qu'il la plaigne, non plus ??

"Ha nan alors là chuis totalement désolé mais quand on a peur d'un truc on va trop pas se foutre sur le mur de sa chambre, quoi ! Alors franchement chuis CARRÉMENT TROP ravi d'avoir, genre, été à l'origine de la formation d'un couple aussi GRAVE CUTE que vous deux, mais si veux bien dire à ta nouvelle p'tite amie de s'casser, ça m'arran-"

Fiou. Le silence. Merci, Finlande. Brusquement réduit au silence par une main héroïque.
Ou presque.

"...'ann-ongna-ahé 'nnehuu - o'on'ieu !!!"

Ah oui, c'est beaucoup plus suppportable, d'un coup. Par contre, pour Pologne, ça vire à l'intenable. Bah oui mon grand, t'as juste oublié un détail : Finlande, c'est pas Lituanie. Tu vois bien que t'as beau gueuler, le seul effet que ça a, c'est de le gaver. Parce que Finlande, il a l'air de trouver que cette abomination, elle est vachement chouette, et visiblement ça l'intéresse vachement plus de lui faire les yeux doux que de se pencher sur ce que tu peux bien piailler. Et quelque part, je dois dire qu'on peut le comprendre, vu le volume que t'y mets.

Feliks, c'est dur, tu dois te rendre à l'évidence : le monde entier n'est pas à ta botte. Sois courageux.
La vie, des fois, c'est carrément trop la loose. La loose. La. Loose. Attends, il va t'en donner, de la sagesse.

Il ouvrit grand, très grand, très très grands les yeux, et planta un regard malheureux de chibi maltraité dans les yeux de Finlande, avec tout le vert de ses prunelles qui luisaient de p'tites n'étoiles tristes et qui commençaient à se brouiller sous le voile de grosses larmes retenues, et il détacha ses bras qui faisaient étau autour de Tino, ramenant ses mains pour retirer celle qui le baillonnait.
Et il serra très fort cette main entre ses petites mimines, avec les lèvres tremblantes, pour finir par miauler d'une petite voix.

"Je crois que tu te rends pas compte de la situation... Cette chose... Cette chose est là en avant-garde. Elle va courir se mettre dans les tuyaux.. Elle va pondre des milliards d'oeufs... Toute la zone va être ravagée par une véritable armée de ces petites horreurs... Elles vont s'introduire par la bouche des gens quand ils dorment et prendre possession de leurs cerveau... Leur but ultime est de contrôler le monde, et si tu la laisses, on va tous devenir des mutants, et on rampera par terre, même si on porte du cachemire. C'est vraiment ça que tu veux, Finlande ?"

Le tout avec un ton dramatique presque pas exagéré.

Restait à voir si ça allait davantage frapper Tino que les rugissements hystériques. C'est pas gagné d'avance. Surtout avec le t-shirt Mickey, moyen pour la crédibilité.

Bah voilà. Voilà. Comment qu'en deux minutes et trois conneries empilées, on peut aggraver la situation. Bien joué, bravo la stratégie polonaise, y a pas à dire, c'est du grand art.
Oui oui, sûr que Finlande avait finalement daigné prêter attention au drame existentiel de Feliks, là dessus, pas de souci. Quant au réconfort en mode Berwald, c'était vraiment pas galère à encaisser, là aussi, ça baigne. Limite on voudrait tous se commander un Berwald de poche, pour le coup. Non, vraiment, pas de lézard, Joe. C'est tellement bath qu'en d'autres circonstances, on aurait même demandé à Finlande ce qu'il mettait comme parfum, parce que, heh, il sent bon, Finlande.
Nan, le problème c'était plutôt que notre pourfendeur de dragon à pattes multiples s'était penché avec tant de bonne volonté sur sa priorité du moment - faire taire Pologne une bonne fois - qu'il ne semblait plus faire gaffe à l'immonde chose qui squattait le mur.
OR l'immonde chose qui squattait le mur venait soudainement de comprendre qu'elle était à peu près autant à sa place que pouvait l'être une carte fidélité The Body Shop dans une boutique Sephora.

C'est assez dommage, d'ailleurs, parce que même si Pologne s'était à moitié étouffé en entendant le "elle est gentille", et était resté absolument con devant un plan pareil - comment est ce qu'on pouvait vouloir garder un machin aussi ignoble ?? Tu veux pas, euh, juste l'éclater, ça serait cool ?- toutes les solutions lui convenaient, du moment que la Chose n'était pas en liberté quelque part dans le bâtiment et à fortiori dans sa chambre.
Juste au moment où Feliks, quelque peu calmé, finissait par lâcher un "'d'ccrd" peu enthousiaste, son regard dévia des grands noeils trop-rassurants-je-maîtrise-la-situation de Tino pour reprendre la surveillance de la bestiole, que lesdits grands noeils n'assuraient plus vu qu'ils étaient en balade dans les siens... Aha. Bestiole QUI... beh, qui s'occupait à se barrer tranquillement vers d'autres horizons.
Et je vous le demande, nobles âmes, je vous pose la question : qu'est ce qu'il y a de pire qu'un mille pattes ?
tic-tic-tic-tic - DING
La réponse était : Un mille-pattes qui gigote. Eeet c'est la petite dame en bleu qui remporte le prix ! *applause*

Alors techniquement, tout porte à croire qu'on va se taper une apocalypse vocale, que rien qu'à la portée que ça va avoir, les gars de l'usine d'à côté vont quitter leur poste en croyant entendre la sirène de fin de journée, avec des montées dans les aigus tellement violents que, sans déconner, même Suisse complètement imbibé pourrait pas yodler aussi trash.
Eh ben, NAN. Retirez ces bon dieu de boules Quiès. Il y a parfois des choses tellement épouvantables que ça en cane les cordes vocales, même celles de Pologne. Comme... Eh bien, comme ça, par exemple.
Ah, il ouvrit la bouche, ça oui. A peu près aussi grand que les yeux qu'il tirait à l'instant X - pis alors éteins moi ces nétoiles, Joe, place au gros clash de concentré d'horreur pure. Allez, il va bien nous faire une dernière gueulante, non ? Nah. On vous a dit non. Il ne produisit qu'un infime miaulement pitoyable. Tou as eu ma peau, gringo. Mille-pattes1/Pologne 0.

En revanche, la réaction fut super-rapide. Il détala aussi sec. Trois secondes plus tard, il ne restait plus rien de visible de lui dans la pièce, hormis une mèche de cheveux qui dépassait de la couette dans laquelle il était en planque, tassé dans un coin du lit.
Enjoy.

Spoiler:

Ah ouais... il est comme ça, le Finlande... Eh ben, pas félicitations. Si d'ici 2/3 jours, toute la région est envahie de mille-pattes bouffeurs de cerveau et si d'ici une p'tite quinzaine, ils contrôlent le monde et éradiquent l'humanité, ça sera de TA faute, Tino. Et j'vais même te dire, ça sera toi le premier à en baver, parce que, quand t'y penses, une chaussette par personne c'est gérable en une nuit, mais pour en remplir cinq cent par tête de pipe, j'espère que tes rennes sont pas allergiques à l'EPO, quoi.

Bon. Revenons en à notre couette, ou plutôt à ce qu'il y a dedans. C'est de la couette farcie à la polonaise, donc attention, ça reste potentiellement explosif, bien qu'il n'y ait eu aucune réaction notable à l'approche extrêmement prudente de Finlande. Celui-ci put s' "installer" dans la plus parfaite sérénité. Reste à savoir s'il en aurait été de même en l'absence d'avertissement tinosien, mais bon, à priori, Pologne n'est pas (encore) assez psychotique pour soupçonner une rampante offensive d'un mille-pattes de plusieurs dizaines de kilos - à en juger par l'affaissement du matelas. J'ai bien dit à priori, parce que, globalement, va savoir ce qu'il est foutu de se monter comme trip à la con, cet engin-là.
Toujours aucune réaction alors que Finlande se grillait le cerveau à compulser son p'tit guide. Entre nous,sans déconner, Berwald, il dépote, faudra quand même penser à lui commander un exemplaire dédicacé.
La couette resta de marbre lorsque Finlande abandonna l'idée d'établir un diagnostic pour poser la question. Parce que cette couette, elle est quand même vachement inexpressive, faut dire ce qui est. En revanche, à l'intérieur, Feliks gonfla les joues. Mouais... on peut se demander pourquoi on le précise, vu que, d'abord on le voit pas, ensuite il se met en mode hamster environ cinquante fois par jour - ce pauvre garçon va de contrariété en contrariété. L'infirmière ??! Bon dieu, l'exterminateur, plutôt, oui !!

Quelques bonnes secndes de silence, durant lesquelles je vous interdis formellement d'imaginer cette pauvre infirmière aux prises avec une couette hystérique. Un peu de respect pour cette malheureuse dame, elle fait un métier difficile. Surtout avec les specimens qui fleurissent dans le coin. Enfin, dans l'immédiat, elle était rigoureusement inutile, et on allait le faire savoir à Tino.

"....Nahj'menfousdel'infirmière....J'veux Liet..." geignit la couette d'une voix étouffée.

Bah voui, hein. Parce que mine de rien, le Liet il est conditionné pour caner le mille-pattes d'une main et refaire le lit de l'autre main tout en se laissant ventouser la trachée sans se plaindre, juste après il embraye sur la préparation express d'un gâteau à la crème chocolat-praliné consolateur prêt en quinze minutes, et en plus il lui reste une épaule dispo pour pleurer dessus du début à la fin des opérations, avec l'option cheveux tressables et rubanisables pour s'occuper au cas où on en ait marre de chouiner. Et il fait la vaisselle. Alors, mon cher Tino, l'infirmière, elle peut aller se faire clairement et positivement empapaouter.
Ouais, sauf que...
Sauf que non, quoi.
Parce qu'après une réclamation pareille, si jamais il venait à Finlande l'idée de sauter sur l'occasion pour se délester du souci - et malgré sa patience et sa gentillesse, punaise qu'est ce qu'on le comprendrait - et de le refourguer à Lituanie, il faudrait qu'il aille le chercher... Et qui dit aller le chercher dit laisser Feliks tout seul avec l'Alien...

"NAN ATTENDS !!!! RESTE LAAAAAAAAAA !!!"

hurla-t-il en jaillissant hors de son cocon pour se jeter sur le pauvre Tino. Et puis alors, "se jeter sur", c'est vraiment "se jeter sur", hein, c'est pas à moitié, et c'est pas l'affaire d'une plumette qui vous choît délicatement sur la clavicule. C'est plutôt dans l'idée d'un boulet (de canon, je veux dire, c'est pas croyable ce que vous êtes mesquins) propulsé droit vers l'estomac. Quitte à renverser notre finlandais au passage, peu importe. De toute façon, dès qu'il fut à nouveau glué à lui, Pologne tira aussitôt la couette pour se refoutre dessous. Et Finlande par la même occasion.
Et une fois sous la tente improvisée, il plaqua brièvement sa main sur la bouche de Tino pour lui enjoindre de l'écouter, puis ouvrit de grands yeux dramatiques et chuchota

"... J'l'ai vue, elle a bougé... J'crois qu'il nous faut, genre, un plan."

Vois les choses du bon côté, Finlande. C'est pas tous les jours que tu te taperas une réunion d'état-major sous une couette. Et... à ne pas sortir du contexte.

Okay. Alors là, comme ça, à l'arrache, on est tenté de répondre 'à tes souhaits'. Après, Pologne, c'est Pologne, on commence à le savoir. Donc ce que son traducteur intégré - équipé de l'option sous-titrage-je-comprends-ce-qui-m'arrange - lui transmit, ce fut "Dis moi tout". En d'autres termes, Finlande trépignait de joie à la pensée qu'une nouvelle Idée Totalement Cool extraordinaire made in Feliks allait illuminer sa journée, et, en toute modestie, il ne pouvait que comprendre parfaitement cet état d'esprit. Après tout, ses Idées Totalement Cool n'étaient plus à présenter.

Bon, en l'occurence, celle-là pourrait éventuellement avoir l'approbation de Tino, une fois épurée de toute la dentelle que le génie ne manquerait pas d'y mettre. Pourquoi ? Eh bien simplement parce qu'elle était potentiellement susceptible de le libérer de a) la couette, b) l'emprise tentaculaire polonaise, c) la situation en elle-même. Et, bien sûr, d) tout l'embarras qu'il en tirait. Pourquoi et comment, alors là, c'est une bonne question. Après tout, Feliks étant ce qu'il était, c'est à dire doté de sens aussi éveillés que la Belle au bois dormant en plein comatage, il aurait été difficile de s'imaginer quoi que ce soit de pas net sous cette couette. Même en y mettant une dose massive de mauvaise foi et en remplacant les Fringues de la Honte par ce qu'on fait de plus trashy en matière de court-court-moulant-moulant. Ou alors c'est que les palmiers délavés et les Mickey distendus possèdent aux yeux de certaines personnes une dimension libidineuse dont nous ne voulons surtout pas avoir le détail.

"Bon, alors écoute..."

Notez le ton gravissime et ultra-sérieux. Il retira sa main baillonneuse de la bouche de Tino, et reprit à mi-voix, des fois que la bestiole entendrait.

"On va faire un truc, genre, méga-stratégique, en répartissant les tâches à mort. Alors, toi, tu vas faire une sortie, mais grave furtif. Style, en repérage. Tu regardes où qu'elle est, tu fais gaffe qu'elle te vouaille totalement pas et là BAM ! Tu l'exploses. Et moi, bah... Je reste là et j'te couvre. Genre si ça tourne mal, tu cries et j'appelle au secours. Ça va trop bien se passer, c'est carrément cool. Ça roule ?"

Et en décodant, on obtient une simple phrase... Tu vas caner le dragon, pardon, le mille-pattes, et je reste en planque, mais t'inquiète, je te soutiens moralement.

Répartition des tâches. Bah ouais, Joe. Feliks est une princesse, fondamentalement mais aussi et surtout quand ça l'arrange. Parce que mine de rien, quand il s'agit de (tenter de) tabasser du Prusse, de la Biélorussie ou autre entité du Mal (et finir en miettes, mais bon pour ça, Pologne peut déployer un potentiel de connerie absolument stupéfiant, on y peut rien), ça tient plus du Golgoth-lobotomisé-golem-vouloir-taper que de la Blanche-Neige-un-jour-mon-prince-viendra.
Non, face à un mille-pattes, boss élite s'il en est, la princesse ne débloquera pas la compétence Xena. Y a des limites au supportable, on vous dit. Alors au boulot, Tino, kesketufouhencorela, nan mais j'vous jure, ces chevaliers fraîchement diplômés, faut tout leur dire. Encore que, si tu veux Finlande, on peut négocier un p'tit stage pratique qui va bien, disons un mois 24/24 et 7/7 avec Pologne, maîtrise garantie à la sortie. Par contre, tu vas en chier, mais si tu survis, t'auras de quoi raconter à tes petits-zenfants pendant les longues soirées d'hiver longs mois de soirée d'hiver. Signe ici, ici et là. Fais pas gaffe à l'odeur de soufre.

Ouais, alors là... Aucun risque. Et quand on dit aucun risque, c'est VRAIMENT aucun risque. Il ne mettrait pas le nez hors de la couette jusqu'à ce que LA CHOSE ait été boutée hors de la chambre, et peu lui importait par quel biais. Bon, évidemment, s'il avait su que Tino avait pour sombre dessein de conserver le Monstre, il aurait trèèèès probablement mis un retentissant veto. C'est cela, ouiiiii... Pis tant qu'à faire, bah soyons fous allez, trouvons lui un ptit copain pour qu'elle puisse se reproduire tout partout, et provoquer l'invasion de milliards et de milliards mille-pattes sanguinaires - la suite a déjà été énoncée.
Quoi que sachant que Finlande allait ramener son butin au sein du clan nordique, le pauvre Pologne aurait au moins pu ajouter un "ELLE VA TOTALEMENT BOUFFER TON CHIEN" qui aurait peut-être fait son chemin dans le cerveau finlandais. Mais vraiment peut-être.

En attendant. Il laissa donc TIno sortir du refuge, avec un solennel

"... Ouais, tu m'étonnes. Allez, courage, un peu, quoi."

Allez, ouste. Sitôt Finlande en dehors de la zone protégée, la couette toujours farcie à la polonaise se recroquevilla hermétiquement. C'est juste un con-balot qu'on crève tellement de chaud, là dessous. Mais sans l'otag... Pardon, le chevalier blanc mal barré, ça allait déjà beaucoup mieux. C'est fou c'que c'est calorifère ces machins-là. En même temps, ça fait partie de leurs attributions, hein, on peut pas y faire grand chose. Mais c'est quand même plus utile par les jours de grand froid que lors d'un retranchement dans un coin de lit pour cause d'invasion pattue.

Ce qui était inquiétant, c'est qu'il n'y avait pas le moindre bruit. Et pourtant, on vous assure que que plus à l'affût que lui en cet instant, là, tu te tapes une hémorragie cérébrale. Rien. Rien, rien, rien. Okay, en même temps, c'est Pologne, hein. Limite s'il s'attendait pas à ce que Finlande se jette sur le mille-pattes dans un rugissement guerrier, lequel aurait été suivi de la sanglante bande-son d'un combat à mort.
Ou presque.
Au lieu de ça... Rien. Feliks gonfla les joues. Aucun doute sur ce qui s'était produit. La Chose avait profité de leur brainstorming pour se tapir dans un coin, et avait sauté à la gorge de Finlande dès que celui-ci avait mis le nez dehors. Pauvre Finlande.... Au moins sera-t-il mort en prince. Ah ! Non. Il venait d'entendre le bruit furtif d'un pas.

".................. Finlande ?"

Grande inspiration, et concentration pour tâcher d'adopter un ton rassurant. Le pauvre Tino devait à coup sûr être paralysé de terreur.

"Faut pas que tu t'inquiètes, Finlande. J'sais que t'as peur, mais y a carrément pas de quoi, j't'assure. C'est cool. J'suis genre, totalement pas loin."