Énième pardon [PV:Elona~Kosovo]

386 … 387 … 388 …

Les moutons passaient, un par un, sautant au-dessus de la barrière rose, mais le sommeil n'arrivait pas. Matteo, les draps remontaient jusqu'au nez, s'efforçait depuis un long moment à ne pas penser à un certain ami, le gardant éveiller une grande partie de la nuit. Et ce n'étaient pas les siestes furtives, en présence d'autrui, qui allaient lui suffire … Il plissa des yeux, se frotta une joue, et décida, encore une fois, d'abandonner ici. Il se leva, lançant sa couverture dans un coin du lit, et se dépêcha de se changer. Une petite balade dehors ne serait pas de trop, pensa-t-il, et il valait mieux cela plutôt que de rester ici, et de penser à … À toutes ces choses.
C'est donc vêtu de son uniforme - ce choix était le plus simple de tous - qu'il s'aventura à l'extérieur et … Et rien.

Les lieux étaient calmes. Les vacances, et certainement l'heure y étaient pour quelque chose. Matteo n'avait pas le courage de regarder sur sa montre - de quoi, un portable, qu'est-ce donc ? - mais le soleil se levait. Il devait être un peu plus de six heures… Ou bien plus. Il marcha un moment sans trop savoir où il allait, le but étant de se vider l'esprit. Cela marchait moyennement pour le moment, mais enfin. Il prit de grandes inspirations, leva le regard au ciel. Le mal du pays se battait contre ces pensées-là, et lui ne voulait ni de l'un, ni de l'autre. Saleté océan qui l'éloignait de son chez lui, saleté amour qui le faisait penser à des choses douteuses …

Il arriva sur les terrains, il ne sut comment, mais enfin, cela n'avait pas d'importance. Il aurait continué sa route sans soucis, s'il ne remarqua pas alors une personne … Il plissa les yeux, s'approcha un peu, pas trop de peur d'être impoli, mais assez pour la ou le reconnaitre. Et ce fut la. Il la connaissait, il lui avait déjà … Non, elle lui avait déjà parlé, oui, dit ainsi, c'est bien plus juste. Il ne souvient plus trop de quoi … Ils avaient échangés quelques mots sur eux, lui semble-t-il, mais plus de précision demanderait à ce qu'il réfléchisse sérieusement … Oh, cela ne serait pas une mauvaise idée. Mais pour une raison x ou y, il n'en ressentait pas l'envie, ainsi, passa donc à une autre question : va-t-il ou non aller la voir, soit, lui passera-t-il le bonjour - en s'excusant encore pour l'autre idiot de frangin qu'il adore quand même, notez bien - ou continuera-t-il sa route ? Le premier cas se révèlerait plus efficace pour oublier ses soucis que le second, sûr.

Attendez … N'était-il pas parti précipitamment la dernière fois ? Oh mon dieu, murmura-t-il. Il fixa le sol, un peu embarrassé de se souvenir de cela. Il n'aime pas partir en coupant une conversation, sauf si cela l'arrange, bien entendu. Il releva les yeux, hésita en fixant la personne — qui avait surement dû le remarquer à présent. Après une grande inspiration, il se décida à aller la voir.

"Hu, Ko… Kosovo. Bonjour …"

Il fixa le sol, par réflexe, embarrassé. Oh, il n'y avait aucune raison de l'être, mais il l'était. Peut-être le fait de croiser quelqu'un à l'aube, sur un terrain de sport, et d'aller voir ce quelqu'un, d'un coup, lui semblait bien décalé ? Certainement. Ainsi, ajouta-t-il rapidement :

"Oh, je … Désolé si je t'interromps, je peux m'en aller …"

Il hocha la tête, accompagnant également ses mots avec quelques gestes, avant de la fixer dans les yeux, sans un sourire.

Spoiler:

Invité

La nuit était belle.... Les nuits étaient belles en général... Car c'était les seuls moment qu'Elona pouvait passer tranquillement. Malgré qu'elle n'en ait pas le droit, elle parcourait, la nuit tombée, les couloirs déserts de l'Académie. Quoi de mieux pour se vider la tête de la journée fatiguant ? Ses jambes la menaient là où elles voulaient, elle prenait des couloirs aux hasard... Rien ne la dérangeait en somme, elle était seule dans le calme et le silence ! Seule, oui...

C'était un peu comme dans la vie de tout les jours... Elle n'arrivait pas vraiment à se faire des amis. Bon, en même temps, vu les fous vivants ici, ça peut être dur ! Mais elle n'était pas vraiment fille à se fondre dans la masse, elle parlait fort, embêtait les gens qu'elle n'aimait pas et protégeait ceux qui lui était important. Mais elle pouvait quand même être douce et calme, surtout à des moments comme celui là ! Elle avait déambulé un moment, sans croiser personne bien sûr, et était finalement retourné à sa chambre. Les murs de l'Académie étaient propres, ils paraissaient même neuf. Sûrement parce que tout le monde en prenait soin. Tout le monde aimait cette Académie. Sauf Elona. Depuis quelques temps, elle ne se sentait plus à sa place ici, et commençait à douter. Elle ne voulait bien sûr jamais revenir chez Serbie, mais en même temps, la vie ici lui devenait trop dure. Elle apprenait des choses qui la faisait souffrir, se sentait écartée des groupes ou totalement rejetée parfois... Mais comme elle disait souvent, c'est la vie !

Elle était donc rentrée dans sa chambre vide, froide et silencieuse. Elle y vivait seule. Personne ne voulait devenir sa colocataire ? Elle ne savait pas, mais y pensait des fois. Après tout, elle n'avait rien de très charmant, à part un rangement nickel ! Tout était à sa place ! Elle s'approcha de son placard et l'ouvrit. Elle prit des affaires de sport : mini-jupe jaune, haut bleu marine et chaussure de sport blanche. Elle les enfila en frissonnant quand elle fut nue. Un courant d'air sûrement... Ou ces horribles cicatrices qui la démangeait encore ? Elle ne savait pas et n'osait pas savoir... Elle prit son Ipod, bijou de technologie, une bouteille et une serviette. Elona sortit et se dirigea vers les terrains dehors.

L'aube arrivait. Elle courrait depuis un bon moment, s'arrêtant de tant en tant pour boire ou se rafraichir. Elle s'épongeait en passant quelques fois, mais continuait à courir. Elle n'aimait pas particulièrement ça, mais la sensation d'essoufflement commençait à lui devenir agréable, à force de courir à longueur de journée. Elle ne vit pas le jeune arriver, mais entendit sa voix alors qu'elle s'était arrêtée pour boire. Elle tourna la tête, reposa la bouteille et vit San Marino. Oh, le p'tit chou !

« Hu, Ko… Kosovo. Bonjour... »

San Marino était un jeune homme assez timide d'après ce qu'elle avait pu voir de lui. Et la seule chose qu'elle savait vraiment sur sa vie, c'était qu'il était le frère du pingouin ( Vatican bien sûr ) et qu'il aimait Mr Pologne. C'était mince...

« Oh, je … Désolé si je t'interromps, je peux m'en aller... »

« Non, non, reste si tu veux. J'allais repartir, mais je crois que ça ira pour aujourd'hui. »

Elle lui sourit pour le mettre à l'aise. Mr San Marino ne souriait pas lui. Elle se tourna et s'épongea le front et le cou. Elle avait oublié de prendre des affaires de rechanges ! Elle ne voulait pas rester crasseuse, quand même ! Il devait y en avoir au vestiaires ! Elle se retourna et demanda à San Marino :

« Je vais aux vestiaires, prendre une douche rapide et me changer. Tu m'accompagnes, Matteo ? T'auras qu'à attendre devant la porte si tu veux, ou entrer dans les vestiaires des filles ! »

Elona rigola à cette idée. Elle prit le bras de San Marino et le traîna, quasi de force aux vestiaires. Elle ouvrit la porte et le poussa dedans. Elle rigola encore plus. Le pauvre quand même ! Elona, ça la dérangerait pas d'entrer dans ceux des garçons, mais San Marino... Pas si sûr ! Elle ouvit son casier, prit des affaires propres et entra dans la douche avec un savon et une serviette. Elle commença à se déshabiller, caché par la porte fermée à clé bien sûr. Elle jetait par terre de l'autre côté ses affaires sales, donc son soutien gorge et sa culotte.

L'eau était chaude. Elle commença à s'astiquer, en se dépêchant.

« Alors, Matteo, ça va ? Et s'il te plait, tutoie moi ! »

Spoiler:

Elle avait paru hésitante la dernière fois, elle ne semblait plus l'être. Cela eut deux effets sur Matteo ; cette constatation le rassura et le stressa tout autant. Mais il ne fit aucune remarque à ce sujet. Comme à son habitude. Il n'allait pas bousculer cela pour ce si petit détail. À la première réponse de la demoiselle, il hocha la tête poliment, sans un mot, et fit un grand effort pour la regarder en face. Oh, ce n'était pas une tache aisée, elle souriait qui plus est, et la peur d'une impolitesse le prit. Seul l'âge de son interlocutrice lui permit de garder la tête plus ou moins haute.

Il la regarda faire, sans trop savoir que penser, ni dire, ni faire. Enfin, cela ne changeait pas des autres jours. Les relations humaines n'étaient pas vraiment son fort — enfin, il arrivait à éviter les conflits, sauf avec la fratrie, mais c'est déjà un gros point positif, non ? — ainsi l'observa-t-il simplement. Au moment où elle se tourna de nouveau vers lui, il esquissa un mouvement de tête, comme pour regarder ailleurs, revenant à elle très rapidement. Des détails, des détails … La jeune fille lui annonça ce qu'elle aillait faire, Matteo commença à reculer avant de se stopper net. La fin ne lui plaisait pas, mais alors … Pas du tout. Il chercha à formuler une réponse, ne trouvant pas grand chose à dire, désemparé devant le rire d'Elona. Comment lui dire qu'il trouvait que cela ne se faisait pas, qu'il était hors de question qu'il aille dans un tel lieu ? L'idée que cela puisse être une blague ne lui venant pas à l'esprit, il pensa qu'elle devait trouver ça … Normal. Étrange, pensa-t-il, et vraiment effrayant.

Seulement voilà. Elle lui attrapa le bras, et avant qu'il ne puisse s'en plaindre, l'entraina dans le lieu qu'il redoutait. À peine passé le pas de la porte, son premier réflexe fut de cacher son visage derrière ses mains. Il faillit trébucher, se plaquant contre le mur. Il n'ouvrit plus les yeux, totalement dépassé par les évènements. Il était loin d'être à l'aise, le jeune Saint-Marinais, le feu aux joues — et aux oreilles également. Oh, il ne voyait rien ainsi, mais la possibilité suffisait à le gêner. Et il se maudit de ne pas avoir répondu tout de suite, du tac au tac, qu'attendre devant la porte aurait été suffisant ! En attendant, il était dans ces fameux vestiaires et non dehors …

Quand elle lui parla à travers la porte, il hésita à l'écouter ou l'ignorer. Finalement, il prit une inspiration, et se dit "faisons comme si elle était la petite cadette de la famille italienne …". Cela marcha plus ou moins, il se calma un peu tout de même. Il reprit une seconde inspiration avant de répondre, les syllabes bien détachées les unes des autres, calmement, distinctement.

"Oui, oui, enfin … Pas trop, mais … Ca doit être le lieu, certainement…"

Très certainement. Il se posa à terre, ramenant ses jambes contre lui. Il rouvrit les yeux, fixant le sol à ses pieds, afin d'observer le moins possible le lieu. il suivait — et suit toujours — ses règles et moeurs à la lettre. Peut-être trop … Certainement trop.

Il en profita, de ce moment de vide, pour réfléchir. Trouver un sujet de conversation lui semblait très important, bien qu'il n'avait alors qu'une envie : fuir pour très longtemps. Il chercha le pourquoi de tout cela, se rappelant qu'il n'avait souhaité que s'excuser, encore une fois, pour l'autre. Ce qu'il fera, assurément. Mais ensuite ? Rien ne lui vint à l'esprit. Matteo était comme ça. Il n'avait pas l'habitude de réfléchir à ce genre de chose. En général, ses réflexions se concentrent sur des maquettes, des livres et … Et … Et rien de bien particulier. De plus, il ne connaissait pas Elona, pas vraiment. Très peu. Ainsi, il ne savait pas les tabous, bien qu'il avait compris que tout ce qui touche sa vie privée… Il vaut mieux ne pas en parler. Il entreprit de rayer cela de son esprit. Les possibilités de discussions se réduisaient bien vite …

Il prit une profonde inspiration, ravalant toute la dignité dont il pouvait faire preuve — Oh, si peu …

"Je tenais à m'excuser encore, pour le frangin et … D'avoir stoppé la conversation aussi brusquement … Hum, je … Et … Désolé, je ne suis pas bien bavard … Haha …"

Et il se tut, avec l'impression d'être tout simplement … Ridicule.

Spoiler:

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