Devant la baie vitrée

Ivan n'était pas arrivé bien en retard. Il s'était habillé en ronchonnant, prêt à encaisser la soirée. D'un autre côté, cela lui faisait une occasion de sortir, occasions qui, il fallait le dire, se faisaient rares... Enfin. Il était entré dans la salle qui ne comptait guère de personnes présentes. Il était en avance, bien trop en avance. C'était déprimant. Avisant la petite -et jeune- Irlande adossée à la baie vitrée, il se dirigea vers elle. Il ne voulait pas faire face au pion, il le voyait déjà trop, celui-là. S'avançant tranquillement dans son déguisement de la mort qui tue qui fait très mal /bus/, il souriait, espérant oublier le temps de la soirée ces foutus accords de français que son professeur de langues essayait de lui inclure. Evidemment, ceci n'était qu'un exemple de ce qu'il souhaitait passer sous silence pour la soirée.

Il se souvenait d'Irlande. Vanya avait porté son choix sur elle lorsqu'il s'était agi de prendre un otage pour attraper ce cher San Marino -qui avait tendance à se cacher à l'époque, haha-, avant que Vatican ne s'autoproclame comme tel. Il se souvenait aussi avoir un peu parlé avec elle, auparavant, la petit étant bien bavarde pour une étrangère. Elle lui avait donné sans réfléchir ses peurs, ses faiblesses... Pauvre petite, si naïve. Ah, tiens, il faudrait la faucher, ha ha ~. Ou pas. Il n'avait aps envie de rester cloîtré dans sa chambre pour le restant de ses jours. Enfin. Le voilà qui continuait de s'avancer, pour arriver finalement à la hauteur de la demoiselle O'Neal, qui, il fallait le dire, s'était remarquablement bien parée pour ce jour de fête. Jolie robe, le Soviétique ne doutait pas qu'elle ait été faite de façon artisanale. Les vert lui allait bien, admit-il à contrecoeur. OhmonDieu ce mois de captivité finissait-il par le rendre moins mauvais?! Ah, non, ce n'était pas le top, ça. Voire pas du tout.

- Bonjourr, lança-t-il avec un sourire, parfaitement conscient que la demoiselle ne l'appréciait guère.

Il ne savait pas vraiment quoi dire mais bon. Finalement, n'attendant pas vraiment de réponse, il s'adossa lui aussi à la baie vitrée en regardant le plafond qui lui semblait... bien haut, tout à coup. Et pourtant, Ivan n'était pas particulièrement petit. Alors il essaya d'imaginer un instant le sentiment que ressentirait Vatican en regardant lui aussi ce plafond et... se mordit les lèvres pour ne pas exploser de rire. Pour Vatican, un plafond haut de deux mètres devait paraître immense, alors celui-ci... Haha, c'était comique. Reprenant son sérieux, le Russe se contenta de sourire aux côtés de la demoiselle. C'était jour de fête, n'est-ce pas?
Et bien soit, amusons-nous ~

Russie fut quasiment surpris d'entendre Irlande lui adresser la parole. Quasiment. Oui parce que quand même, la petite, elle était assez sociale à la base mais bon, voilà... Elle répondit à ses "salutations distinguées" hmhm -tu parles de salutations, kof kof-, il sourit. Même si elle gardait une expression plâte, même si elle ne se forçait pas à lui faire croire qu'elle était heureuse de le voir -il ne l'aurait pas cru de toute façon alors qu'importe?-, bon, c'était toujours ça quoi. Puis c'aurait été mort s'ils étaient restés là comme deux idiots qui se regardent même pas dans le blanc des yeux, silencieux.
Bouh, ç'aurait été mortel. Génial pour un soir d'Halloween, ha ha ~

« Ça va? »

En prime, il eut droit à un joli sourire, même si petit et timide, oh comme c'est gentil ~. Tournant la tête.... et la baissant un peu aussi, parce qu'il fallait l'avouer elle était vachement petite quand même, le Soviétique essaya de lui lancer un sourire agréable et chaleureux... ou du moins, pas trop effrayant... M'enfin, conaissant Russie il allait quand même avoir du mal. Il hocha la tête, suivant le rythme de la conversation.

- Oui, et toi?

D'une banalité effrayante. On n'en attendait pas des tonnes non plus mais bon. Il réfléchit un peu, tournant la tête pour regarder à nouveau le plafond, ce beau plafond que... qui n'était pas aussi beau que celui du Salon Communautaire, il fallait l'avouer.
Mouais, enfin, celui du Salon Communautaire aussi, il risquait de ne pas le revoir avant un petit moment alors il fallait se contenter de ce qu'il avait aussi. Ne pas faire son difficile, c'était pas mal dans certains cas. Comme dans celui-ci. Oh, il n'avait pas vraiment l'intention de causer du grabuge, pour une fois... Pour une fois. Il n'était pas parti avec de mauvaises intentions -siii, ça pouvait arriver de temps à autre qu'il se lève en n'ayant pas particulièrement l'envie de traumatiser quelqu'un. Vous me direz, y en a certains qui sont traumatisés rien qu'à voir sa tête, alors....
Mais bon. Oublions quelques temps les Baltes ou autres de leur genre et revenons-en au sujet principal : la conversation avec l'Irlandaise. Comment sortir de la banalité effrayante dans laquelle on est plongés?... Dur dur, comme question, dur dur...

- Ta rrobe te va bien.

... D'accord Russie, on te pardonnera. On sait que la captivité, ça empêche la communication et que tu n'as pas pu t'entraîner pendant un mois.
Mais bon, faut l'avouer, niveau originalité y a mieux quoi.

Ivan souria. Il la trouvait amusante, cette petite. D'un instant à l'autre elle pouvait passer d'un air gêné à un sourire sincère. Il ne la comprenait pas forcément mais bon, ce n'était pas important. Tant pis si elle voulait paraître sûre d'elle, faire semblant de ne pas avoir peur de lui alors que c'était faux. Il s'en fichait un peu. D'un autre côté, il n'y réfléchissait pas vraiment, contrairement à la rouquine. Pour lui, le fait de sortir de sa chambre était bénéfique... Mais bon, pas de grabuge ce soir. Pas de casse. Sinon c'était encore lui qui aller casser.. ou clamser, ça dépendait. Il savait qu'il suffisait de peu pour qu'il se retrouve à la porte. Mais bon.

- Merrci, répondit-il en souriant, faisant encore preuve d'une originalité démesurée pour ce soir d'Halloween. Oui, je l'ai fait, je n'ai pas... vrraiment eu d'autrre choix... Et... non, je n'ai pas vrraiment peurr de la Morrt. C'est un peu comme un rrite, quelque chose auquel perrsonne n'échappe de toute façon. Autant le voirr de façon positive, comme un déguisement le soirr d'Halloween, non?

"Pas eu d'autre choix". C'était un peu évident. Avec le pion qui le collait nuit et jour, à la limite du raisonnable, c'aurait été difficile d'aller se faire des petites emplètes de costumes pour Halloween... et puis il fallait avouer que c'en devenait ennuyeux quand il n'y avait rien à faire. Grèce ne pouvait pas être constamment là. Donc oui, bah, son déguisement il l'avait fait à la main itou itou. Grèce avait gentiment accepté d'aller lui chercher le tissu et il s'était mis à la fabrication. Bon d'accord, il avait donné deux fois plus d'argent qu'il n'en fallait pour que le Grec s'en serve afin de s'acheter quelque chose -au moins du papier quoi-... mais bon. Ca, c'était une autre histoire.
Ivan s'appuya contre la baie, souriant, réfléchissant un peu aussi. Il leva un instant la tête au plafond avant d'ajouter.

- Enfin, si ça se trouve j'en ai peur et je ne le sais pas, va savoir. Et toi? Tu es crroyante je crrois, non?

Il disait ça avec sur les lèvres le ton de la confidence, redevenu l'enfant qui s'amusait à aller frapper à la porte des gens pour le soir d'Halloween. Et il commençait à comprendre un peu l'intérêt de la fête. Ce n'était pas une fête comme les autres où l'on chantait, dansait, s'amusait à s'en rayer les cordes vocales, c'était une façon comme tant d'autres de retourner dans son passé et d'y faire le tri. De se souvenir que tout n'était pas négatif. Il se demanda un instant si Irlande en pensait la même chose et hésita à poser la question. Demander ou pas? Haha. Finalement, plus par curiosité que dans un intérêt scientifique, il se décida.

- La fête d'Halloween... Pourr toi, c'est quoi?, demanda-t-il, songeur.

Ivan suivait la jeune fille des yeux pendant qu'elle faisait des allers-retours incessants, apparemment incapable de tenir en place. D'un autre côté, il la comprenait très bien, elle était jeune, énergique. Ce ne devait pas être simple de rester en place à parler avec une personne qui a tenté de vous prendre en otage pour pouvoir torturer votre petit ami. Oh, il le concevait, il n'était pas stupide, malgré les apparences et ce que beaucoup pourraient penser. Il la regarda s'affaler contre la vitre, le nez et le front plaqués contre cette dernière, regarder au-dehors. Il l'écoutait lui donner sa vision d'Halloween et réfléchissait à ses paroles. Oui, c'était vrai. Halloween, c'était aussi cette tradition symbolique qui était d'aller frapper aux portes pour quémander des sucreries diverses et variées. Il laissa un sourire s'échapper de ses lèvres lorsque la jeune fille avoua qu'elle avait, en quelque sorte, auparavant peur des costumés d'Halloween. Et soudain, sans qu'il ne sâche pourquoi, la conversation dériva sur les étoiles.

Parler aux étoiles?... Il n'avait jamais songé à le faire, en réalité. Ivan appréciait le fait que la conversation prenne un ton enjoué et non surfait, il se réjouissait d'avoir été vers Irlande. Il ne l'aimait pas plus que cela mais c'était normal, n'ayant jamais cherché à la connaître. Il ne la détestait pas non plus, ceci dit. L'Irlandaise n'était ni plus ni moins qu'une connaissance appréciable. Ivan tourna à son tour la tête et regarda par la fenêtre. Elle avait raison. D'ici, ils ne pouvaient pas voir ces astres lumineux naître et s'éteindre avec tranquilité.
Ah, une étoile filante.

- Je n'ai jamais parrlé aux étoiles..., lança-t-il, songeur. Je trrouve qu'elles ne sont pas bonnes confidentes, ajouta-t-il avec un rire, avant de réfléchir réellement à ce qu'il pensait de ce genre de situation. Je n'ai pas vrraiment de choses à cacher, alors je n'en trrouve pas l'intérêt. Ce que je dois garrder, je le porrte seul, et voilà. Puis il eut encore un instant de réflexion. Mais n'as-tu pas des amis à qui te confier lorsque tu vas mal? Pourquoi aller vers les étoiles? Pourquoi aller verrs des objets sans conscience qui ne pourront pas te répondre ou t'apporter conseil? Cerrtes, elles sont jolies mais bon...

Il lui demandait tout cela simplement, les mots s'ajoutant les uns à la suite des ordres pour former des phrases à peu près correctes. Les étoiles, s'il réfléchissait, il pouvait les aimer autant que l'Irlandaise. Les étoiles, étaient la lumière qui se frayait un chemin à travers l'obscurité de la nuit. Il sourit un instant, se disant qu'à certaines periodes de l'année, voir les étoiles en Russie était choses impossibles, ces périodes où le soleil ne les quittait jamais et formulait au-delà des nuages cet espoir qu'ils continuaient tous à garder au fond d'eux comme un secret inavouable.

- Ceci dit, chez moi, nous ne pouvons pas toujourrs voirr les étoiles pendant la nuit non plus... As-tu déjà entendu parrler du Soleil de Minuit? A Peterrsburrg, c'est un phénomène rrégulier. Le soleil ne nous quitte jamais, tu vois...

Et c'était principalement l'une des merveilles de cette ville que les fantômes des grands du passé continuaient d'habiter.

Russie était dévisagé comme on dévisage un animal de foire. Il fallait le dire, ça le dérangeait un peu quand même. Il ne pensait pas vraiment ressembler à une vache, alors... Enfin. Ce n'était pas fait dans un mauvais escient, ça il en était persuadé. Il était vrai qu'Irlande était plutôt... petite, comparée à lui. M'enfin. De toute façon, il fallait l'avouer, tout le monde était petit comparé à lui.

Ah, le ton de sa voix est plutôt faible. S'il avait été Héraclès, il lui aurait quasiment sauté dessus pour lui demander si elle n'était pas malade ou si elle ne se sentait pas bien. Mais il n'était pas grec, et eut plutôt l'impression d'avoir blessée la jeune fille. Ca le gpena un peu, dans le fond. Il venait de se prouver à lui-même que même en ne voulant pas causer de tort aux autres il y arrivait quand même. C'était déroutant, voire blessant. Il ne serait donc qu'un pion incapable de faire ce qu'il souhaite? Quel est l'intérêt de blesser les autres si, peu importe ce que l'on veut, on finit toujours par le faire?.... Non, mauvais résonnement, Russie. Tu blesses les autres parce que ça t'amuse. Des fois, tu peux aussi faire des erreurs quand ce n'est pas volontaire.
Ne cherche pas à te compliquer la tâche.

L'Irlandaise lui disait ne pas vouloir confier ses secrets à ses amis par peur d'être blessée. Ah. Nouvelle surprise pour le Russe. Le Petit Chaperon Rouge serait en fait bien plus méfiant que ce qu'il n'y paraît au départ, pas vrai? ... Kol kol kol ~♥ Ou pas. Il fut un peu surpris, ne s'y attendant pas réellement, ou même... ne s'y attendant pas du tout, serait un terme plus exact. Irlande semblait être une personne très -trop- ouverte, penser qu'elle ne partageait pas ses secrets avec ses amis était plutôt... surprenant oui. On ne pouvait pas vraiment trouver d'autre termes y correspondant. Quand il pensait "Irlande", il voyait la rouquine débarquer et lui raconter sa vie, à lui, un étranger. Mh, étonnant. Enfin. Pas de commentaires.

Et soudain, un ton beaucoup plus enjoué. Vanya sourit. Elle était intéressée par le Soleil de Minuit? Il pouvait lui en parler, oh que oui. Ce soleil que tellement de personnes venaient voir du monde entier. Ce soleil qui est le même que celui que chacun voit tous les jours, éternellement, la seule différence étant qu'alors que l'on s'arrête pour observer l'astre lumineux, on peut voir apparaître sur sa montre: 00:00. Evidemment, pour que le charme ne se rompe pas, il faut avoir une montre digitale, parce qu'avec une montre à cadran on peut y lire "midi", et pas "minuit". Enfin bref.
Irlande se retourna brusquement dans un bond, il eut l'impression de la voir le supplier du regard pour en savoir plus. Suppléance qui s'accordait avec ses précédentes questions. Et Ivan était heureux de parler de son patrimoine.

- Le Soleil de Minuit... Beaucoup disent que c'est l'un des plus beaux phénomènes naturrels qu'ils connaissent. Je pense que je rrisque de te décevoirr un peu, le Soleil de Minuit est le même Soleil que celui que tu peux voirr chaque jourr. Pourr moi, ce n'est pas un moment "magnifique", mais "magique". C'est une pérriode de l'année courrte, durrant lequel le Soleil ne nous quitte jamais. Il réfléchit un peu, puis ajouta avec un soupir. Tu sais, notrre histoirre est difficile, alorrs avoirr du Soleil constamment, ça rreprrésente un peu l'espoirr qui rrefuse de nous abandonner.

Il ajouta un sourire. En espérant avoir répondu à sa question.

Il s'en doutait, que l'Irlandaise savait que le Soleil était toujours le même. Il en était même sûr et certain. Mais bon, comme disait le proverbe "Mieux vaut prévenir que guérir". Il trouvait que cela ne servait à rien d'en rajouter encore, le phénomène étant déjà assez impressionnant comme cela. Puis, pour lui, c'était quelque chose de naturel, qu'il voyait tous les ans au mois de juin. Alors ça ne devait plus lui faire grand-chose avec le temps de voir ce soleil. Ce soleil qui annonçait la fin de l'hiver, le retour de l'été. En Russie, il n'y avait pas réellement de saisons intermédiaires. L'automne et le printemps n'étaient inscrits que sur les papiers, une idylle que les Russes découvraient en arpentant le territoire des autres Nations.

Irlande lui parle aussi des lumières des villes dans la nuit. Certes, il y avait beaucoup de "pollution lumineuse", comme disaient les scientifiques. Certes. Et pourtant. Il existait encore certains endroits dans le monde où il était possible d'admirer les étoiles... et aussi les aurores boréales mais bon. Magnifique phénomène, ceci dit en passant. Le seul inconvénient avec les aurores boréales, c'est que si vous en voyez une, cela signifie que vous vous trouvez dans l'un de ces endroits où il fait particulièrement froid et vous avez plutôt intérêt à sortir couvert. En Sibérie, par exemple, on peut voir ces grandes lignes se chevauchant les unes les autres, s'entrelaçant dans la nuit et déployant leur lumière chaleureuse.
Evidemment, on n'en verra pas, par exemple, en Egypte. Il y fait bien trop chaud L'Egypte est bien trop loin des pôles et du froid. A croire qu'en réalité elles fuyent la chaleur, ne se montrent qu'à ceux qui veulent véritablement les voir, dans une explosion de couleurs -comme c'est poétique-.

L'Irlandaise se retourne à nouveau et souffle sur la vitre avant d'y dessiner avec ses doigts de nombreuses choses assez enfantines. Ivan sourit. Des coeurs, des fleurs, des bonhommes qui souriaient. Une véritable idylle. Et là, surprise, la jeune fille dut se perdre dans son rêve car elle lui sortit que c'était bien de parler avec lui.
Pour sûr, c'est mieux que de se prendre une bouteille de vodka dans la tête ou dans le ventre, kol kol kol ~
Souriant, le Russe se tourna légèrement et dessina à son tour sur la vitre, un tournesol à côté des dessins de l'Irlande.

- Je te le rretourrne.

Bon, ce n'était pas très grammaticalement correct mais c'est l'intention qui compte. Oh, il aurait très bien pu dire "Je te retourne le compliment mais ne sachant pas si c'en était un, mieux valait s'abstenir. Il sourit encore, se remémorant ce qu'elle avait dit plus tôt.

- Tu sais, même si beaucoup de villes masquent les étoiles de parr leurr lumièrre, il y en a nombrre d'autrres qui les embellissent plus qu'elles ne le sont déjà.

Ivan sourit, encore une fois, comme toujours il le faisait, à la remarque de l'Irlandaise. S'il avait eu du sang espagnol, il n'aurait pas retenu un "Oh, vraiment?", avec peut-être un peu plus de cynisme que de raison dans la voix. Rien de bien étonnant au fait de se sentir plus à l'aise dans un temps pluvieux qu'ensoleillé quand on vient d'un endroit aussi proche de l'Angleterre que l'Irlande... Mais si ça pouvait arranger les choses... Become one with Russia kol kol kol ~ .... ou pas. Avoir un britannique dans les pattes ça ne devait pas être la joie... D'ailleurs, Russie devrait remercier Britannia de l'avoir défendu face au directeur, il n'en n'avait toujours pas trouvé l'occasion.

... mouais, devrait, devrait.

L'idée n'était pas trop mauvaise dans le fond, mais, il fallait qu'elle reste au fond. Non, aller présenter des remerciements à une prof qu'on a essayé de balancer par la fenêtrede l'ascenceur du Salon Communautaire, ça n'avait rien de très... naturel? Il pouvait dire ça de cette façon. "Naturel". Ca n'existait plus beaucoup le naturel de nos jours. Tout était tellement artificiel, façonné, modelé. Même le caractère des gens était défini à partir de ce que les autres voyaient d'eux. Enfin. Ca ne le regardait pas, de toute manière.
Il fallait laisser aller les choses, et basta.

L'Irlandaise bougeait. Trop? Pas vraiment. Ca ne dérangeait pas le Russe, alors il ne pouvait pas apporter à son continuel changement de place un quelconque qualificatif. C'aurait été mentir, et il n'aimait pas cela. Le mensonge, c'était bien joli mais non. A quoi ça servait de toute façon? Mieux valait être fier de ce que l'on faisait, non? Vanya n'aurait pas aimé que quiconque s'attribue ses plans géniaux kof kof les quelques plans qu'il avait mis au point pour éradiquer de la surface de la Terre certaines personnes déplaisantes. Plans qui n'avaient jamais fonctionné, ceci dit en passant. Plans qui lui avaient apporté un certain mépris de la part du Directeur.

Soit.

- D'autant que je ne me souvienne, je n'ai jamais été à Londrres, dit-il, songeur. Il parraît que c'est une ville rréputée pourr les études qu'il est possible d'y fairre... Comment sont les campagnes dans ton pays?, ajouta-t-il, curieux. Chez moi elles sont souvent enneigées, les gens vivent à vingt borrnes les uns des autrres... finit-il par dire avec un peitt rire.

Ah, les campagnes. Les campagnes russes. Ce n'était pas compliqué à imaginer. Les colonies de champs qui surgissaient pendant l'été. Le sol se revêtissant d'un grand manteau de neige blanc l'Hiver. Au désespoir de l'habitant des lieux.

Ivan avait du mal à se représenter les campagnes verdoyantes, les terres radieuses de l'Irlande. Pour le Russe, la campagne était un terrain jaunâtre où circulaient quelques tracteurs, ensommeillé pendant l'hiver, recouvert d'un long manteau blanc qui les enveloppait tous de son indifférence, qui lui jetait en pleine figure le sentiment d'exil qu'il avait parfois tendance à ressentir. Alors ces murs de pierres, cette verdure irlandaise, Vanya avait du mal à se l'imaginer. La Russie avait depuis quelques temps perdu son histoire, perdu sa puissance. Ne subsistaient que des ruines, certes, mais des ruines chaotiques qui s'entreposaient uniquement dans le coeur de ses habitants. Sur ses terres ne restaient que des vestiges d'un passé perdu. D'un passé que chacun voyait comme loin, comme une idylle, comme un rêve. Pour le Soviétique, lui qui avait toujours vécu dans un pays froid et indifférent, la chaleur, la douceur des terres paraissaient être dans un monde à part. Lorsqu'il imaginait le soleil, il imaginait les tournesols. Ivan voyait la vie très étroitement. S'il n'y avait personne pour lui mettre sous le nez une évidence, il ne la voyait pas.

Russie restait un enfant, il ne fallait pas chercher plus loin.

- J'aimerrais bien que ce soit parreil chez moi, dit-il avec un soupir. En Rrussie, il y a trrop de neige, et quand il n'y en a pas les paysages sont loin d'êtrre aussi beaux que ceux que tu me décrris... A parrt le Soleil de Minuit, il n'y a rrien qui vaille vrraiment la peine d'êtrre vu...

Ivan n'aimait pas la neige. Trop limpide, trop belle elle paraissait se moquer continuellement de lui et le rejeter les jours après les autres. La neige était trop blanche et pure pour être honnête. Ce teint blanc, ce teint miraculé, c'était de l'hypocrisie pure et dure. Et l'hypocrisie, il n'aimait pas ça. Enfin, il n'était pas inutile de développer pendant des heures pour décrire la relation ambigüe qu'entretenait Vanya avec la neige. La neige, c'était l'Hiver. L'Hiver, il lui faisait peur. C'était un monsieur à la barbe blanche et aux doigts gercés qui lui mettait un fusil entre les mains en lui disant de tirer sur tout ce qui bouge. L'Hiver forçait aux extrémités. Il fallait s'habiller chaudement -parfois trop-, il fallait trouver de quoi se nourrir, de quoi protéger toute la petite famille pour qu'elle ne devienne pas la nourriture d'autres créatures plus inquiétantes...

Non, décidément, Ivan n'aimait pas l'Hiver.
Et en regardant encore une fois par la fenêtre il se rendit compte à quel point il approchait.
Cela lui ajouta une pression sur le coeur.

Russie sourit à la jeune fille. Tellement innocente, tellement puérile, elle lui donnait l'impression de tenter de décrire un paysage qu'elle n'avait jamais vu à quelqu'un qui y vivait depuis sa plus tendre enfance. Comme les princesses des contes de fées, qui s'acharnent à rêver d'un monde lointain qu'elles pensent idéal sans jamais avoir posé les yeux sur lui autrement que par les livres. Livres qui se retrouvaient souvent faussés et creux. Mais qu'importait. Ivan n'aimait pas ses paysages, non, mais sans doute était-ce dû au faut qu'il n'aimait pas la neige et son dirigeant. Hiver... Tant de fois il l'avait traumatisé, tant de fois il l'avait laissé se détruire intuilement... Encore une fois, le même problème revenait se jeter à la surface avec la force d'un ours polaire contre le glacier qui emprisonne sa progéniture.
Mais, l'heure n'était pas aux souvenirs. Irlande n'avait pas tout à fait tort. Il y avait de nombreux paysages magnifiques en Russie, si tenté les voyageurs aimaient la neige, si tenté ils cherchaient à trouver la beauté dans cette étendue glaciale qu'était le plus grand pays du monde. Il ne fallait pas non plus oublier les constructions, les habitations.

En Russie, malgré le froid, tout brûlait bien trop aisément au goût d'Ivan. Il n'y avait pas de pierres, alors on construisait des "izba", ces maisons en bois qui s'envolaient en fumée et se réduisaient en cendres dés qu'un incendie venait à se propager. Un dirigeant autrefois avait tenté de remédier à ce problème mais hélas il n'avait pu le résoudre intégralement.
Moscou était une oeuvre éphémère qui pouvait périr à tout instant. Et, en quoi l'éphémère était-il beau? Vanya n'aimait pas cela. Les choses qui disparaissent à tout instant apportaient à ceux qui les voyaient l'espoir d'une journée, d'une nuit, d'un temps... avant de disparaître puis revenir après un certain moment. Celles qui restaient étaient le plus souvent les moins plaisantes. En quelque sorte, les choses agréables finissaient toujours par les abandonner à leur triste sort et revenir quand ils se seraient habitués à leur malheur pour les y plonger encore.

Ivan sortit de ses pensées en sentant un léger vent froler sa main. Se retournant légèrement, il vit qu'Irlande avait légèrement entrouvert la fenêtre. Sûrement avait-elle chaud. Et elle n'avait pas tort, le Russe n'y avait pas prêté attention mais la chaleur qui régnait dans la salle était quasiment étouffante. Il regarda en souriant la fenêtre ouverte, appréciant aussi ce petit souffle frais qui venait s'incruster dans la salle. Puis, posant sa main sur la tête d'Irlande, il lui demanda avec un sourire:

- Je crrois me souvenirr que tu chantes, non?

Enfant perdu dans ses rêves, enfant qui voulait tout, tout de suite, dés qu'il l'avait décidé. Il s'en souvenait, de ça. La voix d'Irlande, il l'aimait bien, même s'il n'était pas ce que l'on pouvait appeler un proche de la rouquine.

Juste, n'était pas un terme qui convenait à Russie. La justesse était une qualité qu'il ne possédait pas le moins du monde, il était tellement plus simple de privilégier ses amis et ceux qu'il aimait. Puis, la justesse apportait la solitude. Mais bon. Cette autre version du "juste", ne lui convenait pas non plus. Ivan ne serait jamais "juste" Russie. Il ne l'avait jamais réellement été. Pour être "juste", il faut faire partie de cette majorité, du commun de la population. Il ne faut pas se différer des autres, faire partie d'un décor creux, ni rassurant ni inquiétant.

Être l'arbre dans le conte du Petit Chaperon Rouge.

Ca devait être bien, d'être un arbre. Regarder le monde en ne remuant que lorsque le vent venait souffler dans son feuillage. N'être qu'un être impassible, sans influence sur le changement du monde et sans être influencé par lui. Un personnage stoïque qui résistait au alléas du temps et ne prenait qu'en force au fil des années. Les seuls qui restaient de marbre -ou plutôt de bois- face à chaque évènement. Ils avaient suivi l'évolution de chaque conte ; dans chaque légende bien souvent un arbre était présent, une buche, un feu. Et chaque fois ils laissaient s'écouler le temps, ils laissaient l'histoire avancer comme il lui plaisait, ils la regardaient juste avancer.

Et les aiguilles des horloges tourner.

« Oui je chante ! », s'exclama-t-elle avec un sourire.

C'était bien ce qu'il lui semblait. De plus, Irlande avait une belle voix, et elle semblait vraiment apprécier ses chansons. Tant mieux pour elle, ceci dit. Il valait mieux qu'elle chante quelque chose qu'elle aimait. C'était naturel...

- Eh bien, chante alors, ajouta-t-il avec un sourire.

Russie écoutait en silence Irlande chanter. Il aimait bien le son de sa voix, et la trouvait apaisante. Il ne connaissait pas la chanson mais ne tenta en aucun cas de la troubler, se mutant dans un silence respectueux. Elle regardait dehors, les étoiles sans doute. Pourquoi ? Il n'en avait pas la moindre idée mais se garda bien de poser la question. Elle semblait tellement heureuse, c'en était troublant. Enfin, tant mieux. C'était bien mieux de la voir de bonne humeur. C'était bien mieux d'être heureux un soir de fête. Puis, si elle avait été malheureuse elle aurait chanté une chanson triste et déprimante. Et franchement, Halloween, ce n'était pas un moment qui devait être triste et déprimant. Il fallait toujours penser aux morts avec joie -non, pas la joie parce qu'ils nous ont quittés mais pour qu'ils soient bien là où ils sont-.

Une figure familière arriva soudainement et heu.... Ivan reconnut avec parcimonie le très léger "costume" qu'il avait octroyé d'office à son colocataire. D'accord, le papier toilette n'était pas forcément la meilleure matière à utiliser. D'accord, Grèce méritait mieux. Mais, d'un autre côté, le Russe n'avait pas vraiment pu aller faire les courses pour acheter autre chose. Puis, il voulait qu'Héraclès soit présent à la soirée, et il n'allait pas lui demander d'aller acheter un costume à la taille du Grec. Il pouvait donc plaider les causes aténuantes en cas de reproches.

Il sourit en l'entendant complimenter Irlande. Il pensait la même chose, depuis un moment déjà. Elle chantait vraiment bien.

- Je suis d'accorrd avec Herra., dit-il à la jeune fille avec un sourire.

Il ne fit aucun commentaire sur le costume de son compagnon, aucun. Allez savoir pourquoi.

Russie observait avec attention le débat "passionant" qui se déroulait incessamment sous peu entre Héra et Irlande. Passionant, oui, c'était le mot. Il l'aurait été encore plus si Grèce avait parlé du tutu rose en question à voix haute. Heureusement pour lui, il ne pouvait ni lire dans les pensées d'Héraclès ni avoir assez d'imagination pour deviner ce qui s'y cachait sur cette question -parce qu'il fallait l'avouer, Ivan devinait assez aisément ce que Grèce pensait, seulement, l'histoire du tutu, il fallait pousser un peu plus qu'à l'habitude déjà, et ça, Ivan avait un peu du mal à le faire depuis qu'il avait été enfermé, il fallait un peu de temps pour lui permettre de reprendre ses facultés intellectuelles.

Suivant donc du regard Grèce, puis Irlande, puis Grèce, puis à nouveau Irlande, il finit par se demander si les problèmes dont il avait eu ouïe dire entre la petite et son grand frère roux avaient finalement aboutis. Oui, comme ça, sans raison particulière. Vous savez, c'est comme ces idées qui germent dans votre tête alors qu'elles n'avaient absolument rien à y faire ? Bah, Russie avait entendu parler des troubles entre l'Irlande et l'Ecosse alors il se posait des questions, c'était tout. Puis, il appréciait les deux, et trouvait cela dommage qu'une simple dispute ai réussi à casser une famille pendant un temps. D'accord, lui s'était disputé avec Natalia mais c'était il y a longtemps et c'était arrangé depuis.

Donc il espérait pour les deux "rouquines".

- Tu as bien dorrmi, Herra ?

Ce fut la seule choser qu'il trouva à dire, n'osant pas vraiment se prononcer sur la situation à laquelle il pensait. Pourquoi ? Allez savoir. La charité chrétienne peut-être. Mais l'orthodoxe. Pas la catho.