Devant les grandes portes

" Tu te dépêches ? Ludwig... Ludwig ! Bon moi j'y vais, tu me rejoindras là bas. "

Le roux passa une main dans ses cheveux bouclés pour l'occasion. De longues boucles rousses et épaisses, parfois ramenées sur sa tête avec une barrette, lui formant un chignon sans forme mais pourtant plus que travaillé. Clipsé sur le côté droit de sa tête une petite couronne dorée, au sommet de laquelle trônait une petite pomme rouge. Rouge comme la pomme de blanche-neige. Comme le sang. Rouge comme les lèvres de Lysander.

Il profita du moment de flottement pour farder un peu plus ses yeux de noir, donnant un air effrayant à son regard d'eau, trop clair pour un maquillage aussi foncé et appuyé. Il avait passé un mauvais moment à l'hôpital, aussi son regard avait-il perdu de son éclat, lui donnant un air de mort. Mais ce soir il voulait être la reine. à

La reine, tout comme son costume. La belle-mère de Blanche Neige. L'imposture, celle qui voulait être à tout prix être la plus belle et qui cachait la laideur au fond de ses yeux de biche. Il recula légèrement, regarda sa taille enserrée dans un corset noir, dessinait une hanche féminine qu'il n'avait que sous la torture. Une jupe à volants superposés rouges s'arrêtait à mi cuisse, laissant se dévoiler les immenses et fines jambes d'écosses. D'autant plus longues par un collant aux rayures verticales noires, alternant jambe dévoilée et opacité. Au bout, tout au bout de ses jambes, d'immenses chaussures à talons du même rouge que la pomme, lui donnaient plus de hauteur encore. En se tournant un peu, il observa l'effet du faux cul et de la traîne qu'il avait fixé sur sa jupe, elle glissait au sol, brillante.

Il était pour le moins satisfait. Et pendant que Ludwig braillait quelque chose en se lavant les dents, Lysander enfila ses longs gants de soie et sortit, posant sur son nez un loup blanc. Les couloirs défilèrent, puis il arriva enfin devant les portes. Il ne remarqua pas le loup, le vrai, plus loin, et se contenta d'avancer, déjà plus hésitant, vers la grande porte.

Il venait seul. Et tout le monde l'attendait ici avec l'allemagne. Mais qu'importait, Ludwig était bien trop long à se préparer. Il soupira et plia légèrement une jambe, la tête penchée en avant, perdu dans sa méditation.

Spoiler:

En retard. Logan était en retard, terriblement. Catastrophée, elle s'était préparée en hâte, enfilant un quelconque habit festif, avait pris sa guitare, son tout nouvel ampli, et était descendue à toute vitesse dans la salle. Il avait suffit d'un exercice de chimie un peu trop long pour qu'elle se mette à paniquer totalement. Et encore, elle n'avait pas préparé le contrôle qui était prévu pour la semaine prochaine, l'horreur. Elle était certaine de se planter. Nerveuse, elle n'avait pu retenir un dernier regard stressé sur son cahier, il était si près, il aurait juste fallut qu'elle révise un peu plus, mais.... mais non. Elle avait dit à Finlande qu'elle serait à la salle et qu'elle monterai sur scène avec Belgique, Autriche et lui pour la soirée, et elle n'était pas du genre à ne pas respecter ses engagements.

C'est ainsi que vêtue de sa tenue quelque peu gothique, indéfinissable, un masque à-demi accroché sur sa tête... ou plutôt pendant, comme un pendentif, sur le creux de la poitrine qu'elle aurait dû avoir, elle dévalait les escaliers à toute allure... et manquait de s'étaler de tout son long. Oups. Heureusement, Nicaragua n'étant pas, pour ainsi dire, une catastrophe ambulante, elle manqua ce merveilleux art qu'était de tomber avec grandeur sur le sol. Non, au lieu de ça, elle réussit à rester debout. Ce fut la dernière marche qui eut raison d'elle, mais elle réussit à protéger la guitare, et à se relever bien vite, courant jusqu'à la salle.

Le nez un peu rougi par la chute, elle débarqua à toute vitesse à côté des grandes portes, et s'arrêta bien vite auprès du Finlandais qu'elle remarqua immédiatement. Ah, il avait un loup sur l'épaule. Bah, si ça lui plaisait. Un peu essoufflée, elle prit aussitôt la parole. Enfin, aussitôt à la version nicaraguayenne.

- Retard.... désolée.....

Puis elle remarqua l'Ecossais, juste à côté. Peut-être n'aurait-elle pas dû se trouver là. Peut-être aurait-elle dû d'abord faire attention à la personne avec qui se trouvait le leader du "groupe". Peut-être dérangeait-elle.

-....'lut..., adressa-t-elle à l'Ecossais, pas très sûre de ce qu'elle voulait dire, ni de ce qu'il fallait qu'elle dise.